mardi 16 février 2010

Hakka country (2/4) – Du thé, de l’encens, des pétards et de l’argile

Résumé de la 1ère journée : Départ de Xiamen lundi vers 10h, décidé à suivre le parcours conseillé par le guide bleu. Mené par Xiao Zhang au volant de son bolide multifonction nous traversons la plaine côtière du Fujian en direction du grand ouest et grimpons bientôt dans les montagnes, jusqu’à Shizhong (适中). Nous y recevons un accueil touchant et visitons les principaux tulous du village guidé par la très sympathique Xie Yiqun revenu à l’occasion du nouvel an chinois dans le village qui l’a vu grandir. Nous découvrons ainsi l’architecture de ces déroutantes forteresses d’argile : différentes tailles, différents styles, différentes époques. Mais nous découvrons surtout le mode de vie que mènent ces gens qui habitent encore les tulous aujourd’hui. Peut-être avec un peu plus de modernité, peu être un peu envieux de ceux partis à la ville, mais toujours fidèles à l’esprit de leurs ancêtres venus du nord s’installer ici.

Le soir venu nous faisons étape à Longyan (龙岩), chef-lieu du canton. Nous logeons dans le meilleur hôtel de la ville (le 闽西宾馆) à prix dérisoire (220RMB/double). Dans cette grande ville on se sent loin, très très loin de l’atmosphère rurale et communautaire des tulous. Pourtant géographiquement ils sont situées à la sortie de la ville, on reprend donc notre quête tulouesque le lendemain matin, et on se dirige vers Shangyang (上洋). Petit interlude au marché local, on y fait le plein de fruits. Mais il fait toujours aussi gris, et ce pour le 6ème jour consécutif. Malchance ? L’œuvre de quelques esprits malins ? On se décide à aller faire un tour dans le temple local dédié à Mazu : le 天后宫 de 西陂, pour tenter de remédier au problème. Nos collègues aux yeux bridés s’occupent des pétards qui résonnent dans tout le village pour éloigner les vilains démons, ainsi que de l’encens appelant les divinités. Elodie teste son avenir, il est radieux. Ouf. La chinoise qui la suivra aura moins de chance, il lui faudra faire de belles offrandes avant de se risquer à quitter le temple. 

 西陂的天后宫


 La déesse Mazu (妈祖) entourée de celui qui voit à 10 000 Li et celui qui entend à 10 000 Li


Pas loin derrière le temple le plus grand tulou du coin, le Yijinglou (遗经楼). Il est conseillé par notre guide, nous y rentrons donc les yeux grands ouverts. Celui-ci est bien entretenu, mieux entretenu que ceux que nous avons vu la veille. Normal, des « frais de gestion » sont demandés au visiteur. Le « responsable de la gestion » nous le rappellera avec animosité. On est loin de l’accueil de la veille lorsque presque chaque personne rencontrée nous invitait à prendre le thé… On gagne donc en qualité d’entretien, mais on y perd en ambiance.


 遗经楼


 Etonnante rencontre



 Ici ça a l'air solide!

L’après-midi nous renouons avec le chaleureux accueil des habitants des tulous dans le village de Hulei (湖雷). Si les abords de la route principale sont « laids et banals », on découvre des perles en s’enfonçant dans le village vers les champs. Ici le Fuxinlou (馥馨楼), le plus ancien tulou de la région, il aurait plus de 1000 ans. Il tombe aujourd’hui en ruines mais quelques pièces sont encore en état pour faire à manger… ou nous préparer le thé ! L’empressement avec lequel le papi du coin nous rapporta un plateau recouvert de verres à thé fut mémorable. Ce grand-père comme tous les habitants du « quartier » portent le nom Kong (孔), celui de Confucius. Ils se disent descendant de la 72ème génération de ce grand sage.

On continue notre balade dans le village. On découvre des aspects moins attractifs de la vie rurale chinoise : les toilettes communales peu entretenus, les canards qui pataugent dans la vase, les poules qui picorent dans les tas d’ordure… Je vous épargne les photos.


 Contraste entre le bâtiments bétonnés et nos traditionnels tulous


A chaque entrée nous sommes accueillis par des messages nous souhaitant pleins de bonnes choses pour la nouvelle année chinoise

Notre dernier tulou rectangulaire de la journée. On y reboit le thé autour de quelques friandises avec les propriétaires locaux : les Lin(林) avant qu’ils ne nous emmènent visiter les appartements. On retrouve les grands classiques, des escaliers en bois, de longs couloirs dont on doute de la stabilité, des légumes et des sous-vêtements qui attendent toujours un rayon de soleil, une petite pièce dédié à Guanyin et beaucoup de chambres. On nous propose chaleureusement de rester diner. Nous refusons poliment car nous avons encore de la route à faire avant la fin de la journée, nous voulons atteindre Hongkeng (洪坑) le royaume des tulous circulaires !

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