mardi 7 septembre 2010

Montagne Baekdu - Changbai Shan (长白山)

Un soir durant ma conférence à Harbin, j’appris de la bouche d’un chauffeur de taxi local que les chinois étaient très forts pour organiser des réunions dans le seul prétexte de voyager dans le pays. Devant le relatif échec académique de mon aventure dans le Nord-Est de la Chine, il me fallait donc chercher à être meilleur sur le contenu voyage ! 

Une destination du Nord-Est Chinois me tentait justement insidieusement depuis quelques mois : la montagne Baekdu, aussi appelée montagne Changbai en chinois (长白山). Placée sur la frontière actuelle séparant la Chine de la Corée du Nord, cette montagne est un monument de la mythologie Coréenne : c’est de cette montagne que serait descendu l’ancêtre du peuple Coréen !

Depuis Harbin, un train de nuit m’emmena jusqu’à Yanji (延吉), capitale du comté administré par l’ethnie coréenne (朝鲜族) de Chine. A Yanji le double système d’écriture est de mise, les caractères coréens côtoient systématiquement les caractères chinois, et il y a presqu’autant de restaurants coréens qu’à Wudaokou. Depuis Yanji, je rejoins Baihe (二道白河) par bus, puis l’entrée du parc de la montagne Baekdu en taxi. 

Le récit reprend au sommet de la montagne :

Soudent des cris. L'image d'un lac reposant entre les nuages se dessine. Il se dévoile dans toute son ampleur devant nos yeux. La vision est brève, quelques secondes, avant que les nuages ne reviennent la recouvrir. On prépare la pause et l’appareil photo, prêts à saisir les quelques instants fugitifs où, derrière mon magnifique imper rouge loué pour l’occasion, le bleu foncée de l’eau du lac viendra remplacer le terne blanc des nuages.



Et puis vient un moment où les nuages ne reviennent plus. Le vent aurait-il réussi à vider l’immense cratère de cet amoncellement de nuages qui recouvrait le lac céleste ?

Blotti dans mon imper, je prends alors le temps d’admirer les détails du panorama. Je suis placé à plusieurs centaines de mètres en surplomb du lac, au sommet d’un des versants. Le lac est en fait encerclé d’un unique versant, normal puisqu’il repose au fond d’un gigantesque cratère de volcan. Les pentes abruptes sont pour la plupart recouvertes de pierres et d’éboulis. Aucun chemin ne permet de faire le tour du lac, ni au niveau du rivage, ni sur les crêtes, c’est vraiment trop à-pic.



Soudent je réalise que je viens de poser mon premier regard sur la Corée du Nord. Rien n’indique la position de la frontière, mais on sait que le lac est pour moitié située en Chine, pour moitié en Corée du Nord. En face de moi, dans l’axe du lac, des crêtes légèrement plus basses. Derrière elles on aperçoit des terres qui s’étendent vers le Sud. Plus loin dans cette direction sans doute Pyongyang, et puis Séoul. 

En bas un petit bateau agite les eaux. Il vient d’une petite base d’où s’élance un petit tuyau qui serpente sur les pentes jusqu’aux cimes du volcan. Je demande en quelle zone se trouve cette petite base. En Corée du Nord, me répond-on. Je demande à quoi elle sert. On me demande en retour si je suis un espion…







En tout cas, l’endroit est magnifique. Vraiment magnifique. Un mélange incroyable de couleur entre le bleu du lac, le gris et le vert des pentes, et le blanc du ciel. Il est dommage que les Chinois en ait fait une attraction, un spot à voir, et n’aient pas hésité à modifier tout l’environnement de cette montage mystique, révéré par tout le peuple coréen comme le berceau mythique de leurs ancêtres.


Ainsi l’entrée du « parc » est interdite à tout véhicule privé. Le billet d’entrée est à 100 RMB, un premier bus (baptisé bus écolo) nous monte à mi-chemin pour 68 RMB. Alors que je pensais m’arrêter ici pour passer la nuit dans un dortoir et monter à pied au petit matin pour admirer le lac dans les meilleures conditions, je découvre que les dortoirs ont été remplacé par des chambres hyper luxueuses (à 10 fois le prix), et plus grave encore, que le chemin pour monter à pied à été emporté en parti par une coulée de boue il y a deux ans, et que les chinois ont décidé de l’abandonner dans cet état, profitant de l’occasion pour imposer à tout le monde la montée dans leur mini-van tout terrain. Ça coute 80 RMB jusqu’au sommet, et le chauffeur appuie brutalement sur le champignon avant de donner de violents coups de volants dans les virages pour justifier le prix.

Bref, on est motorisé du pied au sommet de la montagne. C’est pratique pour celles qui montent en talons hauts, mais ce n’est pas l’endroit rêvé pour un amoureux de la montagne.

Nous nous quitterons sur une photo de mamies coréennes multicolores:

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