vendredi 23 janvier 2009

La Cascade de glace - 攀冰














Mercredi matin, c’est chargé avec le sac de gauche que je me suis mis en route. Vendredi, je n’avais plus que celui de droite dans la main…

Que s’est-il passé durant ces 3 jours ? Ai-je vendu tous mes biens pour faire l’achat d’un billet retour vers la France ? Ai-je été sournoisement kidnappé, battu, et volé par ces affreux Tibétains ? Ai-je été jugé pour affichage ostentatoire d’un excès de biens personnels ?

Et bien, non, je suis plutôt parti en sortie Cascade de Glace avec le maintenant classique club Montagne de Tsinghua. Partis au nombre de 18, de bon matin et chargés comme des mules, il ne nous fallu pas très longtemps pour gagner le site




Notre cascade!

Après un déjeuner rapide, nous chaussons déjà les crampons, saisissons les piolets, prêts à affronter la glace.


Pendant que les plus expérimentés posent les voies sur le mur glacé, nous révisons nos pas sur plan incliné. Le style Français consiste à grimper les pieds bien à plat, sans trop se fatiguer, tendant que le style Allemand est plus direct, les crampons fichés droit dans la glace, et on monte face à la pente. Les demoiselles rencontrent alors leurs premières difficultés, et jurent sur le style Allemand.


Puis nous passons devant Dongdong (Hiver-Hiver…), grand spécialiste de la cascade de glace, qui nous apprend à utiliser piolets et crampons en ascension sur mur vertical.


Ce n’est finalement pas trop dur. En fait, si. La glace, elle, est très très dure. Et donc à force de kicker dans cette glace avec mes chaussures trop petites (pourtant les plus grandes du club), mon pouce de pied refuse bientôt d’aller plus loin, et je dois stopper pour la suite de la journée. Ma première ascension attendra demain.

Pendant que les autres grimpent sur cette belle cascade, nous sommes trois à monter en avance au camp pour le préparer à l’avance. Nous comptons en fait dormir sur un petit terrain au pied de quelques maisons en bois fermées pour l’hiver.



La vue en face du camp

On passe un grand coup de balais, on commence à installer les tentes, et on part chercher du bois pour le feu, qui nous servira à faire à diner. Parmi nos trouvailles, on attrape un tronc fin très clean. On le ramène sans scrupule. Mais moins de 10 minutes après, on voit débarquer un des gardiens du parc ou nous nous situons, ce gardien qui vit en fait dans une des cabanes de notre camp, et nous engueule en nous expliquant avec mépris que nous avons pris le bois qu’il avait lui-même préparé. Le gardien reprend son bois, mais un froid est jeté entre lui et nous…

Bientôt, nous voyons toute la troupe monter à son tour. Chacun s’attelle à sa tache pour finir de préparer le camp, allumer le feu, préparer à manger, etc. Le gardien ressort alors de chez lui, et pour nous ne savons quelle raison, nous propose alors de dormir dans la grande pièce attenante équipée d’une gigantesque lit (un Kang),


et d’utiliser l’espèce de grand gamelle propre de devant chez lui, nous évitant de devoir nettoyer la seconde, d’une saleté à faire fuir plus d’un blanc. Puis il nous fournit tous les ustensiles qui peuvent nous aider, il offre l’abri à ceux qui voudraient entrer pour se protéger un peu du froid et discuter avec lui ! Bref, ce n’est plus le même homme, et c’est tant mieux.



Au menu, pâtes, légumes, viande. On mange très bien. On finit par 2 breuvages. L’un d’eux est dénommé 姜丝可乐, coca au gingembre. Ces breuvages possèderaient des propriétés qui nous aideraient à nous protéger du froid et à ne pas attraper le rhume. Etant donné que je semble avoir beaucoup plus froid que mes camarades chinois alors que le thermomètre frôle les -15°, et sachant que j’ai tendance à attraper rhume sur rhume en tant normal, je me dis que la différence entre eux et moi, c’est ce genre d’habitudes ! Alors je bois goulument leurs breuvages, et je reviendrais de ce week-end sans aucun rhume !

Idée cuisine pour la route: la clémentine gelée. Vous la placez au congélo le temps de faire apparaitre des petits cristaux à l'intérieur des quartiers, vous épluchez, et c'est prêt à déguster. Délicieux!

Je vous propose maintenant diverses photos des 2 jours suivants, où nous avons pu savourés les charmes de l’ascension sur la glace.

Petit-dej!




Remarquez que je monte en tennis… ça fait bien rire mes camarades, mais ce n’est finalement pas si mauvais comme chaussure d’alpinisme !

On assure!


Un as qui monte en tête

Style Masculin


Style Féminin

Voie Plus difficile


Remarquez aussi tous ces tubes au dessus de la cascade… Et oui, la cascade est artificielle. Elle résulte de la dérivation d’un filet d’eau sur toute la longueur de la falaise.

Un tuyau qui franchit la "vallée" pour alimenter une seconde cascade

La partie supérieure de la cascade

La photo de groupe tradi

Toute sortie du club montagne se finit au resto autour de délicieuses brochettes!

Ah oui, l’explication du sac à dos qui devient petit sac platique… Nous fumes suivi par une deuxième cohorte de Chinois prêts à affronter la cascade, et ceux-ci réutilisèrent tout notre materiel. Donc tentes, casques, chaussures, crampons, etc, nous ne rapportâmes rien !

dimanche 18 janvier 2009

Petit Bilan

Nous sommes le 18 janvier, quelque part entre 13H45 en Chine et 17H45 en France, quelque part entre les steppes arides et jaunes de Mongolie (en vérité elles sont recouvertes de neige…) et le bleu réconfortant de la mer Baltique. Couleur bleue que je ne vois guère plus ces derniers temps. Ma dernière baignade dans la mer remonte à début octobre dernier, et aucune pluie n’est venue humidifier l’air de Pékin qui est devenu de plus en plus glacial depuis cette époque. La couleur bleue, symbole de la France, que je m’apprête à retrouver très bientôt. Après 6 mois et quelques jours, je conclue aujourd’hui mon plus long séjour à l’étranger, l’occasion de regarder derrière moi et faire un petit bilan de ces six derniers mois, qui n’auront pas seulement vu changer le temps de lourd, chaud et humide, à beau, sec et glacial.

La poussière de charbon qui recouvre la ville dès que le vent nous laisse un instant de répit aura peut-être noirci mes cheveux, le soleil qui brille tous les jours, jamais caché par un nuage depuis la fin de l’été aura peut-être plissé légèrement mes yeux, mais la transformation n’est pas ultime, le langage, je suis encore bien loin de le maitriser.

A propos des cours et du chinois, nous avons partagés avec Antoine des difficultés inattendues. Seulement Antoine et moi ? Tout est facile pour les autres ? Bien sur que non, mais la différence est dans la différence de modèle que nous avions. Souvenons-nous que les X ne partent en 4A que depuis quelques promotions, que Yannick, de la promotion 2003 fut le premier à tenter l’aventure Chinoise, qu'il ne fut pas suivi en 2004, et qu'Antoine et moi sommes ainsi les seconds à tenter l’aventure, avec comme unique modèle notre Yannick. En écoutant ce dernier, tout semblait facile en Chine...


Pour nous, tout ne s’est pas avéré si facile. Nous avions quand même pris les devants en passant la moitié de notre été à la BLCU pour nous préparer, et nous étions prêts à affronter le défi des cours scientifiques en Chinois, munis de nos bouquins en VO et de notre dico. Car comme nous l’avait fait comprendre Yannick, si les Centraliens bossent sur leurs bouquins en Anglais et passent les examens en Anglais, le but d’une 4ème année en Chine, ce n’est pas ça, et ce n’est pas si difficile que ça de suivre les cours en Chinois, d’autant plus que le niveau scientifique n’est pas des plus élevé.


Ainsi donc, j’ai refusé d’utiliser des livres en Anglais, je tentais laborieusement de traduire les présentations Power Point (PPT) de mes professeurs, et finalement ne comprenais que superficiellement le contenu scientifique. J’ai accepté de privilégier les progrès en Chinois par rapport au contenu scientifique du master pendant près d'un semestre. Mais comme les examens se sont approchés, il a bien fallu se rendre à l’évidence que je n’étais pas préparé, et que ces examens allaient se révéler très laborieux. Il a donc fallu d’une part se saisir des bouquins en Anglais et les lire attentivement pour y découvrir des notions qui m'étaient inconnus auparavant, d’autre part commencer à discuter avec les professeurs pour leur expliquer que ce n’était pas si facile que cela pour nous et que nous ne sentions que moyennement les examens.


Une question qui m’a régulièrement trotté dans l’esprit ces dernières semaines, c’est « Aurions-nous dû passer une année de préparation linguistique à la BLCU » ? Absolument pas de regret dans cette question, car à l’époque du choix, la réponse était évidente et était négative. Nous avions en effet progressé très vite pendant une année avec notre excellente professeur de Chinois, et passés 2 mois en Chine, ce qui nous donnait une solide expérience. Nous ne voulions pas "sacrifier" cette expérience en suivant un cursus qui n’aurait pas nécessité une bonne connaissance préalable en Chinois.

Mais après coup, en découvrant que les difficultés inhérentes au Chinois étaient beaucoup plus importantes qu’attendues, j’ai commencé à me demander : Pourquoi pas la BLCU ? On y apprend correctement le Chinois, avec des professeurs de qualité, une progression continue, sans stress, et avec beaucoup de temps pour faire d’autres choses à coté. De plus 3 ans pour apprendre à découvrir la Chine, ce n’est au final rien de trop. Un élément reste cependant inconnu. Aurais-je été prêt à m'engager pour 3 ans d'études?


Course au drapeau avec mes camarades de classe

L’intégration ? Moyenne dans ma classe, car on parle finalement très peu, elle se passe en fait au travers des associations. Les Français qui ne sont membres d’aucune association ont en fait des contacts avec les Chinois qui restent limités… Je remercie donc le club montagne et la fanfare de m’avoir accepté dans leurs rangs, car avec eux je rends ma vie à Tsinghua beaucoup intéressante.

Avec le club montagne

Le niveau sportif ? Malgré un genou qui fait défaut depuis le début de l’année 2008, et un trimestre à manger burger sur burger sans le footing qui va bien à Central Park (cf matanewyork), il fallait redresser la barre. Ça a d’abord commencé avec quelques sorties régulières en montagne le week-end et de l’escalade à peu près une fois par semaine. Puis on a décidé avec Vincent d’aller à la piscine presque tous les jours. Il faut dire qu’on a une piscine olympique au pied de chez nous, ce serait bête de ne pas en profiter. J’ai enfin appris à nager le crawl en maitrisant ma vitesse et ma respiration, nager 1000m aujourd’hui n’est plus un problème. J’ai ensuite participé à l’entrainement d’hiver intensif du club montagne. L’entrainement d’hiver correspond à quelque chose de précis dans le langage Chinois. En regardant dans un dico Chinois-Chinois, on y découvre qu’il s’agit d’un entrainement hivernal afin d’habituer le corps aux nouvelles conditions de température et d’aridité. Et en effet, notre entrainement se déroulait chaque soir après 21h sous des températures basses, beaucoup plus basses que les températures glaciales Françaises dont lemonde.fr nous tenait informés. Une fois endurance, une fois force, cet entrainement nous préparait physiquement à la sortie cascade de glace dont vous pourrez lire le compte-rendu très bientôt. Il servait aussi à faire la sélection des plus motivés, car il y avait beaucoup plus de volontaires que de places offertes…


Enchainons le sport avec la santé. Me concernant, la vie Pékinois est loin d’être une vie saine. Si j’ai la chance de ne pas rencontrer de problèmes gastriques, mon appareil ORL subit lui terriblement. D’abord allergique aux micro-particules de l’air, dues à la pollution, je suis tenu de prendre un antihistaminique tous les jours et de sortir couvert d’un masque si je veux éviter une toux immédiate. Les bars et clubs enfumés, ce n’est plus pour moi. Ensuite, il fait froid, et les virus se baladent. Comme je me comporte comme en France et pas comme un Chinois qui lui sait que le gan mao (petit nom du rhume), c’est quelque chose à fuir, j’ai déjà attrapé 2 rhumes et la grippe en 3 mois. Enfin il n’y a aucune limite du volume de la musique en discothèque, à telle point que mes oreilles sifflent maintenant bien facilement et me rendent interdite l’entrée des plus bruyantes…



Enfin, les Voyages ? Les difficultés diverses rencontrées et le nombre relativement important de cours au premier semestre sont deux facteurs qui m’ont incité à peu partir en voyage ces dernier mois. Ma seule destination loin des frontières de Pékin fut ma semaine à Tsingdao début octobre à l’occasion de la fête nationale. Par contre, j’ai multiplié les sorties autour de Pékin, comme vous le savez déjà si vous me lisez régulièrement. Pourquoi aller chercher loin ce que l’on a près de chez soi ?

Tsingtao


Les défis du semestre prochain ?

• Continuer à progresser en Chinois tous les jours, même si c’est fatiguant, et essayer d’insister sur l’écrit, trop délaissé au premier semestre.
• Essayer d’intégrer l’équipe de triathlon de Tsinghua, car si le genou tient, il est temps de mettre les nouvelles capacités natatrices à contribution. Sinon, l'équipe d'escalade.
• Chercher une collocation. Car j'ai envie de vivre hors du campus, et de pouvoir me détasser un peu!
• Plus profiter de la vie socio-culturo-artistique de Pékin, car elle est abondante et je ne suis pas qu’à Tsinghua, je suis aussi à Pékin !
• Enfin, plus voyager. Car c’était un des objectifs de cette 4A en Chine, découvrir la Chine par des voyages. Si j’ai surtout voyagé dans la province de Pékin, il est temps maintenant d’aller voir plus loin. Ça commence dans 2 semaines avec le Yunnan !

mardi 13 janvier 2009

The Place To Be

En milieu comme en fin de semestre, qu’il fasse beau et chaud ou que ce soit Noël, toute activité à Tsinghua cesse, le campus semble déserté… Mais où sont-ils donc tous passés ?

Bien longtemps, je me suis posé la question…

Tout commence en fait jeudi dernier quand avec mes camarades Français nous abordons le sujet classique du moment : les exams. Yohan passe le lendemain son examen de méca flotte. Jusque là, rien d’étonnant. Mais Yohan est en deuxième année, et malgré sa peau bien blanche et ses yeux de couleur, il a été invité à suivre ce cours de nouveau après l’avoir suivi en 1ère année. Yohan a intérêt à réussir son examen du lendemain, car après deux non validations, la règle, c’est de ne plus mettre les pieds à Tsinghua ! C’est du moins la règle pour les étudiants Chinois, et on comprend que ceux-ci soit sous tension d’une manière générale. C’est aussi visiblement la règle pour les Français, à en croire l’expérience de cet étudiant de Supelec qui fut invité à rentrer chez lui après deux non validations d’un même cours deux années de suite…

Donc moi qui m’était dit que ne pas valider un cours et le reprendre plus tard ne serait pas une tare, loin de là, car mon niveau de Chinois qui s’est pas mal amélioré depuis le début du trimestre me permettrait de comprendre le cours beaucoup plus en profondeur ; moi à qui cela ne posait pas de problème d’avoir complètement lâché un cours en me disant que le retard était trop grand, et qu’un nouveau semestre ne lui ferait pas de mal, et bien, en écoutant mes camarades parler ce soir là, j’en suis ressorti tout stressé ! La possibilité de double nonvalidation ce trimestre étant en effet plus que probable vu mon niveau de préparation…

Mais Julie me fit alors une remarque très pertinente : « attends ! Tu as 3 jours ! ça te laisse largement le temps de réviser ton exam ! » Alors même si elle ignorait certainement l’affreuse complexité du cours qui me hantait dans mes cauchemars, elle m’a persuadé qu’en m’y mettant, je pourrais y arriver.

Longue mise en bouche pour dire que vendredi dernier matin, aux alentours de 10h, je me rends à la bibliothèque, afin de me séparer de ma chambre, de mon ordi, d’internet et de Facebook (n’est-ce pas Antoine…) pour travailler sérieusement sur mes bouquins. Je peine à trouver une place pour garer mon vélo et pénètre dans cette grande et belle bibliothèque de Tsinghua. Des tables sont mises à disposition dans à peu près toutes les pièces de la bibliothèque, pièces qui sont innombrables d’ailleurs, et pourtant… et pourtant, on trouve un Chinois devant chacune de ces tables ! Après avoir fait trois fois le tour du bâtiment, je me résigne à m’installer dans la salle vidéo, avec une immense télé, et surtout les fauteuils les plus confortables de la bibliothèque… Ce n’est pas pour rien que cela devient rapidement l’endroit privilégié à l’heure de la sieste ! Donc je m’installe confortablement, je commence à lire, pas trop gêné pas la télé, et je ne sais pas si c’est une question d’hauteur de plafond, de luminosité ou d’être aux milieux de Chinois studieux, mais j’arrive enfin à me concentrer… jusqu’à ce qu’un groupe de jeunes Coréennes pré pubères en visite passe par là. La première s’assoit à l’autre bout du canapé pour se faire prendre en photo, puis la seconde, un peu plus près, plus la troisième encore plus près, avant qu’elles ne viennent à 5 en même temps jusqu’à me coller en me demandant : « together ! together !»…

Après la pause déjeuner, je reviens en espérant trouver une place plus convenable, mais étonnamment, toutes les tables sont encore occupées. En y regardant de plus près, certaines ne sont occupées que par des manteaux, ou quelques bouquins… Bizzare bizzare. Et quand arrive l’heure du diner, je remarque en effet que les Chinois en allant manger laissent toutes leurs affaires en place pour ne pas perdre leur place ! Je tente alors de m’assoir à une place où traine un modeste sac à dos fermé. Une heure après je me fais rappeler à l’ordre : « Hé Camarade, qu’est-ce que tu fais ? » Ok ok, je respecte la règle, je te rends ta place… Interdiction de prendre la place de quelqu’un une fois qu’il l’a acquise ! Une place acquise l’est pour la journée !

Evidemment vous dites-vous, ça doit être la guerre le matin pour récupérer une bonne place à l’ouverture. C’est-ce que j’ai pu vérifier dès le lendemain en me rendant aux aurores (8h30) sur ces terres studieuses. Et voyez par vous-même, le résultat est impressionnant !

La File commence loin avant l'entrée de la bibli!

Les portes s'ouvrent!


Malgré cette foule immense, je trouve une place au dernier étage, et m’apprête à vivre une expérience forte : une journée bibliothèque ! Quand arrive l’heure de manger, je laisse trainer mon manteau et mes bouquins, je ne déverrouille pas mon vélo, et utilise mes pieds (ce qui arrive en fait à peu près jamais dans cet immense campus) pour aller me sustenter à la cantine d’à coté. Bien sur, aucun Chinois n’aura oser déplacer mes affaires à mon retour, et je reste ici jusqu’à des heures tardives.

Après cette grand expérience, et les chapitres devant être lus avant l’heure fatidique étant encore terriblement nombreux, et de plus en plus ardus au fur et à mesure que l’étendu de mon ignorance est mise à jour, je m’apprête à renouveler l’expérience le lendemain. Malheureusement, la bibliothèque est fermée le matin car on est dimanche, donc en arrivant à 8h30 encore (oui oui, dimanche…) il ne me reste qu’une seule solution, c’est l’ancienne bibliothèque, la laoguan comme on l’appelle ici.

La laoguan, c’est un batiment à 2 ailes, chacune constituées essentiellement d’une unique et gigantesque pièce. Incroyablement lumineuses, avec un plafond très haut, et de belles tables en bois, elles sont pleines de charme, ce qui est finalement rare dans cette université qu’est Tsinghua.


Je regarde à gauche, tout est plein… à droite, pareil ! Il n’est pourtant que 8h30 du matin et on est dimanche ! En discutant avec un de mes camarades de classe qui s’y trouve, il me confie qu’évidemment, en arrivant aussi tard, je n’ai aucune chance de trouver une chaise de libre ! Alors, dépité, je m’apprête à revenir vers mon petit sushe (chambre dans notre petit dialecte) bas de plafond et sa micro-fenêtre éclairée 3h dans la journée, et surtout son ambiance où tu as l’impression que tu es tout seul à travailler au fond de ta chambre.

Mais là, c’est le miracle, deux personnes sortent de la pénombre qui règne dans le fond de la pièce. Je crois reconnaitre, oui, c’est bien lui, Wang Long, le dragon roi, notre président de la fanfare, accolé de son acolyte le grand saxophoniste. Il me lance alors : « Hé, Sheng Hongyu, qu’est-ce tu fais là ? Tu cherches une place ? Viens avec nous mon p’tit, on a c’qui faut pour toi. » Et ils me conduisent alors jusqu’à une table où des bouquins trainent par dizaine sur la table mais où pourtant seulement 3 personnes sont assises. Ces petits chenapans réservent la table pour la famille ! Et ils m’en offrent gracieusement une, quelle chance !

Je suis ravi ! Je remarque aussi autour de moi un tongxue (camarade de classe, toujours dans notre dicton), une deuxième, puis encore un autre. En faisant un petit tour, je remarque que près de la moitié d’entre eux se trouve ici ! Et ils ne sont pas seuls, beaucoup de mes connaissances des diverses associations montagne, fanfare et gens gentils sont présents ici ! Et là, je réalise soudainement que j’ai la réponse à ma profonde interrogation : En période d’examen, c’est ici que tout Tsinghua est. La Laoguan, c’est The Place To Be !

L’ambiance est bonne, la lumière est excellente, et le fait d’entouré d’autant de gens motivés par le travail suffit à me motiver. Je m’y mets avec pas mal d’efficacité. Je demande à mon voisin, le saxophoniste, qui passe son temps à s’écrier qu’il est épuisé, à quelle heure il s’est couché la veille. Il me répond 4. Quoi, tu n’as dormi que 4h ! Non non, je me suis couché à 4h, puis levé à 6h30 pour être assez en avance pour chopper une table à la laoguan ! Conclusion : 1) La laoguan, il faut en vouloir pour l’avoir, 2) ils bossent vraiment comme des tarés en ces périodes d’examens.

Sur ce, pour moi, c’est fini, bien fini je ne sais pas, mais enfin fini, après 6 mois de travail presque sans interruption, un break s’impose ! Alors je pars dès demain en cascade de glace… Admirez le petit sac à dos spécialement préparé pour l’occaz…


mercredi 7 janvier 2009

Le Petit Froid est arrivé !

Non, il ne s’agit pas d’une appellation d’un petit alcool de riz bien sympathique que l’on déguste à la mi-janvier, il s’agit d’une 节气, mélange entre 节日, fête, et 天气, le temps. Il s’agit donc d’une fête du temps. Fête de moindre importance comparée aux grandes classiques, qui sont toutes des fêtes du calendrier lunaire, ces fêtes du temps sont indexés sur le calendrier solaire, c'est-à-dire celui que l’on utilise couramment.

En fait, non, comme en Chine tout est compliqué, ces fêtes du temps sont indexées sur le calendrier luni-solaire, mais nous ne nous étendrons pas dessus. Pour faire simple, chaque fête du temps correspond à une position angulaire du soleil par rapport à un axe de référence. Chaque arc de 15° parcouru par le soleil correspond à un terme solaire. Chaque terme solaire débute par une de ces fêtes du temps. Ces fêtes du temps marque traditionnellement les changements du climat, caractérisent les températures, etc.

Donc le 6 janvier, c’était le Petit Froid. On raconte beaucoup d’histoires à propos du Petit Froid…


D’abord, le Petit Froid, c’est l’entrée dans la période des deux termes solaires les plus froids de l’année dans les régions les plus au Nord de la Chine, dont Pékin fait bien sur partie. C’est l’indication pour les paysans qu’il faut cesser de cultiver les céréales, et mettre les outils au placard. Cette période est qualifiée de 出门冰上走 : à peine sortie de chez soi, on marche sur la glace. D’ailleurs c’est bien vrai, on a profité du week-end dernier pour aller patiner sur le lac de l’université d’à coté !


Bien sur, le temps n’est jamais identique d’une année sur l’autre lors du Petit Froid. Alors, on prédit beaucoup de choses sur le temps, sans avoir besoin de tous ces outils de météorologistes, et sacrément à l’avance, rien qu’en observant le temps du Petit Froid. Par exemple, 小寒不寒寒大寒, ce qui veut dire que s’il ne fait pas froid pour le Petit Froid, quinze jours après à l’occasion du Grand Froid, et bien il fera sacrément froid ! Mais on prédit encore beaucoup plus longtemps à l’avance : 小寒大寒寒得秀,来年春天天暖和, ce qui veut dire que s’il fait extrêmement froid au Petit Froid et au Grand Froid, on pourra tous se passer du gilet pour fêter la fête du printemps, environ un mois après.

Bon, cette année pour le Petit Froid, il a fait froid, mais sans plus. Donc on s’attend à un froid de malade pour la fête du Printemps prochaine (le nouvel an Chinois pour les incultes), heureusement, je serais en France !

Sur ce, je vous laisse, il est maintenant temps pour moi de vérifier un autre proverbe Chinois qui dit que si en septembre, en octobre, en novembre et en décembre, tu n’as pas ouvert tes bouquins de physique, tu auras le droit de le refaire au mois de février, de mars, d’avril et de mai !

Un autre moins connu dit qu’il suffit de ne pas avoir les yeux bridés pour valider… Nous verrons !

dimanche 4 janvier 2009

Dear Michelle and Barack

Bientôt l'investiture d'Obama, 4 ans devant lui, 4 ans durant lesquels il a promis le changement. Et si aujourd'hui il y a bien quelqu'un dont les actions peuvent orienter le destin d'une planète entière, c'est bien Obama.


J'ai peur que cela ne soit pas suffisant...

James Hansen, climatologue en chef de la Nasa, l'a bien compris en prenant le futur chef de l'état américain à parti. Dans une lettre qui lui est adressé, notre célèbre climatologue (connu pour tenter, en vain, depuis 1988 de mettre en garde le pouvoir politique contre les ravages attendus suite à nos émissions incontrolées de dioxide de carbone dans l'atmosphère) l'enjoint à prendre des mesures politiques dans 3 domaines clés qui suffiront à résoudre la crise actuelle, la réelle crise actuelle.

Je vous invite à lire par vous-même le contenu de cette lettre à cette adresse (début en page 3)

La première mesure s'applique aux centrales électriques au charbon, qui lorsqu'elles ne sont pas équippées de système de capture de carbone, sont les sources les plus polluantes de la planète. Une mesure d'urgence, et qui on l'espère ne passerait pas inaperçu de la Chine qui produit toujours 68% de son énergie à partir du charbon, et qui n'a vraiment pas envie de faire une croix sur cette ressource, la preuve, ils mènent des recherches actives sur des moteurs de voiture utilisant un carburant dérivé du charbon.

La seconde, mesure touchant chaque individu (américain pour commencer), est la mise en place d'une taxe carbone. Chaque produit serait taxé par l'état en fonction des émissions inhérentes à sa fabrication ET à son transport. On réapprendra peut-être à attendre les beaux jours pour manger des fraises, et les paysants Sud-Américains seront sans doute moins tentés de bruler la forêt Amazonienne pour pouvoir ensuite envoyer leur production à l'autre bout du monde nourrir les millions de boeufs, qui eux aussi seront invités à reprendre l'avion une fois découpés en petits morceaux.

La troisième concerne le nucléaire. James Hansen, contrairement à Greenpeace, garde les 2 yeux ouverts. Il se rend bien compte que si on essaie de supprimer une source d'énergie, alors que les énergies renouvellables que l'on prône tant ne sont pas encore aptes à fournir les quantités suffisantes d'énergie, il faut choisir la meilleure des solutions restantes, à savoir le nucléaire. Le nucléaire qui n'est d'ailleurs pas seulement la moins pire des solutions.Que lui reproche-t-on?

Les accidents du passé? Gardons alors bien en tête que ces accidents ont eut lieu dans des réacteurs de première génération, c'est à dire les prototypes de première génération. L'ingénieurerie des réacteurs nucléaires n'en était qu'à ses débuts, des pépins étaient inévitables, dommage qu'ils aient été aussi graves, et aussi peu "préparés" dans le cas de Chernobyl, centrale dénuée de tout système de sécurité visant à empécher les émissions radioactives suite au "déraillement" du réacteur.

Les déchets nucléaires? Lesquels? Ceux qui resteront radioactifs durant 150 000 ans sur terre? Et bien, les réacteurs de 4ème génération n'en ont que faire de ces déchets, car ils peuvent les utiliser comme combustible et les réduire ainsi à néant. Les réacteurs de 4ème génération, qui en sont à leur phase de développement, développement qui devrait être accéléré par une forte incitation gouvernementale selon James Hansen, pour qu'ils soient "disponibles au plus vite sur le marché".

Encore une fois, cela ne fera pas de mal à la Chine, car même si on s'émeut d'une ouverture massive de la Chine au nucléaire, la part du nucléaire ne dépassera pas les 10% avant 2050 dans les prévisions les plus optimistes... Notre climatologue insiste lui-même sur le fait que la R&D doit être intensifiée pour rendre les réacteurs nucléaires de plus en plus compétitifs économiquements, car notre pauvre petite Chine est encore en stade de développement, et n'a pas un centime à dépenser à notre petit loisir de pays riche qu'est la "préservation environnementalle".

Je laisse Hansen conclure:

An urgentiv geophysical fact has become clear. Burning all the fossil fuels will destroy the planet we know, Creation, the planet of stable climate in which civilization developed.

Of course it is unfair that everyone is looking to Barack to solve this problem (and other problems!), but they are. He alone has a fleeting opportunity to instigate fundamental change, and the ability to explain the need for it to the public.