mardi 30 mars 2010

Souvenirs de Shanghai

Shanghai. Une ville particulière pour moi. Un beau jour de printemps de l’année 2004 j’y ai posé mon premier pied sur le sol chinois. Etait-ce le droit ? Etait-ce le gauche ? Je ne sais plus. Mais c’était le bon pied, ça j’en suis sur. 

Accompagné du robuste barbu que vous avez déjà pu apercevoir sur ce blog, nous rendions visite à la fantasque famille Touret qui avait tenté l’aventure de l’expatriation. Et que ce soit guidés par la mère Brigitte ou la demoiselle Caroline, nous avions vécu une dizaine de jours inoubliables. 

Depuis six ans ont passé. La famille Touret a quitté Shanghai, la boulangerie Paul est arrivée. Poussée par une modernisation débridée, Shanghai se métamorphose de jours en jours. Fleuron de l’empire chinois à l’époque des concessions européennes, elle a sombré sous les coups des communistes. Après une longue période de silence, elle renait sous une nouvelle forme aujourd’hui, celle d’une grande capitale économique et technologique, ouverte sur l’international et la modernité. 

Mon regard sur la Chine a beaucoup changé aussi pendant ces 6 ans. A l’époque, la Chine n’était encore qu’un mot bien vague pour moi, une page blanche. Les yeux écarquillés je prenais tout ce qu’elle avait à m’offrir. Sans discernement, et c’était très bien comme cela.

Je me souviens de ma première expérience du restaurant chinois. C’était sur la rue de Nankin. Nous avions mangé des raviolis sautés. Des raviolis sautés japonais en fait, mais pour moi, c’était des raviolis chinois, et je n’en étais que plus heureux comme ça. Nous n’avions pas d’eau à boire, seulement du thé. Et il était brulant. Quelle étrange coutume de seulement boire du thé brulant au cours du repas, non ?

Je me souviens de la formule magique à réciter dans les taxis: Hong Tsialou hong meïlou. Le taxi nous ramenait alors en territoire ami. Hong Tsialou hong meïlou, peut-être mes tout premiers mots en chinois, c’est émouvant non ? Les premiers caractères que j’ai retenus aussi : lambda carré et trident carré (入口,出口). Ils apparaissaient tout le long du parcours entre la résidence pour expats dans laquelle nous vivions et le centre-ville. 

Je me souviens de la place du peuple. Au centre le grand musée de la ville. Démesuré, à l’image de la ville. Nous avions passé beaucoup de temps dans les salles du bas, où la profondeur de notre ignorance du monde chinois se révélait dans notre incapacité à comprendre le contexte des œuvres d’art et notre insensibilité à la plupart d’entre elles. 

Je me souviens du Bund, la balade piétonne le long du Hung Pu. De jour comme de nuit j’aimais l’ambiance qui y régnait. Dans mes souvenirs c’était relativement calme, même si j’avoue que j’ai aujourd’hui du mal y croire. D’un coté la vue sur les banques de la concession anglaise, de l’autre Pudong, le nouveau quartier d’affaire. La tour de la perle comme la Jin Mao faisaient fières figures. Le reste n’était que grues et chantiers. Sur Pudong nous tentions de monter dans les grattes-ciels des compagnies de banque ou d’assurance. Nous avions déjà compris qu’en Chine la porte est loin d’être aussi fermée qu’elle en a l’air. 

Je me souviens du « quartier popu » comme l’appelait Pierre-Alain. A deux pas du Bund, on avait eu un aperçu d’une chine plus traditionnelle. Ça sentait mauvais, c’était insalubre, mais les chinois qui y vivaient préféraient leur vieux quartier aux grandes barres de béton qu’on leur proposait en banlieue. Etant donné la faiblesse du petit citoyen sans argent face au pouvoir, je n’ai guère d’espoir de retrouver ce quartier. 

Je me souviens encore du magnifique jardin Yu, du resto à 666 kuais, des énormes criquets du marché aux oiseaux, de l’effet du « kuai kuai » sur ton espérance de vie, de mon premier marchandage, de l’adorable concession française, etc etc.

Bref, il y aura beaucoup d’images dans ma tête quand je vais revoir Shanghai la semaine prochaine !

2 commentaires:

  1. C'est amusant de lire ta description. Effectivement les choses changent à toute vitesse, en deux ans ici c'est déjà flagrant. J'ai hâte de lire tes impressions au retour ! Profites-en bien !

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  2. MOn petit Mathieu,
    Je viens de lire cette page de souvenirs, et je trouve amusant de voir que nous avons exactement les mêmes souvenirs de ce séjour.
    Par contre, quand de mon côté je suis resté le touriste de base, tu as choisi de mettre vraiment les mains dedans. J'ai très hâte de lire le compte rendu de ton match retour avec Shanghai.

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