lundi 30 novembre 2009

Pékin, polluée?

Un petit diagramme pour commencer :


Pékin, 23.11.08

Pékin est au centre, et en bleu, non pas la mer, car elle se trouve au-delà de Tianjin aussi présent sur la carte, mais le nuage de pollution ! Ce diagramme date du 23 novembre dernier, date de mon retour sur Pékin. Arrivant des montagnes par le Nord-Ouest, pas étonnant que l’on ait eu l’impression de rentrer dans cet épais coton blanc en approchant par avion de l’aéroport de Pékin…

Une semaine à passé, une semaine durant laquelle le soleil a plus ressemblé à une nébuleuse qu’à notre étoile, et durant laquelle j’ai eu bien peur de mettre le nez dehors. D’ailleurs une semaine sans vent après, le résultat est toujours le même :


Pékin, 30.11.08

Tous ces diagrammes viennent du très bon site « Air quality monitoring and forecasting in China ». Bon, alors, à quoi correspondent les couleurs ? On recense sur ces diagrammes la quantité de microparticules dont le diamètre est inferieur à 10mm par unité de  µg/m3 à travers l’indice PM10. Ces particules sont celles qui peuvent rentrer dans nos poumons, nos yeux, et provoquer toutes sortes de cancer, brrrrr ! Vous pouvez jeter un coup d’œil sur wikipedia. En vert, inferieur à 50, en bleu, supèrieur à 200. Oui, vous avez bien compris que Pékin était entouré de montagnes au Nord et à l'Ouuest.

Ci-dessous l'évolution des valeurs du PM10 sur la journée d'hier. 





En Europe on applique la valeur limite de 50 µg/m3 comme moyenne journalière recommandée. Cette valeur de 50 constitue l’indice 1. Ici on navigue entre 4 et 12, c’est carrément monstrueux ! Quand on revient de France, on a vraiment l’impression de débarquer au milieu d’un barbecue géant. Et dire que les Chinois (Mme Bai la première) sont persuadés que d’un, Pékin n’est pas polluée, que de deux, c’est pareil chez nous…

Voici donc une carte de l’Europe (issue du site suivant dépendant de l’union européenne, à propos de la qualité de l’air en Europe) avec le même critère PM10 effectuée hier


Carte europe 30.11.09
  
ça ne dépasse pas les 50 (ici le bleu symbolise l'air pur, c'est inversé par rapport aux cartes chinoises). La même en Asie:


Carte Asie 30.11.09

Je propose ainsi une nouvelle définition d’une mégalopole à l’asiatique: Un ensemble sur lequel un nuage de pollution s’étend sans discontinuité…

Toujours sur ce même site, on peut trouver le tableau suivant (provenant du site du gouvernement chinois relatif à la pollution atmosphérique) qui nous explique les réactions chez l’individu face à la pollution



Voilà pourquoi je dis que le sport est mauvais pour la santé à Pékin... Enfin, c'est mauvais en extèrieur,  moi je me suis mis à la piscine!

Puis un deuxième venant de la municipalité de Pékin.



Donc nous sommes tous les jours au moins en situation Unhealthy, et plus généralement en situation Hazardous...

Deux derniers diagrammes pour finir :


Pékin 08.08.08

C'était 08.08.08 à Pékin, jour de la cérémonie d’ouverture des JO... Puis un an plus tard, même jour:



Pékin 08.08.09

Permettez-moi de douter que les mesures spécialement prises pour améliorer la qualité de l'air durant les JO aient bien fonctionné… L'impression que j'ai moi, c'est qu'il n'y a qu'uneseule chose qui marche pour faire disparaitre la pollution : les précipitations en été, le vent en hiver. Il n’a pas venté depuis la semaine  dernière et mon retour à Pékin. La prochaine fois qu’il vente sur Pékin, j’enregistrerai les graphiques pour voir l’effet du vent, puis le temps qu’il faut au nuage de pollution pour se réinstaller…

samedi 28 novembre 2009

Outils d’apprentissage 2 - Chinesepod

Un article qui intéressera les lecteurs qui apprennent le Chinois. Je viens aujourd’hui vous parler de Chinesepod, ma nouvelle addiction dans mon perpétuel apprentissage du Chinois. Si le printemps fut la saison d’Anki, l’automne est assurément marqué par l’évenement Chinesepod. C’est un site qui propose des podcast en Chinois, c'est-à-dire des mini-émissions enregistrées permettent à l’auditeur de booster son niveau en Chinois, du moins son niveau en compréhension orale.

C’est formidable à tout point de vue, et ce n’est pas étonnant car ce site est géré par le fantastique John, ce linguiste américain parti maintenant il y a près de dix ans en Chine où il a appris pas à pas à maitriser cette langue, tout en prenant conscience des difficultés rencontrées, et des moyens d’y remédier. Aujourd’hui John parle chinois comme un Chinois, et il nous propose ce site de podcast pour remédier à un besoin simple : écouter des émissions audio à sa portée.

Car la compréhension orale, comme la lecture, en Chinois demande un niveau d’apprentissage beaucoup plus important que s’il s’agissait d’une langue ouest-européenne. J’ai toujours un mal fou à comprendre les informations à la télévision, et pas seulement parce que je les regarde au pied du lit. Les présentateurs télé parlent très vite (c’est une difficulté évoquée par tous les étrangers) et ils utilisent beaucoup de vocabulaire qui nous est encore inconnu, même après autant de temps passé en Chine.

Chinesepod propose ainsi des émissions enregistrées correspondant à différents niveaux, la vitesse et la richesse du vocabulaire étant fonction de ce niveau. Je vous encourage franchement à aller faire un tout sur ce site. Les niveaux varient de Newbie à Advanced. Si je pense qu’on peut oublier les deux premiers niveaux, vous commencerez à vous passionner à partir du niveau intermediate. Dédié à l’étudiant qui n’a pas encore eu l’occasion de passer un séjour long en Chine, les présentateurs parlent en Chinois, mais reviennent sur l’Anglais pour expliquer les points clés. A partir du niveau Upper Intermediate, c’est tout en Chinois, et arrivé en advanced, le rythme est quasiment celui d’un natif (enfin, pas un natif Pékinois quand même !). Ces deux derniers niveaux sont excellents selon moi, car ils abordent des éléments concrets de la culture chinoise et des faits de société très actuels avec de nouvelles émissions mises en ligne chaque jour.

Une dernière rubrique géniale est la rubrique 请问, où les présentateurs répondent de façon très précises et avec un grand nombre d’exemples à des questions de grammaire soulevées par les utilisateurs. D’une part, c’est superbement bien fait, d’autre part Connie, l’une des présentatrices, a la voix la plus sexy de l’univers… raison suffisante pour aller vous enregistrer immédiatement sur Chinenesepod et profiter de la semaine gratuite pour essayer un peu tout !

vendredi 27 novembre 2009

Le Chinois amusant – Caractères condensés

Dans la rubrique le chinois condensé, j’ai parlé la fois dernière de la condensation de 4 caractères en 2 (et par récurrence de beaucoup beaucoup en 2 !), cette fois quelques exemples de mots en 2 caractères condensés en un. Vous connaissiez sans doute déjà le 俩, diminutif de 两个, découvrez aujourd’hui le 仨, diminutif de 三个. 二十, c’est aussi trop long à écrire, alors on l’a décomposé en 十十 et on les a groupé avec une barre horizontale : voici 廿 ! Si on peut le faire avec 二十, pourquoi pas avec 三十 ? Et c’est parti pour 卅!

Pour l’anecdote 咬peut aussi être considéré comme une la condensation de deux caractères, je vous laisse le plaisir d’en chercher le sens…

Deux caractères en un, c’est amusant. Quatre caractères en un, ça l’est beaucoup plus ! Voici un exemple très connu qu’un sympathique calligraphe de rue avait dessiné devant nous cet été.




Si on le décompose, cela donne 招财进宝, et c’est une façon de se souhaiter bonne fortune.

En voici un second trouvé sur sinoplice (dorénavant présent dans la colonne de droite), l’excellentissime blog de ce cher John:


lundi 23 novembre 2009

Pékin, capitale des extrêmes

Me voici de retour à Pékin, cette capitale de la Chine, capitale des extrême aussi.

Pékin, ville extrême avec une population qui se rapproche de plus en plus des 20 millions d’habitants, un étalement toujours plus fou (le plateau de Saclay serait complètement intégré au tissu urbain en comparaison), des distances inattendues (N’espérez pas parcourir tout Pékin à pied !) à l’image de ces stations de métro bien 4 fois plus distantes qu’elle ne le sont à Paris, une densité qui fait parfois peur (cf Wudaokou). Ville extrême avec des températures hivernales qui peuvent descendre jusqu’à -20 degrés, alors qu’il fait allègrement plus de 30 degrés en été. Extrême toujours dans sa météo, avec des pluies estivales torrentielles, qui succèdent à des hivers à humidité quasi nulle. Extrême dans ses écarts de niveau de vie, avec des Pékinois relativement pauvres qui se font rejetés en banlieue par des nouveaux riches venus des provinces extérieures.

A l’échelle de la Chine entière, ces grandes disparités apparaissent encore plus évidentes. Ici des lieux de misère où les habitants semblent vivre plusieurs siècles en arrière, là on développe le programme spatial chinois. Ici des zones tropicales, là les sommets les plus hauts du monde.

Extrême aussi dans ses échelles de temps, d’une lenteur individuelle, à un déferlement à grande échelle. On parle souvent du flegmatisme à l’Asiatique. Je crois que j’ai déjà commencé à être touché. Je n’ai pas bougé de mon siège durant les 10 heures d’avion de mon retour à Paris, je n’ai pourtant pas dormi, mais j’étais absorbé dans mes lectures. En marchant dans les rues de Paris, je me sentais dépassé par le flot. Je ne suis finalement pas surpris, car le rythme est plus lent à Pékin. Il est banal de devoir faire une heure et demie de transport pour se rendre sur son lieu de travail, et on y reste souvent longtemps, très longtemps, les heures supplémentaires étant monnaie courante. On passe sa journée au labo, pas concentré en permanence sur son travail, mais 15 heures d’affilé, c’est révélateur de ce flegmatisme. Flegmatisme dans les escalators, dont on occupe inconsidérément les cotés gauche et droite sans jamais grimper les marches, en se laissant porter. On retrouve cette lenteur dans le langage lui-même, avec ces milliers de caractères qui demandent des années d’étude aux jeunes écoliers chinois. Et même à l’échelle du pays, il faut une nuit de train pour relier Pékin à Shanghai, et pousser jusqu’à 24h pour rejoindre les métropoles Canton et Hong-Kong. On est bien loin du Paris-Lyon en 2h, Paris-Marseille en 3h en TGV.

Mais lorsque l’on prend les chinois dans leur ensemble, l’échelle de temps est cette fois inverse, et c’est un véritable torrent qui les caractérise. Pour le comprendre, il faut avoir vu Pékin il y a 10 ans, et comment la ville a évoluée en seulement 10 ans. Ceux qui l’ont vu témoignent que les universités étaient à la campagne, que le quartier fourmillant de Zhongguancun était à l’époque un grand terrain vague, que seul le 2ème périph était ouvert (aujourd’hui on roule couramment jusqu’au 5ème périph, et le 6ème est en cours de fermeture), qu'à Chaoyang, le quartier expat, tout n’était que hutong. Moi-même j’ai vu apparaitre des boutiques sur le bord de la route en une nuit, elles ont disparu un mois après en non moins de temps. Le passage à niveau qui était à panneaux balançant un soir à minuit était devenu un passage à niveau à barrière coulissante le lendemain matin.

Extrême aussi dans le ressenti que l’on en a. Parfois des périodes d’incompréhension, de raz-le bol, de questionnement. D’autre fois des périodes de révélation, d’excitation, des périodes où tout semble possible, passionnant, incroyable. Mais ce qui est sur, c’est qu’au bout du compte, la Chine, on a du mal la quitter… Pékin, me revoilà !

vendredi 20 novembre 2009

Rencontres

Souvenirs de quelques rencontres de la semaine, les premières dans mon chère 5ème, les suivantes autour de mon petit stand de Tsinghua au forum de l'x.

La serrurière : Samedi matin, tout frais rentré de Pékin, j’accompagne papa chez le serrurier d’en bas, rue Monge. Devant nous deux étrangers. Ils ne parlent pas français. Ils tentent de s’exprimer en Anglais avec la vendeuse, mais celle-ci ne comprend pas grand-chose et s’évertue à leur répondre de belles phrases en français. Ils finiront par se faire comprendre à l’aide de petits gestes, puis repartiront alimenter la réputation des Français de France : nous ne savons pas parler français (et quand nous savons, nous ne voulons pas parler Anglais), et il est difficile de se débrouiller à Paris par le seul intermédiaire de l’Anglais. Ce qui place Paris à peu près au même rang que Tokyo au rang des villes pas English-friendly, loin derrière Pékin !

Le vendeur de boites à musique : Mardi j’ai été faire quelques achats de souvenirs autour de Saint-Michel. Je suis notamment rentré dans une petite boutique joliment décorée et tenue par un homme français d’une quarantaine d’année. Il m’a présenté ce qui était le plus à la mode chez les touristes étrangers, et j’ai été séduit par des petites boites à musique très simples qui tiennent dans le creux de la main. Le monsieur les vendait à 7€50. Cela me paraissait un peu cher, je lui ai donc demandé s’il pouvait me faire une réduction si j’en prenais plusieurs (après un moins de Chine, le marchandage est devenu automatique). Il me répond : « ça dépend, vous en prenez combien ? » « Deux » lui réponds-je. Il se moque et me répond qu’il envisagerait de baisser le prix pour une dizaine de boites à musique, pas pour deux ! J’insiste malgré tout pour qu’il me fasse les deux à 14€. Il n’est pas content, m’explique que c’est déjà le moins cher du quartier, que si je vais voir les chinois ou paki du coin, ce sera plus. J’insiste encore, et il finit par accepter. Mais il est fâché ! Pas habitué aux mêmes règles de négociation qu’en Asie, il n’est vraiment pas content. Du coup, moi non plus. Résultat loose-loose…

La dame de la FX : En fin de matinée, une dame est venue me voir sur mon petit stand. Diplomée de l’x en 74, elle est membre aujourd’hui de la fondation de l’x et avait assisté à ce titre à la présentation de la veille où j’étais intervenu. Elle est venue me voir pour partager son expérience. Quelques années auparavant, elle et son mari ont pris la décision de partir avec leurs enfants (15 et 17 ans) pour une nouvelle destination : Pékin. Partir, car leur situation en France ne leur convenait plus. Son mari n’avait plus de travail, et la situation qui s’en suivait était pesante pour le foyer qui manquait de plus en plus de vie. Ils avaient besoin de changement pour se relancer ensuite, et ils sont parti à Pékin pour une expérience originale. Ils ont enseigné le Français dans deux grandes universités de langues étrangères à Pékin, ont appris le Chinois, et ont cherché à partager le plus possible la vie des Chinois. Et ce fut une expérience très heureuse pour les quatre membres du foyer. Ils sont aujourd’hui revenu, et avec eux l’optimisme et l’emploi…

Le petit groupe de X08 : J’ai été marqué par un nombre inattendu d’élèves de la promotion 2008 qui sont passés me voir sur mon stand. Ce fut inattendu car pour ceux-ci, l’apprentissage du Chinois vient de commencer, et ils n’ont pas encore expérimenté la Chine : ils partiront pour la première fois l’été prochain. Mais malgré cela, plusieurs d’entre eux réfléchissent déjà à l’éventualité d’une 4A en Chine. Peut-être un beau rebond en prévision après la promotion 2007 qui ne compta pas beaucoup de nouveaux sinisants, et qui risque de ne pas envoyer un seul représentant en Chine…

Le petit groupe d’élèves Chinois : Enfin j’ai eu le droit à la visite de nombreux étudiants chinois des promotions 07 et 08, curieux de voir le seul étudiant représentant la Chine lors de ce forum. J’ai notamment pu discuter un peu avec eux des difficultés de l’intégration. Je pense que les étudiants Français comme les étudiants Chinois ne sont pas enclins à l’intégration des étudiants étrangers. Mais là où certains Français n’hésitent pas à forcer un peu cette intégration et cette prise de conscience de l’autre, les étudiants chinois restent trop discrets, réservés, n’osent pas s’imposer malgré un niveau en Français généralement excellent. Alors tous les chinois que j’ai rencontré sur mon stand, je les ai vivement encouragé à plus se mélanger avec les étudiants Français. A l’ancien de Tsinghua qui me disait que le cursus était difficile pour lui et qu’il devait beaucoup travailler, je lui ai demandé ses résultats, et quand il m’a répondu : A A A A B pour le tronc commun, je lui ai dit : "travaille un peu moins, tu es déjà tellement loin au dessus des critères de validation, et participe un peu plus aux activités associatives !" A cette sympathique étudiante Chinoise qui me disait qu’elle comptait faire son stage linguistique au Japon avant de revenir effectuer son stage ouvrier en France pour bien pratiquer son Français, je lui ai dit que les meilleurs opportunités étaient aujourd’hui autour d’elles, que le meilleur moyen de pratiquer son Français serait d’intégrer une association et d’y prendre des responsabilités. Je l’ai envoyé à la Sywoc. J’espère que les jeunes 2008 de cette fantastique association l’accueilleront à bras ouverts ! Et qui sait, cette année, peu-être qu’un équipage Chinois se joindra à la compétition ?

mardi 17 novembre 2009

Alcool et business, le mélange mortel des notables chinois

Excellent article du figaro.fr sur la boisson en Chine qui devrait vous rappeler mes deux derniers posts la dessus ( A Pékin, fais-comme les Pékinois et combien de bouteilles? )

Je vous encourage à le lire entièrement. J'ai sélectionné quelques extraits:

Issus d'une tradition millénaire, les toasts portés à répétition lors de dîners officiels peuvent avoir des conséquences catastrophiques sur la santé des convives.

Problème : les «ganbei» se multiplient tout au long du repas. A tel point que les convives peuvent en boire plus de 20 verres en une heure. «Cela commence par des toast communs, puis des toasts individuels», explique Nathaniel Farouz, jeune businessman français installé à Pékin depuis 2006. Si beaucoup ont le foie bien accroché, l'ivresse est souvent inévitable. «Un partenaire , dans son ébriété, s'est mis à nous raconter tout le mal qu'il pensait de nous... Ce qui n'a pas été du meilleur effet pour la suite de nos relations.»

«Dans ma province natale, beaucoup d'entrepreneurs ont des problèmes de foie», assure un professeur de langues à l'Inalco d'origine chinoise. L'un de ses amis en a d'ailleurs fait les frais. «Il ne mangeait jamais chez lui car il était invité à chaque repas. Et à chaque fois, il était obligé de boire. Il disait parfois qu'il avait ‘mal à l'estomac', mais il devait continuer. Il y a deux ans, il a trop bu et il est mort. A 45 ans.»

samedi 14 novembre 2009

Consience...

Ces derniers jours, j’ai suivi une nouvelle grande étape de la vie de Ye Changliu. Quelques jours après avoir signé une promesse d’embauche, il s’apprête maintenant à devenir membre du parti! Car Ye Changliu, comme Xu Xiangming, ne sont encore qu’au stade des jeunesses communistes, responsables de pas mal d’activités étudiantes sur le campus. Par exemple le jour de la fête nationale Xu Xiangming était chargé d’interviewer un élève de Tsinghua qui avait participé au défilé, Ye Changliu aidait aux mouvements généraux.

Ye Changliu doit montrer aujourd’hui que sa 觉悟 (juéwù) est suffisamment développée. Wenlin propose Consciousness, awareness, understanding, enlightenment. On voit l’idée, mais c’est encore assez confus. Sur Baidu, l’encyclopédie en ligne chinoise, on trouve que c’est un terme d’origine bouddhiste décrivant la prise de consciences de phénomènes de l’univers. Il désigne de façon plus moderne une connaissance et une compréhension des principes de développement et de production, et par extension désigne la capacité à influencer favorablement la société. Pas étonnant que l’on trouve en bas dans les extensions du mot : 指一定的政治意识. Ainsi 觉悟 désigne une conscience politique préétablie. Un débat intéressant pourrait avoir lieu sur cette dernière traduction, mais grossièrement, l’idée est là. 觉悟 caractérise l’adéquation de ses idées aux idées du parti, notamment à travers les 3 grandes idéologies de Marx, de Mao puis de Deng Xiaoping.

Ye Changliu doit préparer un dernier rapport qui lui ouvrira les portes du parti. Mais savez-vous qui décidera de cette adhésion ? Et bien les camarades du département qui ont déjà intégré le parti… Mais la machine est assez bien huilée pour qu’il ne suffise pas d’être pote avec les premiers membres pour rentrer. En passant j’ai déjà vu d’autres cas plus étonnants, notamment lors de la dernière remise de bourse. Chacun des étudiants devait choisir l’étudiant qui le semblait le meilleur selon 4 critères, et ceux qui recevaient le plus de voix récoltaient la bourse…

Aujourd’hui, c’est à peu près gagné pour ye Changliu. D’autres qui ne participent pas activement aux activités des jeunesses communistes ne seront pas appelés. Leur 觉悟 est bien trop faible…

A mon retour, c’est décidé, je m’attelle à un nouveau défi : leur montrer que mon 觉悟 est excellent !

vendredi 13 novembre 2009

Tsinghua, c'est sympa, mais après?

Ces derniers jours, j'ai réalisé que dans ma présentation de Tsinghua, un élément manquait cruellement: les perspectives de carrière. Car avec le marché incroyable que représente la Chine, il semblerait que le diplôme de Tsinghua vale de l'or. Mais concrètement, qu'en est-il? Pour répondre à cette question, j'ai contacté quelques anciens (mais pas si vieux, les Français à Tsinghua, c'est encore tout neuf!), et voici ce que j'ai pu en retenir:


Quelles sont les portes que nous ouvrent le double diplôme à l’université de Tsinghua ? Pour répondre à cette question, une distinction entre métiers techniques axés R&D et métiers axés commercial, management, production, s’impose.

En ce qui concerne les métiers techniques, il n’y a guère de postes dans les boîtes françaises en Chine, en tout cas pour des débutants. Il faudra d’abord être bien formé en France en début de carrière avant de repartir ailleurs en expatriation, et pas forcément en Chine. Cela prendra du temps.

Un témoignage de Maxime à ce sujet : "Lors d’une conférence de mon domaine, à la lecture de mon CV, les recruteurs ne comprenaient pas l’intérêt de venir en Chine pour faire un deuxième Master of Engineering et de faire des études techniques sans maitriser la langue. Mon expérience en Chine était plutôt perçue une source de surprise que comme un avantage professionnel. Je pense qu’une période à l’étranger, dans un pays aussi lointain que la Chine et pour une durée de trois ans, est cependant bien appréciée en France."

Ce que se dégage de ce témoignage, c’est qu’assurément aux yeux des recruteurs, ce n’est pas l’apprentissage parfois bancal de connaissances techniques qui intéressera, mais une forte compréhension de la société chinoise et une connaissance de la langue. Les grands groupes français présents en Chine (dont beaucoup dans le domaine de l’énergie) se montrent réellement friands de ce genre de diplôme.

Dans le cas de métiers de type commercial, management, production, il est possible de rester en Chine une fois diplômé, avec des perspectives de progression rapides, et une carrière qui peut s’ouvrir sur le monde entier, avec des gros salaires à l’appui.

Charles, de l’amicale des anciens de Paris Tech en Chine, propose lui une distinction non pas entre différents types de métiers, mais entre différents types d’entreprises. La première solution consiste à rejoindre un paquebot de l’industrie française avec des activités en Chine. Solution plutôt stable, et pour laquelle une maitrise imparfaite du chinois sera largement suffisante, l’habitude du monde chinois étant de plus considérable valeur. La seconde consiste à se jeter seul dans le grand bain de la Chine où fourmillent des idées et des projets à n’en plus pouvoir. Dans ce second cas, une maitrise parfaite de la langue, de la société chinoise, et une rigueur d’ingénieur français, seront les atouts maitres d’une réussite éclatante.

Germain, diplômé de Tsinghua, rajoute à cet égard : Si l’on souhaite ensuite retourner dans des chemins tous tracés, il ne semble pas que cette expérience ait changé quelque chose. Je pense qu’ayant commencé sur cette voie sortant un peu des sentiers battus, il faut la poursuivre, pour se faire un parcours un peu original, et se démarquer des autres. Notre avantage étant une forte compréhension de la société chinoise et une connaissance de la langue, on peut se pencher vers des jobs ayant rapport avec la Chine, en France ou en Chine : chef de projet, analyste de marché, fonds d’investissements, etc...

jeudi 12 novembre 2009

Combien de bouteilles?

你吃了吗 – Tu as mangé ? Voici le genre de questions « bizarres » que l’on entend partout à Pékin. Mais si celle-ci se comprend en fait assez bien, il s’agit d’une façon de se saluer, d’autres manifestent de réelles différences culturelles. Voici pour vous le trio gagnant des questions à la chinoise :

3 – Tu cherches une copine chinoise ? (souvenez-vous)
2 – Tu t’es habitué à la Chine ?
1 – Tu es capable de boire combien de bouteilles de bière ?

Intéressons-nous aujourd’hui à cette question du nombre de bouteilles de bières. Que répondriez-vous spontanément à cette question ? Sans doute beaucoup, ou pas, mais certainement pas votre record en la matière. Mais si vous êtes chinois, vous serez ravis de répondre un bon gros chiffre, 10 par exemple.

Si tu ne connais pas ton record, pas de problème, à l’occasion du prochain diner de classe, tes camarades seront ravis de t’emmener sous le bras pour participer à la compétition. Car oui, les diners de fête ressemblent plus à des compétitions d’alcolo qu’à autres choses (souvenez-vous). Il faut boire beaucoup, pour montrer que tu es un homme, et vite, pour descendre assez de bouteilles avant de vomir.

Il y a une dizaine de jours alors que je déjeunais avec Xu Xiangming, il me disait qu’il était sorti la veille avec ses camarades de l’organisation de la compétition sportive de Tsinghua qui venait de se clôturer avec succès. Il m’a dit qu’ils avaient bu. Beaucoup bu. Il avait bu 7 bouteilles, ce qui restait loin de son record de 10 (rappel, ici les bouteilles de Tsingdao font 660 ml, il a donc déjà poussé jusqu’à plus de 6l de bière) mais il avait tout de même du être porté jusqu’à chez lui tellement il était mal en point. A le voir, j’avais du mal à le croire : pas de gros épis, pas de voix rocailleuse, pas de regard dans le vide. « J’ai bien dormi » me rétorque-t-il ! Il était au lit à 9h. Quand je vous dis qu’il faut boire vite et beaucoup !

Hier avec Pierre, on s’est dit qu’il fallait faire quelque chose, alors on a invité Xu Xiangming avec quelques autres amis à boire quelques bouteilles de vin rouge dans nos chambres. Pour Xu Xiangming, toutes les bouteilles étaient identiques (on avait pourtant du français, du chinois et de l’australien), alors il s’est rapidement remis à boire au rythme habituel… et il fut rapidement tout rouge comme les asiatiques le sont si facilement (ce rougissement sous l’effet de l’alcool se dit 上脸 en Chinois, littéralement la montée au visage)

Soit dit en passant, ça me rappelle un épisode de la plaisanterie de Kundera quand la miss qui a passé quelques années en France remporte quelques bouteilles de vin rouge avec elle lorsqu’elle repart en République Tchèque, et est terriblement déçue de voir ses amies préférer descendre des litres de bière plutôt qu’apprécier quelques verres de vin rouge.

Prochaine étape, inviter Xu Xiangming à rentrer dans un bar pour la première fois de sa vie. En même temps, les cocktails, il aime pas trop ça. « Quand on mélange les alcools, on est beaucoup plus vite ivre » me dit-il. « Pour boire beaucoup c’est pas top ».

Arf….

mercredi 11 novembre 2009

Blogspot est libéré !!!

4h28, ma boite mail est soudainement inondée de tous les messages blogs qui étaient retenus par le Great Firewall of China (raillé en 功夫网 filet de kong-fu par les chinois, un bon point à qui trouvera pourquoi) depuis le mois de mai dernier... enfin!

Je vais pouvoir me remettre à uploader des photos bien lourdes sans les compresser brutalement, et Sarah comme J&J n'auront plus d'excuse pour ne pas reprendre leurs blogs.

C'est tout de même amusant que le déblocage arrive maintenant alors que l'on a passé la soirée avec des amis chinois à leur expliquer que les blocages s'étaient succédés les uns après les autres tout au long de l'année dernière, que ce soit sur de grandes plateformes de type facebook ou blogspot, ou tout un tas de petits sites perso concernant la Chine, et que cela nous était particulièrement pénible. L'attaché de défense que nous avons rencontré hier et qui nous a invité à prendre garde à ne pas être trop naïf avait peut être raison...

Ceci dit, j'attends toujours pour Facebook ou les recherches inopportunes sur google!

De l'intégration en Chine

Arrivé en Chine en juillet 2009, déjà 16 mois en Chine, et je m’apprête à effectuer mon deuxième retour en métropole à l’occasion du forum de l’x auquel je suis convié pour partager mon expérience de ce coté de l’Asie. Il est donc logique que cette période soit l’occasion de se remémorer les expériences qui ont ponctué mon parcours jusque là, expériences qui relèvent bien souvent du défi dans un monde aussi différent. En voici un autre de défi, celui de l’intégration.

Difficile tâche que celle de l’intégration quand on vient en Chine avec les objectifs que je me suis donné, et que l’on pourrait résumer brièvement en 1, parler le Mandarin, 2, m’imprégner de la culture chinoise, 3, réaliser les exigences du master. Difficile tâche car les personnes que je suis amené à côtoyer à Pékin restent dans des groupes très cloisonnés et très éloignés les uns des autres, ma difficulté est de chercher à être à la jonction de ces deux groupes.

Le premier groupe, c’est bien sur les locaux, les Chinois. Si je suis aujourd’hui en Chine, c’est pour être parmi eux. Sinon à quoi bon ? Profiter de la vie pas chère et des filles faciles me souffle-t-on. Ok, c’est l’avis général parmi les étrangers. Pourquoi pas, mais je suis parti avec des objectifs ambitieux, et je n’aime pas abandonner en cours de route… Une fois que l’on franchit la barrière du langage, on devient à même de vivre parmi les Chinois. Tant que l’on reste observateur, c’est formidable, mais à peu près aucun étranger (pas même moi quand ils se mettent à descendre leurs 6 litres de bière pour avoir belle face – ou quand leur labo devient leur nouveau foyer) n’acceptera de se conformer totalement à un mode de vie si différent. Les raisons seront différentes pour chacun, mais il restera toujours une difficulté qui nous empêchera de vivre comme eux. Parce que les Chinois font leur partie de foot à 8h le dimanche matin, commencerait Julien. Parce que les Chinois ne sont pas gênés de prendre leur repas tout seul le midi, me dirait Antoine. Parce qu’ils prennent le diner à l’heure du gouter, rajouterai-je. Parce que les Chinois qui n’ont jamais quitté leur pays n’ont rien d’intéressant à dire, me dirait Jérôme. Parce que les Chinois ne sortent jamais le soir, continuerait Hugo. Et parce que je ne pourrai pas dormir dans leurs dortoirs collectifs, conclurait Pierre. Finalement, quand on est occidental en Chine, on a bien souvent envie de découvrir ce groupe local, mais par nos habitudes de vie, nous nous en excluons de nous-mêmes. Les activités restent ponctuelles, et nos amis Chinois ne peuvent devenir nos amis de chaque instant. Parce qu’ils leur manquent cette particularité que nous recherchons, et que je résumerai par un manque d’occidentalisation, à défaut de terme plus juste. Et c’est bien ces habitudes communes que nous partageons entre occidentaux qui nous poussent tous vers le deuxième groupe, celui des étrangers.

Les étrangers sont nombreux ici, mais parmi eux, combien maitrisent le Chinois au point qu’une discussion, une sortie, ou n’importe quel type d’activité dans cette langue reste un moment agréable, un moment de détente ? Un nombre malheureusement à peu près nul… Parmi les étrangers, certains ne parlent pas un mot de Chinois, mais la majorité l’apprend. Tout au moins, le débute. Mais peu vont plus loin que les exigences de la vie quotidienne. Quand je croise un étranger en cursus de Chinois à Tsinghua, c’est la sempiternelle déception : il débute tout juste ! Certains vont plus loin, mais qui va suffisamment loin pour que s’exprimer ne soit plus une difficulté de tous les jours ? Qui va suffisamment loin pour côtoyer le Chinois avec presque autant d’aisance que l’Américain ? Qui ? Quand j’y repense, je n’en ai rencontré que deux, Murielle et Germain. Ils ne sont malheureusement plus Pékinois aujourd’hui. Ainsi être dans un groupe d’étranger, c’est se couper du groupe local chinois, car quand ni l’anglais, ni le chinois n’est partagé sereinement des deux cotés, l’interaction est difficile. Seuls les chinois maitrisant l’anglais et déjà très occidentalisés dans leurs habitudes et pensées se mélangent aux étrangers, et seuls les étrangers les plus fous se mélangent aux Chinois. Je dis fou, car il faut l’être un peu, et c’est comme ça que c’est ressenti de la part du groupe d’étranger. Anecdote amusante, Pierre en arrivant cette année à Tsinghua pensait que la maitrise du Chinois devait me donner un prestige auprès des étrangers. Mais en fait, pas du tout, car les étrangers bien souvent se séparent du groupe Chinois, et interprètent la maitrise du Chinois… comme un indicateur de non non sociabilité ! Car pour parler Chinois, il faut prendre part aux activités avec les Chinois. Les activités « dans ton coin » comme les appellent Hugo. Les activités par lesquelles tu t’auto exclues des groupes d’étranger… Un week-end à la montagne avec l’association de Tsinghua, une soirée de classe avec tes camarades, et si personne ne te repêche (merci Antoine !), tu es oublié !

Vous l’avez compris, en essayant de se poser entre les deux groupes, la position est difficile. Pas vraiment dans l’un, pas vraiment dans l’autre, et pas assez de monde pour former le sien. Il faut savoir jongler entre les deux !

mardi 10 novembre 2009

Pékin, deuxième neige !

Avec ou sans nitrate d’argent, la neige est retombée cette nuit ! Le retour d’Wudaokou hier soir à vélo alors que la neige tombait abondamment sur des routes déjà recouvertes d’une épaisse couche de poudreuse était assez irréel… Ce matin, grand beau temps mais une température toujours très basse qui permet à la neige de ne pas fondre. La route pour aller en cours de chinois était assez casse gueule, et nombreux ont été ceux qui ont préféré laisser le vélo à la maison. C’est la première fois que je voyais mes camarades sans leur vélo dans le campus. En fin de matinée, j’ai pris une petite pause pour aller faire un tour dans le parc d’à coté, Yuanmingyuan (圆明园) pour y prendre quelques photos. Je vous laisse apprécier.


Des chemins enneigés...


qui débouchent sur des ruines abandonnées.


Paisibles impressions sur les rives enneigées du lac du nord


Et un temple sorti de nulle part, 很美!

lundi 9 novembre 2009

Visite du siège d'Areva Chine

Mercredi j’ai participe a une petite visite d’Areva Chine avec les membres de l’association route de la soie de passage à Pékin. Nous avons été reçu au quartier général par le président d’Areva chine (un français) et son vice-président (un chinois diplômé de Telecom Paris). Le premier nous a présenté dans un anglais des plus bancal l’idéal d’Areva : être un acteur majeur de la réduction, ou du moins de la stabilisation, du taux de particules de carbone dans l’atmosphère, grâce a une offre d’énergie qui reste économique, sure, et CO2-free. Le suivant nous a présenté de façon plus précise les activités du groupe Areva, en insistant sur les activités en Chine. A travers cette présentation, deux éléments m’ont particulièrement interpelés.

Le premier concerne l’effectif d’Areva en Chine : 3675 employés. Parmi eux, 3370 travaillent au sein de la filiale T&D, celle dont Areva devrait se séparer dans les semaines ou mois à venir, Areva en Chine, ce ne sera bientôt plus que 300 employés ! Ce chiffre est cependant amené a se développer rapidement avec la construction qui vient enfin de se lancer des EPR dans le Sud de la Chine.

Le deuxième, ce sont les résultats d’une enquête menée par un institut suédois concernant les buts que nous nous donnons pour notre carrière, étude menée en parallèle dans plusieurs pays, dont la France et la Chine. Je vous présenté ici quelques points parmi les plus frappants pour illustrer la différence d’état d’esprit entre les jeunes français et les jeunes chinois.

Les chiffres caractérisent l’importance sur une échelle de 100 accorde a chaque aspect. Le chiffre en rouge est pour les chinois, le bleu pour les français.

  • To have work/life balance 53 - 67 (on ne sera pas étonné de nous voir aussi haut!)
  • To be a functional or technical leader 48 - 27 (définitement, les métiers techniques ne font plus envie en France)
  • To have an international career 20 - 39 (Les français voudraient-ils quitter la France? à comparer avec les américains: 13)
  • To be a leader or manager of people 55 - 45 (les chinois veulent un poste a responsabilité…)
  • To be competitively or intellectually challenged 14 - 27 (...mais conservent une tres grande aversion au challenge intellectual!)


vendredi 6 novembre 2009

Un complément sur la compacité du chinois

Vous avez peut-être lu mon article précédent sur la compacité du chinois, j’y proposais une méthode analytique pour comparer la « compacité » de deux langages, en ce qui me concerne le français et le chinois. Je viens apporter ici deux compléments, le premier pour "sentir" un peu ce que j’entends par compacité, le second qui nous donner une "preuve qualitative" que le chinois est nécessairement compacte.

J’avais défini une langue compacte comme une langue dans laquelle un quelconque assortiment de syllabes préexistantes a une forte probabilité d’exister. Mais comment cela se traduit-il avec le Chinois? Simplement par le fait que si je prends un mot chinois et que je lui fais subir une toute petite modification, je lui change un ton, une voyelle, ou je lui ôte sa consonne terminale, et je tombe sur un autre mot… qui risque malheureusement beaucoup d’exister aussi ! Pour illustrer ça, c’est comme si partout on chinois on tombait sur des ressemblances du type cadeau-gateau-cato. Pas toujours évident ! C’est pourquoi il suffit que l’environnement soit un peu bruyant, que la conversation soit au téléphone, ou que le prof ait un accent, et l’entente imparfaite résulte en une compréhension à peu près nulle.

Ensuite une preuve « par les mains » que le chinois est une langue compacte, c’est que sinon elle ne serait pas une langue tonale. Par exemple si je cherche le pinyin sans ton « zhidao » dans un dictionnaire, je tombe sur 7 possibilités différentes suivant les tons. S’il n’y en avait qu’une seule, et bien, les tons ne serviraient qu’à faire joli et ne seraient pas indispensables à la compréhension.

jeudi 5 novembre 2009

Le chinois amusant

Parlons un peu chinois. Car même si le chinois n’a pas d’humour (humour en chinois se dit幽默 et se prononce Yomouo, c’est un produit importé), on tombe souvent sur des choses assez amusantes.

Un mot que j’ai entendu la semaine dernière : 游学 : étudier à l’étranger. Si le second caractère désigne les études, le premier désigne le jeu ou le voyage ! Finalement, les chinois ont aussi compris l’intérêt des études à l’étranger… On s’est ensuite amusé à quelques variations : 喝学 nous a paru aussi approprié. Ou simplement 喝游 pour certains du département d'environnement...

Vous connaissez déjà les chengyu, mais connaissez-vous les 歇后语 ? Ce sont des expressions en deux parties, tu dis la première partie, et la personne en face comprend le sens en se souvenant de la seconde partie. C’est comme si nous disions « quand le chat n’est pas là », et la personne d’en face complète « les souris dansent ». Pierre m’en a trouvé un excellent, à double tiroir. Je dis 和尚打伞 : le moine ouvre le parapluie. Et vous répondez en cœur 无法无天 : sans foi ni loi. ...Non, en fait, vous comprenez pas trop le rapport entre le parapluie du moine et la réponse. En fait 无法无天 est quasiment homonyme à 无发无天 qui signifie sans cheveux et sans ciel, et ce à qui vous auriez du immédiatement pensé à l’idée d’un moins ouvrant un parapluie !

Autre chose, vous devez vous souvenir que le chinois est une langue dans laquelle on aime bien « compacter » les mots, le but étant de faire passer un sens avec le minimum de caractères possibles. Plus précisément, beaucoup de noms ou d’adjectifs sont en deux caractères, et on peut les associer pour faire un nom ou un adjectif composé, mais dans ce cas là, on ne garde qu’un seul des deux caractères pour chaque fragment. Par exemple 科学 signifiant science, et 技术 signifiant technique sont compactés en 科技 signifiant science et technique. De même 惊喜 est le compact de 惊讶, étonné, et 喜悦, heureux, vous êtes à même de comprendre la signification. Si c’est amusant à l’écrit, le compactage des mots devient un calvaire à l’oral avec des chinois qui ne comprenne même pas que l’on ne saisisse pas spontanément les formes compactées. Ce matin à la télé, j’en ai vu une pas mal (j’avoue, je l’ai vu dans les sous-titres, j’aurai jamais compris sinon…) : 甲流. Le premier signifie « un », le second « courant », vu comme ça, un peu abscons… Mot qui a subi un triple compactage. Je pars du début. D’abord, il y avait 感冒, qui signifie s’enrhumer (le premier caractère est utilisé pour tout ce qui touche aux sensations, l’ajout du second permet de définir le rhume). Ensuite, un des 感冒 courant en hiver, c’est la grippe. Et comme courant se dit 流行, la grippe se dit donc 流行感冒, abrégé en 流感 (que l’on comprend en sentiment courant si l’on ne connait pas la forme décompactée). A ça l’actualité a fait qu’on lui a ensuite rajouté un 甲型1H1N1 pour former le 甲型H1N1流感, la grippe H1N1 de type 1. Et comme c’était encore trop long, on a compacté d'abord en 甲型流感, puis en 甲流, la grippe A. 甲型H1N1流行感冒 devient 甲流, c’est du beau compactage !!!

Pour finir quelques « agrégats-logiques » (la famille de caractères la plus amusante, souvenez-vous). Vous connaissez peut-être déjà 男 et 女, l’homme et la femme. Regardez comment sont composés les caractères suivants : 嬲 ou 嫐 qui signifient taquiner dans le premier cas, flirter dans le second ! 姦 est un caractère traditionnel comportant 3 femmes,utilisé notamment dans le mot adultère. Je trouve assez amusant comment il a été simplifié : 奸, composé de la femme a gauche, et de "fuck" à droite. Tant qu’on y est, je me dois de vous mentionner la deuxième version de ce charmant mot : 肏, au dessus, c’est 入, entrer, en bas, c’est 肉, le corps. C’est explicite !

mercredi 4 novembre 2009

J'ai vendu mon corps!

Ces derniers jours, le laboratoire semble abandonné de tous ses occupants. Que se passe-t-il, une soudaine envie de vacances? Une activité obligatoire à laquelle je n'aurais pas été convié? En y regardant d'un peu plus prés, je me rends compte que c'est tous ceux qui gradueront l'été prochain qui manquent a l'appel (oui, je suis pour l’ajout du verbe graduer dans la langue française !). En fait, tout ceux qui cherchent du boulot. Cela fait plusieurs semaines qu'ils sont stressés par leur recherche de boulot. Ils assistent a toutes les amphis retape, préparent leurs CV, postulent à toutes les annonces qu'ils trouvent sur internet, passent chez le coiffeur, et enchainent entretien sur entretien. J'étais étonné de les voir tous chercher maintenant alors qu'ils ne gradueront pas avant le mois de juillet prochain. Leur raison, c'est qu'ils cherchent un bon travail, et que s'ils attendent d'être gradué pour chercher, il n'y en aura plus. Et quand je leur demande ce qu'ils entendent par bon travail, c'est toujours la même réponse: " 高收入 - un gros salaire! "

Ces derniers jours, on est rentré dans la phase finale, les contrats se signent. Et l'expression à la mode est 签卖身契, j'ai vendu mon corps! Expression désuète utilisée dans le passé pour des personnes qui vendaient leur propre personne ou quelqu’un de leur famille pour un peu d'argent, elle désigne aujourd'hui ces contrats que les jeunes étudiants chinois signent avec les entreprises presqu'un an avant leur graduation. Techniquement, les entreprises assurent aux étudiants une place dans leur entreprise avec le salaire qui va bien au terme de leurs études, et en échange les étudiants s'engagent à ne pas chercher ailleurs. Voila, leur avenir est tout tracé. Mais la signature du contrat n'est pas forcement synonyme de joie ultime. Li Yonghui déprimait ce midi: elle vient de signer pour une entreprise de design dans le domaine du nucléaire. Elle va se retrouver à Shenzhen, alors qu'elle est Pékinoise. Mais elle n'a pas envie de travailler, elle n'a pas non plus envie de quitter ses parents, alors elle fait la tête...

mardi 3 novembre 2009

Une autre histoire du Japon

Pour la dernière sur le Japon, je vous propose une autre histoire du Japon, cette fois racontée par Xu Xiangming.

L'histoire remonte à l'époque de Qin Shihuangdi, le premier empereur qui unifia la chine il y a plus de deux millénaires. Il unifia militairement la Chine, puis lui a donne une structure administrative solide qui lui a permis de se développer. Il est considéré comme un père de la nation Chinoise. En même temps, ses méthodes, que ce soit dans la conquête du pays ou dans le maintien de l'ordre, furent terriblement cruelles (Je conseille a ce sujet le très bon film 荆轲刺秦王). Et pour couronner le tout, il était infiniment mégalo. C'est cet empereur-ci qui se fit construire la monumentale armée en terre cuite pour l'accompagner dans sa mort. Mort qu'il a toujours cherche à refuser, envoyant une flotte de navires à la conquête des océans, où selon les croyances populaires, vivaient les dieux immortels, afin d'en ramener le secret de l'immortalité. Qin Shihuangdi mourut sans qu'aucun navire ne revînt, ceux ci ayant disparu sans laisser de traces... La légende dit que s'ils n'ont pas trouver l'immortalité, ils trouvèrent au contraire le Japon, et le peuplèrent! Une belle histoire pour dire que les ancêtres des Japonais sont tous des chinois...

lundi 2 novembre 2009

Nikko (日光)

Après avoir traversé le Japon d'Ouest en Est, il nous semblait dorénavant fantaisiste d'espérer trouver un coin de nature sur cette ile. Et pourtant, en prolongeant un peu au Nord de Tokyo, nous sommes tombés sur un coin de verdure (déjà rougeoyant avec l'automne qui s'installait) autour de la petite ville de Nikko. Pour ceux qui connaitraient assez bien Pékin, Nikko, c'est finalement l'équivalent de Changping, mais autour de Tokyo. On y trouve le sanctuaire du shogun Tokugawa Leyasu (fondateur de la dynsatie héréditaire des shogun Tokugawa qui régnèrent en maitre sur le Japon au XVIème siècle jusqu'à la restauration impériale en 1868), on y trouve aussi une station de sport d'hiver! Il faut dire que nous sommes déjà en altitude, à plus de 700m du niveau de la mer...

Commençons par la verdure:

Le lac Chuzenji, plus haut que Nikko d'environ 500m


Plus haut, donc plus froid! Ce fut inattendu... Heureusement qu'on trouve aussi des sources d'eau chaude à Nikko, j'ai pu m'y réchauffer. Remarquez ici les couleurs de l'automne sur fond de cascade.

Puis voici les temples:

Le site semble perdu dans la nature, surplombé par ces gigantesques arbres ancestraux


Au cœur du site, c'est magnifique!

dimanche 1 novembre 2009

Il neige ! 下雪了!

Petite pause au milieu des photos du Japon pour vous dire qu'il neige! Il neige depuis hier soir minuit, comme pour marquer la Toussaint, la rentrée dans le mois de Novembre, ou simplement la rentrée dans l'hiver. Car nous sommes vraiment à la croisée entre l'automne et l'hiver. Les températures ont subi une brusque baisse ces derniers jours, on passe déjà sous la barre du zéro, mais il y a encore des précipitations, signe que l'automne ne nous a pas encore quitté (l'hiver dernier avait été marqué par plus de 100 jours consécutifs sans précipitations!). J'ai été prendre quelques photos dans Tsinghua à mon réveil, quand il a arrêté de neiger:


Des allées étonnamment désertes alors que la neige fond déjà à grande vitesse



Les arbres comme les vélos sont recouverts de neige



Confucius a fait sa première boule de neige


Ici devant l'amphithéâtre principal, c'est l'effervescence entre les bonshommes de neige ou les batailles de boules de neige


La photo est belle, mais mes petits poumons ont peur à la vue de toutes ces cheminées qui se mettent à cracher maintenant que l'hiver est là

Une soirée dans les rues de Namba, Osaka

Namba, c'est la quartier animé d'Osaka, les rues sont pleines toute la soirée. C'est jeune, branché, et les Japonaises ici sont toutes blondes! On trouve partout des petits restos, des petits bars japonais, et des girl's bars à n'en plus compter.

Deux petites photos:

Une rue de Namba


Isos 3200, résultat amusant!