jeudi 3 février 2011

Un Nouvel An… Chinois !

Bonne année ! Santé, bonheur et prospérité !
新年快乐!身体健康 ,恭喜发财,阖家幸福!

Le rugissant tigre de métal s’en est retourné et a laissé place au lapin de jade et ses heureux auspices
金虎长啸辞旧岁,玉兔献瑞迎新年

Pour célébrer ce chassé-croisé entre tigre et lapin, j’eus l’immense plaisir d’être convié par Yuqian, amie et camarade de l’université, à cette grande réunion familiale qu’est le nouvel an chinois. Ce fut une longue soirée de jeux, de raviolis et de feux d’artifice !
  • Le Mah-Jong
A peine arrivé chez Yuqian j’étais invité à prendre place autour de la table de Mah-jong, un des grands symboles de la période du nouvel an chinois. En face de moi le père d’Yuqian, joueur efficace, rapide et silencieux. A ma gauche Xiao Shu, jovial et dynamique, et très curieux à mon égard. A ma droite Er Gu, joueuse technique, passionnée et volubile.

Le rythme du jeu était incroyablement rapide ! C’était la première fois que je jouais avec des joueurs aussi expérimentés et je découvris que le Mah-jong est un jeu qui ne s’arrête pas une fois qu’il est lancé. Pas de temps mort, les séquences s’enchainent, les gestes sont précis et choisis pour garder le rythme aussi rapide que possible. On lance la première pierre sans avoir trié son jeu en annonçant « pas de regret » et on trie son jeu pendant que l’on joue. Les pierres piochées sont lues par le pouce plus que par les yeux et sont jouées d’un mouvement habile de l’index qui renverse la pierre et la propulse au milieu du tapis de jeu d’un seul mouvement. Et lorsqu’on Peng ou Chi la pierre jouée par un autre joueur, on jette la pierre suivante avant même de récupérer cette pierre. Rien ne doit ralentir le train Mah-jong une fois qu’il est lancé !

Je jouai une dizaine de parties, peinant à tenir le rythme et essayant de jouer en temps plutôt que jouer intelligemment, avant de laisser la place à Yuqian, allégé de plusieurs dizaines de RMB !!!
  • Les toasts
Au cours du diner qui suivit, dans une magnifique salle privée d’un restaurant sur Chang An Jie, avec Michael, second Laowai invité ce soir là, nous avons été l’objet de toutes les attentions. En particulier une petite bouteille de Baijiu, le si renommé alcool de riz chinois, dont le degré d’alcool varie entre les 30 et 60 degrés et reste un immanquable des banquets chinois, nous avait été réservé. Après avoir bu le verre d’ouverture de diner et le verre à la nainai, les verres se sont succédés à coup de quizzs plus ou moins intellectuels : Devine d’où vient cette bouteille de vin, quelle est la relation entre untel et untel autour de la table, etc. Yu Qian me souffla alors que celui qui boit le moins c’est celui qui prend la direction du jeu. Alors avec Michael on les a eu sur leur propre terrain : Vous savez écrire le 爨 de 爨底下 ? En quelle année Zheng Chenggong a-t-il repoussé les hollandais hors de Taïwan ? Résultats garantis !!
  • Les pétards et feux d’artifice
Après ce bon diner bien arrosé vint le moment tant attendu des pétards et feux d’artifice. Il y en avait pour plusieurs centaines d’euros, c’est vous dire la quantité ! Le ciel brillait déjà de feux de toutes les couleurs, les rues résonnaient déjà au point de déclencher les alarmes de voiture, et nous nous sommes joins au déploiement des forces, depuis notre petit parking. Si vous pensiez que les boites de fusée et les couronnes de milliers de pétards étaient des jeux pour enfants, détrompez-vous: les plus excités ce soir-là, ils avaient la cinquantenaire !

Er Gu me disait fièrement que les 老百姓, les simples citoyens, étaient bien plus forts que le gouvernement au jeu des feux d’artifice. Le jour de la fête nationale, le feu d’artifice est imposant et respectable, certes. Mais le jour du nouvel an chinois, c’est toute la ville qui s’illumine ! C’est chaque Pékinois qui va acheter ses boites de feu d’artifice et qui va les allumer en bas de chez soi. Si vous aviez la chance de survoler la ville par avion, vous apercevriez un gigantesque spectacle de lumières, sur un périmètre de plusieurs dizaines de km. Et ça ne dure pas juste quelques minutes ! ça commence à la tombée de la nuit, ça va crescendo et c’est l’apothéose à minuit. 

Ce spectacle de la rue en sons et lumières est prévu pour durer plus d’une semaine ! Souvenez-vous, l’année dernière, je rentrais à Pékin 5 jours après le nouvel an chinois
  • Les Jiaozi
De retour à l’appartement, la dernière activité traditionnelle commença : la confection des jiaozi (raviolis chinois). La pâte et la garniture furent préparées à l’avance, mais le fourrage, activité ludique et qui renforce la cohésion, était gardé pour le dernier moment. Comme pour le Mah-jong, le fourrage des jiaozi demande des gestes précis afin d’obtenir un ravioli dont la peau est fine, la garniture abondante, et la forme joliment ondulée. 

Le Jiaozi aurait été inventé au plus profond de l’hiver par un médecin chinois qui, apercevant nombre de ses concitoyens l’estomac vide et frigorifiés au point d’en avoir les oreilles gelées, leur aurait préparé un remède qui prenait la forme de ces oreilles gelées : de la viande et des ingrédients contre le froid fourrés dans de la pâte a pain. Le jiaozi était né. On commémore aujourd’hui la création du jiaozi le jour de 冬至, solstice d’hiver. Si on en mange aussi le jour de la nouvelle année, c’est parce que le jiaozi est homophonique avec le verbe signifiant changer d’année… Visiblement, quand on est gourmand, on trouve toujours une bonne raison de savourer quelques jiaozi !

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