Arrivé il y a déjà trois jours dans le campus de Tsinghua, me voici bien installé dans ma nouvelle chambre. J’ai auparavant déménagé du 3ème au 8ème pour gagner un peu de vue, tout en conservant ma face Sud. Certes 80% du champ de vision depuis ma fenêtre est constitué des murs blancs du bâtiment d’en face en tout point identique au mien, et ayant oublié mes jumelles, je ne peux agrémenter cette orientation d’une initiation au voyeurisme ; certes mes deux premiers jours ici se sont fait emmitouflés dans une abominable brume indigne d’un automne pékinois (oui oui, c’est bien déjà l’automne ici…) résultant sans doute du redémarrage à plein gaz des usines qui avaient été arrêtées pour les JO. Mais depuis hier et de belles pluies torrentielles, le ciel est à nouveau tout beau tout propre, et l’on se sent bien dehors. Evénement sensationnel, on voit l’horizon, pour beaucoup, ce fut la révélation : Ohhhh, Pékin est entourée de montagnes !
La chambre est plus petite qu’à l’x mais les toilettes et douche son intégrées. Pas encore de gentils voisins, le couloir semble désert, à l’exception des centraliens. Pas non plus de bob à la sortie du bâtiment, ainsi pas de « binet bonne nuit », mais un quartier très animé à la sortie même du campus. Point de noms de maréchaux pour désigner nos bâtiments, de simples chiffres suffisent.
Cessons-là la comparaison et mettons-nous au travail pour rendre la chambre un peu plus attrayante. Un petit tour dans le campus pour commencer. Une couturière me confectionne un rideau dans son tissu le plus épais, en double épaisseur afin de soigner mes grasses matinées. Malgré tout, le résultat relatif au réveil matinal risque d’être le même qu’à la BLCU, les chinois de Tsinghua ayant inventé un nouveau moyen pour obliger les étudiants à avoir un sain rythme de vie. L’eau chaude dans la douche, c’est par créneau ! Passé 9h, c’est à l’eau froide qu’il faut s’extirper de la couette. Il faut ensuite attendre 15h pour s’adonner à la moindre activité salissante. Les grasses mates seront donc soit beaucoup trop courtes, soit très très longues pour atteindre les 15h… Pas d’exception les week-ends bien sur ! Le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt… ou ceux qui ne se lavent pas ! Une expression chinoise de circonstance : 不干不净,吃了没病. Il faut s’habituer aux choses sales pour ne pas tomber malade ensuite… Bien sur, ça marche pour, et surtout pour, la cuisine…
Un vendeur d’eau réussît à ma vendre 30 bidons d’eau de 18,9 L chacun (la fontaine est alors offerte), ce qui me fait un total de 567 L d’eau. Si l’on considère une consommation extra-prandiale (oui j’ai fait un PSC de bio)de type pierrethomasesque dans sa limite basse d’environ 2 L par jour, je suis pourvu pour près de 300 jours et devrait ainsi parvenir à passer l’hiver. De plus, le calcul est simple, les bidons d’eau occupent plus de 567dm3 et me permettent de « meubler » ma chambre d’une manière fort originale.
Pour éviter de dépenser l’argent du contribuable Français chez les marchands chinois qui mettent nos couturières au chômage, je décide de faire des emplettes à Décathlon et Carrefour. Le premier s’appelle 迪卡侬, dikanong, ça ne veut pas dire grand chose et c’est plutôt difficile à prononcer avec les accents. C’est exactement la même chose qu’en France, exceptés les prix qui sont nettement plus bas (oui, c’est quand même des chinois qui font les jolies tennis des sportifs français), la paire de chaussures de trail dernier cri (le lecteur attentif de mon blog remarquera de nouveau ce besoin de se remettre au sport intensif !) se vend à 35€ contre 65€ dans l’hexagone.
Le second, c’est 家乐福, jialefu, famille, plaisir, bonheur. Expansion remarquable depuis le début des années 90, Carrefour est maintenant fermement implanté dans les grandes villes de l’empire du Milieu. Lemonde.fr le résume ainsi : La chaîne française d'hypermarchés a su s'adapter pour s'imposer en Chine. Après les menaces de boycottage du mois d'avril, la situation est revenue à la normale. Un million de clients par jour, 116 magasins, 44 000 salariés : la conquête de la Chine par Carrefour aura pris à peine douze ans, et ce n'est peut-être qu'un début. La chaine s’est adapté au monde Chinois bien sur, on trouve par exemple de grands aquariums dans lesquels baignent des poissons vivants. Mais Carrefour n’a pas fait qu’amener le principe du supermarché à l’occidental avec une bonne longueur d’avance sur le grand concurrent américain Walmart, elle conserve un peu de sa spécificité Française. Imaginez le bonheur de trouver bouteilles de vin, pain, nutella et céréales fourrées au chocolat…
Hier dimanche débute donc avec un temps splendide, vous savez, un soleil arrogant semblant forcer les vitres, alors pas d’autre choix que d’en profiter pour aller gouter à la piscine extérieur de Tsinghua. Dernier jour avant la fermeture hivernale (un peu en avance pour la saison), il était temps d’en profiter. Pas de vacances à la plage pour moi cet été, je me rattrape donc, et c’est très très bon malgré les chinois qui grouillent.
A la sortie de la piscine, Julie, jeune Supelec, nous invite à l’accompagner à une soirée resto autour d’une marmite familiale, cuisine traditionnelle du nord-est de la Chine, et contrairement à la fondue Sichuanaise, ce n’est pas épicé à vous faire suer comme sur les pentes les plus abruptes des cols hors catégorie du tour de France. On fête la graduation de la fille d’une amie de son père, et ce n’est pas n’importe qui, mademoiselle est de sang mandchoue, et je dirais même plus, de sang mandchou royal. Les mandchous ont en effet régné des siècles durant sur la Chine sous le nom de dynastie Qing. D’ailleurs le chauffeur de notre taxi de la veille était aussi mandchou, et lui, il aimait pas les Chinois… Après le repas, on part tous en famille autour de houhai pour déguster le cocktail de l’année, preuve que les mœurs occidentales sont loin de s’être imposées dans toutes les familles. On préfère jouer à Mona Lisa qu’à never ever, et ce n’est pas forcément plus mal…
A la sortie de la piscine, Julie, jeune Supelec, nous invite à l’accompagner à une soirée resto autour d’une marmite familiale, cuisine traditionnelle du nord-est de la Chine, et contrairement à la fondue Sichuanaise, ce n’est pas épicé à vous faire suer comme sur les pentes les plus abruptes des cols hors catégorie du tour de France. On fête la graduation de la fille d’une amie de son père, et ce n’est pas n’importe qui, mademoiselle est de sang mandchoue, et je dirais même plus, de sang mandchou royal. Les mandchous ont en effet régné des siècles durant sur la Chine sous le nom de dynastie Qing. D’ailleurs le chauffeur de notre taxi de la veille était aussi mandchou, et lui, il aimait pas les Chinois… Après le repas, on part tous en famille autour de houhai pour déguster le cocktail de l’année, preuve que les mœurs occidentales sont loin de s’être imposées dans toutes les familles. On préfère jouer à Mona Lisa qu’à never ever, et ce n’est pas forcément plus mal…
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