Arrivé en Chine en juillet 2009, déjà 16 mois en Chine, et je m’apprête à effectuer mon deuxième retour en métropole à l’occasion du forum de l’x auquel je suis convié pour partager mon expérience de ce coté de l’Asie. Il est donc logique que cette période soit l’occasion de se remémorer les expériences qui ont ponctué mon parcours jusque là, expériences qui relèvent bien souvent du défi dans un monde aussi différent. En voici un autre de défi, celui de l’intégration.
Difficile tâche que celle de l’intégration quand on vient en Chine avec les objectifs que je me suis donné, et que l’on pourrait résumer brièvement en 1, parler le Mandarin, 2, m’imprégner de la culture chinoise, 3, réaliser les exigences du master. Difficile tâche car les personnes que je suis amené à côtoyer à Pékin restent dans des groupes très cloisonnés et très éloignés les uns des autres, ma difficulté est de chercher à être à la jonction de ces deux groupes.
Le premier groupe, c’est bien sur les locaux, les Chinois. Si je suis aujourd’hui en Chine, c’est pour être parmi eux. Sinon à quoi bon ? Profiter de la vie pas chère et des filles faciles me souffle-t-on. Ok, c’est l’avis général parmi les étrangers. Pourquoi pas, mais je suis parti avec des objectifs ambitieux, et je n’aime pas abandonner en cours de route… Une fois que l’on franchit la barrière du langage, on devient à même de vivre parmi les Chinois. Tant que l’on reste observateur, c’est formidable, mais à peu près aucun étranger (pas même moi quand ils se mettent à descendre leurs 6 litres de bière pour avoir belle face – ou quand leur labo devient leur nouveau foyer) n’acceptera de se conformer totalement à un mode de vie si différent. Les raisons seront différentes pour chacun, mais il restera toujours une difficulté qui nous empêchera de vivre comme eux. Parce que les Chinois font leur partie de foot à 8h le dimanche matin, commencerait Julien. Parce que les Chinois ne sont pas gênés de prendre leur repas tout seul le midi, me dirait Antoine. Parce qu’ils prennent le diner à l’heure du gouter, rajouterai-je. Parce que les Chinois qui n’ont jamais quitté leur pays n’ont rien d’intéressant à dire, me dirait Jérôme. Parce que les Chinois ne sortent jamais le soir, continuerait Hugo. Et parce que je ne pourrai pas dormir dans leurs dortoirs collectifs, conclurait Pierre. Finalement, quand on est occidental en Chine, on a bien souvent envie de découvrir ce groupe local, mais par nos habitudes de vie, nous nous en excluons de nous-mêmes. Les activités restent ponctuelles, et nos amis Chinois ne peuvent devenir nos amis de chaque instant. Parce qu’ils leur manquent cette particularité que nous recherchons, et que je résumerai par un manque d’occidentalisation, à défaut de terme plus juste. Et c’est bien ces habitudes communes que nous partageons entre occidentaux qui nous poussent tous vers le deuxième groupe, celui des étrangers.
Les étrangers sont nombreux ici, mais parmi eux, combien maitrisent le Chinois au point qu’une discussion, une sortie, ou n’importe quel type d’activité dans cette langue reste un moment agréable, un moment de détente ? Un nombre malheureusement à peu près nul… Parmi les étrangers, certains ne parlent pas un mot de Chinois, mais la majorité l’apprend. Tout au moins, le débute. Mais peu vont plus loin que les exigences de la vie quotidienne. Quand je croise un étranger en cursus de Chinois à Tsinghua, c’est la sempiternelle déception : il débute tout juste ! Certains vont plus loin, mais qui va suffisamment loin pour que s’exprimer ne soit plus une difficulté de tous les jours ? Qui va suffisamment loin pour côtoyer le Chinois avec presque autant d’aisance que l’Américain ? Qui ? Quand j’y repense, je n’en ai rencontré que deux, Murielle et Germain. Ils ne sont malheureusement plus Pékinois aujourd’hui. Ainsi être dans un groupe d’étranger, c’est se couper du groupe local chinois, car quand ni l’anglais, ni le chinois n’est partagé sereinement des deux cotés, l’interaction est difficile. Seuls les chinois maitrisant l’anglais et déjà très occidentalisés dans leurs habitudes et pensées se mélangent aux étrangers, et seuls les étrangers les plus fous se mélangent aux Chinois. Je dis fou, car il faut l’être un peu, et c’est comme ça que c’est ressenti de la part du groupe d’étranger. Anecdote amusante, Pierre en arrivant cette année à Tsinghua pensait que la maitrise du Chinois devait me donner un prestige auprès des étrangers. Mais en fait, pas du tout, car les étrangers bien souvent se séparent du groupe Chinois, et interprètent la maitrise du Chinois… comme un indicateur de non non sociabilité ! Car pour parler Chinois, il faut prendre part aux activités avec les Chinois. Les activités « dans ton coin » comme les appellent Hugo. Les activités par lesquelles tu t’auto exclues des groupes d’étranger… Un week-end à la montagne avec l’association de Tsinghua, une soirée de classe avec tes camarades, et si personne ne te repêche (merci Antoine !), tu es oublié !
Vous l’avez compris, en essayant de se poser entre les deux groupes, la position est difficile. Pas vraiment dans l’un, pas vraiment dans l’autre, et pas assez de monde pour former le sien. Il faut savoir jongler entre les deux !
Difficile tâche que celle de l’intégration quand on vient en Chine avec les objectifs que je me suis donné, et que l’on pourrait résumer brièvement en 1, parler le Mandarin, 2, m’imprégner de la culture chinoise, 3, réaliser les exigences du master. Difficile tâche car les personnes que je suis amené à côtoyer à Pékin restent dans des groupes très cloisonnés et très éloignés les uns des autres, ma difficulté est de chercher à être à la jonction de ces deux groupes.
Le premier groupe, c’est bien sur les locaux, les Chinois. Si je suis aujourd’hui en Chine, c’est pour être parmi eux. Sinon à quoi bon ? Profiter de la vie pas chère et des filles faciles me souffle-t-on. Ok, c’est l’avis général parmi les étrangers. Pourquoi pas, mais je suis parti avec des objectifs ambitieux, et je n’aime pas abandonner en cours de route… Une fois que l’on franchit la barrière du langage, on devient à même de vivre parmi les Chinois. Tant que l’on reste observateur, c’est formidable, mais à peu près aucun étranger (pas même moi quand ils se mettent à descendre leurs 6 litres de bière pour avoir belle face – ou quand leur labo devient leur nouveau foyer) n’acceptera de se conformer totalement à un mode de vie si différent. Les raisons seront différentes pour chacun, mais il restera toujours une difficulté qui nous empêchera de vivre comme eux. Parce que les Chinois font leur partie de foot à 8h le dimanche matin, commencerait Julien. Parce que les Chinois ne sont pas gênés de prendre leur repas tout seul le midi, me dirait Antoine. Parce qu’ils prennent le diner à l’heure du gouter, rajouterai-je. Parce que les Chinois qui n’ont jamais quitté leur pays n’ont rien d’intéressant à dire, me dirait Jérôme. Parce que les Chinois ne sortent jamais le soir, continuerait Hugo. Et parce que je ne pourrai pas dormir dans leurs dortoirs collectifs, conclurait Pierre. Finalement, quand on est occidental en Chine, on a bien souvent envie de découvrir ce groupe local, mais par nos habitudes de vie, nous nous en excluons de nous-mêmes. Les activités restent ponctuelles, et nos amis Chinois ne peuvent devenir nos amis de chaque instant. Parce qu’ils leur manquent cette particularité que nous recherchons, et que je résumerai par un manque d’occidentalisation, à défaut de terme plus juste. Et c’est bien ces habitudes communes que nous partageons entre occidentaux qui nous poussent tous vers le deuxième groupe, celui des étrangers.
Les étrangers sont nombreux ici, mais parmi eux, combien maitrisent le Chinois au point qu’une discussion, une sortie, ou n’importe quel type d’activité dans cette langue reste un moment agréable, un moment de détente ? Un nombre malheureusement à peu près nul… Parmi les étrangers, certains ne parlent pas un mot de Chinois, mais la majorité l’apprend. Tout au moins, le débute. Mais peu vont plus loin que les exigences de la vie quotidienne. Quand je croise un étranger en cursus de Chinois à Tsinghua, c’est la sempiternelle déception : il débute tout juste ! Certains vont plus loin, mais qui va suffisamment loin pour que s’exprimer ne soit plus une difficulté de tous les jours ? Qui va suffisamment loin pour côtoyer le Chinois avec presque autant d’aisance que l’Américain ? Qui ? Quand j’y repense, je n’en ai rencontré que deux, Murielle et Germain. Ils ne sont malheureusement plus Pékinois aujourd’hui. Ainsi être dans un groupe d’étranger, c’est se couper du groupe local chinois, car quand ni l’anglais, ni le chinois n’est partagé sereinement des deux cotés, l’interaction est difficile. Seuls les chinois maitrisant l’anglais et déjà très occidentalisés dans leurs habitudes et pensées se mélangent aux étrangers, et seuls les étrangers les plus fous se mélangent aux Chinois. Je dis fou, car il faut l’être un peu, et c’est comme ça que c’est ressenti de la part du groupe d’étranger. Anecdote amusante, Pierre en arrivant cette année à Tsinghua pensait que la maitrise du Chinois devait me donner un prestige auprès des étrangers. Mais en fait, pas du tout, car les étrangers bien souvent se séparent du groupe Chinois, et interprètent la maitrise du Chinois… comme un indicateur de non non sociabilité ! Car pour parler Chinois, il faut prendre part aux activités avec les Chinois. Les activités « dans ton coin » comme les appellent Hugo. Les activités par lesquelles tu t’auto exclues des groupes d’étranger… Un week-end à la montagne avec l’association de Tsinghua, une soirée de classe avec tes camarades, et si personne ne te repêche (merci Antoine !), tu es oublié !
Vous l’avez compris, en essayant de se poser entre les deux groupes, la position est difficile. Pas vraiment dans l’un, pas vraiment dans l’autre, et pas assez de monde pour former le sien. Il faut savoir jongler entre les deux !
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