jeudi 9 juillet 2009

Dali la douce

Nous voici à Dali, chez les blancs! Les locaux ont beau avoir la peau très matte (il faut dire qu’à 1900 m d’altitude, le soleil tape sacrément fort), le nom de l’ethnie dominante ici est Bai (白), ce qui signifie blanc en Chinois. Je n’ai pas encore élucidé l’origine de ce nom.

Donc Dali, 170 km et 3 heures de bus au Sud de Lijiang, 410 km au Nord-Ouest de Kunming. Dali, ville d’histoire, de charme et de tranquillité.

Ville historique avant tout car elle fut la capitale du royaume de Nanzhao d’abord, puis du royaume de Dali ensuite, avant que les Mongols ne viennent les intégrer au reste du territoire Chinois.

Ville de charme car l’inévitable construction de la nouvelle ville résultant du large développement urbain Chinois s’est faite de façon originale; non pas a la place de l’ancienne ville comme c’est le cas dans la majorité des villes Chinoises, non pas en périphérie comme c’est le cas à Lijiang, mais à une quinzaine de km au Sud. Le résultat est génial. L’ambiance de la ville enfermée dans ses 4 remparts est conservée, les rues sont pavées, les voitures peu nombreuses et les boutiques n’ont pas encore réussi à occuper l’ensemble des rez-de-chaussée de la ville. On trouve donc un petit centre animé avec cafés, restaurants, bars, boutiques, et agences en tout genre. Et quand on s’écarte un peu, on retombe tout de suite sur les petits bouibouis, les gesthouses et bien sur les habitations qui ne sentent ni le fameux béton chinois, ni le fake de l’ancien de moins de 5 ans.

Écoliers traversant le marché

Dali de nuit


Ville de tranquillité enfin, car avec la nouvelle ville loin des regards, l’ancienne Dali ne regroupe que 30 000 habitants, c’est 10 fois moins qu’à Lijiang. Les rues sont agréables a parcourir, on n’entend pas de klaxon, on oublie l’agitation et le stress habituel des villes Chinoises. Bref, c’est une destination de vacances familiale!

A la terrasse d'un café


En plus, les petits-dej sont sacrément bons!

Arrivés le 7 au soir et confortablement installés dans le coup de cœur du routard, la 大理飞鸟青年旅馆, à l’accueil chaleureux et aux chambres aussi bons marchés que confortables, tout s’annonce pour le mieux. A quelques pas du centre, on se retrouve vite attablés autour des spécialités Bai, deuxième repas ethnique de la journée. Alors du plus réussi au plus méprisable, citons l’alcool de prune, le poulet aux épices, le porc au gras et la carpe aux piments. La double conclusion par Pierre-Alain : "A les cons, ils osent nous servir de la carpe." - "Il y a vraiment rien de meilleur que les baozi et les jiaozi " (traduction : petit pain fourrés et raviolis que l’on trouve a tout les coins de rues a 10 kuais).

Dégustation de jiaozi et baozi... On remarquera le nombre de boites sur la table!

Au programme du 8, balade à vélo vers le Nord a la recherche des petits villages. La scène :

Autour du lac Erhai

A l’ouest, les montagnes Cangshan (苍山) qui s’élèvent a plus de 4000m et sont invariablement recouvertes d’un tapis de nuage. Ceux-ci semblent venir de l’Ouest, de l’Inde et du golfe du Bengale, transportés jusqu’a cette partie des montagnes Himalayenne par les vents de la Mousson. Bloqués par la barrière montagneuse, ils semblent s’agglutiner par derrière, et tel un barrage trop rempli, se déverser sur la plaine de Dali. Photo a l’appui :

Les célèbres Pagodes, symboles de Dali, semblant sur le point de se faire jeter au sol par une avalanche nuageuse

A l’Est, le lac Erhai (洱海胡), majestueux, d’une quarantaine de km de long, lui même bordé d’une seconde chaine de montagne plus a l’est.

On dirait la Suisse ou la Scandinavie

C’est par la 2 x 4 voies que l’on se dirige vers le village de Xizhou (喜州). Après le passage des emblématiques pagodes de Dali, à la blancheur éclatante guidant le voyageur, elle se transforme en un vulgaire chemin boueux, la route est loin d’être finie. Entre les flaques de boue et les camions, on remonte vers le Nord, complétement inconscient que pour la première fois depuis notre départ de Pékin, le ciel est dégage, et le soleil tape, tape... On arrive bientôt dans des portions de routes peu empruntés, idéales pour les vélos.


Plantations de riz. La récolte attendra bien encore 2 mois.


Les femmes locales portent leur chargement par une lanière passée sur le front!


ou à flanc de vélo

D'étranges choses blanches sont mises à sécher... sur la route, pourquoi pas?




Mmmm, peu ragoutant!


On traverse une première fois le village de Xizhou en coup de vent, bien décidé à aller voir le lac de plus prés. On s’aventure un peu plus loin sous les indications des locaux. Et tout a coup Pierre-Alain s’étonne : pourquoi le lac est aussi à gauche ??? On est piégé, on a emprunté la seule avancée dans le lac...

A gauche le lac... à droite le lac... merde!


Fin du chemin


Paysage du lac Erhai


On semble y voir des pécheurs. Approchons nous un peu...


Pécheurs du lac Erhai


Notre aventure se révèle super pour les photos, mais moins pour les filles qui ne se remettront pas d’avoir pris tant le soleil tête découverte. Revenus au village, on se met enfin a l’ombre, les bras et les mollets plus rouges que bronzés, et on se régale des petits plats locaux en se maudissant de n’avoir pensé ni a la crème, ni aux chapeaux.

Incapables de revenir sous le soleil, on traine sur la place du village un bon moment, on observe les différents petits plats (du coup on en recommande pour certains) et on rie de la mode vestimentaire des touristes chinoises qui détonnent autant que nous dans ce petit village.


Qui veut du gras?


La cuisine


Les touristes

Un réparateur de vélo ambulant


Après une petite altercation avec des gardiens de toilettes qui n’avaient pas l’air de vouloir nous laisser rentrer, on trouve un bus qui accepte gentiment de nous remmener nous et nos vélos jusqu’à Dali, tout ca pour la modique somme de 10 kuais.

Notre nouvel ami, le gardien de chiottes à 5 maos


Content de notre jolie balade a travers les villages remplis de gamin le sourire aux lèvres, les rizières plus vertes que vertes et les routes recouvertes de petits alluvions qui sèchent au soleil, on rentre a l’auberge pour penser nos blessures : coups de soleils et coups de chaud. On ne s’y fera plus prendre, à partir d’aujourd’hui, crème solaire et chapeau des que l’on sort, d’autant plus que l’on va monter de plus en plus en altitude.

Le soir alors que l’on rend nos vélos, c'est à l'excellent Cycling Dali (qui loue autant des vélos qu'il vend des billets de bus, trains ou avions - bref, une excellente agence) que l'on "tombe" sur Jean-Yves, français, 26 ans, et guide local. Il offre de nous conseiller pour nos petites ballades dans le Yunnan. Trop contents d’avoir un interlocuteur local qui puisse enfin nous conseiller clairement et répondre a nos questions, on mange en sa compagnie dans le restaurant Ouigour local, l’occasion de réfléchir aux insurrections d’Urumqi dont les conséquences ne se résument pas au blocage de Facebook... même si c’est sacrement pénible !

Il nous renseigne entre autres sur les différentes options de randonnées dans le parc de la Meili shan, notre dernier objectif qui s’étale a moitie sur le Yunnan et le Tibet. La Meili Shan (Shan signifie montagne en Chinois), dont le Kawarkpo est le sommet principal est une montagne sacrée pour les Tibétains, elle est donc le lieu d’un pèlerinage, qui prend le nom de khora dans la langue locale. La khora consiste d’une manière générale à faire le tour d’un lieu sacré, dans un sens donné. Parfois courtes, comme la khora autour du temple de Lhassa (connue car les Han prennent un malin plaisir à effectuer des travaux sur le chemin de la khora exclusivement aux horaires de prières), mais parfois longues comme ici. Il faut environ deux semaines pour faire la khora du Kawakarpo.

Ce ne sera pas pour nous, nous n’avons que 4 jours a notre disposition, et d’ailleurs, nous ne sommes pas la pour cela. En 4 jours, deux itinéraires s’offrent à nous. Le tranquille, consistant à faire l’aller-retour aux villages de Yubeng (雨崩) depuis Feilai si (飞来寺). En y ajoutant l’aller-retour a la fontaine sacrée, et en trainant tranquillement sous la vision grandiose de notre presque 7000 m, on pourra profiter des hautes altitudes et de l’environnement Tibétain sans trop fatiguer les organismes déjà meurtries par les dizaines de milliers de marches d’Emeishan.

Le second itinéraire permet d’accomplir la magique traversée du massif entre les gorges du Mékong et celles de la Salouen, et donc de relier deux des plus grands fleuves asiatiques à travers le massif Himalayen au pied des grands sommets enneigés. 4 jours de marche puis une redescente vers Dali par la vallée de la Salouen, sans passer par Xianggelilaet Lijiang, c’est la belle aventure, ca fait rêver... mais les organismes seront-il prêts a repartir pour 4 jours de randonnées en montagne ? Rien n’est encore décidé a l’heure ou j’écris, vous le saurez après notre passage a Xianggelila !


Mais pour le moment nous sommes encore à Dali, prêts à profiter d’une seconde journée dans cette ville adorable. On se régale dans une petite boulangerie montée par un Allemand mais aux pains de style français et avec des serveuses au français frémissant. Nous sommes parés pour monter au Zhonghe si (中和寺), et emprunter la douce voie en pallier sur la montagne, voie qui surplombe Dali et le lac Erhai et devrait nous donner un spectacle assez magnifique. On perd Mathilde a la sortie de la boulangerie. Pas remis du coup de chaud de la veille, elle va rester se réhydrater tranquillement a la maison. 15 min plus tard, c’est au tour de Sarah de subir le même sort. Pierre-Alain l’accompagne et c’est avec Jérôme seul que nous atteignons le Zhonghe si. La vue est effectivement vaste et dégagée, et le restera tout le long du chemin. C'est très beau!


Vue sur le lac Erhai depuis le temple Zhonghe

On passe par quelques jolies gorges, et malgré un chemin parfaitement plat, le genou de Jérôme se réveille. Syndrome Pierre Laffitte. On peut courir en montée, mais la jambe refuse de se plier en descente et sans bâtons, c’est le supplice à chaque pas ! C’est à regret que l’on doit emprunter le télécabine si chéri par les chinois, maudissant le tarif hors de prix de ce joujou, et se demandant si avec un genou pareil il est bien sage de tenter la mythique traversée du Mékong a la Salouen...


Coucher de soleil sur Dali et son avalanche nuageuse.

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