Tous les guides le disent : Ne voyagez pas pendant les périodes de vacances chinoises, à savoir la semaine autour de la fête nationale (1er octobre), la semaine autour de la fête du travail (1er mai) et durant les vacances du nouvel an chinois. Les hôtels sont pleins, les prix sont à leur maximum, les transports sont saturés.
Ayant déjà expérimenté l’effet de la masse des chinois, j’avais une certaine appréhension à partir cette semaine là. J’avais réservé les hôtels à l’avance, chose que je ne fais jamais ordinairement, j’avais choisi des trajets en avion même quand le même trajet pouvait théoriquement se faire aussi en train, et j’avais acheté les billets d’avion au prix fort.
Jeudi 10 février en prenant la voiture pour l’aéroport le périph était fluide. C’est sur la bretelle d’accès à l’aéroport que le trafic s’est intensifié et cela bouchonnait tout simplement plusieurs centaines de mètres avant le terminal de départ. Dans l’aéroport des gens partout. Pas autant que dans une gare chinoise, mais beaucoup plus qu’à l’accoutumée. Pas étonnant que les billets se vendent aussi chers. On embarque, l’avion est plein, et on atterrit à Wuyishan, destination purement touristique.
A travers les fenêtres du taxi la ville semble vide. Pas de passants, la majorité des boutiques sont fermées. Où est passée l’habituelle agitation inhérente aux chinois ? Le chauffeur me dit que nous sommes dans la période la plus creuse de l’année !?! Cela se vérifie une fois à l’hôtel, vide, et dans lequel on obtient des prix très intéressants pour des chambres grand luxe.
Le lendemain on entre dans la zone touristique. Dedans des centaines de bus et petits trains en tout genre attendent le touriste. Mais le touriste n’est pas venu. Mis à part nous et une poignée de chinois, c’est désert. Autant ravis qu’étonnés, nous pouvons profiter du charme mystique de Wuyishan en nous demandant où les chinois sont tous passés.
Il est bien connu que le nouvel an chinois est l’occasion immanquable de se retrouver en famille, c’est la cause de la saturation des transports. Se pourrait-il que le tourisme en cette période soit mal venu ? Cela changera-t-il à partir de lundi prochain, une fois la nouvelle année chinoise commencée ?
Xiamen, notre deuxième destination semble nous démontrer le contraire. Les hôtels sur Gulangyu sont tous pleins, et les tarifs à leur maximum. Pourtant le soir du réveillon, beaucoup de restaurants n’ont pas ouverts, et ceux qui ont ouverts font moins recette que les nôtres un soir de Noël ou de 31. Et effectivement en nous promenant dans les rues de la ville un peu plus tôt dans la journée, partout nous apercevions les cuisines des particuliers en effervescence, afin de préparer le grand repas de l’année, le 年夜饭.
En nous enfonçant dans les montagnes et la région hakkas, nous retrouvons l’atmosphère qui régnait à Pékin et à Wuyishan. Les lieux semblent abandonnés. Nous ne trouvons d’ailleurs aucun restaurant d’ouvert en dehors des grandes villes. L’hôtel Minxi à Longyan est lui aussi vide, avec des prix inferieurs à 50% du prix maximum.
Il faudra attendre d’être dans le village de Hongkeng pour revoir beaucoup de chinois, pour revoir une agglutination de chinois. Mais Xiao Zhang nous a arrêté tout de suite. Cela paraissait peut-être beaucoup pour nous, mais en période touristique, c’est bien pire.
En repensant à toute cette semaine passée dans le Fujian je me rends compte que je n’avais aucune idée de ce que pouvait bien être le nouvel an chinois. La télé française nous passe en boucle des images de gares ferroviaires inondées de chinois. A Paris on connait le nouvel an chinois par le grand défilé sur les routes du XIIIème. Et à Pékin mes camarades ne me parlaient que du feu d’artifice. Je m’attendais à voir un pays en état d’excitation durant les deux semaines que durent officiellement le nouvel an chinois. Je m’attendais à voir des hôtels et lieux touristiques pleins de chinois qui saisiraient l’occasion d’un congé d’état pour s’adonner aux plaisirs du tourisme. Je m’attendais à une soirée du réveillon arrosée, agitée et conclue par un grand feu d’artifice.
Je n’avais en fait rien compris à l’état d’esprit du nouvel an chinois, aussi appelée fête du printemps (春节). Quand Pékin s’est vidé d’une grande partie de sa population, ils rentraient dans leur famille. Ils profitaient de la seule occasion qui leur été donné dans l’année de rentrer voir leurs proches, parfois à plusieurs dizaines d’heures de train de Pékin. Et à peu près tout le monde rentre. Les commerces ferment, les restaurants aussi. C’est le moment de prendre son temps. Pas le moment de se ruer vers Wuyishan pour s’amuser sur un radeau, pas le temps de travailler non plus, non, le temps de prendre son temps, pour soi-même et avec sa famille.
Dans la plupart des lieux que nous avons traversés durant ce voyage, il régnait une atmosphère paisible et sereine. Souvent nous voyions des petits groupes de 2-3 personnes marcher tranquillement autour de leur maison. On prend le temps de se retrouver, sans programme. En y repensant, j’ai souvent demandé à mes amis chinois ce qu’ils comptaient faire de leurs vacances. Ils me répondaient tous : « Je rentre à la maison. Pas de programme particulier, en fait même rien à faire, juste passer du temps à la maison. » Et c’était le cas de toutes les personnes que nous rencontrions. Ils avaient le temps. Le temps de discuter avec nous, le temps de nous offrir un thé, le temps de nous accompagner autour de chez eux. Et cela faisait plaisir.
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