vendredi 5 novembre 2010

Longquan Temple (龙泉寺)

Retour sur le deuxième week-end AICE. 

Il y a un mois de cela, nous emmenions un large groupe à Cuandixia, village traditionnel de montagne en banlieue de Pékin, pour la première sortie-week-end de l’histoire de l’association. Ce week-end, nous remettions cela dans une ambiance plus spirituelle, avec comme objectif de passer la nuit dans un temple bouddhiste ! 

L’idée m’était venue en repensant à notre escapade de l’été 2009 sur les pentes d’Emeishan, où nous avions passé deux nuits dans des monastères bouddhistes ouverts aux visiteurs. Alors que rien ne m’avait sorti de mon sommeil, mes compagnons du moment furent réveillés/effrayés/énervés par des bruits bizzares qui retentirent longtemps, bien longtemps avant le lever du jour. Qu’était-ce donc ? 

C’est afin de chercher la réponse à cette question que samedi matin, prêts à sacrifier la viande au tofu, et la passion à la modération, nous nous mettions en route pour le temple Longquan (龙泉寺). Le groupe était composé d’une petite vingtaine d’étudiants, avec une dominante européenne, et féminine. Les américains sont décidément bien absents ce semestre, et les males préférèrent rester à Beijing pour fêter la soirée d’Halloween dignement. Ou pas.  










Longyu, PhD student du département de physique de Tsinghua et disciple bouddhiste affirmé, nous accompagnait pour cette sortie. Il était notre lien entre la science et la croyance. Il était aussi notre lien entre Tsinghua et le monastère où il était bien connu car il y participe régulièrement à des activités de volontariat
.

Longyu 龙宇

Arrivés à l’heure du déjeuner, Longyu nous expliquait la première règle à respecter dans le temple : 止语, ne pas parler à table. Première surprise ! Le repas végétarien composé de petit pain, légumes et soupe au riz fut donc pris silencieusement. Nous nous regardions, peu habitués à se tenir silencieux à l’heure du repas, échangeant parfois quelques mots murmurés, incapables de vraiment respecter la règle. 

Après le déjeuner première rencontre avec un moine. Il nous explique en chinois les règles et horaires du temple. 17h : cours du soir, 18h : diner, 21h : coucher. 4h : réveil et cours du matin, 6h : petit dej. En chinois, les phrases n’ont pas besoin de sujet pour exprimer ce genre de choses. Mais la traductrice utilisait « you » quand elle traduisait en anglais pour nos participants : « You will get up at 4 in the morning ». Cela en effraya plus d’un ! Le moine les rassura : ces horaires sont pour les moines et travailleurs du temple, nous n’avons pas l’obligation de les respecter, même s’il nous incite à les suivre pour expérimenter en profondeur leur rythme de vie, et l’apaisement qui l’accompagne. 




Dans l’après-midi nous partîmes randonner sur la montagne Fenghuang (凤凰). Une très belle montagne qui fait directement face à la ville de Pékin. Des sommets on repère quelques points de la ville. Le site est organisé en trois zones : nord, central et sud. A l’origine préservé du bétonnement associé au développement touristique, Fenghuang a fini par se faire avoir aussi : les zone nord et centrale sont presque entièrement taillées en marches.






Avec mon groupe, parti explorer la partie nord malgré le désaccord des personnes du temple qui souhaitaient contrôler tous nos gestes et mouvements, nous revînmes au milieu du cours du soir que nous observâmes de dehors. Le terme cours du soir (晚课) désignait en fait la prière du soir, une lecture chantée des sutras. 

Lors du repas du soir, pris cette fois avec toute la communauté du temple rassemblée dans le réfectoire, nous ressentîmes plus en profondeur l’atmosphère apaisée du repas partagé en silence. Des personnes passent en silence entre les rangées de table, des grands récipients à la main, et servent en fonction des indications qu’on leur donne par des petits gestes de la main. On réalise l’importance de la communication non verbale.









Après le diner, nous nous couchâmes à des horaires indécents à l’occasion d’Halloween : 21h30. A 4 heures du matin c’est le réveil au son de la planche de bois frappée, bien avant le lever du jour. La plupart d’entre nous se levèrent et nous eûmes la chance de participer au cours du matin dans la salle de prière, faisant face à la grande statue de bouddha. 



Comme le cours du soir, cela consistait à réciter des sutras. On nous donna des livres pour que l’on puisse suivre. Les écrits, bien qu’écrits en caractères chinois, ne « faisaient pas sens », c’était une transcription phonétique du sanskrit. Les prières commençaient lentement, très lentement, chaque syllabe étant bien distinguée. Puis elles accéléraient, régulièrement, sans que rien ne les stoppe. Elles finissaient sur un rythme déboussolant ! Rien de mieux pour vous garder éveillé après un réveil si matinal. 







A 6 heures, le petit-déjeuner ressemblait comme deux gouttes d’eau au déjeuner et au diner. Puis la matinée fut consacrée à la visite du temple, à une initiation à la méditation et à une séance de discussion avec un maitre bouddhiste. 

Durant la séance d’initiation à la méditation, assis en tailleur sur nos petits coussins ronds, le maitre nous enseigna une première technique d’accès à la méditation : 管呼吸. Se concentrer sur la respiration. Sentir que l’inspiration est froide, l’expiration est chaude, compter les cycles d’inspiration-expiration, etc. Il nous parla aussi d’une autre technique, adaptée aux personnes qui se posent beaucoup de questions et ne parviennent pas à faire le vide dans leurs tête : se poser une question simple, par exemple « qui suis-je », et concentrer toute son attention sur cette question. La concentration sur la respiration, ou sur la question, débouche parfois sur un état de méditation correspondant à un état d’apaisement et d’ouverture de l’esprit, et dans lequel on peut trouver des réponses à ses questions. 

Séance de méditation

Durant la séance de dialogue qui suivit, nous passâmes un peu de temps à discuter de science et religion, notamment évolution et bouddhisme. Par exemple comment relier le concept de réincarnation à celui de l’évolution ? Une des réponses intéressantes fut que l’évolution est une théorie qui donne une interprétation de l’évolution physique, alors que le bouddhisme est une doctrine prônant l’évolution psychologique. 

Je vous laisse réfléchir à cette réponse !



samedi 23 octobre 2010

Update Musicale n°2

Alors que la troisième update musicale est en préparation je réalise que la seconde n’a toujours pas été publiée, la voici donc:

Voici quelques nouveaux-titres chinois, plus ou moins originaux. Je les ai classés du plus calme au plus agité. Sautez directement aux dernières si vous avez peur de vous ennuyer… Et n'oubliez pas, en chansons, il n'y a plus qu'un ton, le premier! C'est parfois assez déstabilisant!

偶然 de 黄秋生. Ça, on peut pas dire que ça bouge. Mais les lyrics sont bien loins des classiques « je t’aime – tu m’aimes plus », et ça fait une bonne musique d’ambiance. 

多好 de 羽泉 et 谭维维. Rien d'original dans cette chanson, mais je reste grand fan des duos à la chinoise.

梦中人 de 王菲. Wang Fei, la princesse adulée de toute un peuple, ici interprétant une des musiques du film Chung King Express. C’est une reprise de dreams des Cranberrie. 

见习爱神 des Twins. Celle-là, elle pète ! Et les lyrics sont complètement délirants. Allez nous hurler un peu cette chanson au karaoké !

死了都要爱 de 信乐团. Xin Letuan, un nouveau groupe que je viens de découvrir. Découvrez dans cette chanson cette belle alternance de soupe musicale à la chinoise ponctuée de grandes envolées lyriques : 死了都要爱,不淋漓尽致不痛快,。。。

燕尾蝶 de 梁静茹. Liang Jingru, la star de la chanson Malaisienne nous a habitué à des titres enfantins et raplaplats du type 暖暖 ou 宁夏, mais ce titre là, elle a du l’écrire au milieu d’un cauchemar !

mardi 19 octobre 2010

Thèse et Grande Muraille

Ces dernières semaines je peine à conserver une écriture riche et dynamique de ce blog. Toute mon énergie rédactionnelle et tout mon temps passé derrière cet écran sont consacrés à l’écriture de ma thèse. 

Un sprint final lancé la première semaine de septembre lorsqu’une note d’information (étonnamment) tombée dans ma boite mail annonçait une date de remise de thèse pour le 12 novembre. Surpris par une date aussi avancée dans le semestre (plus de 2 mois avant la date officielle de graduation) je me lançais dans une course contre la montre. Tic tac tic tac. Deux mois pour finir mes travaux et rédiger la thèse, tout en évitant de rencontrer mon prof.

Pendant un mois, du matin au soir, j’accumulais les derniers résultats nécessaires pour boucler mon projet. Avec une date butoir et une idée précise de ce que je voulais obtenir, les choses avançaient vite. En consacrant toute mon attention à ce projet, mes idées restaient bien en place. Dans le même temps je réorganisais ma recherche dans un plan final astucieux qui saura peut-être, je croise les doigts, enfin convaincre mon professeur de la cohérence de ma démarche. 

Mercredi dernier j’éteignais mon ordinateur du labo à l’issue de ma dernière simulation. Tous les résultats étaient là. J'ai décidé de rester à la maison pour la suite de la rédaction de la thèse. Le labo est décidément trop bruyant, et l’environnement chinois ne m’aide pas à écrire ma thèse que j’écris en anglais. Je l’écris en anglais car si mon chinois est clairement meilleur que mon anglais à l’oral, l’équilibre est inversé à l’écrit. Ajouté à cela, l’anglais reste la langue internationale de la recherche, et je me vois mal valoriser une thèse dans le futur si elle est écrite en chinois.

Valoriser ma thèse, saurai-je vraiment le faire ? D’ailleurs, qui la lira cette thèse ? Les évaluateurs ? Il y a peu de chances. Les retours d’expérience montrent qu’ils se contentent généralement de l’abstract rédigé en chinois et placé en tête de thèse, ainsi que de la présentation orale qui suivra. Mes futurs employeurs ? Je ne souhaite pas m’engager dans une voie recherche, et je ne me sens pas contraint à rester dans le nucléaire dans ma carrière future. D’autres étudiants ? Effectivement, ma thèse sera lue par les étudiants qui me suivront dans la voix du design du réacteur hybride fusion-fission. Un lectorat qui reste malgré tout bien maigre. Le manque de lectorat potentiel explique la peine avec laquelle je m’échine à rédiger cette thèse. Une cinquantaine de pages sont maintenant finalisées, il en reste autant à reprendre…

La vision. L’une des 4 grandes qualités du leader. La vision, c’est l’objectif, c’est une image précise de la situation que l’on souhaite atteindre. De sa mise en relation avec l’image précise de la situation actuelle nait une vision tension. Comme un élastique tendu, la vision tension nous tire vers la vision

En ce qui concerne ma thèse la vision tension est maintenant bien ramollie. A l’inverse, ma vision la plus forte aujourd’hui est celle d’un emploi en Asie où je saurai partager les enseignements et conclusions des mes nombreuses expériences de ces deux dernières années. Aujourd’hui j’apprends à partager. Je fais le vieux-chouffe, comme on aurait dit sur le platal. Campus, excursions, voyages, mandarin, coutumes chinoises, etc. On ne m’a jamais autant dit que j’étais chinois ! Je préfère le titre de 内国人:)

Ce week-end j’emmenai un petit groupe d’amis sur la grande muraille. La grande muraille et moi, c’est une longue histoire d’amour. Je l’ai rencontré pour la première fois au printemps 2004 sur la section Jinshanling-Simatai. Elle s’étirait sur la cime des montagnes. Ses ondulations le long du relief inégal lui donnaient l’élégance et la puissance du dragon chinois. Depuis je l’ai revue maintes fois. Je l’ai revue torride sous les chaleurs brumeuses de l’été, je l’ai revue rougeoyante lors de la chute des feuilles automnale, je l’ai revue pure et étincelante, recouverte de neige hivernale. Je l’ai revue dans l’océan, je l’ai revue au fond d’un lac. Je l’ai revue assaillie par les touristes chinois, je l’ai revue abandonnée de tous, je l’ai revue en pleine santé, je l’ai revue effondrée. Tant de souvenirs !

Ce week-end, elle nous a accueillis sur sa section la plus intime : la redoutable et magnifique Jiankou. Je vous propose quelques photos, et pour le récit, comme dirait papa, je soustraite à Joanne : Jian Kou, the Great Wall hike


La troupe du jour


Au loin, Pékin


Imaginez des troupes armées dévalant le long de cette muraille, de tour en tour, jusqu'à la position de l'ennemi


A perte de vue, inarrétable


Joanne, respo couleurs vives


Resplendissante sous les couleurs du soir


Couleurs du soir, again



En position, faisant face aux hordes de barbares

mardi 5 octobre 2010

Ecrire un email comme une vraie petite chinoise

Je vais me moquer (un peu) d’une jeune fille aujourd’hui, j’espère qu’elle ne m’en voudra pas…

Je replace la situation dans son contexte. Une liste des membres du Chinese corner vient de circuler dans nos boites mails pour que l’on mette à jour nos coordonnées personnelles.

Découvrant qu’une jeune chinoise nouvelle recrue encore jamais rencontrée avait la même d’anniversaire, j’envoie gaiement le message suivant sur la liste de diffusion :

« 哈哈哈,我跟杨心韵同日生日!!!!! »

Ce qui en Français donne: « Ha ha ha, j’ai la même date d’anniversaire avec Yang Xinyun point d’exclamation point d’exclamation point d’exclamation point d’exclamation point d’exclamation »

Je reçois moins de deux heures après le message suivant :

哇哈哈哈哈真的是耶~~~
好兴奋哦~~撒花~~~
C'est le destin. En quelle année est votre anniversaire? Je suis né en 1991.
圣宏宇小朋友肯定比我老~\(≧▽≦)/~啦啦啦~O(∩_∩)O哈哈~


Google Translate donne ça :

« Vraiment wow ha ha ha ha ouais ~ ~ ~
Oh, si excité Sahua ~ ~ ~ ~ ~
C'Est le destin. En Quelle Année CEST Votre anniversaire? Je suis né en 1991.
San enfants Hongyu plus âgé que moi ~ \ (≧ ▽ ≦) / ~ la la la ~ O (∩ _ ∩) O ~ 哈哈 »


Nous remarquerons que google translate a retraduit la partie en Français, et a eu un peu de mal à faire la différence entre les onomatopées et les smileys sur la fin du message.


Je reprends maintenant le message original en enlevant la partie en Français et en mettant en rouge les  smileys, les onomatopées et les signes graphiques:

哇哈哈哈哈真的是耶~~~
好兴奋哦~~撒花~~~
圣宏宇小朋友肯定比我老~\(≧▽≦)/~啦啦啦~O(∩_∩)O哈哈~

Ça fait quand même 37 sur 59 ! Belle série finale d'ailleurs.
Supprimons le texte, ce n’est finalement pas le plus intéressant :

哇哈哈哈哈耶~~~
哦~~ ~~~
~\(≧▽≦)/~啦啦啦~O(∩_∩)O哈哈~

D’abord bravo pour les smileys : O(∩_∩)O en 7 signes graphiques et ~\(≧▽≦)/~ en 9 ! 

Ensuite grandiose sur les petites vagues ~, signe graphique que l’on met à la fin des phrases à la place de la ponctuation pour faire moins "brutal", avec un total de 12 dans le message! ~~~~~~~~~~~~

Enfin les onomatopés et sons de fin de phrase : Wahahahaha…Ye… Oh… lalala…haha… Elle devait sacrément bien s’amuser la petite quand elle m’écrivait cet email !

dimanche 3 octobre 2010

Cuandixia, Lingdao and Crepes Party!

Dimanche après-midi, balcon du bridge café, le soleil déjà déclinant et un plat de spaghettis carbonara à côté de l’écran. Classique. L’occasion de faire une pause, et de partager sur ce blog les évènements marquant des jours passés. 

La semaine dernière, c’était 中秋节, la fête de la mi-automne. L’automne du calendrier lunaire. Débuté début aout, l'automne marquait la fin de la saison chaude et humide, l’arrivée de températures plus agréables, le retour du ciel haut et bleu. Fin septembre la mi-automne marqua la fin des claquettes, le retour au pantalon et aux manches longues. Encore 2 mois, et nous serons au plus bas des températures pékinoises. 

Mais avant que la période d’hibernation ne commence, on fait le plein de soleil. A l’occasion de la fête de la mi-automne, nous avons rejoins le village de Cuandixia, adorable petit village de montagne situé en banlieue Pékinoise. L’architecture en cour carré (Siheyuan) des habitations, typique du Nord de la Chine, est particulièrement bien conservée ici. Monnayant quelques kuais, les habitants offrent le diner et le coucher dans une ambiance particulièrement paisible.


Vue sur Cuandixia depuis le versant Sud

Le village de Cuandixia, je l’avais découvert il y a deux ans de cela, emmené par Balthazar et quelques amis (Souvenez-vous). J’en avais gardé d’excellents souvenirs. Un contact sympa avec les locaux, une déambulation à travers les vieilles pierres du village, une escapade dans la montagne à la recherche d’un village abandonné… Motivé par ces excellents souvenirs, c’est vers Cuandixia que j’organisai la première sortie de la nouvelle année du Chinese Corner. Une sortie sur 2 jours, c’était une grande première. Et pour une grande première, nous n’avons pas fait les choses à moitié, car c’est une petite trentaine de participants que nous avons conduits à Cuandixia.

Une partie de la tribu

Témoignage in english au retour de Cuandixia:

When I went to sleep yesterday, I remembered our steep hike to the forsaken upper village of Cuandixia, I remembered the delicious muttons legs we enjoyed back in the village, I remembered Tina’s smile when she and Matthias finally met us in Cuandixia, I remembered Justin’s number 4 and the dozens glass of beer he drank for that, I remembered Laurent’s frightening Baijiu and all the lies I had to drink for, I remembered the sweet night I spent with my new intimate friends in the guesthouse of the good fortune, I remembered walking every small cobblestone street running through the village…

Cuandixia, depuis le versant nord

 Dans les rues du village


La meule est toujours là


Les retours sur cette excursion furent extrêmement positifs. C’est gratifiant, et ça donne envie d’organiser de futures excursions. Ma prochaine idée ? Aller passer une nuit dans un monastère bouddhiste…

Une anecdote pour les sinophiles avant de poursuivre. Quelques mots laissés en commentaire d'une photo de l'excursion, sur le facebook chinois:

朱昕岩: 这是哪里啊?
翁少妙: 爨底下的村居,看起来有点古旧
朱昕岩: 呃。。。第一个字不认识。。。
翁少妙: 川。。。我从来没打出这个字,每次都是COPY的
朱昕岩: 好吧。。。。我以为只有我不会呢。。呵呵,这下平衡多了


Au retour de Cuandixia, c’était une semaine de 7 jours sans pause qui m’attendait. En Chine, à l’occasion d’un jour férié, le gouvernement donne 3 jours de vacances, et à l’occasion de 3 jours fériés, il donne 7 jours de vacances. Magnanime, n’est-ce pas ? En fait pas tant que ça. Pour éviter les ponts incontrôlés lorsque le ou les jours fériés tombe en milieu de semaine, le gouvernement déplace les week-ends pour les juxtaposer au(x) jours férié(s). La semaine qui suit, détroussée de son samedi et de son week-end, fait grise mine… (Plus d'explications sur sinoplice)

Cette semaine fut marquée par le lancement de tournoi de Beach-Volley. J’ai été rappelé par mes anciens coéquipiers du tournoi de volley classique, pour une revanche dans le sable. Equipe réduite à 3 joueurs, vachement sympa, des plongeons dans le sable, une ambiance hyper détendue, grand plaisir. Nous sommes actuellement à une victoire une défaite. Arriverons-nous à sortir des poules au terme du 3ème et dernier match de poule ?

Retour sur une anecdote. Au cours du 2ème match de volley Wanxin reçoit un coup de téléphone. Il nous dit que c’est son « Lingdao » (领导) au bout du fil, on interrompt le match. Lingdao signifie dirigeant. Terme ordinairement utilisé pour désigner les leaders politiques, présidents d’université ou d’entreprise, etc. Sur le moment je me dis que ce devait être son professeur-tuteur qui l’appelait. Mes camarades corrigèrent mon erreur : Lingdao s’applique à la copine ! Les étudiants de Tsinghua, même quand ils mesurent 1m80 et smashent avec une puissance terrifiante, appellent leur copine Lingdao ! Cela correspond à toute une attitude de soumission qu’ont les jeunes chinois envers leurs copines. Elle est exigeante, lui est soumis. Elle se comporte comme une enfant, lui est un « provider ». Relation dissymétrique reconnue par tous, et mise en image dans le cartoon enfantin « Le mouton Xi » (喜羊羊). 

A mes camarades chinois, je n’hésite pas à leur demander comment ils peuvent supporter une telle relation. Comment acceptent-ils de considérer leur copine comme une dirigeante ? Et comment accepter dans le même temps qu’elle se comporte comme une jeune enfant, capricieuse et puérile ?

A la première question ils me répondent unanimement qu’étant donné le ratio femmes/hommes inférieur à 1 en Chine, ils n’ont pas le choix, et doivent accepter de se soumettre. « Sinon ta nana ira en chercher un autre », me confient-ils. 

A la seconde question, ils me répondent qu’ils aiment ça…

Changeons de sujet et passons au 3ème évènement de la semaine : la grande soirée gastronomique qui s’est tenu ce samedi dans notre appartement. Avec mes collocs Dimitri (grec) et Ming (Thai), nous avons préparé des petits plats de chez nous. Salade grec et boules de viande, fried squids, et crêpes françaises.



L’évènement marquant de la soirée ? Définitivement quand Yingying, ABC (American Born Chinese), a commencé à étaler du nutella sur sa crêpe tomate chêvre !!! 



lundi 27 septembre 2010

Vous avez un nouveau message

Retour sur les deux SMS les plus hilarants de l’histoire de mon numéro de téléphone chinois, tous deux reçus de parfaits inconnu(e)s.

Le premier date du 7 juillet, 22h, alors que je sirotais une bière dans un bar d’Wudaokou : « 你好!我不知道你是谁!但我现在很烦,可以陪我聊聊吗?».

En Français: « Bonjour ! Je ne sais pas qui tu es ! Mais là je m’ennuie, tu veux bien discuter avec moi ? »

Ce SMS venait d’une jeune étudiante chinoise en stage à Pékin dans une boutique de téléphonie qui avait envoyé ce message à un numéro pris au hasard !


Le second date de ce soir même : « 您好。不好意思打扰您了。我想买您的手机号,要多少钱可以。 »

En Français ça donne ceci : « Bonjour. Pardon de vous déranger. Je voudrais acheter votre numéro de téléphone. Au prix qui vous conviendra »

Ça venait du 150 107 05 395. C’était mon voisin. Mon voisin de numéro de portable ! Un Russe qui voulait utiliser deux numéros voisins…

lundi 20 septembre 2010

Thèse et Chinese Corner

Des nouvelles de Tsinghua:

Après le forum STeLA où j’avais repris gout à ma recherche auprès de tant d’étudiants passionnés, et après la conférence à Harbin où j’avais trouvé un peu d’appui auprès d’un professeur japonais, j’était de retour à Tsinghua décidé à bien finir mon projet de recherche, car j’étais convaincu de sa valeur. De plus je sentais que j’étais enfin en mesure de « foncer », tout le travail de débroussaillage ayant déjà effectué, et les décisions stratégiques ayant déjà été prises. 

Un soir je reçu la visite de mon prof. On eut une de ces  classiques discussions où je le laisse parler, sans trop l’écouter, acquiesçant et en évitant de partager ce que j’ai en tête. Ce soir là il fut particulièrement en forme. Sortant sans doute d’une réunion, il venait me répéter ce qu’il avait entendu. Il me disait que nous devrions travailler en spectre rapide. Les avantages à travailler sous spectre rapide dans le cadre de notre projet, je les lui avais expliqué il y a quelques mois, mais il avait rejetait les arguments sans discernement. Mais cela ne m’importait plus guère, car après avoir partagé ma situation avec pas mal d’élèves étrangers travaillant aussi sous la supervision de profs chinois traditionnels, j’avais pris la décision de finir mon travail de façon totalement indépendante. Malgré tout, ce soir là il alla beaucoup trop loin. Il eut l’effronterie de me dire que ce que j’avais présenté à Harbin ne lui paraissait pas utile, et m’incitait à abandonner là mon travail, reprendre le modèle de l’étudiant chinois qui me précédait (modèle scandaleux soit dit en passant), lancer quelques simulations, rassembler les résultats, et écrire une thèse à partir de cela. Arrivé à ce point là, il  fallut bien que je dise quelque chose, quelqu'en soient les conséquences. Je défendis mes travaux, leur cohérence, leur intérêt et leur état d’avancement. En restant calme, mais avec une fureur intérieure. Peut-être le sentit-il? Peut-être, car il baissa presque la tête sur ce coup ci, et accepta que ce que j’ai fait puisse avoir un intérêt, bien que dirigé vers une direction à laquelle il ne s’attendait pas. 

Une nouvelle fois assailli, je répondis par une déferlante de travail. Comme si je cherchais à lui démontrer qu’il avait tort, j’accomplis toujours une quantité de travail hallucinante après ce genre d’entretien. L’imminence de la date de rendue de thèse est aussi là pour me faire avancer : tout doit être rendu avant le 12 novembre !

A coté de ma recherche, j’essaie de garder un peu de temps pour le Chinese Corner. Le Chinese corner, c’est cette association d’échanges culturels entre élèves chinois et élèves étrangers. Depuis l’arrivée de certains élèves internationaux dans l’organisation (Michael il y a un an, et moi-même le semestre dernier), cette association gagne progressivement en variété, en ambition, et en organisation. 

L’activité principale de la semaine, une rencontre de deux heures le jeudi soir autour d’un thème culturel chinois, a été rendu plus accessible et plus fun aux élèves étrangers. Entre autres nous avions cherché à mieux adapter l’équilibre anglais/chinois des présentations au niveau en chinois des étudiants. Si nous y arrivions plutôt bien au cours du second semestre de l’année scolaire dernière, un problème se pose à nous actuellement. Au mois de septembre, les occidentaux ne comprennent à peu près rien au chinois, mais les orientaux (coréens, japonais, etc.) sont bien plus à l’aise en chinois qu’en anglais. Nous avons donc un public très binaire, les présentations doivent être adaptées à un groupe comme à l’autre, et les activités en petits groupes sont rendu difficiles.

Au niveau de l’organisation de l’équipe, ce n’est pas encore tout à fait cela. Il y a un chef spirituel, un chef administratif, des chefs ponctuels, une communication imparfaite, une dépendance du bureau des associations, une non reconnaissance du bureau des élèves étrangers, un statut du chef particulier, etc.

Illustrons-le sur trois exemples :

1) La communication : Au cours d’une réunion nous nous mettons d’accord sur le point de rendez-vous de notre activité : point A. Quelques jours après Michael propose le point B dans un mail. Certaines personnes réceptionnent l’information et la considèrent comme une décision. D’autres personnes ne recoivent pas l’information, ou ne la considèrent pas effective tant qu’elle n’a pas été approuvé. Résultat les flyers indiquent le point A, l’affiche le point B.

2) La non reconnaissance du bureau des élèves étrangers : Un des buts de notre association est de pallier les défauts d’encadrement des élèves étrangers de la part des départements de l’université, en particulier le département de chinois. Nous sommes présents pour fournir l’information et l’aide aux élèves étrangers là où ils en ont besoin. Mais quand nous proposons une activité de découverte du campus pour aider les nouveaux étudiants à se familiariser avec les différents lieux clés, le bureau des élèves étrangers refuse de joindre la présentation de notre activité à l’emploi du temps de la semaine de rentrée des nouveaux étudiants. Avec la justification suivante (que je trouve toujours autant méprisante) : vos activités, ce sont des activités élèves, nous ne pouvons pas les mélanger avec les activités officielles.

3) La dépendance du bureau des associations et le statut du président: Toute association à Tsinghua dépend du bureau des associations, qui lui-même est apparenté aux associations des jeunesses communistes (团委, ou 共青团). Le budget et les autorisations donnés aux assoc sont donc dépendantes des bonnes relations avec ces jeunesses communistes. Quand ces derniers contactent le président de l’assoc pour lui demander de faire une activité spéciale de coopération avec eux, le président accepte immédiatement, sans se renseigner préalablement sur la disponibilité des membres de l’assoc pour organiser une activité à la date voulue. C’était tombé sur moi l’année dernière, on m’avait demandé de changer le thème de mon activité alors que tout était déjà prêt, pour un thème un peu moins exotique. Je l’avais mal pris, très mal pris, car on m’avait communiqué l’information comme un ordre, sans respect de ce que j’avais déjà préparé. J’avais un peu bataillé et obtenu la conservation de mon activité. Cela se reproduit en ce moment. On nous informa vendredi que la présidente s’était engagée pour une activité lundi soir alors que j’avais fermement indiqué au responsable correspondant des jeunesses communistes (qui bosse dans mon labo) que l’on n’accepterait pas une coopération s'il elle n'était pas correctement préparée. On me demanda pourtant d’être l’animateur de cette activité. Cette fois je refusai catégoriquement. Les conneries d’organisation à la chinoise, qu’ils assument eux-mêmes.
    Au delà de l’activité régulière du jeudi soir, nous organisons maintenant des évènements ponctuels. Michael avait lancé le Campus Tour l’année dernière : un tour dirigé du campus destiné aux nouveaux étudiants étrangers. J’ai repris l’idée ce semestre, et l’ai transformé en chasse aux trésors à travers le campus. L’idée était, un, de rendre l’exploration du campus active, motivée par une série de petits défis à accomplir, deux, favoriser la communication entre anciens étudiants et nouveaux arrivés au sein de petits groupes. Pour les défis, nous avons essayé d’être fun, tout en gardant en tête qu’en Chine, les choses doivent rester 和谐, harmonieuses. Les défis du genre : « pique et ramène la casquette d’un garde » n’étaient pas les bienvenus. Petite sélection des défis que nous avions choisi: « Compter combien de personnes peuvent réellement s’assoir dans la cantine aux 10 000 personnes », « ramener la plus grosse citrouille », « emprunter le livre le plus fin de la bibliothèque », « humidifier au maximum le porte drapeau d’une équipe adverse ». Avec une soixantaine de participants, un temps magnifique, sept groupes en vadrouille dans le campus, et des pastèques pour trois semaines, ce fut un succès. 



     Discussion de groupe durant la chasse aux trésors


     Bataille d'eau


    Toujours au sein du Chinese Corner, l’année dernière j’avais lancé un petit groupe d’explorations des meilleurs restaurants traditionnels de Pékin. Avec une nouvelle destination par semaine, essayant de faire partager au maximum les expériences de restos pékinois, nous avions papillonné sur des destinations dans toute la partie Nord de Pékin. J’aurai aimé reprendre le projet, mais occupé comme je le suis par ma recherche, je ne peux me le permettre. D’autre part, au début du mois de septembre, avec des étudiants internationaux fraichement arrivés sur Pékin, je pourrai bien me retrouver à choisir presque toutes les destinations, ce qui serait dommage, car on perdrait l’idée du partage de bonnes adresses… 

    Enfin nous organisons pour la semaine à venir à une sortie à Cuandixia, petit village pittoresque situé dans l’ouest montagneux de Pékin. Pour cette destination, l’organisation initiale s’est révélée d’une parfaite efficacité. Propagande directe lors du premier chinese corner + par les adresses email récupérées au cours de la chasse au trésor, nous récupérions 26 inscriptions en une quarantaine d’heures. Un petit coup fil et les logements étaient réservés, et la première agence de voyage acceptait de nous fournir un bus avec chauffeur pour un prix très raisonnable. Parfait, vous disais-je. Les choses se passaient trop parfaitement. Une heure après la gérante du logement me rappelle, et m’annonce 1) le village organise une compétition internationale d’ascension de montagne durant les jours où vous voulez venir, vous ne serez donc pas autorisés à entrer dans le village 2) je ne peux pas tous vous loger, je n’ai que 16 places. Consterné par le problème n°1, je me demande malgré tout pourquoi elle m’annonce le problème n°2 dans ces circonstances. On vient de recevoir l’information me dit-elle, et on ne sait pas si cela sera stricte ou non… Elle me fournit un second numéro de téléphone pour compléter les besoins en logement, et on décide de tenter le coup. En Chine, rien n’est impossible. Il s’agira d’en être bien persuadé quand on se verra refuser l’entrée du village avec un car rempli de 27 personnes chauffées à blanc !

    dimanche 19 septembre 2010

    Nouvelle chambre

    Déjà trois semaines écoulées depuis que j’ai attaqué mon dernier semestre à Tsinghua. Le temps file, file, file. Quand mes journées sont occupées comme elles l’ont été ces dernières semaines je ne vois vraiment pas le temps passer. Il faut dire que je dois rendre ma thèse mi-novembre et que mes rapports avec mon professeur se tendent de plus en plus…

    De retour de Harbin et Changbai Shan, ma première tache fut la recherche d’une chambre à l’extérieur du campus. J’adoptai une attitude beaucoup plus agressive : je savais ce que je voulais, j’avais des critères exigeants, et j’étais décidé à ne pas perdre de temps sur des chambres insatisfaisantes. Je démarchai les agences les unes après les autres, en demandant à voir sans perte de temps ce qu’elles avaient qui correspondaient aux critères (grande chambre, orientée sud, très bon état, pas de salon transformé en chambre, cuisine propre et utilisable, et prix en décroissance avec la distance au métro), et en négociant fermement les frais d’agence. Et bien, quand les critères sont clairs, les choses vont vite. Ma recherche de chambre commença le 31 aout à 17h, le même jour à 19h j’avais trouvé ! 

    Une petite porte presque invisible donnant sur le grand boulevard menant à l’entrée principale de l’université, cinq étages à gravir pour arriver au 212. L’appartement est grand, bien placé, propre et en très bon état, le salon est toujours là, la cuisine me donne immédiatement envie de me remettre aux fourneaux. Trois chambres, deux petites orientées nord et une gigantesque orientée sud. Je tombe amoureux de la grande chambre au premier coup d’œil. Les loyers sont à 2200 pour les petites, 2500 pour la grande, frais divers non compris. Je suis une nouvelle fois étonné par la si faible différence de prix entre les différentes chambres dans les collocations. La grande chambre est 2 à 3 fois plus grande que les petites, orientée Sud, séparée des deux autres chambres dans l’appartement, et pourtant à peine 15% plus chère ! Quand je vis un nouveau couple arriver à ma suite pour visiter le même appart, je m’engageai : « Je paye et je signe tout de suite ! »

    Plan d'Wudaokou (le nord est à gauche)

    On retrouve la propriétaire pour signer le contrat 10 minutes après. Au Mc Do ! On négocie les détails, et à 22h, la chambre est à moi. Je déménage le lendemain, en taxi bien sur (il en faudra deux, j’ai maintenant une quantité d’affaires hallucinantes) avec la précieuse aide de Grégoire et Thomas. Thomas qui venait juste passer deux jours à Pékin pour un entretien et à qui j’offrais l’hospitalité, m’aidera d’ailleurs à faire les allers-retours sur les cinq étages de mon immeuble. Certains diront que mon caractère ressemble de plus en plus à celui de mon père ;-)

    Durant les jours suivants, une succession de jeunes et moins jeunes visitèrent les chambres restantes. Quelque chose me marqua particulièrement. Les occidentaux, américain(e)s comme européen(ne)s, intéressés par les chambres insistaient toujours pour voir qui j’étais avant de signer le contrat. Ils attendaient parfois longtemps pour savoir si une vie d’appart sympa serait possible. Les chinois ? Jamais. Quand moi-même je faisais mes visites d’appartement, je frappais toujours aux autres portes pour dire bonjour et faire connaissance avec mes potentiels futurs colocataires. Quand ils étaient chinois, ceux-ci ne semblaient pas trop comprendre ma démarche. Pour beaucoup d’entre eux, la colloc n’est pas un but, seulement un moyen de se loger pour moins cher. 

    Après une semaine de visites, l’identité de mes collocs semblait se décider : ce sera deux étudiants en provenances des US, le premier américain, le second belge. La propriétaire les rejoint à l’appartement pour signer le contrat, et ils sortent pour aller tirer l’argent nécessaire. Le lendemain en rentrant du labo, la propriétaire est là est me présente mes nouveaux colocataires : un thaïlandais et un grec. En Chine, les choses changent vraiment très vite !

    Durant les jours suivant ma propriétaire se révéla être très attentive aux besoins de l’appartement, je fus agréablement surpris après mon expérience de l’année dernière. Les réparations furent effectuées rapidement, et on se retrouvait parfois à discuter autour d’un thé avec elle et les autres collocs. Mariée et mère de deux enfants, elle s’est lancée à son propre compte dans le business de l’immobilier. Propriétaire d’une vingtaine de maison, elle est occupée du matin au soir, et ne prend guère le temps de s’occuper de ses enfants. Elle me pause des questions sur notre éducation à l’occidentale. En voyant mon violoncelle elle me confia qu’elle obligeait ses enfants à faire du piano, mais que la passion ne prennait pas chez eux.

    Hier soir j’organisai ma pendaison de crémaillère. J’avais envoyé des invitations par email à des amis de différentes nationalités et différents background, en précisant l’heure à laquelle cela commencerait (20h) et en les invitant à venir accompagnés de leurs amis s’ils le souhaitaient. Le point commun entre tous les invités, c’est que peu d'entre eux ne donnèrent de réponse, et quand il y avait réponse, c’était toujours pour décliner l’invitation. Les différences, ce furent les heures d’arrivées : à 18h30 arrivent deux petites chinoises que je ne connaissais pas, invitées par Lucy, une amie chinoise du chinese corner qui n’arrivera que vers 20h. A 19h15 arriva Jonah, amis chinois connu lors du forum STeLA. Peu après 20h arrivèrent la majorité des invités, de nationalité française, néerlandaise, américaine. 

    Et après ? Photos :

    Un bout de ma chambre reconverti en salon^^


     Cow-boy Michael and Panda Tina on DDR duel


    Il parait que Mr et Mme Grégoire lisent ce blog?

    vendredi 10 septembre 2010

    jeudi 9 septembre 2010

    Pékin: Introduction à 798

    Samedi, retour à Pékin. Le temps est idéal, je sirote un café sur une terrasse. Bien que la terrasse soit un concept presqu’inexistant à Pékin, ici à 798, il y en a à tous les coins de rue. 798, souvent appelé le quartier artistique de la ville, détone dans le paysage urbain pékinois. 

    Cet ancien quartier d’usines et d’ateliers s’est transformé depuis le milieu des années 90 en un centre artistique de renommée. Les ateliers d’artistes et galeries d’art ont petit à petit pris leur place dans cette enceinte à l’architecture industrielle. 

    798 est un quartier bas, aucune tour d’habitation n’est venu prolonger ce quartier dans la troisième dimension. Le quartier se peuple au lever du jour d’artistes du coin et de visiteurs d’un jour. L’ambiance est détendue, on déambule à pied, et les véhicules qui viennent troubler le sentiment de tranquillité sont bien rares. 

    Sur la rue principale du Sud, en levant les yeux on aperçoit un café perché sur un arbre. Trois étages en plus du rez-de-chaussée, ceux qui osent gravir les escaliers très pentus sont récompensés par une atmosphère champêtre, proche de la cime des arbres. 

    Petites photos pendant que je finis mon café :




    mercredi 8 septembre 2010

    Changchun (长春), un vendredi, 6h du matin

    Cherchez le sens de circulation:

    ça m'a rappelé une autre image pékinoise:

    Rien d'étonnant donc à la formation d'embouteillages de plus de 100 km dont il faut plus d'une semaine pour s'en tirer :)

    mardi 7 septembre 2010

    Montagne Baekdu - Changbai Shan (长白山)

    Un soir durant ma conférence à Harbin, j’appris de la bouche d’un chauffeur de taxi local que les chinois étaient très forts pour organiser des réunions dans le seul prétexte de voyager dans le pays. Devant le relatif échec académique de mon aventure dans le Nord-Est de la Chine, il me fallait donc chercher à être meilleur sur le contenu voyage ! 

    Une destination du Nord-Est Chinois me tentait justement insidieusement depuis quelques mois : la montagne Baekdu, aussi appelée montagne Changbai en chinois (长白山). Placée sur la frontière actuelle séparant la Chine de la Corée du Nord, cette montagne est un monument de la mythologie Coréenne : c’est de cette montagne que serait descendu l’ancêtre du peuple Coréen !

    Depuis Harbin, un train de nuit m’emmena jusqu’à Yanji (延吉), capitale du comté administré par l’ethnie coréenne (朝鲜族) de Chine. A Yanji le double système d’écriture est de mise, les caractères coréens côtoient systématiquement les caractères chinois, et il y a presqu’autant de restaurants coréens qu’à Wudaokou. Depuis Yanji, je rejoins Baihe (二道白河) par bus, puis l’entrée du parc de la montagne Baekdu en taxi. 

    Le récit reprend au sommet de la montagne :

    Soudent des cris. L'image d'un lac reposant entre les nuages se dessine. Il se dévoile dans toute son ampleur devant nos yeux. La vision est brève, quelques secondes, avant que les nuages ne reviennent la recouvrir. On prépare la pause et l’appareil photo, prêts à saisir les quelques instants fugitifs où, derrière mon magnifique imper rouge loué pour l’occasion, le bleu foncée de l’eau du lac viendra remplacer le terne blanc des nuages.



    Et puis vient un moment où les nuages ne reviennent plus. Le vent aurait-il réussi à vider l’immense cratère de cet amoncellement de nuages qui recouvrait le lac céleste ?

    Blotti dans mon imper, je prends alors le temps d’admirer les détails du panorama. Je suis placé à plusieurs centaines de mètres en surplomb du lac, au sommet d’un des versants. Le lac est en fait encerclé d’un unique versant, normal puisqu’il repose au fond d’un gigantesque cratère de volcan. Les pentes abruptes sont pour la plupart recouvertes de pierres et d’éboulis. Aucun chemin ne permet de faire le tour du lac, ni au niveau du rivage, ni sur les crêtes, c’est vraiment trop à-pic.



    Soudent je réalise que je viens de poser mon premier regard sur la Corée du Nord. Rien n’indique la position de la frontière, mais on sait que le lac est pour moitié située en Chine, pour moitié en Corée du Nord. En face de moi, dans l’axe du lac, des crêtes légèrement plus basses. Derrière elles on aperçoit des terres qui s’étendent vers le Sud. Plus loin dans cette direction sans doute Pyongyang, et puis Séoul. 

    En bas un petit bateau agite les eaux. Il vient d’une petite base d’où s’élance un petit tuyau qui serpente sur les pentes jusqu’aux cimes du volcan. Je demande en quelle zone se trouve cette petite base. En Corée du Nord, me répond-on. Je demande à quoi elle sert. On me demande en retour si je suis un espion…







    En tout cas, l’endroit est magnifique. Vraiment magnifique. Un mélange incroyable de couleur entre le bleu du lac, le gris et le vert des pentes, et le blanc du ciel. Il est dommage que les Chinois en ait fait une attraction, un spot à voir, et n’aient pas hésité à modifier tout l’environnement de cette montage mystique, révéré par tout le peuple coréen comme le berceau mythique de leurs ancêtres.


    Ainsi l’entrée du « parc » est interdite à tout véhicule privé. Le billet d’entrée est à 100 RMB, un premier bus (baptisé bus écolo) nous monte à mi-chemin pour 68 RMB. Alors que je pensais m’arrêter ici pour passer la nuit dans un dortoir et monter à pied au petit matin pour admirer le lac dans les meilleures conditions, je découvre que les dortoirs ont été remplacé par des chambres hyper luxueuses (à 10 fois le prix), et plus grave encore, que le chemin pour monter à pied à été emporté en parti par une coulée de boue il y a deux ans, et que les chinois ont décidé de l’abandonner dans cet état, profitant de l’occasion pour imposer à tout le monde la montée dans leur mini-van tout terrain. Ça coute 80 RMB jusqu’au sommet, et le chauffeur appuie brutalement sur le champignon avant de donner de violents coups de volants dans les virages pour justifier le prix.

    Bref, on est motorisé du pied au sommet de la montagne. C’est pratique pour celles qui montent en talons hauts, mais ce n’est pas l’endroit rêvé pour un amoureux de la montagne.

    Nous nous quitterons sur une photo de mamies coréennes multicolores:

    lundi 6 septembre 2010

    Chinese Life Vision

    Joe, un des nos instructeurs durant STeLA Forum était un grand partisan du visionning. Le visionning, c’est l’aptitude de concevoir le résultat vers lequel on veut se diriger. Avec une vision forte, nous créons une tension de vision, et nous tendons naturellement vers cette vision. Le visionning peut s’appliquer à tout, pour des projets à court terme comme à long terme, des projets personnes, comme des projets de groupes. 

    Lors d’une séance de visionning durant le forum STeLA, Joe a tenté de nous aider à former notre life vision par des techniques proches de la sophrologie. Il nous a ensuite demander de prendre des pastels et dessiner cette life vision.

    Un dessin fut particulièrement frappant. Barbara, jeune étudiante chinoise de l’université de Beida, a dessiné deux personnages au centre du dessin. Ils se tiennent par la main, ils semblent épanouis, et un gros cœur rouge flotte au dessus d’eux. Ce qui se passe derrière les personnages est beaucoup plus intéressant. Derrière le jeune garçon une grande maison, une grosse voiture, et beaucoup d’argent. Derrière la jeune fille le soleil, les vacances, une glace. Un dessin au final tellement révélateur de la life vision de toutes nos jeunes chinoises !



    dimanche 5 septembre 2010

    De l'Expression à la Créativité Chinoise

    Durant le forum STeLA tous les soirs nous nous réunissions en petits groupes pour une heure de réflexion durant laquelle nous partagions nos sentiments sur les activités de la journée pour en tirer des leçons, des conclusions, des directions de progrès.

    Un soir, nous avons discuté longuement de la façon d’exprimer une idée lors d’une discussion de groupe. Nous cherchions à résoudre le problème suivant : aucun de nous, Américains, Japonais et Français, ne parvenions à saisir les idées des Chinois lorsque ceux-ci s’exprimaient en public. Pourquoi ? Le problème ne résidait pas dans la qualité de la langue parlée, il est plus facile de comprendre l’idée d’un japonais s’exprimant dans un anglais très pauvre que l’idée d’un chinois s’exprimant dans un anglais excellent. 

    La difficulté résidait dans leur façon d’exprimer les idées. Lorsqu’Américains, Français, mais aussi Japonais, annonçons d’emblée notre idée en prenant la parole, avant de l’expliquer et la démontrer à force d’exemples et de raisonnements, le chinois part dans un long discours déstructuré sans conclusion dans lequel l’idée n’est pas exprimée. L’idée directrice est laissée à l’interprétation de l’auditeur.

    Au cours de ma conférence à Harbin, j’ai remplacé un de mes camarades du labo pour la présentation de son article. J’ai lu attentivement cet article et je l’ai trouvé clair et plutôt bien écrit. Je comprenais bien les travaux que mon camarade avait effectué, et les résultats qu’il avait obtenu. Un problème majeur persistait cependant : mon camarade n’avait décrit nulle part pourquoi ce travail de recherche avait été effectué, et plus gênant, il ne concluait pas. Malgré mes relances par mail en lui demandant cette conclusion, je crois qu’il n’a pas compris ce que j’attendais de lui et m’a laissé partir à Harbin sans savoir quoi retenir de son travail. 

    Je suis convaincu que, au moins dans les domaines de la science et du management, une communication qui laisse à l’interprétation est un frein important. Elle ne permet pas aux différents acteurs de s’orienter sur une même direction. Elle ne permet pas le dialogue. 

    Pendant toute la semaine de forum STeLA, j’étais fermement de retour dans le système de communication à l’occidentale. J’exprimais mon point de vue, que ce soit un accord ou un désaccord, et quelque soit le statut de mon interlocuteur. Celui-ci considérait cet avis avec respect (au moins dans le cas d’une bonne communication) quel que soit nos rangs respectifs et sans avoir eu l’impression d’être challengé. Résultat, sa réponse permettait de faire avancer le dialogue. Ce système de communication permettait un grand brassage d’idée. Il permettait aussi un développement des bonnes idées. Et surtout des idées créatives. La créativité est boostée par cette bonne communication de groupe. Un groupe a l’opportunité, à partir du moment où il communique bien, de créer beaucoup plus vite et beaucoup plus loin qu’un individu isolé. A titre d’illustration, toujours au cours de STeLA, notre petit groupe de travail était considéré comme le groupe ou l’on communiquait le mieux. Cela n’était certainement pas étranger au fait que nous ayons ensuite remporté le prix du meilleur projet de groupe.

    Avec mon professeur, c’est l’antagonisme d’une bonne communication. Quand j’exprime une idée, il semble toujours la prendre comme une attaque personnelle. Comme si écouter et accepter une idée d’un élève consistait une remise en cause de son statut, et de ses connaissances. Au cours d’une des sessions de la conférence à Harbin, un petit dialogue a débuté entre le chairman de la session (d’origine finlandaise), mon prof et moi-même. Il était remarquable de constater que quand l’un m’écoutait, pour comprendre l’idée que je cherchais à exprimer, le second fronçait les sourcils en cherchant comment il pourrait s’opposer brutalement à ce que je venais de dire. Le résultat d’un tel comportement, c’est que les élèves chinois ne partagent pas avec leurs professeurs. Ils sont isolés, et leur capacité créative est sabotée.

    La bonne communication, ouverte à toute idée tant qu’il ne s’agit pas d’attaques personnelles, va souvent à l’encontre des valeurs chinoises du respect et de l’harmonie. Il en résulte un échange bridé (!) et trop partiel des idées, et de là un blocage des idées créatives. Les Japonais, historiquement tout aussi confucéens que les chinois, se sont pourtant bien accommodés d’une bonne communication dans la démarche scientifique. Cela doit donc être accessible aux chinois aussi. Quand ils se mettront à communiquer comme les américains savent le faire, c’est là qu’il faudra avoir peur de l’innovation chinoise !