lundi 28 juillet 2008

Cuandixia 爨地下

Samedi 26, 15h30, nous voici à 苹果园, le jardin des pommes, station la plus à l’ouest du métro Pékinois. Pas de pommiers, pas de jardins, pas de marchés aux fruits, simplement une banlieue très urbaine et une grande station de départ de bus. 16h30, nos compères arrivent, et nous ont laissés le temps de nous acclimater au temps chaud et lourd qui est de mise en ce mois de juillet à Pékin. Commencent alors de longues tergiversations pour décider comment nous rendre à notre point de chute: le bus, qui doit passer par près de 40 stations et dont les passagers se massent par dizaines à l’arrêt, ou le taxi prévu pour 4-5 personnes, donc beaucoup trop petit, mais qui permet de s’y rendre beaucoup plus rapidement. C’est finalement le spectacle insolite d’une foule de chinois qui telle une sangsue se colle à la porte du bus avant même son arrêt et ne s’en décolle que lorsque les portes ne s’ouvrent, leur laissant alors le temps de se ruer, tels des parisiennes en délire lors de l’ouverture des soldes, vers le siège libre le plus proche, qui nous convainc définitivement de sacrifier nos jambes dans une voiture miniature.

On croise un autre taxi à proximité de l’arrivée, celui-ci du modèle supérieur. Les chauffeurs s’arrangent, et nous déménageons dans la suivante, grand confort ! Nous apprenons tout de la vie du chauffeur, 28 ans, marié, une femme de 22 ans, une petite fille, fan de Louis de Funès et de La Grande Vadrouille. Il nous dépose sans encombre au pied d’une des nombreuses « maisons d’hôte » du village, au nom compliqué de Cuandixia (爨地).

Situé à 90 km à l’ouest de Pékin et à 650 m d’altitude, sa fondation date de l’époque de la dynastie Ming (1368-1644). On y trouve environ 70 maisons qui emploient l’architecture des siheyuans (四合院), ces maisons traditionnelles organisées autour d’une cour carrée. C’est la juxtaposition de siheyuans qui forme les célèbres hutongs à Pékin, hutong qui ne subsistent plus qu’autour des lacs du centre de Pékin. La mode ici est de dormir dans des Kangs. Le kang est le lit traditionnel du nord de la Chine, lit de briques chauffé par un léger feu de bois. Habituellement, le kang occupe la moitié d'une pièce orientée vers le soleil. C’est le lit familial !

Après avoir choisi le Kang de nos rêves, nous partons faire un petit tour dans le village. Vous pouvez lire sur cette photo 男厕所, toilettes pour hommes, attirants n’est-ce pas ?

Faisons les présentations. De droite à gauche: Balthazar, x de la promo 2006, délégué et ancien du Lycée Français de Pékin (LFP) au collège. Il rie tout le temps. Ludovic, au collège de Pékin avec Balthazar puis retrouvailles en terminale. Il aime ressortir les dossiers sur Balthazar. Au milieu, je sais pas trop. Cécile, ancienne du LFP, au collège avec les 2 précédents. Pas chinoise, même si les chinois le croient tous. Marion, Lilloise, travaille chez Total avec le grand en bleu. Aime quand Balthazar la regarde dormir.

Puis nous dinons dans notre maison d’hôte, un poulet entier découpé en petits morceaux (la tête et les pattes sont encore là) et des plats de légumes en tous genres. Balthazar et Ludovic se font des High-five avec des pattes de poulet… Nous passons la soirée à discuter avec notre hôte, jeune père de famille, son fils a seulement 2 mois. Etonnamment, il refuse de prendre son bébé dans ses bras avant ses 1 an, il a trop peut de lui faire du mal… Toute la famille est réunie autour de grands Menhirs, heu non, dans la même maison familiale. Avec le bébé, 4 générations y sont présentes. Ici, même si ce n’est plus la ville, les habitants ne sont pas des paysans et si un couple a une fille comme premier enfant, il doit renoncer à avoir un garçon pour le reste de sa vie. D’où des idées morbides de Ludovic, en droite ligne des atroces pratiques funéraires des tibétains que je ne vous conterais pas ici.



Le jour suivant commence par un déjeuner chinois, auquel je ne me ferais jamais. Il y avait encore sur la table le classique tofu puant, et je n’ai malheureusement pas réussi, malgré des promesses de récompenses sonnantes et trébuchantes, à en faire manger à qui que ce soit. Puis on part se balader, d’abord dans le village, pour voir à quoi il ressemble de jour, puis dans la montagne à la recherche des ruines et des gorges. Nous passons non loin d’un engin de terrassement perché dans la montagne, qui fait rouler des pierres de taille monumentales dans les champs en contrebas, au milieu duquel un chinois à coté de la plaque travaille sans agitation aucune. Ni les cris, ni les gestes ne le feront partir. Il faudra mettre en garde un des employé des travaux pour que ce paysan inconscient soit mis hors de danger. La sécurité à la chinoise…

Nous gravissons la montagne, d’abord par un petit chemin tranquille, puis plus pentu, bientôt très touffu. Le sommet de la montagne est en fait un grand plateau encerclé par les grands sommets alentours. C’est très joli, et la présence de la brume environnante rajoute un caractère mystérieux à l’endroit, et donnent aux montagnes l’impression d’être plus hautes et plus lointaines. On distingue quelques habitations, et nous décidons d’aller jeter un coup d’œil malgré l’absence de chemins et les herbes hautes. Nous tombons par hasard sur le village en ruine que nous n’espérions pas trouver dans cette partie de la montagne!

Nous vagabondons dans les rues du village en ruine, envahie par la végétation. Mais aucune ortie, à notre grand bonheur. Il est d’ailleurs assez étonnant de ne jamais voir d’orties en Chine. Cette espèce est peut-être absente de cette partie du monde. Mais pourquoi ? On décide de poursuivre un peu plus loin et nouvel surprise, cette fois ce sont les gorges qui s’offrent à nous ! Par contre, en cette période de l’année, elles sont asséchées…

On essaye ensuite de rentrer par un autre chemin, comme les rois majes dirait Vianney, mais un peu trop timorés, nous faisons finalement demi-tour jusqu’au village Cuandixia, où nous pouvons enfin nous désaltérer sans retenue. L’Ice Tea, c’est très courant ici, et tel la Guinness, it’s good for you. Après un repas, dont Cécile ressortira vexée car le serveur aura refusé de se retourner lorsqu’elle l’appela alors qu’il vint aussitôt lorsque Ludovic de sa voix de grand mâle l’appela à son tour, nous reprenons une voiture encore toute petite pour rentrer, mais j’hérite de la place de devant, alors j’en profite pour faire un petit somme pendant que les autres subissent un peu plus dans les sièges arrières…

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