jeudi 10 décembre 2009

Grandir en Chine 1 - La préparation du Gaokao

J’ai de nouveau participé ce soir à ce que l’on appelle le coin chinois (中文角), c'est-à-dire un espace de discussion sur la culture Chinoise. Ce coin chinois est organisé toutes les semaines par une petite équipe d’étudiantes chinoises très dynamiques. Elles nous présentent habituellement un thème durant une quinzaine de minutes, puis c’est l’occasion de longues discussions. Les thèmes sont très variés, de la calligraphie aux fêtes traditionnelles en passant par la mode et la diversité culturelle du pays. Aujourd’hui le thème était 成长 : grandir. On y a donc parlé d’éducation, éducation parentale et éducation scolaire.

Je vous propose de découvrir à quoi ressemble l’éducation d’un enfant chinois en deux parties. Aujourd’hui le parcours jusqu’au bac chinois, demain la suite…

En écoutant le témoignage de quelques camarades chinois, j’ai d’abord redécouvert un thème déjà abordé sur ce blog, la place omniprésente du travail scolaire dans la jeunesse des enfants chinois. Les cours supplémentaires (补习班) commencent dès la maternelle (幼儿园). « Il s’agit de classes supplémentaires prises en dehors de l’école et durant lesquelles on reprend les notions abordées en cours, en les approfondissant et en les appliquant sur des exercices très difficiles », nous confie une jeune chinoise. L’apprentissage est intense, et il y a peu de temps pour s’amuser à côté. Pourtant il existe des activités extrascolaires comme la musique ou le dessin. Mais ces activités extrascolaires sont toujours entreprises à l’initiative des parents, et pas pour le coté ludique de la chose, seulement pour rapporter des points au Gaokao (高考), le bac version concours qui attend les écoliers chinois à leur sortie du lycée. « Commencer le piano devient rapidement un devoir terrible, car les parents sont derrière pour te faire travailler. Si je ne faisais pas correctement mes deux heures d’exercice tous les jours, mes parents me punissaient et me tapaient » m’ont confié plusieurs chinoises, maintenant très aguerries à la pratique du piano.

Un point révélateur quand on parle d’éducation avec les chinois, c’est qu’ils cessent d’employer le terme 父母 (père et mère, donc parents) et préfèrent dire 家长. Le premier caractère désigne la famille, le second, le chef, comme dans 船长 capitaine d’un navire, 校长, directeur de l’école, ou 市长, le maire. Donc 家长, chefs de famille. Les chefs de famille décident de tout dans l’éducation de leurs enfants, de leurs activités extrascolaires à la majeure qu’ils choisissent à la sortie du Gaokao. Une phrase que beaucoup de parents chinois répètent à leurs enfants: « 你的任务就是好好学习,其他的别管 : Ta mission, c’est seulement d’étudier, ne t’occupe de rien d’autre. »

Il y a une continuité parfaite entre les professeurs et les parents. Les professeurs enseignent les cours aux élèves, les chefs de famille les encadrent, les inscrivent aux cours supplémentaires, surveillent les travaux à la maison… et attendent de la bonne volonté et des bons résultats de la part de leurs enfants ! Si ce n’est pas le cas, c’est la catastrophe, et les enfants reçoivent des sermons. Des sermons calmes, quand il s’agit de leur expliquer qu’ils doivent bien travailler pour intégrer les meilleures universités sans quoi ils ne trouveront pas de travail. Des phrases un peu plus brutales bien souvent aussi. Jetez un coup d’œil ici pour un joyeux best-of, donc les meilleures resteront bien sur : « 你是从垃圾堆里间的, on t’a récupéré à la décharge », ou « 早知道这样,当初就不该生你, si on avait su que ça serait comme ça avant, on ne t’aurait pas fait naitre » !!!

Un exemple frappant pour vous illustrer l’encadrement total autour du jeune chinois : Parents et professeurs ont établi une règle terrible : « 不许早恋 : pas d’amour durant la jeunesse » ! La petite copine ou le petit copain sont des obstacles à la sérénité nécessaire à l’accomplissement des études, il faut donc les bannir…

Reprenons les choses dans l’ordre : Garderie-maternelle (幼儿园), cours supplémentaires (补习班) école primaire (小学), collège (初中) puis le lycée (高中). En deuxième année du lycée, donc en même temps que nous en fait, ils choisissent une voie principale : scientifique (理科) ou littéraire (文科). L’idée globalement répandue ici, c’est que tu vas en scientifique si tu en as les moyens, si tu vas en littéraire, c’est que tu es bête, tu ne sais pas faire marcher ta tête. Les distinctions de matière sont similaires à ce qu’on trouve en France, avec maths, chinois, anglais en matières communes, auxquelles on rajoute l’histoire-géo et la politique pour la section littéraire, la bio et la physique-chimie pour la section scientifique.

Une fois ce choix fait commencent deux années horribles pour les lycéens chinois. 2 années horribles car il leur faut préparer ce Gaokao, le bac-concours à la Chinoise. Le Gaokao n’est pas une porte de sortie marquant la fin d’un cycle d’apprentissage comme c’est le cas pour notre bac, c’est plutôt la porte d’entrée vers la suite, l’université. Le Gaokao est un examen classant, et de ton classement dépend directement ton affectation dans une université ou dans une autre.

Les deux années précédant le Gaokao ressemblent donc à nos années prépas, mais à quelques différences près. D’abord, c’est deux ans plus tôt. Ensuite,  l'ensemble des étudiants chinois doivent passer par lui. Enfin le Gaokao teste une étendue des connaissances, pas une tête qui sait réfléchir, et le programme est ENORME ! Les Chinois rapportent que ce qu’ils doivent retenir sur ces deux années fait bien deux petits Robert d’épaisseur sur la surface d’un bureau ! Et ils nous montrent des photos pour nous montrer la terrible épreuve par laquelle ils sont passés. Ils aiment d’ailleurs dire que le Gaokao est l’un des trois examens les plus difficiles au monde…

La suite ici

1 commentaire:

bruno a dit…

et alors, qui c'est qui a eu de la chance d'avoir les parents qu'il a eu ???
.... le père ... de l'auteur