lundi 23 novembre 2009

Pékin, capitale des extrêmes

Me voici de retour à Pékin, cette capitale de la Chine, capitale des extrême aussi.

Pékin, ville extrême avec une population qui se rapproche de plus en plus des 20 millions d’habitants, un étalement toujours plus fou (le plateau de Saclay serait complètement intégré au tissu urbain en comparaison), des distances inattendues (N’espérez pas parcourir tout Pékin à pied !) à l’image de ces stations de métro bien 4 fois plus distantes qu’elle ne le sont à Paris, une densité qui fait parfois peur (cf Wudaokou). Ville extrême avec des températures hivernales qui peuvent descendre jusqu’à -20 degrés, alors qu’il fait allègrement plus de 30 degrés en été. Extrême toujours dans sa météo, avec des pluies estivales torrentielles, qui succèdent à des hivers à humidité quasi nulle. Extrême dans ses écarts de niveau de vie, avec des Pékinois relativement pauvres qui se font rejetés en banlieue par des nouveaux riches venus des provinces extérieures.

A l’échelle de la Chine entière, ces grandes disparités apparaissent encore plus évidentes. Ici des lieux de misère où les habitants semblent vivre plusieurs siècles en arrière, là on développe le programme spatial chinois. Ici des zones tropicales, là les sommets les plus hauts du monde.

Extrême aussi dans ses échelles de temps, d’une lenteur individuelle, à un déferlement à grande échelle. On parle souvent du flegmatisme à l’Asiatique. Je crois que j’ai déjà commencé à être touché. Je n’ai pas bougé de mon siège durant les 10 heures d’avion de mon retour à Paris, je n’ai pourtant pas dormi, mais j’étais absorbé dans mes lectures. En marchant dans les rues de Paris, je me sentais dépassé par le flot. Je ne suis finalement pas surpris, car le rythme est plus lent à Pékin. Il est banal de devoir faire une heure et demie de transport pour se rendre sur son lieu de travail, et on y reste souvent longtemps, très longtemps, les heures supplémentaires étant monnaie courante. On passe sa journée au labo, pas concentré en permanence sur son travail, mais 15 heures d’affilé, c’est révélateur de ce flegmatisme. Flegmatisme dans les escalators, dont on occupe inconsidérément les cotés gauche et droite sans jamais grimper les marches, en se laissant porter. On retrouve cette lenteur dans le langage lui-même, avec ces milliers de caractères qui demandent des années d’étude aux jeunes écoliers chinois. Et même à l’échelle du pays, il faut une nuit de train pour relier Pékin à Shanghai, et pousser jusqu’à 24h pour rejoindre les métropoles Canton et Hong-Kong. On est bien loin du Paris-Lyon en 2h, Paris-Marseille en 3h en TGV.

Mais lorsque l’on prend les chinois dans leur ensemble, l’échelle de temps est cette fois inverse, et c’est un véritable torrent qui les caractérise. Pour le comprendre, il faut avoir vu Pékin il y a 10 ans, et comment la ville a évoluée en seulement 10 ans. Ceux qui l’ont vu témoignent que les universités étaient à la campagne, que le quartier fourmillant de Zhongguancun était à l’époque un grand terrain vague, que seul le 2ème périph était ouvert (aujourd’hui on roule couramment jusqu’au 5ème périph, et le 6ème est en cours de fermeture), qu'à Chaoyang, le quartier expat, tout n’était que hutong. Moi-même j’ai vu apparaitre des boutiques sur le bord de la route en une nuit, elles ont disparu un mois après en non moins de temps. Le passage à niveau qui était à panneaux balançant un soir à minuit était devenu un passage à niveau à barrière coulissante le lendemain matin.

Extrême aussi dans le ressenti que l’on en a. Parfois des périodes d’incompréhension, de raz-le bol, de questionnement. D’autre fois des périodes de révélation, d’excitation, des périodes où tout semble possible, passionnant, incroyable. Mais ce qui est sur, c’est qu’au bout du compte, la Chine, on a du mal la quitter… Pékin, me revoilà !

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