mardi 29 juillet 2008

Grande Réunion Pékinoise Pentapromo

Lundi soir fut le théâtre d’un événement rarissime, la rencontre d’anciens de 5 promos différentes dans un lieu insolite qu’est la ville de Pékin. JB, X01, en fin de thèse. Yannick, Stéphane et Vermeer, X03, respectivement en fin de master à Tsinghua, fin de stage du corps des Mines, et en poste dans une start-up locale. Thomas, X04, ancien de la fanfare, venu faire pouet en guise de stage du corps des télécom. Ma pomme, X05, fraichement sorti du plateau, et qui reprend la flamme de Yannick. Enfin Balthazar, X06, le petit dernier. Grande concentration aussi d’anciens délégués de Chinois, avec Yannick, Stéphane, Balthazar et moi-même ! Une amitié franco-chinoise (中法友谊) souhaitée à de maintes reprises à coups de 干杯 (les initiés comprendront, les autres devineront facilement), une table plus qu’attirante, et un petit bowling pour sceller tout ça !

lundi 28 juillet 2008

Cuandixia 爨地下

Samedi 26, 15h30, nous voici à 苹果园, le jardin des pommes, station la plus à l’ouest du métro Pékinois. Pas de pommiers, pas de jardins, pas de marchés aux fruits, simplement une banlieue très urbaine et une grande station de départ de bus. 16h30, nos compères arrivent, et nous ont laissés le temps de nous acclimater au temps chaud et lourd qui est de mise en ce mois de juillet à Pékin. Commencent alors de longues tergiversations pour décider comment nous rendre à notre point de chute: le bus, qui doit passer par près de 40 stations et dont les passagers se massent par dizaines à l’arrêt, ou le taxi prévu pour 4-5 personnes, donc beaucoup trop petit, mais qui permet de s’y rendre beaucoup plus rapidement. C’est finalement le spectacle insolite d’une foule de chinois qui telle une sangsue se colle à la porte du bus avant même son arrêt et ne s’en décolle que lorsque les portes ne s’ouvrent, leur laissant alors le temps de se ruer, tels des parisiennes en délire lors de l’ouverture des soldes, vers le siège libre le plus proche, qui nous convainc définitivement de sacrifier nos jambes dans une voiture miniature.

On croise un autre taxi à proximité de l’arrivée, celui-ci du modèle supérieur. Les chauffeurs s’arrangent, et nous déménageons dans la suivante, grand confort ! Nous apprenons tout de la vie du chauffeur, 28 ans, marié, une femme de 22 ans, une petite fille, fan de Louis de Funès et de La Grande Vadrouille. Il nous dépose sans encombre au pied d’une des nombreuses « maisons d’hôte » du village, au nom compliqué de Cuandixia (爨地).

Situé à 90 km à l’ouest de Pékin et à 650 m d’altitude, sa fondation date de l’époque de la dynastie Ming (1368-1644). On y trouve environ 70 maisons qui emploient l’architecture des siheyuans (四合院), ces maisons traditionnelles organisées autour d’une cour carrée. C’est la juxtaposition de siheyuans qui forme les célèbres hutongs à Pékin, hutong qui ne subsistent plus qu’autour des lacs du centre de Pékin. La mode ici est de dormir dans des Kangs. Le kang est le lit traditionnel du nord de la Chine, lit de briques chauffé par un léger feu de bois. Habituellement, le kang occupe la moitié d'une pièce orientée vers le soleil. C’est le lit familial !

Après avoir choisi le Kang de nos rêves, nous partons faire un petit tour dans le village. Vous pouvez lire sur cette photo 男厕所, toilettes pour hommes, attirants n’est-ce pas ?

Faisons les présentations. De droite à gauche: Balthazar, x de la promo 2006, délégué et ancien du Lycée Français de Pékin (LFP) au collège. Il rie tout le temps. Ludovic, au collège de Pékin avec Balthazar puis retrouvailles en terminale. Il aime ressortir les dossiers sur Balthazar. Au milieu, je sais pas trop. Cécile, ancienne du LFP, au collège avec les 2 précédents. Pas chinoise, même si les chinois le croient tous. Marion, Lilloise, travaille chez Total avec le grand en bleu. Aime quand Balthazar la regarde dormir.

Puis nous dinons dans notre maison d’hôte, un poulet entier découpé en petits morceaux (la tête et les pattes sont encore là) et des plats de légumes en tous genres. Balthazar et Ludovic se font des High-five avec des pattes de poulet… Nous passons la soirée à discuter avec notre hôte, jeune père de famille, son fils a seulement 2 mois. Etonnamment, il refuse de prendre son bébé dans ses bras avant ses 1 an, il a trop peut de lui faire du mal… Toute la famille est réunie autour de grands Menhirs, heu non, dans la même maison familiale. Avec le bébé, 4 générations y sont présentes. Ici, même si ce n’est plus la ville, les habitants ne sont pas des paysans et si un couple a une fille comme premier enfant, il doit renoncer à avoir un garçon pour le reste de sa vie. D’où des idées morbides de Ludovic, en droite ligne des atroces pratiques funéraires des tibétains que je ne vous conterais pas ici.



Le jour suivant commence par un déjeuner chinois, auquel je ne me ferais jamais. Il y avait encore sur la table le classique tofu puant, et je n’ai malheureusement pas réussi, malgré des promesses de récompenses sonnantes et trébuchantes, à en faire manger à qui que ce soit. Puis on part se balader, d’abord dans le village, pour voir à quoi il ressemble de jour, puis dans la montagne à la recherche des ruines et des gorges. Nous passons non loin d’un engin de terrassement perché dans la montagne, qui fait rouler des pierres de taille monumentales dans les champs en contrebas, au milieu duquel un chinois à coté de la plaque travaille sans agitation aucune. Ni les cris, ni les gestes ne le feront partir. Il faudra mettre en garde un des employé des travaux pour que ce paysan inconscient soit mis hors de danger. La sécurité à la chinoise…

Nous gravissons la montagne, d’abord par un petit chemin tranquille, puis plus pentu, bientôt très touffu. Le sommet de la montagne est en fait un grand plateau encerclé par les grands sommets alentours. C’est très joli, et la présence de la brume environnante rajoute un caractère mystérieux à l’endroit, et donnent aux montagnes l’impression d’être plus hautes et plus lointaines. On distingue quelques habitations, et nous décidons d’aller jeter un coup d’œil malgré l’absence de chemins et les herbes hautes. Nous tombons par hasard sur le village en ruine que nous n’espérions pas trouver dans cette partie de la montagne!

Nous vagabondons dans les rues du village en ruine, envahie par la végétation. Mais aucune ortie, à notre grand bonheur. Il est d’ailleurs assez étonnant de ne jamais voir d’orties en Chine. Cette espèce est peut-être absente de cette partie du monde. Mais pourquoi ? On décide de poursuivre un peu plus loin et nouvel surprise, cette fois ce sont les gorges qui s’offrent à nous ! Par contre, en cette période de l’année, elles sont asséchées…

On essaye ensuite de rentrer par un autre chemin, comme les rois majes dirait Vianney, mais un peu trop timorés, nous faisons finalement demi-tour jusqu’au village Cuandixia, où nous pouvons enfin nous désaltérer sans retenue. L’Ice Tea, c’est très courant ici, et tel la Guinness, it’s good for you. Après un repas, dont Cécile ressortira vexée car le serveur aura refusé de se retourner lorsqu’elle l’appela alors qu’il vint aussitôt lorsque Ludovic de sa voix de grand mâle l’appela à son tour, nous reprenons une voiture encore toute petite pour rentrer, mais j’hérite de la place de devant, alors j’en profite pour faire un petit somme pendant que les autres subissent un peu plus dans les sièges arrières…

lundi 21 juillet 2008

Luoyang, Shaolin

Fraichement arrivé à Pékin, l’horloge interne complètement décalée, me sentant prêt à décoller pour une nouvelle journée dès minuit, et l’estomac criant famine durant le reste de mes nuits qui me semblaient bien longues, je suis appelé à la rescousse par Madame Bai pour accompagner les 2006 en excursions et lui laisser ainsi un week-end pour se reposer et mettre ses leçons à jours. Pour ceux ou celles qui n’auraient encore jamais entendu parlé de madame Bai, la voici en photo :

Contrairement aux années précédentes, Mme Bai a décidé de préparer les choses un peu plus à l’avance : ses bagages visiblement, car elle a en fin réussi à arriver à l’enregistrement avant le décollage de l’avion, mais ses crises aussi à en croire la réaction de *a** quelques jours avant le départ : « En tout cas vendredi matin après avoir été chercher les visas et en allant prendre le RER, j'ai pu voir comment on peut détester madame Bai, et vu le comportement qu'elle a eu envers moi et ce qu'elle a osé me dire je peux te garantir que pendant ce voyage je minimiserai au maximum mes contacts avec elle, et si je pouvais n'en avoir aucun ce serait encore mieux.».

Ainsi doublement content, de découvrir le royaume originel du Kung Fu d’une part, de permettre aux 2006 de passer un week-end sans la fureur Bai d’autre part, je retrouve mon groupe de voyage, bien grand cette fois-ci, dans le hall du 17 où nous habitons. Mme Bai, tellement stressée de laisser partir les 2006 sans elle partira finalement avec nous... pour rester à l’hôtel toute la journée, et passer un coup de gueule dans le train du retour…

Je retrouve avec joie le maintenant traditionnel train de nuit, avec ses compartiments 6 couchettes ouverts sur le couloir, ses fruits et pates chinoises qui font des allers-retours incessants, ses couchettes suffisamment espacées pour discuter tranquillement…

Nous arrivons à Luoyang (), cette ancienne capitale impériale, de bon matin après plus de 800km de trajet, soit environ un Paris-Marseille, mais en 3 fois plus de temps.


Le bus nous emmène jusqu’à Shaolin. Ici se trouve le temple où le Kung Fu est né, s’est développé et s’est ensuite répandu en Chine. Aujourd’hui un mouvement inverse incite des milliers de familles à envoyer leurs enfants dans les écoles de Kung Fu, où ils s’entrainent des heures et des heures par jour dès leur plus jeune. Le temple est un temple bouddhiste, il est donc étonnant qu’un art martial ait pu éclore ici. La guide locale nous apprend qu’il a été inventé pour se protéger des bêtes sauvages lorsque les moines étaient attaqués durant les méditations. Cela explique sans doute que de nombreux styles de Kung Fu soient inspirés des animaux. Nous visitons donc un énième temple chinois, qui n’est qu’une copie supplémentaire d’un même modèle qui est reproduit quasi à l’identique partout en Chine, et la forêt de stèle, chacune d’entre elles ayant été édifiée à la mémoire d’un grand personnage du temple Shaolin.

Après le repas, nous assistons à une démonstration de Kung Fu par des jeunes de l’école. Vraiment impressionnant. Ils ont malgré tout besoin d’en rajouter en faisant semblant de casser une planche métallique qui explose en 4 pièces d’un coup de tête. Un jeune garçon est aussi présent pour le spectacle, sa présence est discutable, mais notre guide, celui de l’année dernière, très engourdi, qui avait réservé des billets de train pour un mauvais jour, exulte lorsqu’il peut se faire prendre en photo avec lui… Photo des jeunes 2006 fendant l'air...

Nous revenons ensuite à Luoyang, et durant le peu de temps libre avant le diner, nous partons en exploration avec Balthazar, au hasard des routes qui s’ouvrent à nous. Nous tombons finalement sur une église chrétienne, tous les chinois ne sont pas bouddhistes et apprenons du même coup à dire messe et Jésus-Christ en chinois.

Après le diner, temps libre au centre ville, on en profite pour mener des activités traditionnelles en Chine : monter en haut des plus hauts bâtiments. On admire la vue du haut sans se faire remarquer, on traine un peu en ville et on découvre la fantastique marque BO88...





Dimanche matin, nous nous rendons sur le plus beau lieu du week-end : Longmen (龙门石窟), les grottes de la porte du dragon. Avec les grottes de Yungang (云冈石窟) près de Datong que nous avons visité l’année dernière, elles font partie des plus célèbres sites de sculpture ancienne. Les sculptures datent des dynasties Wei du Nord et Tang, entre le III et le IXème siècle. Ce sont toutes des statues d’inspiration bouddhique, toutes des buddhas en raccourci, même si c’est faux.

Anecdote amusante: un empereur estimant que ses sujets suivaient de trop près la philosophie bouddhique en passant leurs journées à méditer, décidé de les remettre au travail. Il ordonna donc la décapitation de centaines de Buddhas et rejeta le bouddhisme comme religion impérial.

Un pont d'environ 1km selon Mme Bai, 35m dans la réalité, offre la possibilité de traverser la rivière Yi et d'admirer ce superbe endroit depuis la rive opposée.

Dimanche après-midi, nous visitons le temple du cheval blanc (白马寺) à Luoyang dont l’intérêt se résume à son histoire : En 64 l’empereur Mingdi de la dynastie Han vit en rêve un être auréolé de lumière arriver par les airs depuis l’ouest. Son ministre lui laisse penser qu’il s’agit d'un dieu appelé Bouddha. L’empereur aurait envoyé vers l'Inde à la recherche de son effigie une délégation de dix-huit personnes. Il semble qu’ils se soient arrêtés en Afghanistan d’où ils revinrent en compagnie de moines indiens. Ils apportaient des effigies du Bouddha et le Sutra en quarante-deux articles, premier texte bouddhique parvenu en Chine selon la tradition.

Les moines furent logés dans le premier établissement bouddhiste de Chine. Le lieu est mentionné pour la première fois sous le nom de cheval blanc : l’emplacement du temple aurait été décidé par le cheval qui accompagnait les moines, qui s’arrêta net peu avant la capitale, refusant d’aller plus avant ; les chevaux blancs sont dans la tradition bouddhique le moyen de transport des soutras et des objets religieux. Ce temple du cheval blanc servit ensuite de centre pour la diffusion du bouddhisme. En photo l'entrée du temple, le cheval rappelant la légende

Un passage par le musée de Luoyang, dont je ne retiendrais rien, si ce n’est que les Chinois n’aiment pas les musées, nous étions seuls, un diner bien animé au restaurant, et nous réembarquons dans le train de nuit. J’entends avec amusement Mme Bai s’acharner sur une pauvre 2006…

vendredi 18 juillet 2008

Premiers Pas à Pékin

Parti de France le 15 juillet après une petite semaine gâchée par des formalités administratives douteuses et une nouvelle fête nationale passée dans la capitale mais sans mettre les pieds sur les Champs Elysées, après une courte escale à Vienne, Austrian Airlines oblige, après un petit trajet en taxi sur une autoroute complètement refaite entre l’aéroport et la capitale olympique du moment, me voici de retour à la BLCU, Beijing Language & Culture University, 北语 pour les intimes, où j’avais passé quelques semaines l’année dernière.

Je loge en chambre double, et mon copiole est Coréen, comme la majorité des étudiants étrangers ici. Il est très gentil, mais il est un peu mollasson. Enfin, c’est un euphémisme. Il n’a pas de cours durant l’été, a préféré resté à Pékin pour travailler, ce que je ne l’ai jamais vu faire, il passe plutôt son temps à sortir, un peu, à jouer à Warcraft, beaucoup, et à dormir, quasi tout le temps ! Il a dormi de 7h à 18h hier… pour se recoucher à 1h. Belle journée, n’est-ce pas ? Tout ça pour dire qu’on est un peu décalé dans nos rythmes de vie. En plus, je dois dire que je suis assez jaloux, je suis incapable de rester endormi passé 7h du matin : notre chambre est orientée vers le Sud, et chaque matin un soleil arrogant semblant forcer les vitres m’incite à me lever avant le réveil.

Mon Coréen mange aussi des trucs qui empestent dans la chambre, et encore pire, il en stocke dans le frigo. Je bas mon record d'ouverturedeporte-prisedelabouteilledelait-fermeturedeporte chaque jour. Et comme il est difficile d’ouvrir la fenêtre, chaleur écrasante dehors, les émanations restent dans la pièce, elles rentrent dans mes entrailles, et je me transforme petit à petit en coréen. Bientôt moi aussi j'aurais besoin de 4 bouteilles de shampoing, de la laque, un sèche-cheveux et 3 peignes pour me coiffer…

Je suis des cours de langue tous les matins, thèmes divers, enrichissement du vocabulaire et révisions de grammaire. J’ai aussi choisi un cours supplémentaire de Business Chinese deux après-midi par semaines, mais le niveau est très élevé, j’ai du mal à suivre. Il est assez amusant de noter les origines des étudiants. Dans les classes de bas niveau, il y a un bon mixage d'origines, et plus le niveau s’élève monte, même si les nationalités reste très variées, on ne retrouve presque plus que des enfants de chinois immigrés qui parlent donc anglais et cantonais et sont ici pour apprendre le chinois standard : le mandarin, le 普通话.

Mon chinois revient tranquillement, l’oreille s’affine, et même s’il est toujours très difficile de comprendre ce que quelqu’un essaie de te dire quand tu ne t’attends pas à quelque chose de précis, Je sais demander à un Chinois si la production de son entreprise est surtout destiné à l'exportation ou au marché intérieur. Cependant la commande au McDonald reste toujours une montagne que j'esquive en demandant simplement le n°1...

J'ai rencontré Yannick, le grand chef, l'x 2003 qui vient de finir ses 2 années de master à Tsinghua, et a donc tracé une route que je me contente maintenant de suivre. Il m’a donné son vélo (avec vitesse, contrairement aux classiques vélos chinois), ses enceintes (je peux refaire du bruit, ça me fait bien plaisir!), un planisphère, une mappemonde, un lonelyplanet de la Chine (interdit à la vente ici car Taiwan est en gris, et est donc considéré comme hors-Chine par le routard, qui n'a pu s'empêcher de rajouter une touche de polémique!), quelques cds de musique chinoise (que j'hésite encore à écouter...) et pleins de petits trucs divers. Il m'a aussi emmené faire un tour du campus de Tsinghua, ma future université. Photo de la visite de l'année dernière:


La communauté française est très développée ici, il paraît que les seuls étudiants étrangers de mon département de Nuclear Science and Technology sont toujours des Français… Le plateau de Saclay semble avoir déménagé ici : En plus d’Antoine et moi venant de l’x, des Supelec et un groupe de Centraliens passeront aussi deux années à Tsinghua avec une préparation au Chinois précaire, et des HEC suivent un programme d'échange et passeront 5 mois à Tsinghua (cours en Anglais)