Après le Yunnan, après Singapour, le programme « Voyager en attendant le printemps » m’a cette fois-ci conduit vers Hangzhou(杭州) la magnifique et Huang shan ( 黄山) la mystique.
Tout d’abord, où est-ce donc ? Réponse, dans la région de Shanghai, en se dirigeant vers l’Ouest (Il y a toujours une carte de la Chine en bas de page de ce blog). Hangzhou est connu des touristes comme étant l’une des deux destinations immanquables avec Suzhou (苏州) lors d’une visite de Shanghai. Un célèbre dicton Chinois dit d’ailleurs 上有天堂,下有苏杭. Vous avez compris ? Au ciel appartient le paradis, mais sur terre il y a Suzhou et Hangzhou. Un beau dicton à la gloire de ces villes, connues pour leur charme et leur aspect pittoresque. Si j’ai eu la chance de faire étape à Suzhou il y a déjà 4 ans (merci Brigitte !), il était maintenant temps d’aller voir Hangzhou.
Intro du Routard : Où les Shanghaiens se précipitent-ils quand arrive le week-end ? A Hangzhou avec le train express. La préfecture du Zhejiang a sur garder un charme campagnard. Accrochée au rives du lac de l’ouest, entourée de collines, percée de parcs et jardins, Hangzhou reste une destination un peu à part, une ville verte peu polluée, où piétons et bicyclettes ont encore « droit de cité ».
Hangzhou s’est développée pour deux grandes raisons historiques. La première fut qu’elle ne fut rien de moins que capitale impériale de la dynastie des Song du Sud lorsque les Jürchen envahirent le Nord du pays en 1126. Elle le resta jusqu’à l’arrivée des Mongols en 1279, instaurateurs de la dynastie Yuan qui prirent le contrôle du pays et installèrent la capitale à Pékin. La deuxième fut sa grande production de thé, porcelaine et soie qui remontait jusqu’à la capitale par le Grand Canal.
Autour des 30° de latitude Nord, cette fois ce n’était ni le climat équatorial de Singapour (1°N), ni celui du Xishuangbanna (21°) qui m’attendait. Mais en volant plus de 1000 km vers le Sud, j’espérais quand même trouver un temps bien meilleur qu’à Pékin. Si Kunming (昆明) est décrite comme la cité des quatre printemps (四季如春), je pourrais alors décrire Hangzhou comme 春如四季, le printemps comme les quatre saisons.
Tout d’abord l’automne fut la saison qui m’accueillit à mon arrivée jeudi soir à Hangzhou. La pluie battante ne faiblit pas jusqu’au lendemain soir. Vendredi soir, c’est abrité sous les petits parasols des petites échoppes de Hefang jie (河坊街) que je déguste du délicieux riz à l’ananas et de belles brochettes de porc (Si le mouton est à l’honneur à Pékin, ici c’est bien le porc).
La belle balade à vélo que j'avais prévu pour le vendredi tomba, comme on dit, à l’eau. Je tente malgré tout de faire quelques pas autour du mythique lac de l’Ouest, la principale attraction touristique de la ville, mais le vent glace mes mains agrippées au manche du parapluie. Je dois me mettre à l’abri et en profite pour visiter la pharmacie Huqingyu Tang (胡庆余堂) au cœur du centre ville. A moitié pharmacie, vendant aussi bien des médicaments aux herbes chinois que des médicaments occidentaux, et à moitié musée retraçant l’histoire des produits pharmaceutiques chinois.
En fin de matinée les demoiselles Céline et Audrey, elles aussi Françaises de Pékin, me rejoignent, et grâce au routard et ses problèmes récurrents de chiffre, on manque le meilleur resto de la ville à un petit quart d’heure… Qu’à cela ne tienne, on entre dans le resto d’à coté, et on déguste l’une des spécialités de la ville, un plat de crevettes mi-cuites. Mmm, je suis pas fan !
Profitant d’une légère accalmie, on se rend au village de Longjing (龙井) en bordure de la ville. Celui-ci se trouve sur de petites collines qui sont bien surs recouvertes de plantations de thé. Car le the Longjing, thé vert aux arômes très doux, est l’un des plus connu de la Chine. Si le Pu’er du Yunnan le vaut bien en célébrité, le Longjing est de loin le plus cher. Le prix des premières récoltes est complètement déraisonnable et ce thé devient parfois un produit de luxe. Dès l’époque des Yuan, le thé Longjing était l’une des principales marchandises que l’on embarquait sur les bateaux qui remontaient le Grand Canal en direction de Pékin, la capitale impériale.
Le soir, dans un resto aux spécialités de pates (ou de nouilles, c’est selon…), nous retrouvons Vincent. Vincent revient de Huangshan, notre destination du week-end. Huangshan, la montagne jaune, est renommée dans tout le pays pour ses paysages mystiques de pics très découpés baignant dans une mer de nuages. Cela faisait près de deux ans, depuis qu’un certain Aurélien avait essayé de me convaincre de l’accompagner dans cette ascension, que j’avais gardé l’idée de grimper Huangshan dans un coin de ma tête, alors cette fois-ci, je ne pouvais pas rater l’occasion une seconde fois. Donc Vincent, ce héros, parti deux jours avant nous en éclaireur, revient de Huangshan qu’il a gravi sous la tempête de neige, avec une visibilité quasi nulle, le tout en quelques trois heures pour éviter de mourir de froid ! Si vous avez accès à Facebook, allez jetez un coup d’œil à ses photos, vous verrez … que l’on ne voit pas grand-chose !
Samedi, l’hiver est là. Après les quelques heures de bus règlementaires pour faire le trajet Hangzhou-Huangshan, on début l’ascension en début d’après-midi. On voit tout de suite le reste des tombées de neige de la veille dont nous a parlé Vincent. Et au fur et à mesure de la montée, ces petites traces grossissent de plus en plus, le chemin pavé de marches est maintenant recouvert de neige/glace vachement casse-gueule.
Les chinois montent tous (enfin, descendent, ils sont montés en téléphérique) avec des petites crampons, et ils ont bien raison ! Arrivés sur le « plateau », les filles filent se mettre à l’abri avant que le soleil ne tombe, et j’en profite pour faire le tour du « plateau » un peu plus vite. Quelques photos :
Je m’arrête au niveau de la pierre volante (飞来石), immense pierre de forme allongée suivant la verticale et qui semble juste posée sur la montagne, comme si on l’avait amené ici, d’où son nom… J’attends patiemment le coucher de soleil en sentant mon corps se refroidir terriblement. C’est bien l’hiver ! Le spectacle du coucher n’est pas inoubliable car il se couche justement dans la mer de nuage.
Je prends alors les jambes à mon coup, devant regagner l’hôtel avant de me retrouver bloqué sur la montagne dans le froid et l’obscurité, mais au milieu des files de chinois, et sans crampons sur les marches terriblement glissantes, ce n’est pas bien facile. J’atteins finalement mon objectif, l’hôtel Beihai (北海宾馆), immense hôtel de montagne sur ce plateau de Huangshan. Arrivé à la réception, c’est la stupéfaction. Vous êtes Hongyu ! Mais vous êtes un homme ! Ici, on ne mélange pas les hommes et les femmes dans les chambres, et le lit qu’ils m’ont assigné… est en compagnie de 5 adorables jeunes filles. Il n’y aura rien à faire, on est finalement logé dans une chambre au sous-sol, chambre habituellement non utilisée pour les clients….
Dimanche matin, réveil avant l’aurore, direction le pic du lion 狮子峰 pour admirer le lever du soleil. Il y a foule ! Enfin, après Yuanyang, je suis habitué.
Après un solide petit déjeuner buffet, on se met en route, cette fois équipés de crampons, en direction de la route de l’Ouest, la deuxième voie d’accès, beaucoup plus longue et spectaculaire que la voie de l’Est que nous avions empruntés à la montée. Les photos parlent d’elles-mêmes, et remarquez bien la douce progression de l’hiver vers le printemps au fur et à mesure de la descente :
Retour à Hangzhou dans la soirée, on dine dans un petit resto Taïwanais à coté de l’auberge (la 杭州国际青年旅舍, celle du centre sur 南山路 mais qu’aucun chauffeur ne connait). De délicieuses nouilles (ou pates, c’est selon) à l’anguille, des pâtisseries au Durian (étrange…) et bien sur le fruit du dragon !
Lundi, l’été est là. Les pulls sont au placard, on enfourche nos destriers (de magnifiques vélibs !), et c’est parti pour une grande balade autour du lac Xihu, ses jardins, ses pagodes, ses petits bateaux (traditionnels et aviron moderne !)…
Sur une des grandes digues du lac
Pause au Feilaifeng (飞来峰) et au temple Lingyinsi (灵隐寺) qui en valent sacrément le détour: le Feilafeng pour ses scultpures rupestres, assez rares en Chine du Sud, et qui rappellent celles de Datong ou de Longmen et le temple Lyinyin si pour ses dimensions extraordinaires!
Reproduction de Longmen
Un Buddha rieur (riant de la bétise du monde...)
On se croirait presque dans la jungle!
Un Buddha rieur (riant de la bétise du monde...)
On se croirait presque dans la jungle!
Le but ici est d'arriver à lancer et coincer une pièce dans un relief de cette gravure de scène mythologique
Voilà, le soleil se couche sur ce beau lundi estival et sur mon dernier week-end dans le Sud du programme « Voyager en attendant le printemps ». Car le printemps est à Pékin, enfin ! On passe les 20°c tous les jours, ouf !