Nous sommes le 18 janvier, quelque part entre 13H45 en Chine et 17H45 en France, quelque part entre les steppes arides et jaunes de Mongolie (en vérité elles sont recouvertes de neige…) et le bleu réconfortant de la mer Baltique. Couleur bleue que je ne vois guère plus ces derniers temps. Ma dernière baignade dans la mer remonte à début octobre dernier, et aucune pluie n’est venue humidifier l’air de Pékin qui est devenu de plus en plus glacial depuis cette époque. La couleur bleue, symbole de la France, que je m’apprête à retrouver très bientôt. Après 6 mois et quelques jours, je conclue aujourd’hui mon plus long séjour à l’étranger, l’occasion de regarder derrière moi et faire un petit bilan de ces six derniers mois, qui n’auront pas seulement vu changer le temps de lourd, chaud et humide, à beau, sec et glacial.
La poussière de charbon qui recouvre la ville dès que le vent nous laisse un instant de répit aura peut-être noirci mes cheveux, le soleil qui brille tous les jours, jamais caché par un nuage depuis la fin de l’été aura peut-être plissé légèrement mes yeux, mais la transformation n’est pas ultime, le langage, je suis encore bien loin de le maitriser.
A propos des cours et du chinois, nous avons partagés avec Antoine des difficultés inattendues. Seulement Antoine et moi ? Tout est facile pour les autres ? Bien sur que non, mais la différence est dans la différence de modèle que nous avions. Souvenons-nous que les X ne partent en 4A que depuis quelques promotions, que Yannick, de la promotion 2003 fut le premier à tenter l’aventure Chinoise, qu'il ne fut pas suivi en 2004, et qu'Antoine et moi sommes ainsi les seconds à tenter l’aventure, avec comme unique modèle notre Yannick. En écoutant ce dernier, tout semblait facile en Chine...
Pour nous, tout ne s’est pas avéré si facile. Nous avions quand même pris les devants en passant la moitié de notre été à la BLCU pour nous préparer, et nous étions prêts à affronter le défi des cours scientifiques en Chinois, munis de nos bouquins en VO et de notre dico. Car comme nous l’avait fait comprendre Yannick, si les Centraliens bossent sur leurs bouquins en Anglais et passent les examens en Anglais, le but d’une 4ème année en Chine, ce n’est pas ça, et ce n’est pas si difficile que ça de suivre les cours en Chinois, d’autant plus que le niveau scientifique n’est pas des plus élevé.
Ainsi donc, j’ai refusé d’utiliser des livres en Anglais, je tentais laborieusement de traduire les présentations Power Point (PPT) de mes professeurs, et finalement ne comprenais que superficiellement le contenu scientifique. J’ai accepté de privilégier les progrès en Chinois par rapport au contenu scientifique du master pendant près d'un semestre. Mais comme les examens se sont approchés, il a bien fallu se rendre à l’évidence que je n’étais pas préparé, et que ces examens allaient se révéler très laborieux. Il a donc fallu d’une part se saisir des bouquins en Anglais et les lire attentivement pour y découvrir des notions qui m'étaient inconnus auparavant, d’autre part commencer à discuter avec les professeurs pour leur expliquer que ce n’était pas si facile que cela pour nous et que nous ne sentions que moyennement les examens.
Une question qui m’a régulièrement trotté dans l’esprit ces dernières semaines, c’est « Aurions-nous dû passer une année de préparation linguistique à la BLCU » ? Absolument pas de regret dans cette question, car à l’époque du choix, la réponse était évidente et était négative. Nous avions en effet progressé très vite pendant une année avec notre excellente professeur de Chinois, et passés 2 mois en Chine, ce qui nous donnait une solide expérience. Nous ne voulions pas "sacrifier" cette expérience en suivant un cursus qui n’aurait pas nécessité une bonne connaissance préalable en Chinois.
Mais après coup, en découvrant que les difficultés inhérentes au Chinois étaient beaucoup plus importantes qu’attendues, j’ai commencé à me demander : Pourquoi pas la BLCU ? On y apprend correctement le Chinois, avec des professeurs de qualité, une progression continue, sans stress, et avec beaucoup de temps pour faire d’autres choses à coté. De plus 3 ans pour apprendre à découvrir la Chine, ce n’est au final rien de trop. Un élément reste cependant inconnu. Aurais-je été prêt à m'engager pour 3 ans d'études?
L’intégration ? Moyenne dans ma classe, car on parle finalement très peu, elle se passe en fait au travers des associations. Les Français qui ne sont membres d’aucune association ont en fait des contacts avec les Chinois qui restent limités… Je remercie donc le club montagne et la fanfare de m’avoir accepté dans leurs rangs, car avec eux je rends ma vie à Tsinghua beaucoup intéressante.
Le niveau sportif ? Malgré un genou qui fait défaut depuis le début de l’année 2008, et un trimestre à manger burger sur burger sans le footing qui va bien à Central Park (cf matanewyork), il fallait redresser la barre. Ça a d’abord commencé avec quelques sorties régulières en montagne le week-end et de l’escalade à peu près une fois par semaine. Puis on a décidé avec Vincent d’aller à la piscine presque tous les jours. Il faut dire qu’on a une piscine olympique au pied de chez nous, ce serait bête de ne pas en profiter. J’ai enfin appris à nager le crawl en maitrisant ma vitesse et ma respiration, nager 1000m aujourd’hui n’est plus un problème. J’ai ensuite participé à l’entrainement d’hiver intensif du club montagne. L’entrainement d’hiver correspond à quelque chose de précis dans le langage Chinois. En regardant dans un dico Chinois-Chinois, on y découvre qu’il s’agit d’un entrainement hivernal afin d’habituer le corps aux nouvelles conditions de température et d’aridité. Et en effet, notre entrainement se déroulait chaque soir après 21h sous des températures basses, beaucoup plus basses que les températures glaciales Françaises dont lemonde.fr nous tenait informés. Une fois endurance, une fois force, cet entrainement nous préparait physiquement à la sortie cascade de glace dont vous pourrez lire le compte-rendu très bientôt. Il servait aussi à faire la sélection des plus motivés, car il y avait beaucoup plus de volontaires que de places offertes…
Enchainons le sport avec la santé. Me concernant, la vie Pékinois est loin d’être une vie saine. Si j’ai la chance de ne pas rencontrer de problèmes gastriques, mon appareil ORL subit lui terriblement. D’abord allergique aux micro-particules de l’air, dues à la pollution, je suis tenu de prendre un antihistaminique tous les jours et de sortir couvert d’un masque si je veux éviter une toux immédiate. Les bars et clubs enfumés, ce n’est plus pour moi. Ensuite, il fait froid, et les virus se baladent. Comme je me comporte comme en France et pas comme un Chinois qui lui sait que le gan mao (petit nom du rhume), c’est quelque chose à fuir, j’ai déjà attrapé 2 rhumes et la grippe en 3 mois. Enfin il n’y a aucune limite du volume de la musique en discothèque, à telle point que mes oreilles sifflent maintenant bien facilement et me rendent interdite l’entrée des plus bruyantes…
Enfin, les Voyages ? Les difficultés diverses rencontrées et le nombre relativement important de cours au premier semestre sont deux facteurs qui m’ont incité à peu partir en voyage ces dernier mois. Ma seule destination loin des frontières de Pékin fut ma semaine à Tsingdao début octobre à l’occasion de la fête nationale. Par contre, j’ai multiplié les sorties autour de Pékin, comme vous le savez déjà si vous me lisez régulièrement. Pourquoi aller chercher loin ce que l’on a près de chez soi ?
Les défis du semestre prochain ?
• Continuer à progresser en Chinois tous les jours, même si c’est fatiguant, et essayer d’insister sur l’écrit, trop délaissé au premier semestre.
• Essayer d’intégrer l’équipe de triathlon de Tsinghua, car si le genou tient, il est temps de mettre les nouvelles capacités natatrices à contribution. Sinon, l'équipe d'escalade.
• Chercher une collocation. Car j'ai envie de vivre hors du campus, et de pouvoir me détasser un peu!
• Plus profiter de la vie socio-culturo-artistique de Pékin, car elle est abondante et je ne suis pas qu’à Tsinghua, je suis aussi à Pékin !
• Enfin, plus voyager. Car c’était un des objectifs de cette 4A en Chine, découvrir la Chine par des voyages. Si j’ai surtout voyagé dans la province de Pékin, il est temps maintenant d’aller voir plus loin. Ça commence dans 2 semaines avec le Yunnan !
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