En ce dernier week-end du moi de mai, les Chinois ont aussi le droit à un week-end à rallonge. Hier jeudi était en effet la journée de Duanwu Jie (端午节), qu’on traduit généralement, de façon assez éloignée, par fête des bateaux dragons.
Le sens littéral de 端午节 signifie fête du maximum solaire pour d’obscures raisons liées au calendrier lunaire.
L’histoire de cette fête remonte à l’époque des royaumes combattants, à l’époque où la Chine n’était pas encore unifiée. On célèbre un certain Qu Yuan (屈原), poète et proche du pouvoir dans son royaume de l’époque, le royaume Chu. Très patriote, il n’a pas accepté de se plier au pouvoir de l’envahisseur, et pour ne pas trahir son royaume, s’est jeté dans la rivière Miluo. L’histoire a fait de lui un héros car il est le symbole de l’amour pour sa patrie, le symbole du patriotisme.
Pas étonnant que le gouvernement Chinois, qui fête cette année le soixantenaire de la fondation de la nouvelle Chine, accorde cette année une importance toute particulière à sa fête. Généralement fêtée dans le Sud, on l’a donc retrouvé dans l’état de Pékin, cette année pour la première fois à grande dimension. Le meilleur du spectacle était certainement autour du lac Guishui (妫水公园), à une trentaine de km de Pékin en direction de Badaling. Une course de bateaux dragons était aussi organisée dans Pékin même, au parc de l’étang du dragon (龙潭公园).
Quoi ? Une course de bateaux dragons ? Mais qu’est-ce que c’est encore cette chinoiserie ?
L’histoire remonte toujours à Qu Yuan. Il était extrêmement populaire auprès des citoyens de son pays. Ces derniers, à l’annonce de sa mort dans le fleuve, se précipitèrent sur la rivière à la recherche de sa dépouille. Ne la trouvant pas, ils rajoutèrent des effigies de dragons à leurs embarcations pour faire fuir les mauvais esprits, et jetèrent dans l’eau des zongzi (粽子), petit tas de rig glutineux enveloppés par des feuilles de bambous, afin que les poissons de la rivière se concentrent sur eux plutôt que sur le corps de Qu Yuan.
C’est pourquoi aujourd’hui on mange des zongzi à l’occasion de Duanwu Jie(端午节) et qu’on organise des courses de bateaux dragons… d’où le nom occidentalisé de cette fête !
Donc, me voici de bon matin dans un parc à l’autre bout de Pékin. Tous les spectateurs observent l’ile centrale où sont stationnés deux bateaux dragons. Peu après 9h, heure prévue pour la course, deux équipes arrivent, l’une toute habillée de rouge, l’autre de jaune. Pardon, rouje et jône ! Puis ils sont suivis de policiers, et de gens bien habillés, sans doute des gens du parti. Pendant près d’une demi-heure, il semble que des grandes paroles soient prononcées, que pas mal de photos officielles soient prises, mais bon, ça ne nous concerne pas.
Les équipes montent enfin sur les bateaux ! 8 rameurs, 1 barreur… et un joueur de tambour pour mener la rame ! On met les bateaux en ligne, et la course commence sans que l’on est le temps de prendre notre respiration ! Les rouges commencent à faire un quart de tout à droite, puis à gauche. Ils ont pas l’air très doués. Après tout, ce ne sont que des roujes ! Pendant ce temps là les jônes s’envolent, font le tout de l’île et remportent la victoire. Chic à la jône !
Si la course ne fut pas particulièrement excitante, je me suis rattrapé juste après en tombant sur un génial mur d’escalade dans le même parc, alors bien qu’en tongs, je n’ai pas longtemps hésité, et je me suis rapidement retrouvé perché !
Les Chinois semblaient amusés de voir le seul étranger du coin tenter de grimper en glissant toutes les 3 secondes…
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