Arrive enfin le jour du Gaokao! Un jour spécial en Chine, la vie semble s’y arrêter devant la sacralité de l'évènement. Zuo Hongwei me rapporte : "它影响了大家的一生, Cet examen influence la vie entière de chacun".
Nous avons vu hier comment il influençait la jeunesse des étudiants chinois. Qu'en est-il une fois sorti de la salle d'examen?
Le Gaokao est noté sur 750 points, dont 150 pour l’Anglais, 150 pour les maths, 150 pour le Chinois, et 300 pour l’ensemble bio-phys-chimie ou histoire-géo-politique. Les lycéens en filière littéraire passent leurs Gaokao en rêvant d’intégrer Beida (北大, Peking University), les scientifiques eux rêvent de Tsinghua (清华). Puis c’est la longue et douloureuse attente des résultats, résultats qui sanctionnent toute une jeunesse. Et ce sont sans doute les parents, pardon, les chefs de famille qui sont les plus stressés…
Pour les provinces normales le résultat du Gaokao vient d’abord, puis le lycéen exprime ensuite ses vœux en termes d’universités. Il a le droit à trois choix d’université, universités qu’il faut choisir judicieusement car la logique d’intégration est étonnante : on fait défiler les lycéens par ordre de classement, et au lieu de les placer les uns après les autres dans leur plus haut choix où il reste encore de la place, on les place dans leur premier choix s’il reste de la place, ou on les laisse de coté pour une seconde lecture du classement ! Cela veut donc dire qu’en demandant une bonne université, on joue à quitte ou double. Si on n’intègre pas l’université de premier rang, on se retrouvera dans une université de beaucoup moins bon rang qui ne reflétera pas son niveau. Et pour les Pékinois ce choix est encore plus difficile, car il est à faire en aveugle, avant l’annonce des résultats !!!
Les Pékinois se consolent malgré tout avec un nombre de place allouée dans les meilleures universités très large en proportion des autres provinces. L’intégration se fait en effet par province. Les lycéens chinois sont seulement en concurrence avec les autres lycéens de la même province. Puis chaque université donne un quota (名额) par province. Et en terme de places offertes par rapport au nombre d’étudiants passant le Gaokao, certaines provinces sont avantagées. C’est le cas de Pékin. Cette inégalité se constate par exemple dans le nombre de points avec lesquels les lycéens de différentes provinces ont intégré Tsinghua. Si le dernier entré de la province du Sichuan est entré avec 700 points, le dernier entré venant de Pékin avait peut-être seulement obtenu 650 points…
Et celui du Qinghai est entré avec moins de 600 points, sans avoir jamais pris de cours supplémentaires au cours de son enfance, et tout en ayant profité de ses week-end sans crouler sous le travail scolaire ! Injustice peut-être, mais le Qingghai comme le Tibet ou le Xinjiang font partie de ces régions sous-peuplées, sous-développées, très pauvres, et où le niveau d’éducation est très bas. S’il leur fallait atteindre un niveau équivalent à celui des lycéens des provinces du littoral pour rentrer dans les plus grandes universités, il n’y en aurait pas un seul. Il existe aussi une discrimination positive pour les membres des minorités ethniques chinoises, ceux-ci ont un bonus initial compris entre 5 et 20 points au Gaokao. Dans un couple dont l’un des époux est han, l’autre membre d’une minorité ethnique, le bonus au gaokao est la raison principale du choix pour l’appartenance à la minorité pour leur enfant…
Une parenthèse à ce sujet, en Chine, il est très mal vu de 走一步算一步, littéralement marcher un pas, puis calculer le suivant. Il faut plutôt 走一步算三步, calculer 3 pas pour un pas parcouru. Et pour les parents chinois, c’est plutôt 连一步还没走,都算了一万步了, le premier pas n’a pas encore été fait que les dix milles suivants sont déjà programmés. L’enfant n’est pas encore né que les parents ont déjà prévu l’université qu’il intégrera et le parcours pour y arriver… Fin de la parenthèse.
Juste avant d’intégrer l’université, une dernière condition à remplir, choisir sa majeure. Les derniers rentrés prennent les majeures qui restent, seuls les premiers ont l’embarras du choix. Enfin, le choix, ce sont les chefs de famille qui le prennent, et il est plutôt fait en fonction des recommandations du gouvernement que des desiderata du nouvel universitaire. « A vrai dire, on n’aurait pas vraiment su choisir » nous rapportent nos camarades chinois.
Ça y est, l’étudiant chinois a intégré l’université, la vie est belle, il va pouvoir se faire plaisir pendant 4 ans ! Ts ts ts, l’université, ça a beau s’intégrer après 2 années de type prépa et un gros concours à la fin, ce n’est pas la belle vie comme en école d’ingé française. Un peu parce que les universités ont des exigences très élevées pour leurs élèves (Souvenez-vous), beaucoup parce que les parents continuent à mettre une pression très forte sur leur enfant. Car les parents voient toujours plus loin (走一步算三步 quand tu nous tiens…), plus précisément, derrière les 4 années de license (本科)…
A ce moment là, bac+4, quel est l’avenir pour les étudiants chinois ? A l’époque du président Hu Jintao, on s’arrêtait là, mais maintenant, il faut à tout prix continuer vers un master, ou mieux, un doctorat.
Pour cela, ceux qui ont intégré les meilleures universités chinoises au moment du Gaokao, l’objectif est le master ou le doctorat aux Etats-Unis. Ils montent donc les dossiers, passent des nuits entières à mémoriser des livres de vocabulaire anglais et passent le 2ème examen le plus dur au monde, toujours dans la conception locale : le GRE. Les meilleurs des meilleurs partent ainsi aux Etats-Unis et alimentent la diaspora chinoise.
Pour ceux qui auraient échoué à l’intégration des meilleures universités (211大学) à l’époque du Gaokao, session de rattrape : le concours master (研究生考试)! Nouvelle occasion d’intégrer les universités de plus haut rang. Concours master, dernier concours du trio des concours les plus difficiles du monde !!! S’ils intègrent, que se passe-t-il après ? Et bien, vous devez déjà le savoir si vous le lisez ce blog, car c’est à ce point que j’ai rejoint l’histoire…
1 commentaire:
你的博客挺不错.
你在青岛 好漂亮的城市.
继续写吧!
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