dimanche 12 juillet 2009

Xianggelila ou la mafia tibétaine

A peine rentrés des Gorges du Saut du Tigre, on cherche à rejoindre la ville suivante de notre itinéraire : Xianggelila (香格里拉). Pour éclaircir les confusions sur le nom de cette ville, rappelons qu’elle s’appelait originellement Zhongdian (中甸) jusqu’à la parution du livre Lost Horizons décrivant un lieu fantastique au Tibet du nom de Shangri-La. Le gouvernement décida alors que Shangri-la correspondait en fait à la ville de Zhongdian, et changea donc son nom, non pas en Shangri-La, un peu difficile à prononcer par les chinois, mais en Xianggelila, qui est en fait une transcription phonétique de Shangri-La, sans doute un terme Tibétain.


Lorsque nous acceptons l’offre que nous propose Jane, à savoir un aller simple pour Xianggelila depuis les gorges du saut du tigre en minivan pour 35 petits kuais par personne, nous sommes bien loin de savoir que nous entrons ainsi dans le giron d’une grande famille. Notre chauffeuse recommandée par Jane et une femme tibétaine, forte mais très sympathique et dévouée. Un quart d’heure après avoir pris la route, on fait une petite pause, la chauffeuse descend de voiture pour serrer son fils tout droit descendu de la montagne (il sort de cours !) dans ses bras. Cet épisode sans importance se révèlera en fait tout un symbole : en territoire tibétain, on croise un mari ou une cousine à tous les coins de rue ! En effet, arrivés à Xianggelila dont la qualité hôtelière ne suscite pas d’éloge dans les guides, elle est ravie de m’entendre lui demander s’il y existe une auberge de jeunesse (AJ). Elle connait et nous y emmène aussitôt. Le tableau n’est pas folichon, il pleut à torrent, mes amis espéraient des doubles avec sanitaires intégrés, mais tout est déjà parti. On va donc partir à la recherche d’autre chose. Notre chauffeuse visiblement de mèche avec la proprio de l’auberge (elle me dira ensuite que c’est sa sœur) insiste pour que nous restions, puis devant notre mine déterminée, se propose de nous reprendre dans son véhicule (sans frais supplémentaire) pour nous « aider » à trouver un autre endroit. Elle prend son téléphone et tout en conduisant appelle numéro sur numéro. Mais tout semble plein ! Devant notre intention de nous arrêter dans un hôtel chinois hors de son réseau, elle se réveille et nous propose soudainement quelque chose dans le vieux centre, 80 yuans la double. On y va, c’est super, et notre chauffeuse en profite pour nous présenter la tenante, sa cousine ! D’ailleurs cette dernière est accompagnée de Nima, un des meilleurs amis de notre chauffeuse. Nous sommes « surpris » d’entendre qu’il doit justement rentrer sur Deqin (德钦,notre destination suivante) le lendemain, et qu’il nous propose donc de nous emmener au meilleur prix dans son 4x4 ! L’offre est convaincante, on accepte avec plaisir : flexibilité et confort que nous ne pourrions trouver ni dans la ligne de bus régulière, ni dans un minivan pourri.

Le lendemain, nous visitons d’abord la lamaserie (temple bouddhiste d’inspiration tibétaine) Songzanlin (松赞林寺) avant de reprendre le véhicule de Nima direction Deqin. Je lui demande de nous arrêter pour qu’on achète de quoi grignoter pour la route, mais au lieu de s’arrêter à la première boutique, il fait 100 m de plus, et descend en même temps que nous pour dire bonjour à son cousin, derrière le comptoir ! Puis la pause-déjeuner au milieu du parcours, on la fera bien sur chez son grand pote, et il pourra manger à table avec une bande d’amis. On reprend la route et plus on s’approche de Deqin, plus il fait signe ou adresse un petit mot aux voitures que l’on croise, et arrivés à Feilaisi (飞来寺), village située 10km plus loin que Deqin, plus branché tourisme, il nous emmène directement dans l’hôtel de la famille. On lui dit qu’on a envie de tenter l’immeuble de luxe perchée sur la colline. Il nous y emmène par un chemin détourné… et nous arrête dans un autre hôtel, bien meilleur que le précédent… mais on insiste, on veut celui tout en haut de la colline ! Alors il nous y guide finalement à contrecœur. Cette fois, nous n’aurons pas de prix. 240 pouloutes la chambre, et non négociables. Devant le gigantesque luxe de l’endroit, le prix qui reste dérisoire en comparaison des standards français et la perspective de passer ensuite 4 jours en pleine nature, on saute sur l’occasion. Nima est déçu… il nous aidera malgré tout à y monter nos sacs… et retira une commission de l’hôtel ! Comme on l’aime bien notre chauffeur Nima, malgré sa musique tibétaine, on fait encore appel à lui pour nous emmener au départ de notre balade le lendemain. Il nous convaincra de ne pas laisser les bagages supplémentaires à la réception de l’hôtel… mais au resto du bas, tenu par sa famille…

Pour conclure, et avec un esprit un peu plus critique, « l’effet de mafia », ça a du très bon quand on peut récupérer des services de qualité à très bon prix, par exemple le très bon hôtel dans le centre-ville, ou un chauffeur à la conduite contrôlée et au véhicule relativement sécuritaire comme Nima. Ça en a du moins bon quand « la famille » ne propose pas des services de qualité égale, par exemple quand nous avons été fortement incités à loger dans un hôtel à la propreté discutable à Feilaisi. Il devient alors difficile de dire non après avoir reçu tant de bons services… et que les bagages sont soigneusement gardés chez les cousins !

Je vous laisse avec des photos de Xianggelila, ou plus exactement de la lamaserie Songzanlin, le véritable lieu d’intérêt de la ville.

La lamaserie est une vraie petite ville


On remarque au dessus de l'entrée la roue et les deux chèvres, symboles du bouddhisme lamaïste


On a suivi des tibétaines qui semblaient monter au temple


On remarque qu'il manque le bâtiment central!


Un grand Buddha, à l'intérieur du pavillon principal, on remarque le bonnet jaune, caractéristique de la secte Gelugpa, la plus récente des écoles du bouddhisme tibétain


Un lama en pleine prière


La photo que nous ne devrions pas montrer... Le pavillon central a été détruit cette année pour être reconstruit...

1 commentaire:

Unknown a dit…

Salut Mathieu

J adore ton blog, et je trouve que le barbu de votre groupe est vraiment pas mal. Plus sérieusement c est vraiment le seul bon moyen de garder une trace durable. Je vais conseiller matapekin a mes vielles tantes.

Qu entends tu par " inspiration jean yvesque? " je voudrais des détails .

gros bisous

pa