De retour du sommet doré d’Emeishan, on profite de notre après-midi pour nous remettre de nos efforts à coups de baozi et on se prépare à la partie du voyage la plus inintéressante : il nous faut rejoindre la ville de Dali dans le Yunnan en traversant la région montagneuse qui sépare le Yunnan du Sichuan et à travers laquelle les liaisons ne sont pas des plus efficientes. Nous devons d’abord prendre un train de nuit pour Panzhihua (攀枝花) située sur la ligne Chengdu-Kunming au niveau de la frontière, puis attraper un bus qui nous permettra de rejoindre Dali dans la journée. On espère ne pas y arriver trop tard pour pouvoir profiter un peu de la ville le soir même… Nous arrivâmes effectivement à Dali avant la tombée de la nuit… mais du lendemain !
Après une bonne nuit en couchettes dures, nous arrivons à l’heure prévue à Panzhihua, il est environ 9h du matin. Une chinoise agressive et bruyante saute sur nos petites gueules d’étrangers pour nous proposer un véhicule pour Lijiang. « On ne va pas à Lijiang, on va à Dali ma ptite dame » que je lui répond. Elle attrape son téléphone, échange quelques mots puis nous reprend : « ok pour 1000 kuais ! » Estimant (à tort) que cela est une véritable arnaque pour étrangers, je l’envoie chier, et je me fais indiquer comment rejoindre la gare routière. Il nous faut rester assis dans un bus de ville qui semble reprendre la ligne ferroviaire pendant près d’une heure en sens inverse. Il est donc 10 heures passées quand nous arrivons à la gare routière. Et là, la nouvelle tombe : plus de bus pour Dali, le prochain part le lendemain ! On regarde autour de nous : à droite, c’est dégueulasse, à gauche, c’est dégueulasse. Ok, on ne peut pas rester ici.
Les minivans du coin ne sont pas trop chauds pour nous prendre, à la limite pour 2-3000 kuais, mais Pierre-Alain craint pour sa vie dans ces caisses sur roue. On décide donc de changer le programme, nous irons d’abord à Lijiang (丽江), beaucoup mieux desservie par les bus. Il ne reste que 4 places dans le bus de 13h00, nous prendrons le suivant, départ à 13h10… dans un bus couchette…qui pue les pieds !
Dès la porte du bus, l’odeur est terrible, j’essaie de m’avancer à la recherche de nos places, mais je ne parviens pas à la moitié du bus, l’odeur est infernale, insoutenable, je dois rebrousser chemin, l’estomac tout retourné. Les chinois qui ont abandonné leurs chaussures depuis plusieurs heures (car nous prenons visiblement le car au milieu du trajet) ont marqué leur territoire de cette puanteur inégalable. D’un dégout finalement très sincère, je fais comprendre au chauffeur que nous ne pourrons nous installer ailleurs que sur les banquettes de devant. Il gueule sur les Chinois et réussit à nous libérer ce qu’il nous faut. Commence alors un terrible trajet avec des émanations qui nous reviennent de l’arrière, on ne peut plus respirer par le nez, je suis suspendu à la fenêtre…
Cela durera plus de 8 heures, nous arriverons à 21 heures passées, après sans doute l’expérience la plus indésirable de ma vie en Chine ! Un petit plaisir malgré tout au milieu de l’horreur olfactive : on voit le paysage changer, et je redécouvre avec ravissement les paysages que je connais maintenant bien du Yunnan, cette région de Chine que j’aime tant depuis mon premier voyage en février dernier. Les rizières et les chapeaux de paille sont de nouveaux là, l’architecture classique des villages paysans me redonne le sourire.
Arrivés à Lijiang, tout change ! La ville est belle, propre, les gens sont gentils, propres… Dès la descente du bus, un chauffeur et sa femme de l’ethnie majoritaire du coin, les naxi (纳西) nous emmènent dans leur minibus jusqu’à la vieille ville et nous accompagnent même jusqu’à notre auberge à pied à travers le dédale des rues piétonnes. Adorables vous dis-je. On s’installe à l’AJ du réseau HI et je tombe sur Florian, étudiant comme moi à l’université de Tsinghua. Le monde est petit…
Il nous emmène à un café-resto Tibétain où l’on peut se régaler de cuisine chinoise, tibétaine ou occidentale. Si Mathilde et Jérôme en profitent pour se jeter sur le cheeseburger (au pain de mie) et la pizza (sans gout), comme à mon habitude, je tente les spécialités ethniques. Et pour une fois, je serai couronné de succès avec une délicieuse soupe Tibétaine. Bon, ok, le brownie au chocolat, c’est pas très ethnique.
Après une bonne bière et une bonne douche pour oublier toutes les odeurs de la journée, on s’endort en pensant à ce qui nous attend le lendemain : une grande déambulation à travers la vieille ville de Lijiang, ville qui a résistée au bétonnage systématique et dont l’architecture en bois redonne le sourire aux européens en manque de bon gout. Certains diront que cela respire malgré tout le faux, car les habitants ont quitté leurs habitations du centre pour les laisser aux mains des boutiquiers…
Personnellement, et c’est peut-être parce que je suis déjà une Chine depuis un an, j’apprécie beaucoup ces étroites rues pavés et ces quelques canaux qui s’écoulent derrière les habitations, appelant ainsi le qualificatif de Venise orientale pour qualifier Lijiang. Enfin, c’est déjà utilisé pour Suzhou. Pierre-Alain lui préfère le titre de Bruge de Chine, car cela ressemble plus à une ville-musée… d’ailleurs on est censé payer un titre de passage pour entrer dans la vieille ville et profiter des vestiges historiques ! On arrivera à passer à travers, comme d’habitude…
On peut grimper sur une pagode surplombant la ville. D’ici, les maisons semblent innombrables. Mathilde et Jérome en profitent pour faire des photos en costume Miao, une autre ethnie du Yunnan.
Au menu du midi, spécialités naxi : des baba (petits pains plats, sucrés ou salés) et du fromage de chèvre entre autres. C’est bon, mais pas top.
Dernière visite au programme : la maison de la famille Mu (木府) qui fut l’autorité administrative de la ville jusqu’à ce que les Mongols n’envahissent le coin à la fin du XIIIème siècle. Comme on peut le voir sur les photos, la demeure est le preuve d’une très grande richesse :
En fin d’après-midi, on dit adieu à Lijiang, et on reprend un bus pour la destination que nous ne voulions vraiment pas abandonner : Dali !
sympa ton polo rose... ;-)
RépondreSupprimerJe vois que c'est toujours aussi galère de visiter la chine, je suis contente de ne pas avoir expérimenté le bus couchette!!Tu préviens les gens à l'avance au moins des conditions de tourisme?
Continue à écrire ce que tu fais, tu as une nouvelle fan en la personne de ta grand-mère! (qui l'eut cru!)