Juillet 2007, Mme Bai notre professeur de Chinois qui nous a accompagnés à Pékin pour superviser notre stage linguistique pique une crise. Philippe à l'image de plusieurs de ses camarades sèche les cours et lui explique en toute impudence qu’il est avant tout là pour visiter Pékin. Mme Bai s’énerve et me fait savoir qu’elle ne partira pas dans ces conditions, elle exige que Philippe et les autres élèves fautifs prennent la parole en public, non seulement devant les X, mais aussi devant les Supoptics et les étudiantes du Havre nous accompagnant en excursion, pour exprimer leurs excuses et leur repenti.
Hiver 2007, Yohan, étudiant Français de Tsinghua, souffrant et devant passer à l’infirmerie avant d’aller en cours, passe informer la professeur de son absence avant de se rendre à l’infirmerie. A son retour en classe, il découvre que la professeur a mis toute la classe au courant de ses petits problèmes de santé.
Automne 2008, nous sommes à J-1 de la sortie montagne avec camping, Lushi arrive en retard à la réunion de préparation. L’organisatrice commence par la sermonner en public pendant la réunion puis lui demander d’exprimer ce que son comportement inacceptable lui inspire, de l’écrire sur le forum public de l’association, forum lu régulièrement par tous les membres de l’association, et accessible par l’ensemble des élèves de Tsinghua.
Automne 2008, 20h dans le campement de la dite sortie en montagne, après une ascension pleine de bonne humeur, après un repas chaud revigorant, après des chants et des rires sous la tente, il est maintenant l’heure de se réunir pour faire le débriefing de la journée. L’organisatrice épaulée par les anciens commencent alors à critiquer violemment Wang Wen Qiang qui est arrivé en retard le matin même. Ce dernier baisse la tête et ne fait pas le fier. On nous invite à exprimer ce que nous inspire cet écart de comportement, et le fautif est invité en dernier à se repentir devant le groupe entier.
Automne 2008, Vincent mène un travail de groupe avec une chinoise et des Allemands. Suite à la réunion de travail, la Chinoise contrariée leur envoie un mail de groupe pour exprimer son mécontentement vis à vis d’une ou deux personnes qui à ses yeux n’ont pas suivi les consignes de travail donné par le professeur.
Automne 2008, quelques jours après une petite course en montagne, l’organisateur Lai Siwei comme le veut la tradition, pardon, les règles, écrit une petite synthèse sur le déroulement de notre sortie, les informations pratiques, les péripéties, etc. Petite sortie, petite note, rien ne me choque. Notre organisateur reçoit une réponse rapide, sèche, lui indiquant qu’il n’a pas respecté les règles dans la rédaction de sa note de synthèse, il est donc invité à reprendre son travail, le tout sur le forum public bien sur.
Novembre 2008, le 26, Zhilin partage sur sa page xiaonei (équivalent chinois du facebook, sur lequel la fonction de « partage » est bien plus développée) son 7ème « billet » du mois intitulée « L’habitude est vraiment quelque chose d’effrayant ». Elle nous y décrit la frayeur qui l’a prise quand après avoir passé une soirée complète devant la télé, elle a réalisé ce qu’elle était en train de devenir. Elle veut se reprendre en main, et le fait partager à ses 441 amis, qui réagissent en masse.
Autant d’exemples montrant que le Chinois, comme la Chinoise, estime que les choses doivent se faire en public. Il est d’usage d’exprimer sa satisfaction comme son mécontentement sur la place publique pour que chacun puisse en profiter, en tirer ses propres leçons, au mépris de l’honneur, de la face, de l’éventuel fautif.
Si on est plus accoutumé à la notion de ne pas perdre la face, et ne pas faire perdre la face, réalité découverte surtout au travers des relations d’affaires, donc entre personnes se respectant et d’organisations différentes, ici nous sommes dans une même communauté, celle des élèves de Tsinghua, ici on s’exprime en public.
Moi qui vivait à l’écart de la place publique, serein, contemplatif, ténébreux, bucolique, sera-t-on me faire comprendre qu’à l’homme de la rue j’ai des comptes à rendre ?
Hiver 2007, Yohan, étudiant Français de Tsinghua, souffrant et devant passer à l’infirmerie avant d’aller en cours, passe informer la professeur de son absence avant de se rendre à l’infirmerie. A son retour en classe, il découvre que la professeur a mis toute la classe au courant de ses petits problèmes de santé.
Automne 2008, nous sommes à J-1 de la sortie montagne avec camping, Lushi arrive en retard à la réunion de préparation. L’organisatrice commence par la sermonner en public pendant la réunion puis lui demander d’exprimer ce que son comportement inacceptable lui inspire, de l’écrire sur le forum public de l’association, forum lu régulièrement par tous les membres de l’association, et accessible par l’ensemble des élèves de Tsinghua.
Automne 2008, 20h dans le campement de la dite sortie en montagne, après une ascension pleine de bonne humeur, après un repas chaud revigorant, après des chants et des rires sous la tente, il est maintenant l’heure de se réunir pour faire le débriefing de la journée. L’organisatrice épaulée par les anciens commencent alors à critiquer violemment Wang Wen Qiang qui est arrivé en retard le matin même. Ce dernier baisse la tête et ne fait pas le fier. On nous invite à exprimer ce que nous inspire cet écart de comportement, et le fautif est invité en dernier à se repentir devant le groupe entier.
Automne 2008, Vincent mène un travail de groupe avec une chinoise et des Allemands. Suite à la réunion de travail, la Chinoise contrariée leur envoie un mail de groupe pour exprimer son mécontentement vis à vis d’une ou deux personnes qui à ses yeux n’ont pas suivi les consignes de travail donné par le professeur.
Automne 2008, quelques jours après une petite course en montagne, l’organisateur Lai Siwei comme le veut la tradition, pardon, les règles, écrit une petite synthèse sur le déroulement de notre sortie, les informations pratiques, les péripéties, etc. Petite sortie, petite note, rien ne me choque. Notre organisateur reçoit une réponse rapide, sèche, lui indiquant qu’il n’a pas respecté les règles dans la rédaction de sa note de synthèse, il est donc invité à reprendre son travail, le tout sur le forum public bien sur.
Novembre 2008, le 26, Zhilin partage sur sa page xiaonei (équivalent chinois du facebook, sur lequel la fonction de « partage » est bien plus développée) son 7ème « billet » du mois intitulée « L’habitude est vraiment quelque chose d’effrayant ». Elle nous y décrit la frayeur qui l’a prise quand après avoir passé une soirée complète devant la télé, elle a réalisé ce qu’elle était en train de devenir. Elle veut se reprendre en main, et le fait partager à ses 441 amis, qui réagissent en masse.
Autant d’exemples montrant que le Chinois, comme la Chinoise, estime que les choses doivent se faire en public. Il est d’usage d’exprimer sa satisfaction comme son mécontentement sur la place publique pour que chacun puisse en profiter, en tirer ses propres leçons, au mépris de l’honneur, de la face, de l’éventuel fautif.
Si on est plus accoutumé à la notion de ne pas perdre la face, et ne pas faire perdre la face, réalité découverte surtout au travers des relations d’affaires, donc entre personnes se respectant et d’organisations différentes, ici nous sommes dans une même communauté, celle des élèves de Tsinghua, ici on s’exprime en public.
Moi qui vivait à l’écart de la place publique, serein, contemplatif, ténébreux, bucolique, sera-t-on me faire comprendre qu’à l’homme de la rue j’ai des comptes à rendre ?