samedi 29 août 2009

La Chine, le pays des libertés?

Lors de mon passage en France en janvier dernier, la maman de Marie avait peine à me croire quand je lui disais que les Chinois qui vivaient autour de moi avaient l’air heureux. « Enfin, avec un pouvoir autoritaire comme ça, ce n’est pas possible ! » me disait-elle.

Hugo me confiait aussi un jour qu’il sentait sa liberté entravée par la présence de tant d’uniformes autour de nous. Bien que ce ne soient pas des policiers mais des simples gardes, c’est vrai qu’ils sont partout : bâtiments officiels, universités, métro, etc.

Bérengère m’affirmait il y a peu que si tu pouvais te balader n’importe où en Chine et à n’importe quelle heure sans risquer pour ta vie ou ton portefeuille, c’est assurément beaucoup plus à cause du pouvoir autoritaire que de la culture ancestrale imprégnée de confucianisme.

Si Bérengère est dans le faux, Hugo fâché et la maman de Marie incrédule, c’est qu’assurément, le sentiment de liberté est tellement ancré chez nous qu’il en est devenu un des critères principaux d’une vie heureuse.

Mais contrairement aux idées reçues, à moins de venir en Chine pour rétablir la démocratie ou réaliser l’indépendance du Tibet, c’est bien en Chine que je me suis trouvé le plus libre de mes mouvements. Cette idée est d’ailleurs bien contenue dans une expression à la mode parmi la communauté française de Pékin : « La Chine, c’est là où tout le monde regarde mais où personne ne te voit ».

Personne ne te voit, tu es libre. Libre de traverser la route même si le feu est rouge, même s’il n’y a pas de passage piéton, même si les voitures sont en train de passer, et même si un flic est là pour rétablir l’ordre. Tu es libre de prendre les routes en sens inverse, quel que soit ton véhicule. Tu es libre d’intégrer les meilleures universités alors que tu ne parles quasiment pas un mot de chinois. Tu es libre de passer la nuit au Mcdo si les hôtels sont pleins. Tu es d’ailleurs libre de rentrer à peu près partout "pour voir" et les grands hôtels t’ouvrent même leurs salons privés pour te permettre de voir la vue. Tu es même libre de rentrer en boite en short et tongs. Tu es libre de laisser ta climatisation arroser les piétons qui passent sous chez toi. Tu est libre d'installer un campement sur les trottoirs pour vendre des petites merdes. Tu es libre de balancer par terre tes emballages, tes clopes et ta salive. Tu es aussi libre d’annoncer publiquement ton dégout des noirs ou ta haine des Japonais.

Je pense que vous aurez compris à la lecture de mes exemples que la liberté, c’est bien. Mais que quand tu vis dans une ville surpeuplée d’individus dotés de ces libertés à outrance, ça devient rapidement le bordel. Quand aucune règle, officielle ou officieuse, n’est respectée, on réalise que des limitations s’imposent d’évidence dès lors que l’on vit en société…

C’est sans doute la raison pour laquelle Antoine, parti au Japon, et moi, parti à Taiwan cet été, avons finalement trouvé un certain réconfort et un bonheur de vivre dans une société qui respecte quelques règles de vivre ensemble…

Je rajouterai pour finir que si la Chine est le pays où tu es libre de tes mouvements, ça n’est pas le pays de la liberté d’opinion et de la circulation de l’information. Ici je retiens mes mots devant mon prof, ici les sites internet sont de plus en plus bloqués, ici la propagande fait son boulot…

vendredi 28 août 2009

Bienvenue à Pierre !


La relève est arrivée! Bienvenue à Pierre qui suit nos traces et tente à son tour l'aventure à Tsinghua! 4ème x de l'histoire à venir faire sa 4ème année en Chine, 4ème x de l'histoire à venir faire sa 4ème année à Tsinghua. Vous avez dit grégaire ? ;-)

C'est la rentrée!

Cette semaine, c'etait la rentree des eleves de premiere annee a Tsinghua. Le calme et la serenite qui flottaient sur le campus la semaine precedente ont ete remplace par un fourmillement agite et excite. Des stands sont installes un peu partout sur le campus, ici on vient remplir quelques formalites admnisitratives, un peu plus loin on va prendre contact avec son departement et s'informer du calendrier des semaines a venir, et en revenant vers son casert, c'est le moment de faire des affaires. Sous les parasols, on y trouve de tout, des velos aux bidons d'eau, des operateurs telephoniques aux banquiers. Il faut imaginer quelques milliers d'etudiants accompagnes de leur deux parents, venant faire leurs marches dans les rues de Tsinghua. Pendant que mademoiselle tente bien que mal de monter pour la premiere fois de sa vie sur une bicyclette, maman demarche les bassines et les thermos et papa lui reserve sa toute premiere carte bancaire, ainsi qu'une carte de rechargement telephonique consequente, histoire de s'assurer qu'elle pourra appeler la maison chaque jour. Bref, c'est la fin d'une ere pour beaucoup de 1ere annee, la fin de l'ere je suis enfant unique avec 2 parents et 4 grands parents a mes petits soins. Point de critique infondee dans mes propos, ce sont des choses que j'entend incessamment dans la bouche des Chinois. Aujourd'hui, les enfants apprennent a avoir de bons resultats a l'ecole, mais de la vie, ils n'en savent pas grand chose. En Chinois, on parle de 四二一综合症.


Le marché de Tsinghua au pied des caserts


"Ma fille, il te plait ce vélo?"

mercredi 26 août 2009

Les camions poubelles taïwanais !

Aujourd’hui, l’article qui fera vraiment perdre la face à Violette : les camions poubelles à Taiwan ! 今天是妹子好丢脸的文章:台湾的垃圾车!

Les camions poubelles, vous allez penser que je ne sais vraiment plus quoi écrire… Et pourtant, c’est bien vrai, le camion poubelle est un souvenir de Taïwan que je ne pourrai jamais oublier !

L’histoire commence à Taizhong, un petit matin alors que je dors profondément, une petite musique me sort doucement de mon sommeil. Une petite sonnerie qui me rappelle celle qui passait parfois sous ma fenêtre à New York, la sonnerie du marchand de glace ! Je me rendors en rêvant de boules au chocolat, à la vanille… Puis la musique revient. Elle ne cessera d’alterner crescendo et decrescendo jusqu’à ce que je me décide à me lever définitivement.

Puis en sortant pour aller petit déjeuner, je tombe nez à nez avec mon marchand de glace. Et là, large déception. Il ne sent pas la fraise ni le chocolat le camion. Il est tout jaune, il est gros, et il sent pas bon. Normal, c’est un camion poubelle.

Le Leseche!

Et à Taiwan, le ramassage organisé des ordures, et bien, c’est plus communiste que ce qui se fait en Chine, chacun met la main à la pate. Pas de jour prévu pour le passage du camion poubelle, pas de grosse poubelle à sortir avant d’aller se coucher, non, ici on attend d’entendre le carillon du camion poubelle pour se précipiter hors de chez soi avec les ordures dans les mains pour aller les jeter soi-même dans le camion ! Voyez ici, le ramassage des poubelles à Gaoxiong, la 2ème plus grande ville du pays :

Tel une lumière divine, le camion poubelle approche...


Et la petite dame coordonne les opérations!

A partir de ce jour, le carillon du camion poubelle n’aura cessé de retentir à toutes heures dans mes oreilles. Non qu’il soit si bruyant, mais sa musique est si caractéristique que j’ai appris à le repérer à des kms. Ah vraiment, le leseche (垃圾车c’est comme ça qu’on dit à Taïwan, ça c’est pour toi Jonathan ;-) ), un très grand souvenir !

J’ai pris une petite vidéo pour immortaliser la douce mélodie, écoutez un peu :



Et dire qu’il y a quelques années c’était la lettre à Elise…

mardi 25 août 2009

Une histoire de langues

Aujourd’hui, parlons un peu langage, après tout c’est un aspect important de ma vie et de mes pérégrinations dans la sphère culturelle Chinoise. L’île de Taïwan, malgré sa faible étendue géographique, est en effet dotée d’une très grande richesse linguistique.

Les aborigènes d’abord ont leur propre langage, dont je ne sais à vrai dire rien, n’en ayant pas rencontré un seul… Il faut dire qu’ils vivent souvent en communauté dans les montagnes, et les villages montagneux ont été mis à rude épreuve par le typhon. Ça n’était pas le moment de leur rendre visite !

Les colons de la vieille époque, si vous vous souvenez du précédent article, sont akhas ou fujianais et parlent leurs langages respectifs, plus ou moins loin du mandarin, et avec plus ou moins de tons (il en existe entre 6 et 9, comme en Cantonais, pour le minnan ou 闽南话, le langage des fujianais.

Ensuite beaucoup de personnes âgées parlent couramment le Japonais, vestige de l’occupation Japonaise, mais il n’a pas été transmis aux jeunes générations.

Le dernier langage, le mandarin, fut imposée au taïwanais suite à la « libération » de l’ile par la Republic of China et sous la loi martiale imposée par le général Chiang. Les jeunes et moyennes générations parlent donc tous mandarin. Mais le 台语, traduit littéralement en langue de Taïwan, désigne le minnan hua, le langage des colons du Fujian. Le grand-père de Violette ne parle ainsi que minnan hua, et japonais !


Concentrons-nous maintenant sur le mandarin, la seule langue que j’ai pu appréhender sur place. Bien qu’ayant été imposé par des Chinois originaires de Chine, des petites différences existent entre le mandarin de Taïwan et celui de Pékin. Mais quand on connait les différences de langage entre un marseillais et un parisien, cela ne devrait pas nous étonner. Je crois qu’on peut distinguer trois grandes différences : les caractères, le champ lexical, et l’intonation.


Tout d’abord, les caractères. A Taïwan, comme à Hong-Kong et dans toutes les chinatowns de l’étranger, on n’est passé à travers les révolutions communistes, en particulier, celle de la simplification des caractères. On écrit donc encore avec les caractères traditionnels. Je ne me suis pas intéressé en profondeur au débat relatif à la simplification des caractères en Chine, mais en quelques mots, l’idée directrice était d’accélérer l’écriture à la main à une époque où le mot d’ordre était le progrès à tout prix. Quelques exemples frappants parmi les caractères les plus courants : 讀書 devient 读书,讓 devient 让,買賣 devient 买卖. Les caractères traditionnels sont composés d’un très grand nombre de traits, et il est indéniable que l’écriture en caractères simplifiée est beaucoup rapide. Mais une partie de la culture et de la logique, une partie du charme et de la beauté aussi, ont disparu avec la simplification. Ce n’est pas pour rien que les calligraphes de Chine continuent à peindre et dessiner en caractères traditionnels.

HK et ses caractères traditionnels

D’abord un peu perdu à mon arrivée à Hong-Kong, j’ai appris petit à petit à décrypter les caractères traditionnels. Et miracle, lorsque l’on maitrise bien les constructions en caractères simplifiés, on devine assez aisément à quel caractère on a affaire, car c’est le même, mais sous des habits différents. Et j’avoue que l’excitation passée… le charme reste ! Quel plaisir encore hier de pouvoir reconnaitre les caractères laissés sur le sol par un calligraphe de rue ! Bref, la découverte des caractères simplifiés fut une petite source de jouvence dans mon apprentissage du chinois. Et puis, la lecture des caractères traditionnels, c’est l’étape obligée vers les informations en chinois, mais libre… et les karaokés, tous produits à HK !


La différence entre les caractères simplifiés et traditionnels est une chose, les différences dans le champ lexical en est une autre. Voici quelques exemples, tout en caractères simplifiés : Le vélo, 自行车, le véhicule aux roues libres, devient 脚踏车, le véhicule où l’on appuie sur ses jambes. Le taxi, 出租车, le véhicule de location, devient 计程车. Le blog, 博客 transcription phonétique du terme anglais, est ici traduit en 网志, le journal en ligne. Ça rappelle un peu les différences franco-québécoises !

Les différences lexicales se font aussi de façon plus fines, mais là, je dois m’en remettre à une totale confiance de Violette qui me dit qu’elle fut souvent frappée à Pékin en apercevant les publicités, dont les slogans ne pourraient pas passer à Taiwan, car utilisant des termes qui apparaissent choquant aux yeux des taïwanais. Il semblerait aussi que les continentaux aient fait une croix sur le chinois classique alors qu’on continue à faire appel à lui à Taiwan. Ceci dépassant mes limites, nous attendrons que Jonathan ait atteint lui aussi la belle ile pour qu’il nous en dise plus.

Une dernière chose sur le champ lexical, à propos de la langue orale. J’ai enfin découvert un 标准, un standard en arrivant sur l’ile, et cela facilite grandement la compréhension lorsque l’on est étranger ! Un autre point de vue, celui de Murielle, beaucoup initiée que moi dans la langue et la culture chinoise, c’est que la langue orale apparait du coup beaucoup plus pauvre.


La dernière différence est dans la façon de parler. En 3 mois, Les continentaux reconnaissent les taïwanais, et ça marche à chaque fois ! Ils décrivent d’ailleurs le mandarin parlé par les taïwanais comme une langue très douce, articulée avec plus de suavité, qui se distingue des voix rocailleuses pékinoises… Ajouté à cela une accumulation de 尾音, son que l’on ajoute à la fin de presque chaque phrase à l’oral pour adoucir : a, ya, la, ye, o, etc. Vous avez tout compris - la - ? Parfait – oh - ! A bientôt pour le prochain article et un sujet beaucoup plus original !

dimanche 23 août 2009

慢慢吃! Bon appétit !

Le Lonely explique que le but principal d’un guide de voyage est de donner au lecteur les quatre informations suivantes. D’abord, pourquoi y aller ? Puis, qu’y voir, qu’y faire, quoi y manger ?

Pour Taiwan, je crois qu’on pourrait résumer les réponses ainsi : Pourquoi y aller ? Pour manger. Qu’y voir ? Des night market avec leurs multiples petits stands pour tous les appétits. Qu’y faire ? La tournée des night market. Qu’y manger ? La liste est longue, la bouffe est tellement variée, et jamais identique d’un endroit à un autre !

好吃,好吃! 这个很好吃! 你吃看看吧!你吃过这个吗? 吃看看吧! 我去过这里,非常好吃!我们去吃一下吧! 嘿,这里也好吃! 你吃饱了?没关系,你一定要吃这个喔!

C’était l’exemple d’une discussion que l’on peut avoir en passant à travers un marché de nuit. Vous n’avez pas tout compris ? Pourtant, c’est simple, je n’ai quasiment utilisé que les caractères gouter, manger, bon, très, super…


La préoccupation première d’une taïwanaise ? Manger !

Mais au fait, qu’est-ce que c’est exactement un marché de nuit ? C’est un marché qui envahit les rues commerçantes, on en trouve généralement plusieurs par ville, ils sont là tous les soirs pour les plus populaires, et c’est un déploiement de petits stands qui viennent se juxtaposer aux boutiques en dur. On y déambule à la sortie du lycée, du boulot, on picore un petit ravioli ici, on attrape un verre de jus de pastèque frais, on essaye les nouvelles paires de converses, on commande une petite galette, on va lancer quelques ballons de basket dans la salle d’arcade en attendant que ça refroidisse, on termine avec une salade de légume, touffu et viande marinée que l’on va déguster assis sur un banc en écoutant un sympathique chanteur de rue.

Ça vous fait envie ? Venez à Taïwan ! Il parait qu’on en trouve aussi dans le sud de la Chine, mais à Pékin, c’est encore un peu maigre, un peu crado aussi. Plus que l’absence de politesse ou de service correct, je crois que ce qui manque le plus à un taïwanais à Pékin, c’est vraiment le marché de nuit !

Quelques photos avec ou sans rapport avec les marchés de nuit

Des petits stands de bouffe les uns dernière les autres au night market de yizhong (一中)


Ici, on commende ce qu'on veut, le monsieur derrière nous découpe tout en petit morceau et nous tend une sympatique petite salade


Pareil, mais avec d'autres ingrédients

Second exemple du « manger à l’asiatique », déjà rencontrés à Singapour, les food courts rassemblent un grand nombre de stands et restaurants, toujours à petits prix, mais l’hygiène et la diversité sont là ! A Taipei, on en trouve entre autres au premier étage de la gare centrale, ou ici au basement de 101, la tour la plus haute du monde (du moins pour quelques semaines encore !)

Food court luxueux au sous-sol de 101

Notre visite du port de Taizhong. Bien sur, on admire les bateaux de pécheurs qui entrent et sortent du port, on respire l’air marin, mais comme d’habitude, ce qui nous intéresse ici, c’est : que put-on y manger ! A peine rentrés dans l’enceinte du port, on est accueilli par tout un tas de petits stands qui proposent des petites barquettes de coquillages, histoire de se mettre en appétit. Puis on rentre dans le marché à proprement dire, et là, c’est magnifique !


Des stands de poissons et de fruits de mer partout, ils donnent tous envie ! Et bien qu’ils ressemblent aux poissons de chez nous, ce ne sont pas les mêmes espèces ! Je vous assure que j’ai essayé de savoir quel genre de poisson c’était. Les marchands ne connaissaient généralement le nom des poissons qu’en taïwanais, Violette m’aidait à traduire en mandarin, mon dico me donnait la traduction en anglais, et Wikipédia me donna la traduction ultime en français… et ce ne sont pas les poissons que l’on a habituellement dans nos assiettes ! Enfin, je parle pour vous, parce qu’ici, on achète le poisson qui nous fait envie, et on peut le déguster sur place à la sortie du marché, magique, non ?

On peut même acheter juste les têtes :-)


Le 挫冰, plat typiquement taïwanais, une ile habituée à avoir chaud : tu prends de la glace pilée, et tu rajoutes pleins de choses dedans, en fondant, dans l’assiette ou dans la bouche, tout se mélange, et c’est so refreshing !


Ici un food court sur l'ile de Qijin, on y déguste que des fruits de mer.


L'anguille était un délice!


Visite de Jiufen (九分). Objectif principal: déguster les spécialités locale! Mmm, un peu trop QQ à mon gout...

Bon appétit!

jeudi 20 août 2009

Taïwan et la Chine

Maintenant que l’on connait un peu mieux les origines de Taiwan et de ses habitants, nous pouvons espérer appréhender avec un peu plus de discernement l’épineux problème de ses relations avec Pékin. Commençons par quelques faits :

  • Le nom officiel de la Chine est 中华人民共和国, République Populaire de Chine. Celui de Taiwan est 中华民国, République de Chine.
  • L’une des deux compagnies aériennes internationales basées à Taiwan est dénommée China Airlines, que l’on ne doit pas confondre avec Air China, elle propriété de la république populaire de Chine. Comme cette compagnie aérienne, la majorité des grandes entreprises publiques de Taiwan portent le nom China : China Steel, China Telecom, Chinese Petroleum, China Shipbuilding, etc.
  • Taiwan est dotée du statut administratif de région (省) par la République Populaire de Chine. Pékin propose à l’ile de prendre le statut de région administrative spéciale en suivant l’exemple de Hong-Kong ou Macao.
  • Les vieux scooters portent sur leur plaque l’inscription 台湾省, région de Taiwan, les scooters neufs ne l’ont plus.
  • Jamais aucun traité d’indépendance ne fut déclaré par Taiwan.
  • Actuellement, seulement 23 états reconnaissent la république de Chine.
  • Une délégation taïwanaise était présente aux JO de Pékin. Elle portait le nom de Chinese Taipei. Hong Kong avait aussi sa délégation propre.
  • Taiwan a eu un siège de membre permanent du conseil de sécurité de l’ONU dès la création de l’institution, jusqu’en 1971, date à laquelle la république populaire de Chine fut admise à l’ONU tandis que Chiank Kai Check retirait la république de Chine.
  • Les Etats-Unis ont déclaré le Taiwan’s Relations Act stipulant qu’ils reconnaissaient la République Populaire de Chine comme légitime sur l’ensemble du territoire Chinois, incluant Taiwan, mais qu’ils défendraient Taiwan en cas de toute agression.


Reprenons maintenant la trame historique un tout petit peu plus en arrière que nous ne l’avions laissé, alors que Chiank Kai Check est toujours président de ROC (Republic of China) et dictateur de Taiwan placée sous loi martiale. Son idée première en investissant Taiwan était de revenir pour renverser les communistes et retrouver sa légitimité sur toute la Chine en prenant appui sur cette base arrière que représentait Taiwan. De cette période là subsistent deux systèmes politiques revendiquant la légitimité sur le territoire incluant la Chine continentale comme l’ile de Taiwan.

Avec la fin des combats et la mort du général Chiank, la dictature se fait moins dure à Taiwan, et la loi martiale est petit à petit abandonnée. La fin de la loi martiale est déclarée en 1987 et l’ancien premier ministre devient le premier président de Republic of China né sur l’ile de Taiwan.

Avec la progression du débat démocratique ressortent deux partis majoritaires : le guomindang conservateur, et dont la politique se conjugue avec la volonté d’améliorer le dialogue avec Pékin, et peut-être arriver un jour à une réunification. On parle du parti bleu. Le deuxième est le parti progressiste. Son but est opposé, donner à Taiwan une indépendance effective vis-à-vis de la Chine. Il s’agit du parti vert.

Le guomindang fut au pouvoir sous l’ère des Chiank puis durant les premières années de la démocratie, jusqu’en l’an 2000. Durant ces années là, Taiwan prospérait économiquement et était un formidable partenaire commercial pour la Chine continentale. La population taïwanaise bénéficiait d’un enrichissement et d’une amélioration des conditions de vie. Les hommes d’affaire taïwanais investissaient de larges sommes en Chine continentale, les fabriques étaient délocalisées sur le continent où la main d’œuvre était moins chère, et l’industrie de l’ile se reconvertissait dans le secteur high-tech de l’informatique, ils sont toujours numéro un dans le domaine, avec deux marques de prestige : Acer et Asus.

Mais. Car bien sur, il y a un mais. Mais il existe un gouffre entre la population de l’ile et celle du continent. Elles ont beau avoir des origines communes, celles-ci remontent à un ou plusieurs siècles. Aujourd’hui, il est bien difficile de trouver un taïwanais dont une partie de la famille se trouve sur le continent. C’est seulement le cas des derniers immigrants arrivés avec le général Chiang, mais ceux-ci sont très minoritaires et ne furent que difficilement intégré à la société.

Ensuite, et c’est certainement là le plus important, il existe un gigantesque mépris des taïwanais envers les continentaux. A Taïwan, on les appelle les daluren (大陆人), les continentaux, quand il faut faire bonne figure, les A-la-a quand ils sont entre eux, c’est en taïwanais, et c’est un terme très condescendant. Arrêtez de leur demander en plaisantant (tout le monde le fait) s’ils sont Chinois, ils détestent ça !

Et puis quand les taïwanais arrivent à Pékin, comme ce fut le cas de Violette pendant 6 mois, ils ont bien du mal à comprendre pourquoi la rue ressemble à un décharge publique, pourquoi on jette les détritus à travers les vitres des bus, pourquoi on crie aussi fort dans la rue ou dans les restaurants, pourquoi on s’insulte aussi facilement dans la rue, pourquoi on fait preuve d’un tel manque de courtoisie, de politesse.

Bref, le taïwanais ne ressemblait déjà pas tant que ça au continental il y a un siècle, et pendant que les uns étaient dirigés par les occupants Japonais vers la modernité, les autres étaient plongés au fond du trou à coup de bond en avant et de révolution culturelle. Si la Chine d’aujourd’hui n’est plus celle de l’ère Mao, elle en garde les conséquences. Indéniablement, au moins par l’aspect culturel, le Taïwanais ne ressemble pas au Chinois.

Ainsi comment la population taïwanaise peut-elle supporter d’entendre Pékin répéter inlassablement que Taiwan est une province Chinoise comme une autre ? (Le quidam d’en la rue de Pékin en est d’ailleurs intimement persuadé.) Evidemment, pas très bien. Il ne fut donc pas bien étonnant d’assister à une large victoire du parti vert, le parti progressiste, en 2000, qui allait enfin mener Taïwan vers la place qu’elle mérite : un pays indépendant et reconnu.

Mais. Et oui, il y a encore un mais. Mais les mesures qui furent prises ne plurent pas. Et pour cause. Si pendant les 8 ans de pouvoir du parti vert, aucun traité d’indépendance ne fut déclaré officiellement, le gouvernement taïwanais ne cessa de titiller la Chine, à l’image de l’annulation de tout vol direct entre l’ile et le continent. Tant et si bien que les relations commerciales se compliquèrent, et les affaires se firent de moins en moins nombreuses. Conséquence directe : appauvrissement de la population qui le ressent fortement. Ajouté à cela pas mal de « bétises » et d’histoires de corruption ou affiliées, ce furent 8 ans finalement bien difficiles pour Taiwan. En 2008, même si le taïwanais ne se sent toujours pas plus proche du Chinois, c’est poussé par des considérations économiques qu’il remet le parti bleu au pouvoir.

Que dire en conclusion ? Je crois que la situation peut en faire se modéliser très simplement. Taiwan, c’est un noyau périphérique dans une molécule. La force coulombienne créée par les noyaux centraux cherche à repousser ce noyau périphérique, mais les liaisons covalentes créées par la mise en commun d’électrons est plus forte et les empêche de se séparer . Si les électrons grossissent beaucoup, une fusion peut avoir lieu. Mais si on secoue beaucoup la molécule, l’atome périphérique sera éjecté...

Vous m’avez compris ?

Si non, j'ai plus simple:

Tu vends les shots de Tequila à 5 kuais, ça rapproche tout de suite!

mercredi 19 août 2009

Le Typhon

Bon, d’abord, qu’est-ce que c’est un typhon ? Je jette un coup d’œil au petit Robert, du chinois taifeng (台风), grand vent, désigne les cyclones des mer de Chine et de l’océan Indien. Ahhhh, un typhon, c’est simplement un cyclone, et la désignation typhon rajoute une précision géographique. Voilà, cela vous servira peut-être si vous allez à Question pour un champion, ou comme papa à coller les gens autour de vous.

Alors un typhon, c’est un cyclone de mer de Chine. Bon, qu’est-ce qu’on trouve en mer de Chine ? Hong-Kong, ok, Taiwan, ok, le Japon, ok, tous les trois auront eu le droit à leur typhon respectif durant la première quinzaine d’aout, pas de jaloux !

Durant mon passage à HK, j’avais vu quelques images des typhons les plus violents de l’histoire de la ville, et c’est très très impressionnant. Je me souviens notamment des images d’un immense tas de voitures encastrées et empilées les unes sur les autres, balancées par les vents terriblement puissants du typhon. Cette année le premier typhon de l’été à attendu que je m’éloigne de la ville pour s’approcher, et il s’est abattu sur les grattes ciels le lendemain de mon départ.

J’avais manqué le typhon d’HK, j’étais un peu déçu. Le lendemain, Violette m’annonce, l’air dépité, qu’un nouveau typhon est en approche, et ne devrait pas éviter Taiwan comme le précédent. Moi sur le moment j’étais plutôt content de pouvoir assister à cette force de la nature, en toute sécurité dans un pays qui à l’habitude de ces phénomènes météorologiques, il en arrive toutes les années en été et en automne. Maintenant je n’ose plus trop l’avouer quand on sait les graves conséquences qu’il a eues, en particulier un village de montagnes ravagé par une gigantesque coulée de boue provoquée par les précipitations monstrueuses. Notre typhon était baptisé Morakot, et vous en avez certainement entendu parler en France, même si les sites d’information du monde et du figaro sont restés bouche cousue jusqu’à ce qu’il commence à menacer la Chine et provoque le déplacement d’environ un million de Chinois.

Revenons un peu sur comment nous avons vécu le passage du typhon. Dès samedi soir (le 1er aout), le soir de mon arrivée, la ville de Taoyuan (桃园) était balayée par des bourrasques de vent violent. Le signe annonciateur de l’approche d’un typhon répétaient les taïwanais. Et effectivement, les télévisions commençaient à annoncer la formation d’un typhon à l’est, et recommandaient à la population de se maintenir au courant en vue de son arrivée prévisible sur l’ile la semaine suivante. Le lendemain les bourrasques ont continué, et dès lundi soir, alors que nous étions à Taipei sur la tour la plus haute du monde (101) les fortes pluies ont commencé à tomber.

Le ciel s'assombrit au dessus du palais impérial de Taipei...


... comme sur la tour 101.

Mardi, jour de répit alors qu’on se balade autour de Taipei, et mercredi à Taizhong (台中), les choses sérieuses commencent. Des de fortes précipitations s’abattent à partir de la mi-journée, et les télévisions commencent à lancer leurs alarmes typhon car celui-ci est proche !

Le lendemain vendredi, pareil, une pluie très abondante qui débute en mi-journée (le retour de Dajia fut très très humide !) et en début de soirée le typhon est là : le vent s’est levé, il est fort, très fort. Entre les précipitations massives et ce vent en furie, on ose même plus sortir pour aller diner ! Le lendemain, grasse mat à la place d’aller visiter Tainan, accalmie au niveau de la pluie, on en profite pour sortir prendre le petit dej. Le vent est toujours très fort, et ce qui est incroyable, c’est qu’il change de directions toutes les 30 secondes ! Bref, c’est un cyclone !

On profite d’une des dernières lignes de bus encore ouverte pour nous rendre à Gaoxiong (高雄) avant la nuit, et j’insiste pour que nous nous approchions du bord de mer pour admirer la violence de l’océan dans ces conditions infernales, comme on pourrait le faire au Tréport un jour d’orage. Mais un typhon, ce n’est pas qu’un simple orage, il nous tombe des paquets d’eau sur la tête (il aura plu 2m d’eau dans la semaine) et le vent souffle, souffle, et nous claque la pluie dans la figure. Arrivés sur le littoral, on constate que la police a interdit l’accès aux plages, chemins, et route sur bord de mer. C’est pas plus mal comme ça, et on peut quand même admirer la violence des vagues de loin. C’est fou, c’est fou la violence avec laquelle les vagues viennent se briser sur les rochers. Bien sur pas de photos, avec cette pluie, il me faudrait un appareil amphibie !

Le soir, toutes les chaines sont branchées sur le typhon. On décrit son avancée, son centre est encore sur la partie Est de l’ile, ralentie par la haute chaine de montagne centrale (sympa pour les habitants de l’est). On passe en situation 停班停课, les élèves ne vont plus en cours, les parents ne vont plus au travail. Le lendemain matin, on voit une journaliste à la télé sur le lieu de notre « promenade de la veille », elle s’est approchée du bord, et elle a raison de pas être rassurée ! Comme on ne va quand même pas rester une journée entière sans sortir, on prend un taxi jusqu’au métro, et on passage la journée au centre commercial-ciné. Les portes et fenêtres sont cadenassées pour résister à la force du vent…

Dimanche, le gros du typhon est passé. On peut sortir et aller se balader sur l’ile de Qijin (旗津) et constater quelques effets du passage du typhon : le littoral est recouvert de sable qui s’est avancé beaucoup plus loin que la plage, la plage est recouverte d’ordure… et un peu plus loin c’est un bateau échoué.


A Gaoxiong


Sur l'ile de Qijin


A ce moment là, l’œil du typhon a quitté Taiwan, les vents violents ont cessé, mais les péripéties ne sont pas encore finies, et le pire reste à venir concernant Taiwan. Ce dimanche en fin de journée ainsi que les 3 jours suivants, il a continué de pleuvoir, pleuvoir, pleuvoir, et associées à toutes les précipitations déjà tombées, cela fait beaucoup. Beaucoup trop. Plus de 2m. Ce sont les précipitations les plus abondantes des 50 dernières années. Les fleuves grossissent, emportent les ponts, les routes et les constructions trop proches de la rive. Des coulées de boue apparaissent un peu partout dans cette ile très montagneuse, et dans un village, c’est la catastrophe. D’une manière plus générale, les villages de montagne (compter quand même plusieurs dizaines de milliers d’habitants, Taiwan est le deuxième pays le plus densément peuplé au monde derrière le Bangladesh) se retrouvent coupé du monde, et l’armée intervient à grand renfort un peu partout pour secourir les blessés et approvisionner la population. 380 hélicoptères et 20 000 hommes ont été déployés pour l’occasion.

Mercredi alors que nous nous dirigeons vers Kenting, nous voyons les dernières gouttes de pluie, et jeudi, ça y est, le beau temps est revenu !

Bord de mer, dans le parc de Kenting


Une conséquence, elle heureuse pour les taiwanais, du passage du cyclone, ce sont les bancs de poisson qui s’agglutinent le long des cotes. Ici sur une plage à Kenting, les maitres nageurs et loueurs de jet-ski se sont reconvertis en pécheurs à la ligne. Un poisson par minute, c’est époustouflant. Il lance la ligne. 10 secondes plus tard, ça a mordu. Des fois, c’est même deux poissons d’un coup ! On les voit faire l’aller-retour en courant entre leur caisson ou ils entassent les poissons et se rechargent en amas, au pas de course bien sur, c’est une occasion à ne pas manquer (不可以错失良机!)!

Des pécheurs en rang d'onions


Aujourd'hui, c'est le pactole!

A ce moment là, le typhon était loin, parti vers Shanghai...

mardi 18 août 2009

Taiwan, une ile occupée

Premier volet d’une série d'articles spécialement consacrée à Taiwan, je commencerai aujourd’hui par une approche historique, et sous le thème : Taïwan, une ile continument sous occupation.

A l’origine Taiwan était une ile peuplé d’indigènes à l'instar de la majorité des iles locales, proches du continent, comme Hong-Kong, ou plus éloignées, comme le Japon. Les tribus aborigènes (原住民) se partageaient le territoire sans forme d’organisation globale et furent rejointes à partir du XVème siècle par des populations venues de Chine continentale, essentiellement fuyant l’instabilité politique du Fujian (福建), la province située en face de l’ile (une petite centaine de km tout de même), ou la pauvreté du Nord de la Chine concernant les hakkas. On peut remarquer que le peuplement est très proche de celui de Hong-Kong ou de Singapour, même si pour ces deux dernières iles, les cantonnais ont aussi constitué une part importante de l’immigration.

Aborigènes, fujianais et hakkas forment ainsi le socle de la population taïwanaise, et la majorité des habitants d’aujourd’hui descendent de ces trois origines. Mais avant d’arriver à la situation actuelle, ces populations auront souffert bien des maux, sous occupation quasi perpétuelle à partir du moment où l’ile fut découverte par les portugais au XVIème siècle. Ceux-ci ne s’emparèrent pas de l’ile, mais les récits qu’ils rapportèrent concernant Formose, la belle ile en portugais, ramenèrent d’autres européens avides : les hollandais. Ceux-ci s’emparèrent de l’ile et restèrent maitres de l’ile durant une quarantaine d’année au XVIème siècle, apprenant à la population locale ce que l’oppression signifiait.

Avec la défaite de l’empire Ming, envahi par les Mandchous venus du Nord-est, vint la deuxième occupation taïwanaise : celle des Ming. Le général 郑成功 Zheng Chenggong, dirigeant ce qu'il restait des forces Ming décida de se retirer sur l’ile de Taiwan pour préparer la reconquête de la Chine (c’est amusant, c’est une histoire déjà entendue quelque part…) et renvoya les hollandais chez eux dans la manœuvre en 1662. C’est d’ailleurs la victoire sur les hollandais qui fit du général Zheng plus un héros qu’un tyran. De toute manière, sa main mise sur l’ile ne dura pas longtemps, il mourût dans l'année, et son fils qui reprit les rênes du pouvoir fut rapidement vaincu par les Mandchous.

Nouvelle occupation donc, celle des Mandchous. Mais elle ne fut pas terrible pour la population car Pékin ne se souciait en fait guère de cette ile, laissée sans réels dirigeants jusqu’à l’occupation suivante, celle des Japonais qui annexèrent l’ile après leur victoire sur la Chine en 1895 à l’issue de la première sino-japonaise.

Contrairement aux Qing mandchous, les japonais investirent l’ile, et au prix d’une mainmise forte sur les taïwanais, développèrent l’ile à leur guise. L’ile se modernisa énormément et la population, passée quelques temps, finit par accepter l’envahisseur et la cohabitation se fit plus sereine. Rien à voir avec l’occupation de Hong-Kong ou Singapour durant la seconde guerre mondiale. Des dizaines de milliers de taïwanais furent d’ailleurs enrôlés par les japonais pour servir dans leurs rangs…

De cette occupation subsista une industrialisation avancée de l’ile et une culture d’origine chinoise fortement influencée par la voisine japonaise. L’exemple le plus marquant est certainement la politesse et le respect des règles que manifestent les taïwanais, surtout dans le nord de l’ile. Pas question de traverser si le petit bonhomme est rouge !

C’est durant l’occupation japonaise que les taïwanais virent le bouleversement politique de la Chine : fin de l’empire, création de la république de Chine (ROC : Republic of China) par le Kuomintang (KMT), création du parti communiste, guerre civile entre les deux partis et l’invasion japonaise. La défaite de l’empire nippon en 1945 libère Taïwan qui retourne en Chine, en république de Chine pour être précis. Chiang Kai Chek (蒋中正), leader du KMT envoie Chen Yi pour diriger l’ile. Celui-ci réprima la population d’une main de fer, et les taïwanais ne se sentirent pas libérés des Japonais, mais plutôt réoccupés par un adversaire des plus cruels : le chinois de Chine continentale. Tout opposant au pouvoir, réel ou supposé, était arrêté et exécuté.

Avec la défaite du KMT en Chine continentale, Chiang Kai Chek récupère le maximum d’objets d’arts (dévalise la cité interdite cela dit en passant) pour les « protéger » (pas si faux au final, quand on sait que la révolution culturelle suivra) et s’enfuit avec son armée sur Taïwan, avec comme espoir… de reconquérir la Chine ! Le parallèle avec le général Zheng est saisissant, l’occupation hollandaise étant remplacée par l’occupation japonaise et l’envahisseur mandchou par le parti communiste.

Mais le parallèle s’arrête là car le général Chiang une fois arrivé à Taiwan continue la politique débutée par Chen Yi et la population est maitrisée d’une main de fer : c’est la loi martiale, Chiang est le dictateur, et quiconque osera prononcer une tentative de critique sera puni de mort. Les pratiques sont barbares et ressemblent étrangement à ce qui se fait chez le voisin communiste.

La loi martiale est justifiée par l’opposition militaire avec les communistes et 20 années s’écoulèrent avant que les violents combats ne cessent. 20 années durant lesquelles Taïwan sous le nom de ROC était présent à l’ONU et protégé militairement par les Etats-Unis. Il faudra la rupture sino-soviétique et la fin de l’ère Chiang pour que les choses changent. Les combats se calment, la loi martiale est finalement abandonnée et les Etats-Unis déclarent l’étonnant Taiwan Relations Act reconnaissant le parti communiste comme dirigeant de la Chine incluant Taiwan mais continuent à affirmer qu’ils interviendront pour protéger l’ile en cas d’agression militaire…

Aujourd’hui Taiwan s’est remis de cette période difficile de loi martiale et a évolué sous la forme d’une république depuis 1988, république qui échappe enfin aux mains des envahisseurs les plus récents puisque les présidents successifs seront tous des natifs et non des réfugiés de Chine continentale. L’analyse plus précise de l’histoire moderne de Taiwan et notamment ses relations sulfureuses avec la métropole seront le sujet de l’article suivant : à demain !

dimanche 16 août 2009

Back from Taïwan


Me voici de retour en Chine continentale à l'issue de ce second voyage de l'été, voyage assez prolifique en tampons sur le passeport: 2 pour la Chine, 6 à HK, 2 à Macao et 2 à Taiwan!

Ce qui frappe avant tout en revenant en Chine continentale, c'est le bruit. Pensant que mes acouphènes me jouaient des tours et "engueulé" par Julien a chaque fois que j'osais dire que la Chine était un pays bruyant, j'avais fini par me faire a un nouveau standard. Ainsi quand Violette me parlait de la difficulté de vivre à Pékin en venant de Taïwan et quand les amis de France me serinaient a quels point ils trouvaient les Chinois bruyants, je ne les croyais plus vraiment.

Mais aujourd'hui, après avoir passé 2 semaines en "Chine civilisée", le contraste fait mal. Qu'est ce qu'ils sont bruyants! Ils hurlent dès qu'ils ouvrent la bouche! Sur l'ile, c'était d'ailleurs assez frappant, les seuls qui hurlaient dans la rue, c'était les Chinois... Aujourd'hui je commence déjà à regretter les douces voix taïwanaises, ce mandarin si standard, et articulé avec légèreté, et cette politesse dans les échanges. Ahh, le xiexie du chauffeur de bus offert a tous les passagers réglant leur ticket...

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Le trajet pour revenir à Pékin aura été long. Un premier segment samedi entre Taizhong et Hong-Kong dans un des trains les plus high tech du monde puis en A330 au dessus du détroit de Taiwan, le deuxième segment aujourd’hui avec escale à Shanghai, les billets à petits prix, ça se mérite ! Tout s’est bien déroulé jusqu’au dernier vol. Nous étions censés arrivés à 18h à Pékin, mais suite à une panne moteur, nous avons été dérouté vers le vétuste deuxième aéroport de Shanghai… par chance la panne a été détectée avant le décollage, et c’est en bus que nous avons fait le trajet !

Mais la mésaventure aura vraiment fait montre du caractère impatient, impoli et extrêmement bruyant des chinois. Cela faisait bizarre de voir la famille toute sage de Japonais qui ne savait absolument pas ce qui se passer à cote des chinois qui vitupéraient sur les pauvres employés d’Eastern Airlines (qui fournit des bons repas mais ne tient jamais ses horaires soit dit en passant)…

Pour vous montrer que la route qui m’attend pour me réhabituer au standard de Chine est longue, voici un article du Herald Tribune sur lequel je suis tombé dans l’avion, article s’évertuant à expliciter les vastes opérations menées par la municipalité de Shanghai, opérations préparatives à l’exposition universelle 2010 et qui sont d’une ampleur comparable à celles des JO de Pékin :

(…) But amid all of this busy re-engineering, both physical and social, Shanghai has overlooked what is perhaps the most basic campaign of all: a hospitality campaign aimed at persuading Chinese people that they are the common siblings of the rest of mankind.

Why, one might ask, should there be such a need? The answer lies in the daily experience of any foreigner who wanders off the main streets, and it sometimes includes experiences on the main streets as well. Foreign visitors can often still draw stares as if freshly descended from the moon. People may talk about you in your presence, on the assumption that you don’t understand their language, or worse, that it doesn’t matter if you do. And the term “lao wai”, a less than endearing word for foreigner, hangs thickly in the air. Even the English word “hello” can take on a strange new meaning here, delivered as it sometimes is more a sing-song taunt than a true greeting.

Pour finir une semaine chargée m’attend avec à cheval une semaine de répétitions fanfare, et le début de ma recherche au labo ! Malgré tout, j’espère trouver le temps d’écrire quelques articles sur mon séjour à Taiwan, car il y a beaucoup à en dire. Ecrivant à contretemps, j’en profiterais pour adopter une approche thématique…

samedi 1 août 2009

Hong-Kong depuis le Victoria's Pick

Voici les dernieres photos d'Hong-Kong avant mon envol pour la Republique de Chine... plus communement appellee Taiwan!

Tout d'abord quelques photos prises a la tombee de la nuit depuis le mont Victoria, mont qui s'eleve juste derriere la city, et surplombant Hong Kong de pres de 500 metres de hauteur!


Coucher de soleil en direction sur les iles de l'Ouest

Hong-Kong au premier plan, Kowloon de l'autre cote de la baie, alors qu'il reste encore un peu de lumiere.


La nuit tombe...



et Hong-Kong s'illumine!


Audrey et Berengere, de Pekin, et rencontrees inopinement autour d'un petit dejeuner a Kowloon! Incroyable comme le monde est petit...


Un exemple de ce que l'on ne peut trouver qu'a HK: une manifestation qui degenere un peu en blocage d'une banque, tout ca sur Nathan Lu, au coeur de Kowloon!


Enfin, une affiche dans le metro qui ma fait rever...


surtout quand l'avion decolle dans la meme heure a la porte d'embarquement d'a cote!!!


Sur ce, bonsoir, moi je m'en vais a la conquete du Pacifique...