mercredi 10 septembre 2008

Rentrée à Tsinghua

Vendredi dernier, 9h du matin, c’est l’amphi d’accueil dans mon institut. Les gens se présentent un à un, celui-ci semble gérer les affaires administratives, celle-ci est peut-être professeur, lui doit être le délégué, et lui… oh, c’est moi ! Pourquoi y a t-il une photo de moi au tableau… Ils ont l’air d’attendre quelque chose…

Ainsi la rentrée a bien eu lieu, et en ce jour de ciel bleu, de soleil magnifique et de petit vent très agréable, j’en profite pour présenter mes premiers jours à Tsinghua un peu plus clairement que lorsque je me suis moi-même présenté à mes camarades !

Quelques mots d’introduction :

Tsinghua est une université à l’Américaine, avec un très grand campus rassemblant toute une petite ville dans son enceinte, des écoles variées, plusieurs départements par école et un choix de différentes majeures dans chaque département. Les écoles sont de taille comparable à celle de nos écoles d’ingénieur Françaises. Ainsi l’équivalent de Tsinghua en France, c’est Paris-Tech. Mais si Tsinghua est très réputée ici (l’actuel président Hu Jintao est d’ailleurs passé par cette université), personne ne connaît encore Paris Tech. Quelques photos mythos piquées sur Wikipédia en attendant les miennes:

La jardin de Tsinghua

La porte historique de Tsinghua

J’étudie au sein de l’INET, Institute of Nuclear and New Energy Technology. C’est une petite école qui ne contient qu’un seul département. Petite école par son nombre d’élèves, mais imposante par ses équipements et activités. Outre les bâtiments de cours et de bureaux situés dans le campus principal, l’INET est déployée sur une grande annexe hors-campus où l’on trouve les installations expérimentales les plus imposantes, les réacteurs d’essais par exemple. Cette annexe est située au nord de Pékin, à une petite heure de bus du campus principal. Je ne devrais pas y aller régulièrement cette année, ce sera sans doute plus fréquent l’année prochaine…

Rentré depuis la semaine dernière, je ne débuterais pas réellement les cours avant le 15. En ce moment, c’est amphis de présentations divers, photo de la promo 2008 en tenue officielle (comprendre grand polo violet repoussant), visite de la partie hors campus de l’institut, etc. Je ne comprends rien de ce que les profs disent à l’oral, ils parlent vraiment très vite, je ne connais pas la moitié du vocabulaire, et même quand je le connais, je ne le saisis pas dans ces vagues de mots inconnus. Je me contente généralement des transparents au tableau pour comprendre le sujet de la conférence et j’utilise activement mon dictionnaire électronique sans lequel je ne serai rien pour déchiffrer le vocabulaire technique. Car contrairement à l’anglais, où la majorité des termes scientifiques viennent du Français, ici, rien n’est transparent. J’apprends donc de manière erratique, mais dans le même temps, je me suis inscrit à des cours de Chinois du soir où j’apprends de façon plus structurée, la prof parle avec un débit beaucoup plus modéré, et c’est l’occasion de pas mal s’exercer à l’oral.

Nous sommes 3 étrangers dans notre promotion, 1 Coréen qui n’est encore jamais venu, viendra sans doute jamais, Ophélie, une Française de Supélec, et moi-même. Contrairement à mes amis les bridés, je résiste certainement moins bien aux tempêtes de sable, ça c’est Balthazar qui l’a dit, mais je rigole surtout jamais aux blagues. Non pas que je n’apprécie pas leur humour, mais je n’ai aucune idée de ce qu’ils disent… Sinon mes camarades me veulent tous dans l’équipe de foot, ils s’attendent à voir jouer Zidane, ils ne seront pas déçus.

A propos de la France, tous les Chinois me disent que le Français est la plus belle langue du monde. Personne ne sait le parler, ils n’en ont sans doute jamais entendu, mais ils se souviennent tous d’un texte qu’ils ont appris à l’école primaire selon lequel le Français est la plus belle langue du monde ! Notre prof de Chinois actuelle nous a aussi affirmé qu’un dénominatif courant du peuple français était伟大的法兰西民族, le grandiose peuple français… Et à leurs yeux, en plus d’être 浪漫 (romantique), on est aussi绅士(gentleman). Ne changeons rien, c’est une bonne réputation !

Sinon la vie à coté de ça, 2 karaokés en 3 jours le week-end dernier, je prends de mauvaises habitudes. On a revu la famille Mandchoue avec qui on a fêté la fête de la lune en avance. Wei Laoshi a assumé le rôle de parent protecteur pour tous les jeunes présents, car c’est normalement une fête qui se déroule dans le cadre familial. On a eu le droit à des 小礼物, petits cadeaux : un Moon cake (dédicace à Aurélie) qui devra attendre le 15 septembre pour être englouti et un livre de philosophie en Chinois qui ne sera certainement pas lu lui non plus avant le 15 septembre.

大家是朋友

Julie et 小学

J’ai aussi rendu visite à ma famille d’accueil de l’année dernière, toujours aussi sympathique et accueillante. Toujours pas d’enfants, je dois donc voir en leur maison ma deuxième maison. J’ai aussi rendu visite au médecin de l’ambassade Française (pas au chenapan d’à coté qui fait payer 1111 yuan) puisque j’ai rattrapé la toux sèche et sans fin de l’été dernier, accompagné d’un solide rhume, de yeux qui piquent etc. En 1 min 30, le diagnostique était fait. Bès oui, vous êtes allergique à la pollution ! Même si les rapports affirment le contraire, l’air de Pékin est bien pire que l’air de Paris. Le médecin, Français, m’a d’ailleurs appris à faire la différence entre l’influence du climat continental, responsable du ciel gris et du plafond nuageux très bas, et l’influence de la pollution qui donne une très mauvais visibilité horizontale. Tout ça pour dire que mes voix respiratoires n’aiment pas trop les microparticules, et que je me remets au régime Zyrtec journalier. A la campagne, c’est les pollens, en ville, c’est les microparticules. Avec l’hiver arrivera un temps plus sec et la mise en route de nouvelles centrales à charbon pour chauffer les foyers (c’est encore le XIXème siècle ici), cela n’arrangera rien à l’affaire. Je crois que je vais m’offrir un petit masque…

Dernière partie pour les inconditionnels du Chinois. Les Chinois ne sont pas sur Facebook mais sur Kaixin, pas MSN mais sur QQ. Fabien, je suis sur que tu ne manqueras pas de te mettre à la page !

Et deux expressions chinoises pour finir. La première est dédicacée à papa et aurait pu avoir été prononcée par Mademoiselle Basile : 愚公移山. Mot à mot le vieil homme stupide qui déplaçait les montagnes. L’histoire raconte que ce vieil homme aurait décidé de déplacer deux grandes montagnes qui entouraient sa maison, pour en faciliter l’accès. Lorsque ses voisins lui ont fait remarquer l’impossibilité de sa tâche étant donné son âge, il répondit que ses enfants prendraient sa suite, puis les enfants de ses enfants, et ainsi de suite. Sa progéniture étant infinie, alors que les montagnes ne continuent pas de grandir, la tâche sera bien accomplie un jour. En deux mots : Quand on veut, on peut ! Et en Anglais, Where there is a will, there is a way.

La seconde : 如鱼得水 qui signifie littéralement « comme un poisson qui reçoit de l’eau », et n’est donc pas très éloigné de notre classique « comme un poisson dans l’eau » ! Alors encore combien de temps avant d’être 如鱼得水 ?

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