vendredi 25 décembre 2009

En route pour le Sud !

Ni vu ni connu, Noël est arrivé. Le labo est toujours aussi plein, les cours ne s’interrompent point. Parmi la jeune génération, plus ouverte à l’occident, on sent bien qu’un certain frémissement est là. Ils en profitent à leur manière. Quelques jeunes chinois décident d’inviter leur copine pour un petit diner romantique en tête à tête. D’autres décident de sortir à Houhai pour un countdown juste avant minuit….

Pour voir la réelle agitation de Noël, il fallait être présent à Chaoyang, le quartier expat de Pékin… ou dans le bâtiment 22 des élèves étrangers de Tsinghua, là où les Français s’activent aux fourneaux ! Il parait que c’est typique des Français de Pékin, de célébrer Noël autour d’un festin après avoir passé la journée en cuisine, nous n’avons pas failli !

Aujourd’hui, 25 décembre, je profite du statut privilégié du graduate student en année de recherche, je pose mes vacances quand cela me chante. Alors, profitons-en, et reprenons les bonnes habitudes hivernales, allons chercher le soleil… je m’envole aujourd'hui pour la Malaisie ! Petite carte:




Papa m’y rejoint dans deux jours, et ensemble nous parcourrons la cote Ouest, de Malacca à Langkawi en passant par Kuala Lumpur et Penang. Qu’espèrons-nous y trouver ? Avant tout du soleil, des plages, la mer bleue et le sable fin, les petits poissons dans l’eau… Ensuite, la jungle ! Car la Malaisie est un pays de climat équatorial, et je vais pouvoir retrouver cette forêt vierge dont j’ai déjà eu un aperçu dans le Xushuangbanna et à Singapour. Enfin, on pourra découvrir l’influence des chinois sur cette longue péninsule, ceux-ci représentant plus d’un cinquième de la population et détenant les rênes économiques du pays.





Sur ce, il est temps que j’aille prendre mon avion. Je vérifie mon sac : le passeport, la crème solaire, le maillot de bain, les tongs. Impec, c’est parti !

jeudi 24 décembre 2009

La chronique du labo : un peu de romantisme


Un chinois : Pourquoi dans le tableau de Delacroix la liberté guidant le peuple, la madame elle ne porte pas de vêtements ?

Antoine : Parce que les françaises sont des cochonnes

Le Chinois : Ouah, alors cochon (色) en France ça veut dire romantique (浪漫), en Chine ça veut dire vicieux (猥琐)!

mercredi 23 décembre 2009

La chronique du labo: Maisons et mariages

Extrait d’une conversation au labo:

Un Chinois: "J’ai un ami Français, il vit en France, et c’est trop bizarre, il me dit qu’il n’a pas envie de se marier !"
Moi : "Tu veux dire, toute sa vie ?"
- Non non, juste pour le moment, il n’a pas d’idée de mariage en tête
- Mais… il a quel âge ?
- Comme nous, il est né en 85
- Bès alors ? Tu crois que j’ai l’intention de me marier ?
- Comment ça, en France quand tu rencontres une fille, c’est pas en espérant que ça se conclura en mariage ?

- Et sinon un appart à Paris, ça coute combien ?
- Ça peut monter jusqu’à 60 000€ par m² dans les beaux quartiers. (je me suis trompé, j’ai donné les prix en francs, donc plus de 6 fois trop élevés…)
- Et en comparant avec le salaire moyen d’un étudiant sortant d’une école de Paris Tech ça donne quoi ?
- On doit toucher quelque chose de l’ordre de 3500€ brut par mois à la sortie de l’école.
- Donc au bout d’un an vous n’êtes toujours pas capables d’acheter un m² à Paris ??? Ici à Pékin, c’est de l’ordre d’1/2 m² par mois. Mais alors comment vous faites pour acheter un appart/maison ?
- On s’en fiche pas mal, on peut très bien louer un appart dans nos jeunes années.
- Mais alors, comment faites-vous pour vous marier ?
- C’est quoi le rapport ?
- Tu veux dire qu’une Française accepterait vraiment de se marier avec toi si tu n’as pas de maison ou de plan précis pour en acheter ?

lundi 21 décembre 2009

La recherche à la Chinoise.

Hier encore, je me faisais la réflexion qu’une année de recherche pour clôturer un cycle d’étude commencé au lendemain du bac, c’est quand même génial. Quel plaisir de se plonger dans son projet de recherche et de recourir à tous ces outils étudiés ces dernières années. Quel plaisir d’être capable de poser clairement un problème, de l’analyser, de le résoudre. Pas d’énoncé initial, c’est en fait à nous de le trouver, on tente dans une direction, des fois ça marche, des fois non, on retourne un peu en arrière, on prend la bonne direction, on progresse. Petit à petit les choses se déroulent, l’ensemble prend forme, on commence à cerner notre système, notre but, nos contraintes.

A chaque pas on se pose des questions. Des questions physiques d’abord. On se surprend soi-même de ne pas se les être posé avant, et on réalise qu’il n’y a rien de mieux qu’être seul devant son problème pour se poser les bonnes questions : Pourquoi cette croissance régulière dans les sections efficaces à basse énergie ? Pourquoi choisir une température aux alentours de 300°C pour le caloporteur dans nos réacteurs à eau pressurisé ? Comment la densité de l'eau dans les réacteurs peut-elle être de 0.85 alors que les liquides sont censés être incompressibles? Pourquoi avoir privilégié la filière des réacteurs à neutrons lents quand le taux de réaction est beaucoup plus élevé pour des neutrons rapides ? Pourquoi ne trouve-t-on que des tables de sections efficaces à 27°C quand les températures dans les réacteurs sont plutôt de l’ordre des 300°C ? Comment le profil de température en régime constant dans le revêtement entre une source de chaleur et une source froide peut-il être totalement indépendant des caractéristiques du matériau ?

On se pose aussi des questions pratiques, de modélisations. On cherche les bonnes hypothèses, les bonnes contraintes, les bonnes input. On cherche à les relier, mais tout en gardant un réseau le plus simple possible.

Toutes ces questions, je ne les garde pas pour moi. Si on est rassemblé à une bonne dizaine dans un laboratoire, c’est que ça doit bien servir à quelque chose. Alors je les partage avec mes camarades. Je réalise alors pas mal de choses. Ceux qui sont spécialisés dans la partie thermodynamique des réacteurs ne s’intéressent pas aux problèmes de neutronique qui vient en amont. Et les autres, aussi concernés par la neutronique des réacteurs, ils ne se les ont jamais posé, ces questions. Ils sont déroutés la plupart du temps. Des fois mes questions ne les intéressent pas trop, mais des fois on part en grand débat physique dans tout le labo, et tout ça en Chinois. Je trouve ça génial, surtout quand on conclue à la fin.

Mais je trouve toujours dommage que eux ne s’en posent pas de questions. De questions physiques sur le système qu’ils étudient. Il faut se demander parfois pourquoi. Pas seulement comment, comme quand ils viennent me demander de résoudre quelques problèmes de maths.

Je remarque aussi que le seul qui est vraiment capable de rassembler pas mal de paramètres pour chercher une réponse aux questions est un doctorant, pas un élève master. Et ce n’est finalement pas étonnant. Car ce que les profs demandent à un élève master à Tsinghua (au moins dans mon département, les autres confirmeront ou non pour leur département), ce n’est pas très fou, et ça peut se résumer ainsi.
  1. Assister avec assiduité à tous les cours, et les valider.
  2. Trouve un sujet simple, pour ne pas dire pipo, en fin de première année, récupérer 2-3 résultats, écrire un paper, l’envoyer à une conférence, être accepté, et publier.
  3. Faire tourner un programme durant toute l’année suivante pour accumuler des résultats, remplir une thèse, et graduer.
Un paper et une batterie de résultats étalés sur une centaine de page, c’est la condition de graduation. Je trouve ça assez terrible. Mon idéal scientifique est meurtri. On publie pour que le nom de son prof apparaisse une fois de plus en tête d’un paper, pas pour partager des résultats avec la communauté scientifique dans son domaine. Et on est censé faire tourner des programmes comme des veaux, sans se demander ce qu’il y a derrière, sans aucune analyse scientifique. Le vrai travail de recherche, c’est celui que mènent les doctorants m’a finement fait remarqué Pierre ce soir.

Cet après-midi, j’ai revu mon professeur de recherche. Un vaste mot pour désigner celui qui m’accordera ou non en juin prochain l’autorisation de graduer. Un professeur devant lequel s’extasient tous mes camarades du laboratoire, mais qui n’a pas encore vraiment compris l’intérêt d’un modérateur dans un réacteur nucléaire. Je lui ai présenté l’avancée de mes travaux de ces quatre dernières semaines durant lesquelles j’ai beaucoup avancé. Plus précisément, je lui ai présenté l’analyse physique de mon système. Mais il n’était pas content. Lui, il s’en fout que l’on ait une bonne compréhension du système. Il s’en fout que l’on réfléchisse sur l’influence de chaque paramètres. Ce qu’il veut, c’est que je fasse tourner un programme de simulation en jonglant au hasard sur les paramètres, que je récupère des résultats numériques, et que je fasse des conclusions sur ces seuls résultats. C’est ce qu’a fait Xu Hong, l’étudiant chinois qui m’a précédé, le prof en est pleinement satisfait, il me dit régulièrement que je devrais m’inspirer de son travail et le calquer sur mon système. La thèse de Xu Hong, je l’ai déjà lu. Et elle n’est pas glorieuse: Je teste la valeur de la constante multiplicative énergétique du système avec différentes proportions eau/combustible. Je constate qu’avec le rapport 4, c’est mieux qu’avec le rapport 2, qui est encore mieux qu’avec le rapport 1. OK, nous prendrons le rapport 4 alors. Où est l’analyse physique ? Où est la compréhension du système ?

A chaque fois que je vois mon prof, il me le fait comprendre. Il ne s’attend pas à ce que je fasse de la physique en faisant des maths (ie la physique à la française), il ne veut pas que je fasse de la physique en raisonnant avec les mains sur des modèles simples (ie à l’américaine), il veut que je fasse tourner un programme et que j’accumule des résultats ! Vive la recherche à la Chinoise !

dimanche 20 décembre 2009

Des Chinois à Tsinghua: Xu Xiangming (徐向明)

Xu Xiangming, c’est un mec qui refuse de mettre des pulls en laine en hiver. Il faut dire qu’il est originaire du Dongbei. C'est-à-dire le Nord-Est de la Chine. Là ou il fait froid. Terriblement froid! Du coup il trouve qu’à Pékin, il fait chaud. Même en plein hiver. Une chemise et une parka, rien de plus !



Deuxième enfant de sa famille, il est heureux que ses parents n’aient pas hésité à investir 800 RMB, une fortune à l’époque, de l’ordre d’une année de salaire, pour le faire naitre. Il a grandi à la campagne, dans un cadre assez traditionnel.

Performant 621 points au Gaokao, il a fièrement intégré la 哈尔滨工业大学, une université de Ha’er bin, la capitale de sa province. Quatre ans après il brillait au concours des graduate students, et s’en allait vers le Sud, loin vers le Sud, vers la capitale du Pays, Pékin, ses seulement – 15°C en hiver et sa mythique université Tsinghua.

A Tsinghua Xu Xiangming s’est lancé dans un master de recherche au sein du département de micro-électronique. Parmi ses camarades, Fairy, un mec qui ne faillit pas à la réputation des indonésiens : c’est un énorme branleur. Ça doit être ça qui les a rapproché. Du coup quand Fairy, mon presque-voisin a fait une bouffe dans le couloir d’étage, il a invité Xu Xiangming. Et Xu Xiangming est venu, j’ai donc eu la chance de faire sa connaissance.

On avait discuté en Chinois. Je me souviens qu’il m’avait dit être grand fan de films français, notamment Amélie Poulain, les Choristes, Tais-toi. Il m’avait surtout dit qu’il adorait l’humour français. Particulièrement dans Rrrrrr !!! C’est ça qui a du m’amuser chez lui !

Xu Xiangming, c’est aussi mon partenaire de sport. Son directeur de recherche lui fait étaler son projet sur deux ans, du coup il n’est pas très occupé, et à chaque fois que je lui propose un petit plouf à la piscine, il est toujours partant. Après quoi on va souvent bouffer des pizzas au café de l’université.

Un truc excellent avec Xu Xiangming, c’est qu’il déjeune tard le midi. Très tard. Comme je n’aime pas manger avant 11h30, ce que font à peu près tous mes camarades chinois, quand je me retrouve tout seul au labo, je l’appelle pour aller manger, et il est à peu près toujours dispo. En plus il sort la tête de son écuelle à la cantine et prend le temps de prendre un café à la fin des repas, donc c’est cool !

En plus avec lui on peut discuter de tout et n’importe quoi… même s’il déteste que l’on dise du mal de la Chine, même s'il s'agit de la pollution. Aujourd’hui il a fait de gros progrès car il nous a dit que s’il était président, il obligerait toutes les usines à sortir des villes !

Xu Xiangming est aussi adulé par la communauté française depuis qu’il s’est présenté un jour au coin français : « Bonjour, je m’appelle Xu Xiangming, je suis chinois, j’ai 23 ans et j’ai une grosse …. ».

Enfin, et je pense que c’est le plus important. Xu Xiangming, c’est avant tout quelqu’un qui a déjà bu 6,60 litres de bière dans sa vie !!

samedi 19 décembre 2009

Des Chinois à Tsinghua: Zuo Honwei (左宏伟)

左宏伟 - Zuo Honwei, c’est avant tout un mec dont le nom de famille signifie Gauche !



Zuo Hongwei, c’est le papa du labo, bientôt la trentaine. Il a déjà bossé, mais est revenu à Tsinghua pour un master en génie nucléaire. Il est secrètement amoureux d’Ophélie (la française aussi en masterà l’Inet), il me parle d’elle à peu près à chaque fois qu’on se voit ! Zuo Hongwei, c’est d’ailleurs mon contact en matière de copines chinoises.

Zuo Hongwei, quand il vient au labo, c’est pour planter des choux et voler la vache de ses amis sur internet. C’est clairement le plus gros branleur du labo, il en fait encore beaucoup moins que moi ! La semaine dernière en rentrant d’une bonne bouffe à Chaoyang, j’ai été testé l’assiduité de nos camarades : A 11h, sur la quinzaine de postes, seuls deux étaient abandonné. Le mien et celui de Zuo Hongwei !




Zuo Hongwei, il nous apporte presque tous les jours des fruits pour gouter. Je crois que c’est pour ça que je l’aime bien ! Mais c’est aussi le chinois le plus traditionnel, 保守, parmi ceux que je fréquente. Pour mon anniversaire il a non seulememnt amené un gigantesque gateau, mais il y a aussi joint un petit mot sympa : 生日快乐,早结良缘,早生贵子 . Il me souhaitait un bon anniversaire, de rapidement rencontrer mon âme sœur, et de rapidement avoir un fils !!!

vendredi 18 décembre 2009

Des Chinois à Tsinghua: Cui Pengfei (崔鹏飞)

崔鹏飞 - Lui, c’est Cui Pengfei. Et il est beaucoup malin en réalité qu’il n’en a l’air quand il lève ses doigts en l'air en signe de victoire !



Cui Pengfei est originaire du Henan, la région des grandes capitales historiques chinoises, en plein entre le fleuve jaune et le Yangze. Comme beaucoup de chinois il est parti vers le grand nord après son Gaokao, et a effectué un bachelor à Ha’er Bin, plus précisément à哈尔滨工程大学. Son bachelor en poche, il n’a pas continué immédiatement en master, mais a préféré s’enrôler dans l’armée ! Cui Pengfei, c’est donc un officier de l’armée chinoise ! Mais il n’en est pas moins sympathique pour autant.

Plus particulièrement, il est dans la marine, et s’occupe des sous-marins. Et c’est précisément pour bosser sur les systèmes de propulsion des sous-marins nucléaires qu’il a passé le concours des graduates student et étudie aujourd’hui à l’INET.

Même si je ne suis désormais plus membre actif de l’armée française, on discute souvent de nos armées respectives. Il est ainsi grand fan de nos mirages, mais ne connait même pas les rafales…

Sinon Cui Pengfei, c’est assurément le mec le plus sérieux du labo. Je ne l’ai jamais vu piquer des légumes à ses amis sur internet (ce que font tous les autres). Il n’a pris que 10 jours de vacances cet été, il préférait revenir au labo car il ne savait pas quoi faire chez lui. Il vient aussi au labo le week-end d’ailleurs…

Du coup il connait pleins de choses, et il est toujours présent pour m’aider à résoudre des problèmes physiques, et ça, c’est super cool !

Enfin, je dirai que ce qui caractérise avant tout Cui Pengfei, c’est le bruit hallucinant qu’il fait quand il éternue !

jeudi 17 décembre 2009

Des Chinois à Tsinghua: Ye Changliu (叶长流)

L’année dernière j’avais écrit quelques courtes présentations d’amis français qui comme moi avaient décidé de tenter l’aventure du master en chinois à l’université de Tsinghua. Aujourd’hui je viens compléter le tableau avec la présentation de quelques camarades et amis Chinois !

Commençons par 叶长流, le mec qui saute à la corde à sauter:



Ye Changliu. Le petit comme l’appellent les autres français qui le connaissent. Ye Changliu est originaire du Fujian, la région du Sud de la Chine en face de Taiwan. Comme tout bon fujianais, il est incapable de prononcer correctement une syllabe avec un h dedans, ce qui fait de lui mon camarade au mandarin le moins règlementaire et entraine parfois quelques bien belles confusions !

Ye Changliu, ça doit être une tête, parce qu’avec 661 au Gaokao, il a intégré directement Tsinghua en Bachelor. Après quatre ans dans le département de thermodynamique, il a décidé au moment de rentrer en master de rejoindre l’INET, le département spécialisé en nucléaire et nouvelles énergies, mon département.

Elu délégué du groupe 81, il fut le premier à m’inclure dans des listes l’année dernière. Depuis c’est mon contact pour tout ce qui a un rapport avec le labo, l’INET, ou même Tsinghua en général. C’est donc grâce à lui que je suis à peu près au courant de ce qui se passe ici.

Cette année, on est dans le même labo, c’est mon voisin d’en face à droite. Même s’il reste souvent après 11 heures le soir, on ne peut pas dire qu’il soit très efficace. Pas de réveil le matin, des siestes interminables le midi, et il adore regarder des films au labo. Films qui doivent être sacrément comiques à l’entendre rigoler aussi fort !



Quand personne ne l’invite à partir de bonne heure, il peut rester tard au labo le midi, du coup on bouffe souvent ensemble et on a des discussions toujours passionnantes. Des fois on parle de sa copine qui ne fait pas bien à manger : « elle devrait faire des progrès » me dit-il. D’autre fois on parle histoire, souvenez-vous par exemple de son historique des relations sino-japonaises. Mais même si sa conscience politique est très haute (il vient d’être promu membre du parti), on ne discute pas politique. Pas politique, mais administration oui. Il est toujours intéressé par notre système des grandes écoles et les 4 grandes symboliques X, HEC, Ulm et ENA qui rassemblent à elles-quatre les grandes valeurs de Tsinghua : 学术大师,兴业之士,治国之才。

Enfin, même s’il déteste Sarkozy, il reste grand fan de De Gaulle, l’un des premiers grands dirigeants mondiaux à avoir reconnu la Chine communiste !

mercredi 16 décembre 2009

Le chinois amusant - Comment dire...

Dur dur de s'exprimer dans une langue étrangère lorsque les champs lexicaux sont plus développés d'un côté de l'autre. Voici quelques exemples de ces mots qui n’ont pas d’équivalents suivant les langues.


Les grands gagnants : les noms de plats, de fruits, de légumes, de poissons ou de condiments. Nous n’utilisons pas les mêmes ingrédients pour faire à manger, et nous ne cuisinons pas de la même façon. Inévitablement, tout le vocabulaire qui tourne autour de la gastronomie est intraduisible, et dans les deux sens. Pour tous ces mots, une seule solution : faire à manger avec les chinois, et essayer tous les petits plats au resto ! Un téméraire pour expliquer 鱼香肉丝, ce grand classique de la gastronomie pékinoise ?

Les classiques : baccalauréat, classes préparatoires, écoles d’ingénieurs… ça ne peut déjà pas vraiment se traduire en Anglais, alors imaginez en Chinois… J’ai malgré tout opté pour 无竞高考,预科班 ou 高四、高五 et 精英大学院.

Les déroutants : Tôt dans mon apprentissage du chinois je suis tombé sur 素质. Quality, me disait ma prof de chinois. Mais ça désignait une personne. Une personne de bonne qualité ? bizzare… Je me lance dans le dico chinois.素养 = 素养. Je ne connais pas. Je continue. 素养 = 平素的修养. 修养 je sais, ça désigne le niveau d’enseignement, d’accomplissement, 平素, désigne le caractère ordinaire des choses…. Vous n’avez rien compris ? Moi non plus. Voilà, 素质 fut mon premier terme réellement intraduisible. Même aujourd’hui, j’ai ne sais toujours pas comment l’exprimer en Français.

Les inattendus : Un an durant, j’ai cherché à exprimer l’adjectif « motivé » en Chinois. Ce soir j’ai diné avec une jeune chinoise de la promo 07 qui s’exprimait en chinois : « 应该很motivé » ! Elle a naturellement placé le mot français dans sa phrase en Chinois ! Il n’y a donc pas de motivation en Chinois, c’est terrible ! On peut l’approcher par 积极, être positif, mais c’est quand même pas top…

Les emphases : C’est trop bien ! C’est délicieux ! Il fait tellement chaud ! C’est incroyable ! Absolument parfait ! It’s awesome ! Adjectifs et/ou adverbes très emphatiques, voici la clé pour exprimer ses exclamations enthousiastes. On tente de faire de même en Chinois avec ces beaux adverbes, classiques (很,真,非常,特别,超级,相当) ou à la mode (爆,乱,巨), mais même ainsi on se rend compte qu’on manque encore d’enthousiasme. Car en Chinois, le degré d’excitation est indiqué par une belle métaphore dont la nature grammaticale est simplement appelé complément de degré ! Il suffisait d’y penser. Quelques exemples : 说得跟中国人一样 (parler aussi bien que les chinois), 好得不能再好 (bien tel qu’on ne puisse mieux), 难吃得不可想象 (inimaginablement mauvais) 可爱得让人发疯 (adorable à en devenir fou), 乱得热锅上的蚂蚁 (en bordel comme des fourmis sur une marmite chaude)

mardi 15 décembre 2009

Une histoire de coeur

心, un joli petit idéogramme pour représenter le cœur. Un caractère que l’on retrouve partout dans la langue chinoise. Il est en fait porteur de trois sens principaux : le cœur en tant qu’organe (心脏), le cœur pour qualifier l’humeur, l’état d’esprit (心情), et le cœur pour qualifier les idées, les pensées (心思).De ces trois sens ont dérivés une quantité d’expressions imagées dont je vous propose une petite sélection.

Si votre cœur est unique, 一心, vous ferez les choses de tout votre cœur. Et avec une seule idée en tête, 一心一意, un cœur, une idée, ce sera encore plus fort. A l’inverse si vous vous dispersez entre trois cœurs et deux idées, 三心二意, vous risquerez d’avoir du mal à vous décider.

Choisissez alors un petit cœur, 小心, et faites alors attention. Mais n’en prenez pas trop, car avec autant de cœurs, 多心, vous tomberez dans la suspicion. Alors mieux vaut l’ouvrir, 开心, et vous serez alors content. Et ne le portez pas trop longtemps, 担心, vous serez beaucoup plus soulagé une fois que vous l’aurez posé : 放心.

Et votre cœur, de quoi est-il fait ? Est-il bon, 良心, ce qui signifie que vous avez une conscience ? Est-il de sucre comme dans 甘心, ce qui signifie vous êtes toujours prêt à accepter ? Ou est-il de pierre et d’acier, 铁石心肠, être cruel…

Pour conclure, je reprendrais la citation de Mme Basile, 心想事成 : si le cœur le veut, les choses se font !

lundi 14 décembre 2009

La Voiture

Dimanche, il ventait, je me suis enfin décidé à sortir. Zuo Hongwei, un camarade du labo, m’avait invité à l’accompagner pour rendre visite à Jia Lei, une de ses camarades d’enfance en banlieue de Pékin. Après avoir déjeuné, nous sommes allés faire un tour dans un quartier de concessionnaire automobile, car Jia Lei et son mari projettent de faire prochainement l’acquisition d’une voiture.

La voiture, l’un des trois objectifs ultimes dans la vie d’un chinois, avec le mariage et la maison. Ils achètent généralement la voiture et la maison après le mariage. Mais une voiture, et encore plus une maison peuvent aussi être des arguments de poids dans la recherche du mariage. Enfin, dans le cas de Jia Lei, il y a d’abord eu le mariage, elle a maintenant presque la trentaine, elle et son mari travaillent, et les grands projets sont là : le bébé, et la voiture.

La voiture est un symbole immense pour un Chinois. On n’achète plus la voiture parce que c’est utile ou confortable, mais parce que c’est un symbole. Il faut arrêter d’y chercher toute logique. Même les chinois au moment d’acheter s’auto-convainquent qu’il ne faut pas regarder la logique de la chose. La voiture, c’est le symbole de la personne qui a suffisamment réussi pour profiter, savourer la vie. 享受享受. Lisez un peu la suite.

A table, Lei Jia parle de son travail, et quand Zuo Hongwei lui demande si les trajets depuis chez elle sont faciles, elle répond que oui, 3 stations de bus. Mais elle ajoute que les rues sont maintenant tellement encombrées que d’un quart d’heure, ça monte parfois jusqu’à une heure. Elle préfère donc maintenant prendre le métro.

Après le repas, on se demande comment aller chez les concessionnaires, et on opte pour un taxi. Lei Jia ajoute que ses parents essaient de la persuader de ne pas acheter de voiture, qu’elle peut aussi bien prendre un taxi quand elle a besoin d’une voiture. Mais elle répond que si elle avait sa voiture, elle serait sur d’avoir un véhicule quand elle en a besoin, pas besoin d’attendre qu’un taxi libre passe. Je ne dis rien mais pense très fort qu’excepté le vendredi soir devant Tsinghua ou les jours de déluge, ce n’est jamais bien long, et qu’il est de toute manière possible de les réserver par téléphone.

On arrive chez les concessionnaires. On commence par Citroën. 雪铁龙 en langue locale. On ne voit pas de gros modèles familiaux. Finalement pas très étonnant. On ne voit pas non plus beaucoup de petits modèles. La majorité sont des modèles intermédiaires, car il est important d’avoir de la place. Une 207 est vraiment trop petite, et il serait impensable de ramener une twingo. Il faut une voiture grande et confortable, même si tu n’as pas encore d’enfants, et n’en aura de toute manière qu’un, limite deux. De plus les modèles sont à peu près tous en version break, c’est beaucoup plus à la mode ici. Lei Jia aime beaucoup la C4. Pour l’anecdote le chiffre 4 est tabou en Chine, car il est homonyme à 死, mourir. C4 devient donc le modèle C Quatre, ou même 世嘉.


C Quatre - 世嘉

Lei Jia me dit que plus jeune elle pensait qu’elle préférerait acheter une voiture pratique, donc pas trop grosse, et pas trop chère aussi. « Mais les années ont passé et j’ai beaucoup écouté ce que les gens disaient autour de moi, aujourd’hui j’ai plus envie d’en profiter, j’ai plus envie d’acheter quelque chose de plus gros » rajoute-t-elle.

On se rend ensuite chez Volkswagen. Jia Lei est fan de la golf. Elle s’installe au volant. Elle réalise qu’à part le prix très élevé (16000€ pour le modèle qu’elle espère, les voitures sont une exception aux choses pas chères en Chine), elle aime tout dans la golf.

Un moment de doute survient. Elle se demande à quoi servira la voiture. Elle ne l’utilisera qu’au mieux une fois par semaine. Les rues sont complètement bouchées. La voiture est chère… Puis elle se reprend, après tout, on doit profiter ! 享受享受 ! Assise au volant de la golf d’exposition, Jia Lei se demande ensuite s’il vaut mieux acheter une boite automatique ou manuelle. Puis elle se souvient que l’on s’arrête tout le temps dans les embouteillages Pékinois, il serait embêtant de passer et repasser la 1ère à tous les redémarrages. Il faudra donc une automatique. Ce sera donc une golf automatique. Pour être confortable dans les embouteillages. Pour profiter de la vie.

vendredi 11 décembre 2009

Grandir en Chine 2 - Après le Gaokao

Arrive enfin le jour du Gaokao! Un jour spécial en Chine, la vie semble s’y arrêter devant la sacralité de l'évènement. Zuo Hongwei me rapporte : "它影响了大家的一生, Cet examen influence la vie entière de chacun".

Nous avons vu hier comment il influençait la jeunesse des étudiants chinois. Qu'en est-il une fois sorti de la salle d'examen?

Le Gaokao est noté sur 750 points, dont 150 pour l’Anglais, 150 pour les maths, 150 pour le Chinois, et 300 pour l’ensemble bio-phys-chimie ou histoire-géo-politique. Les lycéens en filière littéraire passent leurs Gaokao en rêvant d’intégrer Beida (北大, Peking University), les scientifiques eux rêvent de Tsinghua (清华). Puis c’est la longue et douloureuse attente des résultats, résultats qui sanctionnent toute une jeunesse. Et ce sont sans doute les parents, pardon, les chefs de famille qui sont les plus stressés…

Pour les provinces normales le résultat du Gaokao vient d’abord, puis le lycéen exprime ensuite ses vœux en termes d’universités. Il a le droit à trois choix d’université, universités qu’il faut choisir judicieusement car la logique d’intégration est étonnante : on fait défiler les lycéens par ordre de classement, et au lieu de les placer les uns après les autres dans leur plus haut choix où il reste encore de la place, on les place dans leur premier choix s’il reste de la place, ou on les laisse de coté pour une seconde lecture du classement ! Cela veut donc dire qu’en demandant une bonne université, on joue à quitte ou double. Si on n’intègre pas l’université de premier rang, on se retrouvera dans une université de beaucoup moins bon rang qui ne reflétera pas son niveau. Et pour les Pékinois ce choix est encore plus difficile, car il est à faire en aveugle, avant l’annonce des résultats !!!

Les Pékinois se consolent malgré tout avec un nombre de place allouée dans les meilleures universités très large en proportion des autres provinces. L’intégration se fait en effet par province. Les lycéens chinois sont seulement en concurrence avec les autres lycéens de la même province. Puis chaque université donne un quota (名额) par province. Et en terme de places offertes par rapport au nombre d’étudiants passant le Gaokao, certaines provinces sont avantagées. C’est le cas de Pékin. Cette inégalité se constate par exemple dans le nombre de points avec lesquels les lycéens de différentes provinces ont intégré Tsinghua. Si le dernier entré de la province du Sichuan est entré avec 700 points, le dernier entré venant de Pékin avait peut-être seulement obtenu 650 points…

Et celui du Qinghai est entré avec moins de 600 points, sans avoir jamais pris de cours supplémentaires au cours de son enfance, et tout en ayant profité de ses week-end sans crouler sous le travail scolaire ! Injustice peut-être, mais le Qingghai comme le Tibet ou le Xinjiang font partie de ces régions sous-peuplées, sous-développées, très pauvres, et où le niveau d’éducation est très bas. S’il leur fallait atteindre un niveau équivalent à celui des lycéens des provinces du littoral pour rentrer dans les plus grandes universités, il n’y en aurait pas un seul. Il existe aussi une discrimination positive pour les membres des minorités ethniques chinoises, ceux-ci ont un bonus initial compris entre 5 et 20 points au Gaokao. Dans un couple dont l’un des époux est han, l’autre membre d’une minorité ethnique, le bonus au gaokao est la raison principale du choix pour l’appartenance à la minorité pour leur enfant…

Une parenthèse à ce sujet, en Chine, il est très mal vu de 走一步算一步, littéralement marcher un pas, puis calculer le suivant. Il faut plutôt 走一步算三步, calculer 3 pas pour un pas parcouru. Et pour les parents chinois, c’est plutôt 连一步还没走,都算了一万步了, le premier pas n’a pas encore été fait que les dix milles suivants sont déjà programmés. L’enfant n’est pas encore né que les parents ont déjà prévu l’université qu’il intégrera et le parcours pour y arriver… Fin de la parenthèse.

Juste avant d’intégrer l’université, une dernière condition à remplir, choisir sa majeure. Les derniers rentrés prennent les majeures qui restent, seuls les premiers ont l’embarras du choix. Enfin, le choix, ce sont les chefs de famille qui le prennent, et il est plutôt fait en fonction des recommandations du gouvernement que des desiderata du nouvel universitaire. « A vrai dire, on n’aurait pas vraiment su choisir » nous rapportent nos camarades chinois.

Ça y est, l’étudiant chinois a intégré l’université, la vie est belle, il va pouvoir se faire plaisir pendant 4 ans ! Ts ts ts, l’université, ça a beau s’intégrer après 2 années de type prépa et un gros concours à la fin, ce n’est pas la belle vie comme en école d’ingé française. Un peu parce que les universités ont des exigences très élevées pour leurs élèves (Souvenez-vous), beaucoup parce que les parents continuent à mettre une pression très forte sur leur enfant. Car les parents voient toujours plus loin (走一步算三步 quand tu nous tiens…), plus précisément, derrière les 4 années de license (本科)…

A ce moment là, bac+4, quel est l’avenir pour les étudiants chinois ? A l’époque du président Hu Jintao, on s’arrêtait là, mais maintenant, il faut à tout prix continuer vers un master, ou mieux, un doctorat.

Pour cela, ceux qui ont intégré les meilleures universités chinoises au moment du Gaokao, l’objectif est le master ou le doctorat aux Etats-Unis. Ils montent donc les dossiers, passent des nuits entières à mémoriser des livres de vocabulaire anglais et passent le 2ème examen le plus dur au monde, toujours dans la conception locale : le GRE. Les meilleurs des meilleurs partent ainsi aux Etats-Unis et alimentent la diaspora chinoise.

Pour ceux qui auraient échoué à l’intégration des meilleures universités (211大学) à l’époque du Gaokao, session de rattrape : le concours master (研究生考试)! Nouvelle occasion d’intégrer les universités de plus haut rang. Concours master, dernier concours du trio des concours les plus difficiles du monde !!! S’ils intègrent, que se passe-t-il après ? Et bien, vous devez déjà le savoir si vous le lisez ce blog, car c’est à ce point que j’ai rejoint l’histoire…

jeudi 10 décembre 2009

Grandir en Chine 1 - La préparation du Gaokao

J’ai de nouveau participé ce soir à ce que l’on appelle le coin chinois (中文角), c'est-à-dire un espace de discussion sur la culture Chinoise. Ce coin chinois est organisé toutes les semaines par une petite équipe d’étudiantes chinoises très dynamiques. Elles nous présentent habituellement un thème durant une quinzaine de minutes, puis c’est l’occasion de longues discussions. Les thèmes sont très variés, de la calligraphie aux fêtes traditionnelles en passant par la mode et la diversité culturelle du pays. Aujourd’hui le thème était 成长 : grandir. On y a donc parlé d’éducation, éducation parentale et éducation scolaire.

Je vous propose de découvrir à quoi ressemble l’éducation d’un enfant chinois en deux parties. Aujourd’hui le parcours jusqu’au bac chinois, demain la suite…

En écoutant le témoignage de quelques camarades chinois, j’ai d’abord redécouvert un thème déjà abordé sur ce blog, la place omniprésente du travail scolaire dans la jeunesse des enfants chinois. Les cours supplémentaires (补习班) commencent dès la maternelle (幼儿园). « Il s’agit de classes supplémentaires prises en dehors de l’école et durant lesquelles on reprend les notions abordées en cours, en les approfondissant et en les appliquant sur des exercices très difficiles », nous confie une jeune chinoise. L’apprentissage est intense, et il y a peu de temps pour s’amuser à côté. Pourtant il existe des activités extrascolaires comme la musique ou le dessin. Mais ces activités extrascolaires sont toujours entreprises à l’initiative des parents, et pas pour le coté ludique de la chose, seulement pour rapporter des points au Gaokao (高考), le bac version concours qui attend les écoliers chinois à leur sortie du lycée. « Commencer le piano devient rapidement un devoir terrible, car les parents sont derrière pour te faire travailler. Si je ne faisais pas correctement mes deux heures d’exercice tous les jours, mes parents me punissaient et me tapaient » m’ont confié plusieurs chinoises, maintenant très aguerries à la pratique du piano.

Un point révélateur quand on parle d’éducation avec les chinois, c’est qu’ils cessent d’employer le terme 父母 (père et mère, donc parents) et préfèrent dire 家长. Le premier caractère désigne la famille, le second, le chef, comme dans 船长 capitaine d’un navire, 校长, directeur de l’école, ou 市长, le maire. Donc 家长, chefs de famille. Les chefs de famille décident de tout dans l’éducation de leurs enfants, de leurs activités extrascolaires à la majeure qu’ils choisissent à la sortie du Gaokao. Une phrase que beaucoup de parents chinois répètent à leurs enfants: « 你的任务就是好好学习,其他的别管 : Ta mission, c’est seulement d’étudier, ne t’occupe de rien d’autre. »

Il y a une continuité parfaite entre les professeurs et les parents. Les professeurs enseignent les cours aux élèves, les chefs de famille les encadrent, les inscrivent aux cours supplémentaires, surveillent les travaux à la maison… et attendent de la bonne volonté et des bons résultats de la part de leurs enfants ! Si ce n’est pas le cas, c’est la catastrophe, et les enfants reçoivent des sermons. Des sermons calmes, quand il s’agit de leur expliquer qu’ils doivent bien travailler pour intégrer les meilleures universités sans quoi ils ne trouveront pas de travail. Des phrases un peu plus brutales bien souvent aussi. Jetez un coup d’œil ici pour un joyeux best-of, donc les meilleures resteront bien sur : « 你是从垃圾堆里间的, on t’a récupéré à la décharge », ou « 早知道这样,当初就不该生你, si on avait su que ça serait comme ça avant, on ne t’aurait pas fait naitre » !!!

Un exemple frappant pour vous illustrer l’encadrement total autour du jeune chinois : Parents et professeurs ont établi une règle terrible : « 不许早恋 : pas d’amour durant la jeunesse » ! La petite copine ou le petit copain sont des obstacles à la sérénité nécessaire à l’accomplissement des études, il faut donc les bannir…

Reprenons les choses dans l’ordre : Garderie-maternelle (幼儿园), cours supplémentaires (补习班) école primaire (小学), collège (初中) puis le lycée (高中). En deuxième année du lycée, donc en même temps que nous en fait, ils choisissent une voie principale : scientifique (理科) ou littéraire (文科). L’idée globalement répandue ici, c’est que tu vas en scientifique si tu en as les moyens, si tu vas en littéraire, c’est que tu es bête, tu ne sais pas faire marcher ta tête. Les distinctions de matière sont similaires à ce qu’on trouve en France, avec maths, chinois, anglais en matières communes, auxquelles on rajoute l’histoire-géo et la politique pour la section littéraire, la bio et la physique-chimie pour la section scientifique.

Une fois ce choix fait commencent deux années horribles pour les lycéens chinois. 2 années horribles car il leur faut préparer ce Gaokao, le bac-concours à la Chinoise. Le Gaokao n’est pas une porte de sortie marquant la fin d’un cycle d’apprentissage comme c’est le cas pour notre bac, c’est plutôt la porte d’entrée vers la suite, l’université. Le Gaokao est un examen classant, et de ton classement dépend directement ton affectation dans une université ou dans une autre.

Les deux années précédant le Gaokao ressemblent donc à nos années prépas, mais à quelques différences près. D’abord, c’est deux ans plus tôt. Ensuite,  l'ensemble des étudiants chinois doivent passer par lui. Enfin le Gaokao teste une étendue des connaissances, pas une tête qui sait réfléchir, et le programme est ENORME ! Les Chinois rapportent que ce qu’ils doivent retenir sur ces deux années fait bien deux petits Robert d’épaisseur sur la surface d’un bureau ! Et ils nous montrent des photos pour nous montrer la terrible épreuve par laquelle ils sont passés. Ils aiment d’ailleurs dire que le Gaokao est l’un des trois examens les plus difficiles au monde…

La suite ici

mercredi 9 décembre 2009

Les aventures du turbulent Ma Xiaotiao

Connaissez-vous 淘气包马小跳 (le turbulent Ma Xiaotiao)? C'est un peu l'équivalent chinois de notre petit nicolas, et j'adore lire ses aventures.

D'abord parce qu'elles sont écrites dans une langue qui est très adaptée à mon niveau. Je connais la grande majorité des mots et des caractères, et en y lisant quelques pages tous les soirs, je tombe à peu près toujours sur de nouvelles formes lexicales ou grammaticales justement apprises en cours le jour-même (donc une excellente mise en application). En plus ce sont les personnages principaux sont des enfants, et eux-mêmes n'ont pas une compréhension totale de leur langage. Il est particulièrement intéressant de les lire discuter de la différence entre 奇怪 (bizzare) et 有个性 (avoir de la personnalité), ou bien se demander la signification d'un nouveau chengyu comme 无地自容.

Ensuite à travers les aventures journalières du petit garçon qu'est Ma Xiaotiao, je peux découvrir à quoi ressemble l'enfance d'un petit chinois. Je me souviens avoir découvert à travers ses yeux la cérémonie du premier anniversaire lorsque l'enfant choisit un objet qui est censé prédéstiné son futur. J'ai aussi senti à travers lui le cauchemard de la montagne de travail à la maison, ainsi que la pression des parents qui ne connaissent qu'une mission pour leur enfant: étudier.

Enfin l'auteur des aventures du turbulent Ma Xiaotiao est aussi mère et professeur des écoles, et à travers ses écrits on découvre une profonde réflexion sur l'éducation que reçoivent les jeunes enfants chinois d'aujourd'hui, que ce soit à la maison ou à l'école. Pour elle, il y a beaucoup de choses à changer, dans la mentalité des parents comme des professeurs.

Pour toutes ces raisons, j'ai déjà dévoré tous les exemplaires des aventures du turbulent Ma Xiaotiao en vente à la librairie d'Wudaokou, et quand je suis passé hier à la gigantesque librairie de Wangfujing, imaginez ce qui s'est passé quand j'ai vu ceci...


mardi 8 décembre 2009

Vive le vent, Vive le vent, Vive le vent d'hiver

Vive le vent, Vive le vent, Vive le vent d'hiver,
Qui s'en va sifflant soufflant dans les grandes cheminées,
Vive le vent, Vive le vent, Vive le vent d'hiver,
Emmene tout ça loin vers le Sud et laisse nous respirer

Vendredi dernier on a enfin eu un jour de vent! Force 5-6 selon les critères Pékinois. J'adore ce genre de jour. D'abord parce que tous les vélos se retrouvent par terre, on a l'impression de passer derrière les Japonais. Mais surtout parce que le vent nettoie la ville! Les particules en suspension sont trop légères pour tomber au sol, les précipitations sont inexistantes, en hiver, le vent est notre seul espoir. Regardez un peu l'effet sur ce graphique:


Beijing, 4 décembre, jour de grand vent:  PM10 Time series

Et vendredi, il faisait réellement beau! On voyait de nouveau briller le soleil, le ciel était bleu, on apercevait les montagnes de l'ouest, bref ça donnait envie de sortir!

Mais cette année est bien avare en vent. L'année dernière les grands vents étaient presque journaliers dès le mot de novembre et le démarrage des plus grandes pollueuses. Cette année il n'y a eu qu'un jour de grand vent en plus d'un mois... Le vent est ainsi tombé dans la nuit de vendredi à samedi, et 72 heures après, voici le résultat:



Beijing, 7 décembre, PM10 Time series : on atteint les sommets


Incroyable! On a atteint le haut du graphique! Et réellement, quand on sort de chez nous, ça pue. ça pue le cramé, l'air est sale, on respire mal. On aperçoit une espère de forme arrondie jaunatre dont les contours se distinguent mal dans ce nuage de pollution, c'est le soleil. Je n'ose plus sortir...



Remarquez que contrairement aux situations habituelles, le nuage de pollution a franchi les première lignes de montagne! Alexis, si tu es toujours en Mongolie, prend garde à toi, le nuage chinois est en route!!!

lundi 7 décembre 2009

Outils d’apprentissage 3 – Dictionnaires

Si vous pénétrez dans le bureau de Mme Bai, regardez un peu ses étagères, vous verrez qu’elles sont envahies de divers dictionnaire. Si vous interrogez des linguistes sinophiles, vous découvrirez que leurs bureaux le sont de même. Si vous lisez l’article de David Moser, un peu résigné vis-à-vis de l’apprentissage du chinois, vous y découvrirez ceci :

One of the most unreasonably difficult things about learning Chinese is that merely learning how to look up a word in the dictionary is about the equivalent of an entire semester ofsecretarial school. When I was in Taiwan, I heard that they sometimes held dictionary look-up contests in the junior high schools. Imagine a language where simply looking a word up in the dictionary is considered a skill like debate or volleyball! Chinese is not exactly what you would call a user-friendly language, but a Chinese dictionary is positively user-hostile.

Chinese must also be one of the most dictionary-intensive languages on earth. I currently have more than twenty Chinese dictionaries of various kinds on my desk, and they all have a specific and distinct use. There are dictionaries with simplified characters used on the mainland, dictionaries with the traditional characters used in Taiwan and Hong Kong, and dictionaries with both. There are dictionaries that use the Wade-Giles romanization, dictionaries that use pinyin, and dictionaries that use other more surrealistic romanization methods. There are dictionaries of classical Chinese particles, dictionaries of Beijing dialect, dictionaries of chéngyǔ (four-character idioms), dictionaries of xiēhòuyǔ (special allegorical two-part sayings), dictionaries of yànyǔ (proverbs), dictionaries of Chinese communist terms, dictionaries of Buddhist terms, reverse dictionaries... on and on. An exhaustive hunt for some elusive or problematic lexical item can leave one's desk "strewn with dictionaries as numerous as dead soldiers on a battlefield."

Aujourd’hui, je vous propose quelques outils pour d’une, faire rentrer les 36 dictionnaires de Mme Bai ou de David Moser dans une paume de la main, de deux, ne plus apprendre comment chercher un mot dans un dictionnaire chinois… Les solutions d’appellent Wenlin et Pleco, supports électroniques valables sur ordinateur pour le premier, sur téléphone pour le second. Mais intéressons-nous préalablement à deux dictionnaires particulièrement populaires parmi la communauté sinophile.

ABC : Dictionnaire Chinois-Anglais, un magnifique travail qui résulte d’un travail d’une vie du sinologue John DeFrancis. Le nombre d’entrée est très large, les traductions précises, les distinctions toujours présentes. Il recense notamment nombres d’expressions modernes, d’expressions très orales pékinoises, ou d’expressions d’autres dialectes chinois. Les expressions techniques sont aussi présentes, scientifiques (pas mal pour comprendre les cours de sa majeure) comme linguistiques (car le chinois, c’est un peu notre deuxième majeur à tous). Pas mal de termes bouddhistes aussi, sans oublier un grand nombre de chengyu et quelques xiehouyu.

规范词典 GF : Pour les initiés, le meilleur moyen de cerner le véritable sens d’un mot ou d’une expression. Expliquera l’origine des expressions, des chengyu, des dictons, là ou ABC ne donnera qu’un équivalent en Anglais. Donne aussi précisément la nature grammaticale de chaque mots, ainsi que ses conditions d’utilisation. Ce dictionnaire se charge aussi d’expliquer les différences d’emploi entre certains mots très proches. Il donne aussi les formes développées des expressions condensées, ce que ne fait pas ABC. Enfin, exemples très nombreux, beaucoup plus que dans ABC. Défaut du GF, ce serait de ne pas contenir assez d’expressions spécialisées. Sa base est beaucoup plus petite que celle d’ABC. Les termes vulgaires, ou dont les chinois ne parlent pas facilement entre eux à l’oral ne sont pas non plus présent. 滚出去 (casse toi), 艳遇 (proche du one night-stand) par exemple ne sont pas présent dans GF, mais le sont chez ABC.



Exemple de définition du dictionnaire GF


Maintenant que vous connaissez mes deux dictionnaires préférés, voici où les trouver et comment les utiliser :

Wenlin 文林 : Logiciel sur ordinateur édité pour le dictionnaire ABC. Interface peu attirante, mais simple d’utilisation. Les entrées se font soit par caractères en mode copier-coller, en pinyin avec ou sans accents, ou en dessinant le caractère. Les entrées peuvent se faire en simplifié comme en traditionnel, et la sortie est présentée sous les deux formes.

 Un très bon point de Wenlin est de proposer une analyse des caractères, dans leur forme simplifiée comme traditionnelle. La forme est analysée quand il s’agit des pictogrammes ou des idéogrammes, un sens est proposé de façon plus ou moins évidente quand il s’agit d’un agrégat logique, et les deux parties du caractère sont bien mises en évidence quand il s’agit d’un caractère phonétique. Les fragments sont ainsi clairement identifiés, et Wenlin propose de faire des recherches par fragments, on peut par exemple chercher à savoir quels sont les caractères comportant le fragment 肖, et Wenlin vous sort la liste, comportant les simplifiés comme les traditionnels : 消,销,悄,稍,削,宵,哨,屑,俏,etc, après je ne les connais plus.



 Exemple d'analyse de caractères dans Wenlin

Un autre point génial réside toujours dans l’analyse des caractères. Leur fréquence d’apparition dans certaines catégories d’écrits en chinois est répertoriée, du moins pour les 3000 premiers. D’une part cela nous donne un indice sur la nécessité d’apprendre un nouveau caractère, par exemple si je suis débutant et que je découvre un caractères classé 2893ème, je vais peut-être m’abstenir de l’apprendre (sauf s’il est particulièrement amusant comme 鬻 et ses 22 traits). Inversement, après plusieurs mois de Chine s’il m’arrivait de découvrir un caractère inconnu classé 66ème, je n’allais pas le crier sur les toits, mais je me dépêchais de l’apprendre. Dans la liste des caractères comportant肖, Wenlin nous donne ainsi les fréquences suivantes : 消 (500),销 (1047),悄 (1128),稍 (1358),削 (1719),宵 (1719),哨 (2422),屑 (2481),俏 (hors 3000). Certains tentent d’utiliser cette classification pour apprendre les caractères… Je ne suis pas sur que cela marche bien, mais pourquoi pas ?

Pleco : Logiciel hyper abouti et adulé parmi la communauté sinophile.  Pleco est programmé pour être installé sur les téléphones munis d’un système d’exploitation (et très prochainement sur Iphone), et il est d’une ergonomie incroyable, que ce soit dans son utilisation comme dans sa conception, car c’est une "boite" dans laquelle on peut rentrer les dictionnaires que l’on veut (à partir du moment où la maison pleco les a mis sous version électronique). Donc un, on comprime notre tas de dictionnaire dans notre téléphone, et de deux, on peut les emporter partout avec nous ! Idéal pour checker un mot dans le métro ou au détour d’une discussion. Je me verrais mal sortir mon dictionnaire à chaque repas, avec Pleco, c’est possible, et ça passe très bien ! De plus, ça garde les recherches du jour en mémoire, et vous pouvez les noter sur un carnet ou dans Anki le soir venu, et le mot, vous le retiendrez.



Au niveau de la conception du logiciel en lui-même, elle excellente à différents aspects. D’abord aux niveaux des entrées. Pour les entrées incomplètes en pinyin, la colonne index sur la droite permet de trouver efficacement le mot qui nous intéresse. Pour les entrées en caractères, on dessine quelque chose qui ressemble de près ou de loin à l’original sur l’écran, et pleco propose un ensemble de 8 caractères parmi lesquels choisir, sans accorder d’importance au nombre ou à l’ordre des traits. On trouve donc très plus facilement le caractère que l’on veut dans Pleco, même quand on ne se souvient que d’une partie de celui-ci.

Ensuite, Pleco depuis sa deuxième version propose une lecture orale des mots, et non plus simplement la lecture des caractères pris séparément. Très important pour la mémorisation si comme moi celle-ci ne peut se faire sans une partie de mémorisation auditive.

Enfin, Pleco est un logiciel livré avec les dictionnaires que l’on désire. Fort heureusement, le dictionnaire ABC est proposé, et l’on obtient ainsi une version portative de ce fantastique dictionnaire. Et depuis la version 2 de Pleco, on peut aussi installer le GF, ce dictionnaire chinois-chinois que j’aime tant, et recommandé par l’excellent Jonathan Chiche.


En conclusion, j’ajouterai que même s’ils peuvent être facilement crackés, n’hésitez pas à faire l’achat de ces deux logiciels, même s’ils peuvent paraitre un peu cher, car le travail qu’il y a eut derrière et leur immense utilité le valent bien. L’achat de Wenlin récompense directement le travail fait dans l’édition du dictionnaire ABC, et l’achat de Pleco sert à payer d’une part les licenses des dictionnaires, d’autre part le travail fait dans la programmation du logiciel et l’adaptation des dictionnaires.

dimanche 6 décembre 2009

生日快乐!

Recette d’une super soirée d’anniversaire à la chinoise avec beaucoup de gâteaux-cadeaux-copains pour reprendre les mots de la "ptite "prof de gym ;-)

1 – Les copains ! 19 personnes autour de notre petite table, c’était très convivial ! Française, chinoise, malaisienne, canadienne, tadjikistannaise, péruvienne, un bon paquet de nationalités présentes! Et le miracle du jour, c’est que tout le monde parlait…en chinois ! Alors à la fin du repas, j’ai respecté la tradition chinoise : j’ai invité mes 18 invités ! Heureusement que c’était en Chine ;-)


2 – Le gâteau ! Indispensable à un vrai anniversaire réussi, merci à 左宏伟 pour y avoir penser, et à tout le monde pour ne pas l’avoir utiliser pour une nouvelle bataille de gâteau à la crème !



3 – Les cadeaux ! Oh il y en a eu beaucoup, à commencer par cet incroyable bonnet panda ! Il ne faudrait pas oublier le cosmopolitain en chinois, une énorme bouteille d’alcool de riz, les écouteurs pour regarder des films au labo, des dvd interdits à la vente en chine, etc etc…



4- Le karaoké ! Béatrice, tu l’avais oublié celui-ci, mais pas nous ;-) Grande salle toute rouge pour l’occasion… On a bien chanté ! J’ai découvert 听听妈妈的话  du grand Jay (周杰伦), c’est mon prochain objectif…

samedi 5 décembre 2009

La 24ème année du buffle

5 décembre, je fête aujourd’hui mon anniversaire. Le 24ème. Multiple de 12, « tu es donc dans ta 本命年 ! » me disent tous les Chinois ! L’année de ma propre vie ? Chine-nouvelle propose l’année de son signe astrologique chinois. Ohhh, 原来如此 (c’était donc cela) !





Vous devez déjà savoir que chaque nouvelle année du calendrier lunaire est marquée par un animal. C’était le rat l’année dernière, ce sera le tigre l’année prochaine, et cette année, c’est le buffle. Ce qui est bien avec le buffle, c’est qu’en chinois ça s’écrit 牛, ça se prononce nio, et ça permet de faire des jeux de mots marrants : Happy 牛year ! Ce qui est moins bien, c’est que le buffle, c’est aussi mon signe astronomique chinois, puisque je suis né entre le nouvel an chinois de l’année 1985 (20 février 1985) et le nouvel an chinois de l’année 1986 (9 février 1986). Il y a 12 signes astrologiques chinois (生肖) ce qui signifie que tous les 12 ans, on retombe dans son signe astrologique. Et cette année là est mauvaise !!! Malchance et dangers nous guettent ! Je fais face à la malchance (噩运) et doit faire attention à ma sécurité (注意安全), sans oublier de porter des sous-vêtements rouges, seul remède contre cette infortune passagère (红色辟邪,红色吉祥)!


vendredi 4 décembre 2009

Pékin - Shanghai

Pékin, Shanghai, 2 capitales chinoises. La première, capitale impériale du dernier millénaire, capitale historique et culturelle. Shanghai, capitale économique, belle ouverture sur l’occident, une vitrine de la Chine. Pékin et les J0 en 2008, Shanghai et l’exposition universelle en 2010. Pékin est à la latitude de Madrid, Shanghai de Marrakech. Et dans la vie de tous les jours ?

J’ai interrogé à ce sujet Aurélie qui fut ma voisine de cours de maths au collège avant de devenir ma voisine de capitales chinoises ces derniers mois, voici son témoignage :

J'ai passé 10 mois à Pékin et 6 à Shanghai. Les contextes et conditions dans lesquelles j'ai évolué étaient très différentes: université, peu de moyens, ambiance très étudiante à Pékin et travail, ambiance de stage, plus de moyens à Shanghai et plus d'aisance dans la langue. J'étais dans l'atmosphère campus à Pékin du coup j'ai beaucoup plus profité à mon gout de Shanghai en tant que ville que de Pékin. Si j'avais eu le choix entre Shanghai et Pékin pour mon embauche j'aurais choisi Shanghai.

Mais un peu d'objectivité:

SHANGHAI:

=> Existence d'un centre ville (nanjing lu; concession française, Bund) où tu trouves de tout. Shanghai est aussi grand que Pékin mais moins découpé en quartier, du coup si tu habites par exemple dans le quartier de Jing An tu te sens au cœur de Shanghai, chose qui n'arrive pas, à mon sens à Pékin.

=> Très moderne et occidentalisé: d'où une adaptation plus facile et un dépaysement moins fort que pékin, tu trouves plus facilement des marques françaises ou occidentales (là c'est mon coté "fille" qui parle)

=> Les gens parlent majoritairement mandarin, je n'entendais cet affreux 上海话 (dialecte shanghaien) que dans les allées de ma résidence, peu dans le métro

=> Pour la pollution, elle ne m'a que peu gênée à Pékin du coup je n'y ai pas trop prêté attention à Shanghai et je ne l'ai pas trop sentie non plus. Certains disaient qu'elle était moins forte depuis l'arrêt de la centrale à charbon en périphérie...

=> Pour le temps, je dirais que c'est le point ou Pékin gagne, Shanghai c'est humide humide humide, je préfère la sècheresse pékinoise... je ne peux te parler pour le moment que de l'été: mi juillet mi aout: pluie tous les jours et pas un brin de ciel bleu... je sais que l'hiver c'est: pas de chauffage car ça ne descend jamais en dessous de 0.

=> Shanghai pour sortir est carrément plus sympa: des clubs, bars, boites en veux tu en voilà! Et toutes aussi dingues les unes que les autres.

=> Le métro est très développé et très pratique




Points faibles:

=> Esprit très business, porté sur l'argent et la mode: ça se sent rien qu'en se promenant dans la rue à la sortie des bureaux (je l'ai mis en point faibles mais ce n'est que mon point de vue)

=> Très peu de monuments historiques

=> Pas de lac pour faire du patin à glace l'hiver, pas de glace non plus

=> Moins de verdure qu'à Pékin


Merci Aurélie, et bon retour à Shanghai !

mercredi 2 décembre 2009

Karaoké - 卡拉OK

Parlons aujourd’hui du Karaoké. Tout le monde connait la popularité de ce loisir de coté de l’Asie. Et si ce n’est pas le cas en France, cela n’empêche pas à peu près tous les étrangers d’adorer le karaoké une fois en Chine. Pourquoi donc ? Parce que le karaoké en Chine n’est pas celui auquel on est habitué en France.

Ici quand on va chanter au karaoké, on y va de trois-quatre à une grosse vingtaine, et on loue une pièce privé dans un centre spécialement prévu pour. C’est très convivial, et on peut dans le même temps commander à boire et à manger, ce qui suffit d’ailleurs à certains.

Ensuite, différence majeure, ici on ne rigole pas quand les autres chantent mal, très mal, voire très très très mal ! Du coup pas de gène à chanter devant tout le monde. En plus les karaokés sont équipés sont équipés d’un système électronique qui recale ta voix quand tu chantes trop à coté, cool non ?

Témoignage : I'm a horrendous singer, but thanks to the amazing features of sound systems in karaoke bars in China, I sound ok. These include a very faint original performance in the background to guide the tone deaf like me, and a wide selection of keys to suit almost everyone. They are like plastic surgery for your voice.

Un autre aspect amusant réside dans les clips vidéos qui passent en arrière plan : Je ne sais pas si c’est pour éviter d’acheter la licence du clip vidéo original, mais les clips qui passent n’ont absolument rien à voir avec la chanson. Au pire, ce sont des images de plage filmées en Australie qui reviennent en boucle, au mieux ce sont des vidéos tantôt gaies, tantôt tristes, qui ressortent de façon cyclique, et pas du tout en accord avec la musique…

Pour finir une petite sélection de chansons pour vous aider à briller dans les karaokés :

D’abord les plus simples avec lesquelles vous séduisez l’auditoire :
  • 阿牛:桃花朵朵开: Chanson qui pète, marrante et hyper facile à chanter, un démarrage parfait !
  • 月亮代表我的心: Chanson d’amour hyper classique, sympa et les caractères sont pas bien dur à lire.
  • 光良:童话 Chanson triste, mais une mélodie qui reste très simple et sur laquelle on fait très bien illusion !
  • 郭美美,不怕不怕: Reprise de Dragotea Din Tei, la chanson d’Ozone, mais en chinois par une petite chinoise qui chante qu’elle n’a pas peur des cafards…

Ensuite quelques petites mélodies tranquilles et naïves pour laisser retomber un peu l’ambiance :
  • 梁静茹,暖暖:Petite mélodie enfantine
  • 光良, 第一次:La première fois de Guang Liang.


A chanter ensuite, quand vous êtes bien dans l’ambiance
  • 张雨生:大海 A chanter avec passion, demandez à Cyprien !
  • 成龙(Jackie Chan) chante en duo dans 美丽的神话 : ancienne version (avec des passages dans une langue inconnue, peut-être du tibétain, Jonathan ? ) nouvelle version

Voilà, c'est tout pour aujourd'hui, j'essaierai dorénavant de vous donner des news des nouvelles tendances des karaoké pékinois! Et n'hésitez pas à m'aider à enrichir cette liste!

mardi 1 décembre 2009

Les Chinois, sexistes ?

Les Chinois, sexistes ? Aujourd’hui, sans doute pas beaucoup plus que les occidentaux, mais les valeurs traditionnelles, elles, le sont profondément ! Découvrez-le à partir de quelques expressions traditionnelles…

男尊女卑 : les femmes sont traitées comme inférieures par rapport aux hommes. Voilà, on a commencé fort, et regardons comment cela se révèle.

头发长,见识短:Les cheveux sont longs, mais la connaissance est courte. Le terme 见识 que j’ai traduit par connaissance réfère à la connaissance due à l’expérience. Cela reflète le fait que dans les temps anciens, la femme ne quittait pas le foyer, comme l’illustre cette dernière expression : 大门不出二门不迈.

内人 , la personne à l’intérieur, utilisée désigne l’épouse. C’était d’ailleurs une tournure de modestie… On trouve aussi 内助, plus littéraire, son assistante au foyer, désigne toujours l’épouse… 贤内助 est un peu plus joli. Illustré sur Baidu (le google-wikipedia chinois) par la photo suivante




相夫教子 : expression rappelant les occupations de l’épouse : s’occuper du mari et élever les enfants. On le retrouve aussi dans 贤妻良母. Une version moderne existe aussi : 上得了厅堂,下得了厨房 : sortable et sait faire à manger.

夫唱妇随 : Le mari chante, l’épouse l’accompagne. Désigne l’obligation traditionnelle du respect de la femme envers son mari. Rappelons qu’il existe un code confucéen qui se résume en 三从四德 qui résume les trois personnes et les quatre valeurs que la femme doit respecter. Ces trois hommes sont d’abord son père, puis son mari une fois marié, enfin son fils ainé en cas d’absence ou de décès du mari.

Cette expression « 夫唱妇随 : Le mari chante, l’épouse l’accompagne » est aujourd’hui utilisé pour décrire l’harmonie dans le couple. Remarquons que la direction des choses est conservé chez l’homme. Dans le cas contraire, on parle de 妻管严, équivalent de notre « la femme porte la culote ». Mais ce qui est amusant, c’est que cette expression est exactement homonyme à 气管炎, le nom d’une maladie…

Vous savez écrire être jaloux en chinois ? 嫉妒 , deux caractères phonétiques, la clé orientant le sens étant 女 dans les deux cas, et 女, c’est la femme…

Nous finirons par une phrase célèbre de 毛泽东, qui rattrapera un peu le niveau de ce soir: 女人能顶半边天 : les femmes portent la moitié de notre ciel…