Mon cher Pierre-Alain,
Je suis aujourd’hui de retour à Pékin, en provenance de Corée du Sud. J’y rendais visite à mon ami Dimitri, un camarade de promo parti en stage à Séoul à l’octobre dernier. J’y suis resté une semaine, avec l’intention de m’y reposer, loin de l’agitation Pékinoise et de mon agenda surchargé d’étudiant multi-casquettes.
Contrairement à mes attentes, cette semaine fut bien éprouvante, et je ressens aujourd’hui un soulagement immense d’être de retour à Pékin. La vie Séoulite m’a mis à rude épreuve toute la semaine durant. Si l’appartement de Dimitri était un lieu de quiétude, la porte à peine franchie, je commençais à craindre pour mon cœur, assailli de toutes parts.
Tu dois te demander, un peu inquiet et perplexe, ce qui a rendu mon séjour à Séoul si difficile. Les Coréens sont pourtant considérés comme un peuple chaleureux et accueillant, accordant une grande importance à l’image qu’ils donnent aux étrangers, et au gout prononcé pour les activités nocturnes, festives et à haut degré d’alcool. Tout ceci est bien vrai, je te le confirme. Un détail a cependant été omis. Un détail dont tu saisiras l’importance, j’en suis sur, au souvenir de nos longues discussions sur les athlètes féminines, en particulier les coureuses du 200m et les sauteuses en hauteur.
Là tu auras peut-être commencé à deviner le fond de mes pensées. Oui, ce sont bien les jambes des demoiselles coréennes dont je veux te faire part. Te souviens-tu des proportions que tu as recherché en vain toutes ces années ? Te souviens-tu de cet idéal alliant la fermeté du muscle longiligne à la légèreté et l’élancement féminin que tu recherchais en arpentant la montagne Sainte-Geneviève et les clubs d’athlétisme ? Mon cher ami, ne doute plus, cet idéal existe.
Ces jambes idéales existent. Elles parcourent les rues Séoulites, nues, parfaites, insouciantes. Les talons hauts sur lesquels elles reposent sont tels des trônes modernes nous montrant la réalité du pouvoir d’aujourd’hui. Mes premières heures ici ont été un ravissement à la hauteur de ce dont tu peux imaginer. Des universitaires aux mères de famille, des serveuses aux femmes d’affaire, pas une femme coréenne n’ose couvrir la forme de ses jambes parfaites. Mais imagines-tu ce que c’est que d’être soumis à ce spectacle continuellement ?
De retour à Pékin, j’ai remplacé l'agitation visuelle par de nouvelles explosions sonores. Mais mon âme est au repos. Peut-être pas pour longtemps. J’apprends aujourd’hui que la municipalité de Shanghai a passé une loi pour interdire aux femmes Shanghaiennes de sortir dans la rue en pyjama. Et si Pékin avait la mauvaise idée de les imiter ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire