ParisTechniciens ? ParisTechnocrates ? ParisTecHEC ? Quel nom pour les étudiants de ParisTech, ce groupe qui fait le lien entre les plus grandes écoles Françaises, système que nous ne partageons avec aucun autre pays, et les grandes universités internationales menées par les légendaires MIT, Harvard ou autres Stanford ?
Mardi dernier 23 septembre avait lieu une rencontre entre la délégation ParisTech de passage en Chine et les élèves envoyés en Chine dans le programme d’échange ParisTech. Le but du passage en Chine de ces représentants de ParisTech ne se résumait pas à simplement discuter de la future appellation des étudiantes de ParisTech. Ils sont présents en Chine pour réchauffer l’ancienne idée de fonder une école d’ingénieur à Shanghai dépendant de l’institution ParisTech en partenariat avec l’université de Tongji.
Ce projet n’est pas le premier dans son genre, vous avez certainement déjà entendu parler de Centrale Pékin. Installé dans le campus de BeiHang (北京航空航天), équivalent de notre Supaéro Française, dans le quartier universitaire de Pékin, elle propose une formation d’ingénieur, à la Française. Du point du vue d’un élève Chinois, Centrale Pékin est dénommé 北航中法工程学院, littéralement l’école d’ingénieur franco-chinoise de Beihang. Il s’agit donc d’un institut de Beihang au même titre que les 26 autres. Enfin, pas tout à fait identique aux autres : il faut être dans les meilleurs aux examens d’entrée de l’université de Beihang pour être autorisé à entrer dans cette nouvelle école Centrale Franco-Chinoise.
Ne nous laissons pas tromper par l’appellation Centrale Pékin : cet institut n’est pas exactement comparable aux différentes écoles Françaises du groupe Centrale. Il n’était pas envisageable de créer simplement une réplique de Centrale Paris à Pékin, le cursus devait être adapté à la formation des étudiants chinois. Leur formation commence donc par 3 années de « base » : l’apprentissage du Français en 1ère année puis classe préparatoire intégrée en 2 et 3ème année. Cette année, la première promotion de Centrale Pékin vient d’attaquer le cursus école d’ingénieur. J’ai candidaté pour aider les étudiants Chinois en seconde année à s’exercer en Français. Ce devrait être plus amusant que des colles de physique…
La nécessité d’adapter la grande école à la Française au cursus chinois, en y ajoutant la prépa intégrée, fut un réel frein au développement du projet de l’école de Shanghai selon Yves Cousquer, chef de la délégation ParisTech, car la prépa intégrée ne fait pas partie des compétences d’excellence des écoles de Paris Tech. Alors pourquoi Centrale a accueilli ses premiers élèves Chinois il y a déjà 3 ans ? Parce que le groupe Centrale a une cohérence, une homogénéité, que le groupe ParisTech n’a pas. ParisTech n’est encore qu’une fédération d’écoles qui se respectent, elle ne forme pas encore un tout. La formation d’un groupe homogène est malgré tout en marche, notamment avec le projet « plateau de Saclay » qui répond au plan campus, et vise à rassembler toutes les écoles de ParisTech, et plus encore, sur le plateau de Saclay.
Si Tongji (同济大学), l’université partenaire de ParisTech, a fait la demande claire d’une école d’ingénieur à la Française, quel intérêt ParisTech a-t-elle à fonder cette école à Shanghai ? Commençons par jeter un coup d’œil à ce très bon Article du Figaro. Je cite: « Si les universités locales sont « très bonnes en technique, la France apporte quelque chose en termes de management, de prise de décision, de créativité ou de communication »
Des ingénieurs chinois de haute formation, ayant des compétences comparables à celles des ingénieurs français et surtout sachant s’exprimer en Français, seront formés dans cette nouvelle école de Paris Tech. Cette formation répond donc au besoin des entreprises Françaises présentes en Chine, «très friandes de ces recrues à la double compétence culturelle. »
Du point du vue de l’école en elle-même, c’est aussi l’occasion de briller à l’international en continuant à recruter les meilleurs élèves, venant cette fois du monde entier. Les meilleurs étudiants de Centrale Pékin pourront partir à Centrale Paris, il en sera de même avec l’école de ParisTech.
Revenons sur le chef de la délégation ParisTech : Yves Gousquer. Voyez-ici son CV détaillé. Une carrière visiblement consacrée à l’administration, à l’équipement, aux transports et aux énergies, pourquoi donc diriger un projet d’école de ParisTech en Chine ?
La réponse est dans le développement durable. Le ministre chinois actuellement responsable de ce développement durable en Chine, un ancien de la génération 77 (réouverture des universités après la révolution culturelle), fut précédemment président de l’université de Tongji, celle avec laquelle ParisTech noue des liens de plus en plus serrés. Une des raisons principales de la fondation de cette nouvelle école est en fait la volonté de former des experts du développement durable, des experts qui ne soient pas simplement Français, ou Chinois, mais internationaux. Des mesures environnementales à l’échelle d’un pays ne sauraient être suffisantes (竹篮打水一场空 pour les adeptes d’expressions chinoises). Les Chinois se démarquent enfin ici de leur symbole de réussite, les Etats-Unis. En prenant la France comme partenaire principal, ils s’attachent les services d’un pays leader dans le domaine du développement durable, et le partenariat existe déjà : des projets d’urbanisme écolos divers ont été lancés des communes de tailles très variées, la plus grande n’étant autre que la grande Nankin…
Un dernier mot pour la route : Pourquoi le développement de ParisTech se fait sous les meilleurs auspices ? Simplement parce que ParisTech forme des élèves qui partiront ensuite dans les corps de l’état. Dans un pays comme la Chine aussi structuré par le Parti, c’est important…
Mardi dernier 23 septembre avait lieu une rencontre entre la délégation ParisTech de passage en Chine et les élèves envoyés en Chine dans le programme d’échange ParisTech. Le but du passage en Chine de ces représentants de ParisTech ne se résumait pas à simplement discuter de la future appellation des étudiantes de ParisTech. Ils sont présents en Chine pour réchauffer l’ancienne idée de fonder une école d’ingénieur à Shanghai dépendant de l’institution ParisTech en partenariat avec l’université de Tongji.
Ce projet n’est pas le premier dans son genre, vous avez certainement déjà entendu parler de Centrale Pékin. Installé dans le campus de BeiHang (北京航空航天), équivalent de notre Supaéro Française, dans le quartier universitaire de Pékin, elle propose une formation d’ingénieur, à la Française. Du point du vue d’un élève Chinois, Centrale Pékin est dénommé 北航中法工程学院, littéralement l’école d’ingénieur franco-chinoise de Beihang. Il s’agit donc d’un institut de Beihang au même titre que les 26 autres. Enfin, pas tout à fait identique aux autres : il faut être dans les meilleurs aux examens d’entrée de l’université de Beihang pour être autorisé à entrer dans cette nouvelle école Centrale Franco-Chinoise.
Ne nous laissons pas tromper par l’appellation Centrale Pékin : cet institut n’est pas exactement comparable aux différentes écoles Françaises du groupe Centrale. Il n’était pas envisageable de créer simplement une réplique de Centrale Paris à Pékin, le cursus devait être adapté à la formation des étudiants chinois. Leur formation commence donc par 3 années de « base » : l’apprentissage du Français en 1ère année puis classe préparatoire intégrée en 2 et 3ème année. Cette année, la première promotion de Centrale Pékin vient d’attaquer le cursus école d’ingénieur. J’ai candidaté pour aider les étudiants Chinois en seconde année à s’exercer en Français. Ce devrait être plus amusant que des colles de physique…
La nécessité d’adapter la grande école à la Française au cursus chinois, en y ajoutant la prépa intégrée, fut un réel frein au développement du projet de l’école de Shanghai selon Yves Cousquer, chef de la délégation ParisTech, car la prépa intégrée ne fait pas partie des compétences d’excellence des écoles de Paris Tech. Alors pourquoi Centrale a accueilli ses premiers élèves Chinois il y a déjà 3 ans ? Parce que le groupe Centrale a une cohérence, une homogénéité, que le groupe ParisTech n’a pas. ParisTech n’est encore qu’une fédération d’écoles qui se respectent, elle ne forme pas encore un tout. La formation d’un groupe homogène est malgré tout en marche, notamment avec le projet « plateau de Saclay » qui répond au plan campus, et vise à rassembler toutes les écoles de ParisTech, et plus encore, sur le plateau de Saclay.
Si Tongji (同济大学), l’université partenaire de ParisTech, a fait la demande claire d’une école d’ingénieur à la Française, quel intérêt ParisTech a-t-elle à fonder cette école à Shanghai ? Commençons par jeter un coup d’œil à ce très bon Article du Figaro. Je cite: « Si les universités locales sont « très bonnes en technique, la France apporte quelque chose en termes de management, de prise de décision, de créativité ou de communication »
Des ingénieurs chinois de haute formation, ayant des compétences comparables à celles des ingénieurs français et surtout sachant s’exprimer en Français, seront formés dans cette nouvelle école de Paris Tech. Cette formation répond donc au besoin des entreprises Françaises présentes en Chine, «très friandes de ces recrues à la double compétence culturelle. »
Du point du vue de l’école en elle-même, c’est aussi l’occasion de briller à l’international en continuant à recruter les meilleurs élèves, venant cette fois du monde entier. Les meilleurs étudiants de Centrale Pékin pourront partir à Centrale Paris, il en sera de même avec l’école de ParisTech.
Revenons sur le chef de la délégation ParisTech : Yves Gousquer. Voyez-ici son CV détaillé. Une carrière visiblement consacrée à l’administration, à l’équipement, aux transports et aux énergies, pourquoi donc diriger un projet d’école de ParisTech en Chine ?
La réponse est dans le développement durable. Le ministre chinois actuellement responsable de ce développement durable en Chine, un ancien de la génération 77 (réouverture des universités après la révolution culturelle), fut précédemment président de l’université de Tongji, celle avec laquelle ParisTech noue des liens de plus en plus serrés. Une des raisons principales de la fondation de cette nouvelle école est en fait la volonté de former des experts du développement durable, des experts qui ne soient pas simplement Français, ou Chinois, mais internationaux. Des mesures environnementales à l’échelle d’un pays ne sauraient être suffisantes (竹篮打水一场空 pour les adeptes d’expressions chinoises). Les Chinois se démarquent enfin ici de leur symbole de réussite, les Etats-Unis. En prenant la France comme partenaire principal, ils s’attachent les services d’un pays leader dans le domaine du développement durable, et le partenariat existe déjà : des projets d’urbanisme écolos divers ont été lancés des communes de tailles très variées, la plus grande n’étant autre que la grande Nankin…
Un dernier mot pour la route : Pourquoi le développement de ParisTech se fait sous les meilleurs auspices ? Simplement parce que ParisTech forme des élèves qui partiront ensuite dans les corps de l’état. Dans un pays comme la Chine aussi structuré par le Parti, c’est important…
4 commentaires:
Pure remarque de forme: ParisTech s'écrit sans espace...
Sinon t'était vraiment inspiré, c'est cool!
Wow, quelle plume, quelle lucidité dans ces propos !
Chapeau
Tu pourras demander à tes élèves s'ils ont eu Marc Pauly comme prof en 1ère année? Mon prof de maths de sup parti comme toi explorer la Chine...
Marc Pauly est bien prof de Maths à Centrale Pékin! Mais je ne ferais finalement pas de colle, je ne pourrais pas lui passer ton bonjour...
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