mardi 19 octobre 2010

Thèse et Grande Muraille

Ces dernières semaines je peine à conserver une écriture riche et dynamique de ce blog. Toute mon énergie rédactionnelle et tout mon temps passé derrière cet écran sont consacrés à l’écriture de ma thèse. 

Un sprint final lancé la première semaine de septembre lorsqu’une note d’information (étonnamment) tombée dans ma boite mail annonçait une date de remise de thèse pour le 12 novembre. Surpris par une date aussi avancée dans le semestre (plus de 2 mois avant la date officielle de graduation) je me lançais dans une course contre la montre. Tic tac tic tac. Deux mois pour finir mes travaux et rédiger la thèse, tout en évitant de rencontrer mon prof.

Pendant un mois, du matin au soir, j’accumulais les derniers résultats nécessaires pour boucler mon projet. Avec une date butoir et une idée précise de ce que je voulais obtenir, les choses avançaient vite. En consacrant toute mon attention à ce projet, mes idées restaient bien en place. Dans le même temps je réorganisais ma recherche dans un plan final astucieux qui saura peut-être, je croise les doigts, enfin convaincre mon professeur de la cohérence de ma démarche. 

Mercredi dernier j’éteignais mon ordinateur du labo à l’issue de ma dernière simulation. Tous les résultats étaient là. J'ai décidé de rester à la maison pour la suite de la rédaction de la thèse. Le labo est décidément trop bruyant, et l’environnement chinois ne m’aide pas à écrire ma thèse que j’écris en anglais. Je l’écris en anglais car si mon chinois est clairement meilleur que mon anglais à l’oral, l’équilibre est inversé à l’écrit. Ajouté à cela, l’anglais reste la langue internationale de la recherche, et je me vois mal valoriser une thèse dans le futur si elle est écrite en chinois.

Valoriser ma thèse, saurai-je vraiment le faire ? D’ailleurs, qui la lira cette thèse ? Les évaluateurs ? Il y a peu de chances. Les retours d’expérience montrent qu’ils se contentent généralement de l’abstract rédigé en chinois et placé en tête de thèse, ainsi que de la présentation orale qui suivra. Mes futurs employeurs ? Je ne souhaite pas m’engager dans une voie recherche, et je ne me sens pas contraint à rester dans le nucléaire dans ma carrière future. D’autres étudiants ? Effectivement, ma thèse sera lue par les étudiants qui me suivront dans la voix du design du réacteur hybride fusion-fission. Un lectorat qui reste malgré tout bien maigre. Le manque de lectorat potentiel explique la peine avec laquelle je m’échine à rédiger cette thèse. Une cinquantaine de pages sont maintenant finalisées, il en reste autant à reprendre…

La vision. L’une des 4 grandes qualités du leader. La vision, c’est l’objectif, c’est une image précise de la situation que l’on souhaite atteindre. De sa mise en relation avec l’image précise de la situation actuelle nait une vision tension. Comme un élastique tendu, la vision tension nous tire vers la vision

En ce qui concerne ma thèse la vision tension est maintenant bien ramollie. A l’inverse, ma vision la plus forte aujourd’hui est celle d’un emploi en Asie où je saurai partager les enseignements et conclusions des mes nombreuses expériences de ces deux dernières années. Aujourd’hui j’apprends à partager. Je fais le vieux-chouffe, comme on aurait dit sur le platal. Campus, excursions, voyages, mandarin, coutumes chinoises, etc. On ne m’a jamais autant dit que j’étais chinois ! Je préfère le titre de 内国人:)

Ce week-end j’emmenai un petit groupe d’amis sur la grande muraille. La grande muraille et moi, c’est une longue histoire d’amour. Je l’ai rencontré pour la première fois au printemps 2004 sur la section Jinshanling-Simatai. Elle s’étirait sur la cime des montagnes. Ses ondulations le long du relief inégal lui donnaient l’élégance et la puissance du dragon chinois. Depuis je l’ai revue maintes fois. Je l’ai revue torride sous les chaleurs brumeuses de l’été, je l’ai revue rougeoyante lors de la chute des feuilles automnale, je l’ai revue pure et étincelante, recouverte de neige hivernale. Je l’ai revue dans l’océan, je l’ai revue au fond d’un lac. Je l’ai revue assaillie par les touristes chinois, je l’ai revue abandonnée de tous, je l’ai revue en pleine santé, je l’ai revue effondrée. Tant de souvenirs !

Ce week-end, elle nous a accueillis sur sa section la plus intime : la redoutable et magnifique Jiankou. Je vous propose quelques photos, et pour le récit, comme dirait papa, je soustraite à Joanne : Jian Kou, the Great Wall hike


La troupe du jour


Au loin, Pékin


Imaginez des troupes armées dévalant le long de cette muraille, de tour en tour, jusqu'à la position de l'ennemi


A perte de vue, inarrétable


Joanne, respo couleurs vives


Resplendissante sous les couleurs du soir


Couleurs du soir, again



En position, faisant face aux hordes de barbares

2 commentaires:

bruno a dit…

bravo pour ces photos et cette lucidité
nous sommes décidément bien peu de choses
et qu'importe que ta thèse soit lue ou non
le plus important est le travail que tu y auras consacré et ce que TU en auras tiré
la vie est et reste un exercice solitaire. En être conscient permet d'en tirer tout le bonheur possible...

B.

Aurélien a dit…

Pour ceux qui déplorent que la Grande Muraille ne se voie pas de l'espace, il suffit d'aller sur ton blog :-)