vendredi 5 novembre 2010

Longquan Temple (龙泉寺)

Retour sur le deuxième week-end AICE. 

Il y a un mois de cela, nous emmenions un large groupe à Cuandixia, village traditionnel de montagne en banlieue de Pékin, pour la première sortie-week-end de l’histoire de l’association. Ce week-end, nous remettions cela dans une ambiance plus spirituelle, avec comme objectif de passer la nuit dans un temple bouddhiste ! 

L’idée m’était venue en repensant à notre escapade de l’été 2009 sur les pentes d’Emeishan, où nous avions passé deux nuits dans des monastères bouddhistes ouverts aux visiteurs. Alors que rien ne m’avait sorti de mon sommeil, mes compagnons du moment furent réveillés/effrayés/énervés par des bruits bizzares qui retentirent longtemps, bien longtemps avant le lever du jour. Qu’était-ce donc ? 

C’est afin de chercher la réponse à cette question que samedi matin, prêts à sacrifier la viande au tofu, et la passion à la modération, nous nous mettions en route pour le temple Longquan (龙泉寺). Le groupe était composé d’une petite vingtaine d’étudiants, avec une dominante européenne, et féminine. Les américains sont décidément bien absents ce semestre, et les males préférèrent rester à Beijing pour fêter la soirée d’Halloween dignement. Ou pas.  










Longyu, PhD student du département de physique de Tsinghua et disciple bouddhiste affirmé, nous accompagnait pour cette sortie. Il était notre lien entre la science et la croyance. Il était aussi notre lien entre Tsinghua et le monastère où il était bien connu car il y participe régulièrement à des activités de volontariat
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Longyu 龙宇

Arrivés à l’heure du déjeuner, Longyu nous expliquait la première règle à respecter dans le temple : 止语, ne pas parler à table. Première surprise ! Le repas végétarien composé de petit pain, légumes et soupe au riz fut donc pris silencieusement. Nous nous regardions, peu habitués à se tenir silencieux à l’heure du repas, échangeant parfois quelques mots murmurés, incapables de vraiment respecter la règle. 

Après le déjeuner première rencontre avec un moine. Il nous explique en chinois les règles et horaires du temple. 17h : cours du soir, 18h : diner, 21h : coucher. 4h : réveil et cours du matin, 6h : petit dej. En chinois, les phrases n’ont pas besoin de sujet pour exprimer ce genre de choses. Mais la traductrice utilisait « you » quand elle traduisait en anglais pour nos participants : « You will get up at 4 in the morning ». Cela en effraya plus d’un ! Le moine les rassura : ces horaires sont pour les moines et travailleurs du temple, nous n’avons pas l’obligation de les respecter, même s’il nous incite à les suivre pour expérimenter en profondeur leur rythme de vie, et l’apaisement qui l’accompagne. 




Dans l’après-midi nous partîmes randonner sur la montagne Fenghuang (凤凰). Une très belle montagne qui fait directement face à la ville de Pékin. Des sommets on repère quelques points de la ville. Le site est organisé en trois zones : nord, central et sud. A l’origine préservé du bétonnement associé au développement touristique, Fenghuang a fini par se faire avoir aussi : les zone nord et centrale sont presque entièrement taillées en marches.






Avec mon groupe, parti explorer la partie nord malgré le désaccord des personnes du temple qui souhaitaient contrôler tous nos gestes et mouvements, nous revînmes au milieu du cours du soir que nous observâmes de dehors. Le terme cours du soir (晚课) désignait en fait la prière du soir, une lecture chantée des sutras. 

Lors du repas du soir, pris cette fois avec toute la communauté du temple rassemblée dans le réfectoire, nous ressentîmes plus en profondeur l’atmosphère apaisée du repas partagé en silence. Des personnes passent en silence entre les rangées de table, des grands récipients à la main, et servent en fonction des indications qu’on leur donne par des petits gestes de la main. On réalise l’importance de la communication non verbale.









Après le diner, nous nous couchâmes à des horaires indécents à l’occasion d’Halloween : 21h30. A 4 heures du matin c’est le réveil au son de la planche de bois frappée, bien avant le lever du jour. La plupart d’entre nous se levèrent et nous eûmes la chance de participer au cours du matin dans la salle de prière, faisant face à la grande statue de bouddha. 



Comme le cours du soir, cela consistait à réciter des sutras. On nous donna des livres pour que l’on puisse suivre. Les écrits, bien qu’écrits en caractères chinois, ne « faisaient pas sens », c’était une transcription phonétique du sanskrit. Les prières commençaient lentement, très lentement, chaque syllabe étant bien distinguée. Puis elles accéléraient, régulièrement, sans que rien ne les stoppe. Elles finissaient sur un rythme déboussolant ! Rien de mieux pour vous garder éveillé après un réveil si matinal. 







A 6 heures, le petit-déjeuner ressemblait comme deux gouttes d’eau au déjeuner et au diner. Puis la matinée fut consacrée à la visite du temple, à une initiation à la méditation et à une séance de discussion avec un maitre bouddhiste. 

Durant la séance d’initiation à la méditation, assis en tailleur sur nos petits coussins ronds, le maitre nous enseigna une première technique d’accès à la méditation : 管呼吸. Se concentrer sur la respiration. Sentir que l’inspiration est froide, l’expiration est chaude, compter les cycles d’inspiration-expiration, etc. Il nous parla aussi d’une autre technique, adaptée aux personnes qui se posent beaucoup de questions et ne parviennent pas à faire le vide dans leurs tête : se poser une question simple, par exemple « qui suis-je », et concentrer toute son attention sur cette question. La concentration sur la respiration, ou sur la question, débouche parfois sur un état de méditation correspondant à un état d’apaisement et d’ouverture de l’esprit, et dans lequel on peut trouver des réponses à ses questions. 

Séance de méditation

Durant la séance de dialogue qui suivit, nous passâmes un peu de temps à discuter de science et religion, notamment évolution et bouddhisme. Par exemple comment relier le concept de réincarnation à celui de l’évolution ? Une des réponses intéressantes fut que l’évolution est une théorie qui donne une interprétation de l’évolution physique, alors que le bouddhisme est une doctrine prônant l’évolution psychologique. 

Je vous laisse réfléchir à cette réponse !



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