Lors de mon passage en France en janvier dernier, la maman de Marie avait peine à me croire quand je lui disais que les Chinois qui vivaient autour de moi avaient l’air heureux. « Enfin, avec un pouvoir autoritaire comme ça, ce n’est pas possible ! » me disait-elle.
Hugo me confiait aussi un jour qu’il sentait sa liberté entravée par la présence de tant d’uniformes autour de nous. Bien que ce ne soient pas des policiers mais des simples gardes, c’est vrai qu’ils sont partout : bâtiments officiels, universités, métro, etc.
Bérengère m’affirmait il y a peu que si tu pouvais te balader n’importe où en Chine et à n’importe quelle heure sans risquer pour ta vie ou ton portefeuille, c’est assurément beaucoup plus à cause du pouvoir autoritaire que de la culture ancestrale imprégnée de confucianisme.
Si Bérengère est dans le faux, Hugo fâché et la maman de Marie incrédule, c’est qu’assurément, le sentiment de liberté est tellement ancré chez nous qu’il en est devenu un des critères principaux d’une vie heureuse.
Mais contrairement aux idées reçues, à moins de venir en Chine pour rétablir la démocratie ou réaliser l’indépendance du Tibet, c’est bien en Chine que je me suis trouvé le plus libre de mes mouvements. Cette idée est d’ailleurs bien contenue dans une expression à la mode parmi la communauté française de Pékin : « La Chine, c’est là où tout le monde regarde mais où personne ne te voit ».
Personne ne te voit, tu es libre. Libre de traverser la route même si le feu est rouge, même s’il n’y a pas de passage piéton, même si les voitures sont en train de passer, et même si un flic est là pour rétablir l’ordre. Tu es libre de prendre les routes en sens inverse, quel que soit ton véhicule. Tu es libre d’intégrer les meilleures universités alors que tu ne parles quasiment pas un mot de chinois. Tu es libre de passer la nuit au Mcdo si les hôtels sont pleins. Tu es d’ailleurs libre de rentrer à peu près partout "pour voir" et les grands hôtels t’ouvrent même leurs salons privés pour te permettre de voir la vue. Tu es même libre de rentrer en boite en short et tongs. Tu es libre de laisser ta climatisation arroser les piétons qui passent sous chez toi. Tu est libre d'installer un campement sur les trottoirs pour vendre des petites merdes. Tu es libre de balancer par terre tes emballages, tes clopes et ta salive. Tu es aussi libre d’annoncer publiquement ton dégout des noirs ou ta haine des Japonais.
Je pense que vous aurez compris à la lecture de mes exemples que la liberté, c’est bien. Mais que quand tu vis dans une ville surpeuplée d’individus dotés de ces libertés à outrance, ça devient rapidement le bordel. Quand aucune règle, officielle ou officieuse, n’est respectée, on réalise que des limitations s’imposent d’évidence dès lors que l’on vit en société…
C’est sans doute la raison pour laquelle Antoine, parti au Japon, et moi, parti à Taiwan cet été, avons finalement trouvé un certain réconfort et un bonheur de vivre dans une société qui respecte quelques règles de vivre ensemble…
Je rajouterai pour finir que si la Chine est le pays où tu es libre de tes mouvements, ça n’est pas le pays de la liberté d’opinion et de la circulation de l’information. Ici je retiens mes mots devant mon prof, ici les sites internet sont de plus en plus bloqués, ici la propagande fait son boulot…
Hugo me confiait aussi un jour qu’il sentait sa liberté entravée par la présence de tant d’uniformes autour de nous. Bien que ce ne soient pas des policiers mais des simples gardes, c’est vrai qu’ils sont partout : bâtiments officiels, universités, métro, etc.
Bérengère m’affirmait il y a peu que si tu pouvais te balader n’importe où en Chine et à n’importe quelle heure sans risquer pour ta vie ou ton portefeuille, c’est assurément beaucoup plus à cause du pouvoir autoritaire que de la culture ancestrale imprégnée de confucianisme.
Si Bérengère est dans le faux, Hugo fâché et la maman de Marie incrédule, c’est qu’assurément, le sentiment de liberté est tellement ancré chez nous qu’il en est devenu un des critères principaux d’une vie heureuse.
Mais contrairement aux idées reçues, à moins de venir en Chine pour rétablir la démocratie ou réaliser l’indépendance du Tibet, c’est bien en Chine que je me suis trouvé le plus libre de mes mouvements. Cette idée est d’ailleurs bien contenue dans une expression à la mode parmi la communauté française de Pékin : « La Chine, c’est là où tout le monde regarde mais où personne ne te voit ».
Personne ne te voit, tu es libre. Libre de traverser la route même si le feu est rouge, même s’il n’y a pas de passage piéton, même si les voitures sont en train de passer, et même si un flic est là pour rétablir l’ordre. Tu es libre de prendre les routes en sens inverse, quel que soit ton véhicule. Tu es libre d’intégrer les meilleures universités alors que tu ne parles quasiment pas un mot de chinois. Tu es libre de passer la nuit au Mcdo si les hôtels sont pleins. Tu es d’ailleurs libre de rentrer à peu près partout "pour voir" et les grands hôtels t’ouvrent même leurs salons privés pour te permettre de voir la vue. Tu es même libre de rentrer en boite en short et tongs. Tu es libre de laisser ta climatisation arroser les piétons qui passent sous chez toi. Tu est libre d'installer un campement sur les trottoirs pour vendre des petites merdes. Tu es libre de balancer par terre tes emballages, tes clopes et ta salive. Tu es aussi libre d’annoncer publiquement ton dégout des noirs ou ta haine des Japonais.
Je pense que vous aurez compris à la lecture de mes exemples que la liberté, c’est bien. Mais que quand tu vis dans une ville surpeuplée d’individus dotés de ces libertés à outrance, ça devient rapidement le bordel. Quand aucune règle, officielle ou officieuse, n’est respectée, on réalise que des limitations s’imposent d’évidence dès lors que l’on vit en société…
C’est sans doute la raison pour laquelle Antoine, parti au Japon, et moi, parti à Taiwan cet été, avons finalement trouvé un certain réconfort et un bonheur de vivre dans une société qui respecte quelques règles de vivre ensemble…
Je rajouterai pour finir que si la Chine est le pays où tu es libre de tes mouvements, ça n’est pas le pays de la liberté d’opinion et de la circulation de l’information. Ici je retiens mes mots devant mon prof, ici les sites internet sont de plus en plus bloqués, ici la propagande fait son boulot…