dimanche 18 avril 2010

许三观卖血记 - Le vendeur de sang

21 mois après en Chine, j’ai enfin achevé mon premier roman chinois en chinois ! 许三观卖血记, ou "Le vendeur de sang" de son titre français. Ecrit par 余华 (Yu Hua) c’est l’histoire d’une vie. La vie d’un jeune homme qui arrive en âge de se marier alors que la Chine tombe entre les mains de Mao. Un jeune homme aux sentiments d’une simplicité naïve qui ponctuera tous les évènements marquant de sa vie par la vente de son sang. 

Le style d’écriture est déroutant. Il y a quelque chose de chinois là dedans, mais j’ai encore du mal à en distinguer l’origine. La simplicité dans l’expression et les pensées intérieures des personnages contraste avec la description riche et minutieuse du cadre et des mouvements. Mais il y a quelque chose d’autre. 

Le cadre historique est passionnant. Le héros Xu Xanguan est né à la campagne, et grandira à la ville. Il y trouvera sa femme en sachant parler au père. Il fondera une famille, et ensemble ils passeront à travers les évènements historiques du grand bond en avant, de la grande famine qui en suivra, la révolution culturelle. 

Le cadre culturel est riche aussi, on y trouve de belles figurations de la société chinoise. J’y ai découvert la peur d’un futur toujours trop instable. Quand la société n’est pas organisée pour protéger les individus, les moyens face à l’adversité sont maigres. Notre héros vend son sang. Que pourrait-il faire d’autre ? Il essaierait peut-être d’emprunter de l’argent. Il est d’ailleurs amener à le faire au cours de l’histoire. Et la lecture de cette épisode m’a enfin donné un moyen de ressentir un petit peu ce à quoi pensent les chinois d’âge moyen quand ils nous parlent des problèmes d’emprunt d’argent.

Les relations de notre héros avec sa femme, avec ses enfants, avec ses voisins, avec le quidam m’a beaucoup appris sur un état d’esprit différent, encore très traditionnel. Dans les attentes réciproques de Xu Sanguan et de son épouse, dans les rôles qu’ils se donnent au sein de la famille, etc.

En dehors de tout ce que j’ai pu trouver dans la lecture de ce livre, le fait de l’avoir lu est un évènement symbolique. C’est le symbole de l’accès à une compréhension de la Chine telle qu’elle est, et non plus seulement l’accès à une compréhension tronquée de la Chine, tronquée par une trop faible aptitude à communiquer et à comprendre en Chinois. Certes il y avait toujours pas mal de caractères inconnus sur lesquels je suis passé, certes l’écriture de Yu Hua est relativement accessible, mais "Le vendeur de sang", je l’ai lu, je l’ai compris, et ce dans une période de temps raisonnable. 

Me voici dans le grand bain !

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